Je me plaisais à l'observer, elle était bien étrange et différente de la majorité des personnes que j'avais rencontré. Elle donnait cette impression d'être mal à l'aise tout en désirant s'imposer, et c'est ce qui, je pense, me dérangeais. Je ne savais pas vraiment quoi penser et devais sans doute l'embêter. Je finis par pouffer devant la manière qu'elle avait de danser sur place, et détournai la tête, le dos de ma main et ma bague devant la bouche dans une attitude faussement discrète. « Sérieux ? La même. Inshinae School en fait. » Le pire, ou nan, avouons le, le meilleur, c'aurait été qu'elle me réponde qu'elle aussi, ou quelque chose dans le genre. Sur 50M d'habitants il fallait que ce soit quelqu'un d'aussi proche. J'étais sûr qu'on aurait pu en faire un film. T'as froid ? Il va falloir que tu choisisses.. Tu restes ou tu pars ? Savoir si je monte la tente ou pas. » Dormir à la belle étoile ? Jamais. Même lorsque je prenais ma tante, c'était celle au matelas rembourré, aux oreillers intégrés et à l'espace à revendre. ça pète ou ça pète pas ?

Un sourire amusé déforma agréablement mon visage sous le soulagement. Elle n'était sans doute pas au même endroit que moi, et puis pour toutes les fêtes où je m'étais ramené, j'aurais forcément du voir sa tête, hors elle ne me disait rien du tout. Et puis je ne voulais pas qu'elle pense que j'étais le genre de personne à la suivre, un pervers collé à son arrière-train cherchant à la rencontrer par tous les moyens. Trop de coïncidences faisait souvent peur. « Hum. » J'opinais du chef pour montrer mon accord et m'accroupis pour ouvrir mon sac militaire, en sortant un immense bout de toile replié sur lui-même que je défis avant de lancer au sol. « Voilà. » Je croisai les bras et attendis. Mais rien ne vint. J'arquai un sourcil et attendis encore. Pourquoi ça ne se dépliait pas ? Je tapotai le sol avec mon pied, impatient. Je n'avais pas pour habitude de faire de telles choses moi-même et crispai la mâchoire : « ça marche pas ?» Un prince comme moi ne se salit pas les mains à monter lui-même une tente, hm ? Et je savais même pas comment faire. « Monte-là, femme. » Je gonflai le torse et tentai de me montrer dur. Qui sait, peut-être serait-elle obéissante ?

Les secondes défilaient mais rien ne se passait. Sans doute un problème au niveau de la tige rétractable, ou alors une ficelle qui bloquait. Je lui désignais la tente d'un mouvement de tête, l'appuyant à aller faire le boulot à ma place. Parce qu'à vrai dire je savais bien en monter une, mais celles à sardines seulement. « Evidemment, je suis bon Prince. Bon tu te dépêches ? » Je grognai, irrité. Je ne voulais pas prendre le risque de me ruiner devant elle parce que je ne savais pas monter ça autrement qu'en la regardant se déplier d'elle-même. « J'ai rien à prouver moi. » Malgré tout elle m'avait mis au défis et je ne puis tolérer qu'on remette en question ma virilité, alors je m'approchai lentement et m'accroupis, tombant raide dans le panneau comme un abrutit. « Sésame, ouvre toi. » Tentais-je avant tout en redressant la tige à la verticale. Peut-être ainsi ? Sourcils froncés, je plongeai les mains entre la toile pour trouver l'anomalie. « J'y connais rien aux tentes dépliables qui se déplient pas oam. »

Les mains plongées dans la toile d'une tente capricieuse, ma respiration dessinant quelques formes blanchâtres dans l'air avant de s'élever, je me mis soudainement à taper du pied avec impatience tel l'enfant trop gâté qui aurait à attendre un moment trop long. Ou l'était-ce réellement ? Sans l'ombre d'un doute. Je me redressai et dégageai ma tente lentement du bout de la chaussure, lassé et agacé. « Mais elle marchait y'a même pas trois jours ! » Mon regard se vrillait sur elle et je la jugeais de haut, comme si elle eut alors été la personne la plus stupide et insignifiante de la planète. « J'ai une tête à me balader avec un plan ou quoi ? J'prends ma tente et c'est tout, elle est censée marcher putain. » Conscient qu'elle ne se déplierait sans doute plus, je me permis de l'écraser d'un geste hargneux en serrant la mâchoire, avant d'adopter une moue boudeuse. « Bon bah je suppose que je vais devoir me la jouer Robinson Crusoé ? » Et pourtant, en contre partie de ma lassitude, une pointe d'excitation distincte fut présente au fond de ma voix. J'avais beau râler, j'aimais l'imprévu.