L'astre lunaire brillait haut dans le ciel. Une nuit splendide. Aucun nuage n'était visible à l'horizon et il faisait encore bon. Une faible brise en provenance de l'Est venait balayer le petit parc désert. La lumière blafarde des réverbère baignait le lieu d'une luminosité morbide. Pas un bruit. Quelques portions du grand parc étaient plongées dans la pénombre, les employés de mairie n'avaient pas encore remplacées les ampoules grillées. Une aubaine pour l'homme qui se trouvait là, au fin fond de ce lieu déserté. Il était deux heures du matin, tout ne tarderait plus à s'éteindre. Et personne ne saurait ce qu'il s'était passé dans les rues ce soir-là.

Attrapant son paquet de clope et son briquet usé par le temps. Il sorti une cigarette et l'alluma directement. Balayant le lieu du regard, il put constater qu'il n'était pas bondé qu'à son habitude. Ses iris ambrés se stoppèrent sur le dos d'une personne qu'il crut reconnaître. Fronçant les sourcils, il la vit ramener son pull à elle. Il ne remarqua pas à quel point le vêtement faisait bizarre, il s'en fichait au fond. Il n'était pas de ceux qui accordent du crédit aux gens en fonction de leur tenu ou du nombre de leur bijoux. Il s'avança, prenant place à côté de la jeune femme qu'il connaissait bien finalement. Il savait aussi qu'elle n'avait rien à faire là et n'en avait sûrement pas le droit. Il ne fit aucune remarque à ce sujet, il fermerait les yeux.

« T'es dépressive pour être seule à cette heure-ci ? »

Questionna t-il alors sans se présenter. Il savait bien qu'il n'en avait pas besoin. Ceci dit, il pensait que la jeune femme n'était pas dans son assiette. Qui plus est, elle semblait seule. Ce n'était pas un endroit pour traîner seule surtout à deux-heures du matin. Laissant un court silence s'installer, il fixa le paysage qu'il avait en face de lui. L'asiatique fumait sa cigarette en attendant que la demoiselle lui réponde quelque chose.

Comme souvent, tu te retrouvais seule. Cette solitude qui à force ne te faisais plus grand chose – du moins c'est ce que tu disais -, avant tu en avais peur, tu tentais de t'entourer de personnes, bonnes personnes comme mal, tu devais te sentir bien seule d'ailleurs vu tes fréquentations, enfin bref, je ne ferais pas plus de commentaires sur ce sujet là. Chez toi, prise d'une envie soudaine, tu avais eu envie de t'acheter une glace, oui oui, vers deux heures du matin, il fallait le dire : tu étais bizarre et tu faisais tout ce qui te passait par la tête.
C'était ainsi que tu te retrouvais alors, dans ce lieu sombre qui semblait être un parc, à te balader comme si tu vivais dans le meilleur et le plus saint des mondes... Mais, ignorais-tu le nombre de choses qui pouvaient t'arriver d'un instant à un autre ? Et bien oui, effectivement tu ignorais tout ça, d'après toi, personne n'oserait t'approcher, les viols et les enlèvements n'arrivaient qu'aux autres, ça ne pouvait pas t'arriver à toi.
D'ailleurs en parlant de problème, alors que tu étais tranquillement en train de pianoter sur ton portable, t'envoyant des sms à toi-même et cherchant un restaurant ou un magasin ( un endroit pour manger en faites ), tu sentis quelque chose ou quelqu'un te tirer ton ample haut. Dans l'ombre, tu ne voyais pas bien qui pouvait être cette personne assez folle pour se permettre de tirer quelqu'un comme ça, sans même dire quoique ce soit. Et toi... T'étais assez conne pour restée devant cette personne, attendant d'identifier son visage au lieu de prendre tes jambes à ton cou et t'éviter tout danger. Tu pointas ton portable vers le visage de l'inconnu afin que la lumière de celle-ci éclaire son visage.

- Tu m'as fait peur. Phrase paradoxale car ton visage semblait aussi calme et inexpressif que d'habitude. Tu repris ta marche, réfléchissant en même temps à sa question. Dépressive ?

- Dis moi si je suis folle ou si je rêve, mais tu es bien à mes côtés, là. Toi, qu'est-ce que tu fais à cette heure là ? Et non, je ne suis pas dépressive, tu voulais me  remonter le moral en me faisant un câlin ? Ironie bien sûr.

Ne lui laissant pas le temps de répondre, tu lui plaças à nouveau ton téléphone sous son nez, une application du genre GPS.
- J'ai faim, moi. Peut-être qu'en vrai la recherche désespérée que tu faisais en vain pour un restaurant était ta sorte de dépression ?

L'asiatique soupira, passant une main sur son visage. Il était crevé, plutôt sur les nerfs et cette gamine venait de faire de l'ironie. Fort heureusement pour elle, il s'était largement assagit à présent. Heureusement pour lui, il était doté d'un sang froid à toute épreuve. Il aimait bien la jeune femme, mais si elle commence à faire de l'ironie ça ne va pas le faire. Elle sait très bien qu'il n'aime pas les câlins puisqu'il trouve cela trop doux. Rae Gun était là pour se rafraîchir et réfléchir en même temps. Il voulait seulement être au calme quelques heures avant de reprendre le travail. Être mac et vendeur en même temps c'est difficile pour un jeune de vingt-deux ans vous croyez quoi ? La moindre petite erreur et il est viré. Il n'y a aucune pitié dans le monde du travail et c'est ça le plus emmerdant.

« Je suis venu pour me rafraîchir et réfléchir en même temps et je n'aime pas les câlins espèce d'ours. » Lança t-il amusé en ébouriffant amicalement ses cheveux. Elle mit son portable sous le nez de notre coréen. Elle voulait qu'il trouve un restaurant ou une connerie comme ça à deux heures du matin ? Elle a de l'espoir.

Au pied d'un arbre, dans un coin plutôt reculé, masqué par divers parterres de fleurs et de bosquets, se trouvait un homme. Encore un de ces clochards alcoolisés et complètement atteint probablement. Son ombre était bien visible, baignée de la lueur astrale projetée par la Lune. Il fit une moue et détourna son regard. Il réfléchissait à ce qu'il pouvait faire pour la demoiselle puisqu'elle avait faim. Elle devait être enceinte pour vouloir manger à une heure pareille.

« Tu veux venir chez moi pour que tu manges un bout ? Sinon tu te débrouilles, car trouver un truc ouvert à deux heures du matin ce n'est pas la joie. » Amorça t-il simplement d'une voix claire. Il s'était exprimé avec sympathie. Il était sérieux lorsqu'il proposa à la jeune femme de venir chez lui. Elle pouvait se faire à manger et même dormir. Il n'allait pas la laisser toute seule à deux heures du matin dans un parc à crever de faim. Rae Gun n'est pas aussi sadique que ça après tout.

Toi, au lieu de remettre tes cheveux volants dans tous les sens en place, tu les laissas libre, quelle fille tu faisais... N'importe quelle fille, enfin femme féminine dans ce cas aurait au moins passé une main dans ses cheveux. Puis toi, tu n'y avais même pas pensé, tu les laissais vivre leurs vies, ça te donnait un peu un air de lion sauvage, hum. De toute façon, ta crinière et toi êtes en conflit depuis un petit bout de temps, ils vivaient leurs vies et toi la tienne, mais plus pour longtemps, bientôt tu leur affligera à nouveau le sort suprême, un coup de ciseau, te redonnant ainsi ton style un peu plus garçon.
Bref, revenons-en à nos moutons, d'un coup tu te mis à réfléchir à ce qu'il venait de dire, il était ici, à deux heures du matin pour réfléchir et se rafraîchir. C'est clair que jongler entre deux métiers tout le temps, ce devait être bien fatigant.
Sa dernière phrase te sortit à nouveau de tes rêveries, oui à penser au pourquoi du comment de son état tu t'étais encore perdue dans ta petite tête.

-... Pour de vrai ? Demandas-tu les yeux grands ouverts, il ne comptait pas faire de choses bizarres, si ? Ou bien il allait peut-être t'empoisonner ou t'étrangler dans ton petit somme que tu fais presque chaque fois après avoir mangé ? Ah, non toi tu ne pensais pas à tout ça, mais juste à l'argent que t'économisais en n'allant pas dans un restaurant.
- J'aurais dû prendre un sac de course... Dis-tu à toi-même, t'imaginant en train de dévaliser son frigo dans le plus grand des calme et repartir pépère, ayant fais tes courses gratuitement.
Tu haussas les épaules, un sourire interessé et satisfait aux lèvres avant alors de reprendre ta marche, cette fois-ci vers chez lui, enfin tu le suivais car toi tu n'étais jamais venue... Ou du moins, tu ne t'en souvenais pas, c'était le genre de petites choses que t'oubliais vite.
Tu te sentais soudainement comme contente, joyeuse, peut-être parce que t'avais un peu de compagnie ? Bien que chez toi, tu vivais avec une colocataire, vous ne vous croisiez jamais, ta famille est à l'autre bout du monde et les amis bah... T'en avais pas tant que ça.
Oui, ta solitude était pour une fois comblée, t'allais pas passer ta soirée à manger devant la télé ou dormir ( ou encore aller en boîte ).

- Je cuisinerai pour toi « mon amour ». Puis là, tu ne pus retenir un petit rire, décidément ce genre de petits mots étaient dégoutants, tu te demandais comment certains pouvaient passer leur temps à interpeller leur " conjoint " ainsi.
En plus, tu ne cuisinais même pas coréen, enfin si... Des nouilles instantanées. Les plats coréens étaient beaucoup trop longs à faire.

Qu'il est généreux notre petit Rae Gun avec les femmes. Disons qu'il avait faim pour que ça fasse moins gentleman. Cette fille n'est autre que sa fausse petite-amie. Ils ont conclu un marché. Il sort avec elle et le chef du coréen ne la voudrait plus comme prostituée. Être mac n'est pas une partie de plaisir et ça il peut vous le garantir. Il peut se faire tirer dessus, se faire frapper puis j'en passe. Il n'a pas peur de son boss parce qu'il trouve qu'il n'est pas très organisé, mais heureusement qu'il a d'autres hommes sur le coup pour que ce ne soit pas n'importe quoi.

Revenons à nos moutons. Il avait donc invité la demoiselle à venir manger chez lui. « Ouais pour de vrai. » Lança-t-il avec un ton un peu froid. Rae Gun n'a pas une tête de menteur donc il avait un peu mal pris le " Pour de vrai ? " de la jeune femme. Son frigo était rempli puisqu'il fait souvent des soirées donc elle pourra faire ce qu'elle veut. La cuisine sera à elle. Espérons qu'elle a les mains d'un grand chef de restaurant parce qu'ils ne sont pas dans la merde après. L'asiatique aime la nourriture et il est très gourmand. Il aime tout même les épinards.

Il regarda son portable et il avança vers chez lui tranquillement. Mon amour ? Wow. Première fois qu'il entendait vraiment ça. Elle avait eu un petit rire et heureusement. Il était gêné. Il n'avait jamais eu de petite amie enfin de vrai petite amie donc il ne savait pas comment s'était en vrai. « N'en profite pas trop chérie. » Ça se trouve il finira au lit avec elle en étant bourré, mais je ne pense pas. Il n'est pas comme ça notre Rae Gun.