Hiroji & Nam Soon

Sound it off, this is the call. Rise and revolution!

Putain, mais quelle belle bande de rabats-joie ! Bons à rien si ce n'est qu'à gâcher la fête. Ils faisaient rien de mal, sauf peut-être un peu l'un à l'autre, mais ils emmerdaient personne. Ils avaient même eu le civisme de délocaliser leur petit combat de coq à l'extérieur du club. Qu'on leur foute la paix maintenant, eux ils emmerdaient personne, ils se tapaient dessus en tout consentement des deux partis. Bon ils avaient peut-être cassé un verre ou deux pour s'échauffer, mais de là à faire rappliquer les flics. C'était rien de plus qu'une gentille baston de mecs beurrés, rien de grave. Bon gentille, gentille... l'alcool dans le sang aidant, Nam Soon avait un peu le corps en coton, mais au vue du gout métallique dans sa bouche, il était à peu près certain d'avoir la lèvre fendue. Je vous l'avait dit, rien de très grave, rien à quoi il ne soit déjà habitué. Mais au moment où il allait rappliquer par un uppercut plutôt bien visé pour quelqu'un qui avait bu, fallait qu'on lui casse son groove. Nam Soon et la police une grande histoire d'amour passionnelle, suffisait de voir le grand sourire qui s'afficha sur ses lèvres meurtries alors qu'il titubait un peu pour faire face aux hommes en uniforme les bras grands ouverts en guise de bienvenue. « Oh mais regardez qui voilà ! » se réjouit-il, son ton jovial se tintant d'une bonne dose de sarcasme. Il n'eut même pas le temps de retourner à son assaillant qu'une poigne sûre et ferme se resserre sur son bras. A partir de là c'est un peu flou, probablement que toujours dans le feu de l'action il avait envoyé son poing dans la figure de celui qui l'agrippait et la seconde d'après c'est lui qui s'était retrouvé la tronche contre un mur et les bras menottés dans le dos. Il ne savait plus trop si ça l'avait fait rire ou s'il avait grogné une insulte parce qu'il avait déjà assez mal à la face. Peut-être un mélange des deux, en fait. La seule pensée un tant soit peu rationnelle qu'il eut une fois le cul vissé sur la banquette arrière de la voiture de police, ce fut en croisant son reflet dans la vitre. Merde ! Eun Ae allait faire la gueule, salement la gueule...

Un petit sourire insolent sur le coin du visage, Nam Soon arriva au commissariat en envisageant un instant de gerber sur les belles chaussures bien cirées du crâne d’œuf qui l'emmenait fermement à sa suite, le toisant comme s'il avait été un déchet de la pire espèce. Pas beau de juger les gens parce qu'ils ont un peu bu, pas beau du tout. Bon c'est vrai que l'autre dingue là l'avait un peu amoché, il devait avoir l'air d'un déchet, mais Nam Soon se rassura rapidement, il n'était pas le seul. Ils avaient fait le voyage ensemble, menottés côte à côte sur la banquette arrière, mais Nam Soon ne jeta un œil au jeune homme sur qui il tapait encore quelques minutes plus tôt qu'une fois qu'ils furent tout deux assis dans une pièce de taille ridicule face à un bureau croulant sous les papiers. Il ne put s'empêcher de rire légèrement en voyant sa tête et lui adressa un sourire un peu trop resplendissant pour être sobre. Ils ne s'étaient pas ratés tous les deux. Un petit gars finit par couper ses pensées titubantes et s'installa face à eux avec un air condescendant. « Bon les ptits rigolos, vous avez vos papiers ? » Bonne question. Pour seule réponse, Nam Soon se releva et lui tourna le dos, le mettant face à ses mains toujours menottées dans son dos. « T'es un petit marrant toi hein ? On te les sort comment ? On les chie ? ». Vu qu'aucune réponse ne venait, Nam Soon finit par se rassoir ou plutôt retourna s'avachir sur sa chaise. Un sourcil éloquent relevé et toujours le sourire au lèvres. « Oh et puis, ce type là, dit il en faisant un signe de tête vers son ancien assaillant, il est pas vraiment rigolo. » Lâcha-t-il sur le ton de la conversation, presque fataliste avant de faire une petite pause, durant laquelle il sembla réfléchir à l'ampleur des dégâts « Mais il frappe bien ! Mec je crois que tu m'as explosé la mâchoire ! » lâcha-t-il sur un ton faussement outré, oubliant l'officier face à eux pour adresser une petite moue au jeune homme à ses côtés, avant de rire à nouveau. L'alcool et la baston, quelle vie mes aïeux, quelle vie !

Oh des spectateurs ! Non, pas vraiment non. Bon c'est vrai qu'ils venaient d'assister au premier plan à un coup bien placé et tout aussi bien rendu entre nos deux bagarreurs. Mais ce n'était pas pour regarder sans rien dire qu'ils étaient là. Parce que le silence et eux ça faisait deux, ils hurlaient mais c'était pas pour encourager non plus. Une minute de plus et Hiroji aurait pu penser qu'ils voulaient tout simplement participer. Et faut pas croire en une minute il peut se passer beaucoup de choses. Comme se faire séparer de son adversaire consentant à se prendre des coups. Se faire passer les menottes, et pas de la plus douce des façons ! Mais surtout comprendre que ils, les spectateurs n'étaient autre que les flics de la ville. Les flics de suite ! Il y avait pas mort d'Homme pourtant. Toujours à se déplacer pour des interventions qui n'en valent pas la peine alors que la minute d'après il pourrait y avoir l'accident du siècle. Ne jamais l'oublier en une minute il peut s'en passer des choses. Bon d'accord, le discours du japonais était assez fermé et carrément exagéré pour quelqu'un d'ouvert d'esprit. Mais monsieur était tellement habitué à se battre avec des inconnus puis rentrer chez lui comme si de rien était que pour lui l'intervention des forces de l’ordre  c'était injustifiable. Intérêt = 0

Changement d'avis le temps du trajet. Intérêt 1% ou plutôt -1%. Hiroji s'était à moitié assoupi dans la voiture. -1% car ce n'était pas de ses micro siestes qui redonnent de l'énergie. Non c'était de celles où on se dit où suis-je ? Et qui suis-je ? aussitôt on ouvre les yeux. Le japonais ne dormait pas à proprement parlé. Il était juste déconnecté du monde à quelques moments. Le brun avait abusé des alcools forts qui assomment et il n'y avait bien que la baston et l'adrénaline qui l'avait maintenu éveillé. D'accord la douleur et le goût du sang aussi. C'est que son adversaire était coriace ! Hiroji ignorait l'ampleur des dégâts mais ça devait pas être beau à voir vu le regard des flics. Le genre de regard que le japonais détestait à souhait. Bravo maintenant c'était la rage qui le maintenait réveillé. Un regard qu'il jugeait mauvais et Hiroji était prêt à tout pour imposer sa vision du respect. Les uniformes, le commissariat, c'était pas des variables qui rentraient en compte dans sa vision de rageur. Par contre les menottes ça rentrait bien en compte et limitait les envies de tout casser. Et puis assis dans une pièce à la superficie quasi inexistante que pouvait-il bien faire ? Au loin les envies de règlement de compte.

Ou pas. Un rire puis un sourire de son ex-adversaire lui décrochèrent un sourire débile. Persuadé de savoir ce qui traversait les pensées de son voisin. Oui ou pas, un nouveau flic avec un regard tout aussi insupportable que le précédent et voilà ses envies revenues. Papiers ? La réponse de son voisin était assez objective pour deux. Hiroji se contenta d'approuver avec insistance d'un signe oui de la tête. Pas rigolo ? Voilà qu'il approuvait avec un signe non de la tête. Et un nouveau oui de la tête pour approuver les paroles suivantes. Mais faut pas croire, monsieur avait pas perdu sa langue ! La preuve, il répliqua sur le même ton. « Et mon arcade ! Qu'est ce que tu vas faire si tu m'as pété l'arcade ? » Rire contagieux ou effets de l'alcool, Hiroji ne put garder son faux sérieux. Pourtant il se ressaisit et s'adressa à l'officier. « Et vous ? Vous allez faire quoi ? » La vraie question était qu'allait-il faire face à deux bourrés qui étaient loin d'avoir dégrisé. Le japonais se leva à son tour et tourna le dos à son voisin menotté, agita sa main pour que ce dernier la serre « Au fait moi c'est Hiroji. » Puis il s'adressa à nouveau à l'agent. « Sexe : masculin. Né le : dix-neuf mars quatre vingt-dix A : Tokyo. Tellement je connais ma carte d'identité par cœur mes papiers ils sont dans ma tête. » Et nouveau signe de tête pour acquiescer, en mode je prends le policier pour un con. A son tour de se rasseoir, regard provocateur au flic. « Eh le briseur d'arcade c'est quoi ton petit nom ? » Au loin le rationnel !

Hiroji & Nam Soon

Sound it off, this is the call. Rise and revolution!

« Han la la la, fais pas ta chochotte. » Rigola grassement le jeune coréen avant de se relever et s'approcher légèrement du visage de son copain de baston, les yeux plissés dans une grande concentration. Il essayait tant bien que mal de voir au travers du voile flou que l'alcool avait déposé devant ses yeux. « En plus, tu saignes à peine... » il allait ajouter qu'il aurait peut-être du frapper plus fort, mais, à la place, son visage se para d'un large sourire et d'une moue taquine. « Tu veux un bisou magique ? » 'Scuzez-le, habitude de papa pour soigner les bobos et les gros chagrins. Mais difficile de garder son sérieux lorsque la boisson vous rend euphorique et que vous venez de proposer de faire un bisou à un inconnu qui a probablement votre âge. Dans son fou rire, il tituba légèrement, manquant de peu de trébucher sur son propre pied. Ou bien était-ce l'alcool qui lui donnait le mal de mer. La tête un peu de travers, Nam Soon zyeuta son compagnon s'adresser au policier pour lui demander ce qu'il allait faire et hocha vigoureusement de la tête à ses dires. Bonne question, excellente question. Parce que bon, les regarder avec condescendance sans dire un mot ça n'allait pas faire avancer les choses. Se contorsionnant un peu il essaya d'agiter les bras un tant soit peu. « Allez, enlève-nous les menottes au moins, sois sympa ! » Mais que ce soit lui ou le jeune homme à côté, aucun des deux n'obtinrent de réponse, le policier continuant de les dévisager calmement. C'est irritant, ô qu'est ce que c'est irritant ! Nam Soon était prêt changer d'angle d'attaque et dégainer la moue chat botté que sa fille lui avait appris pour faire craquer tout le monde, mais finalement il se retrouva à serrer maladroitement la main de son compagnon de baston sur qui il pouvait désormais mettre un nom. Hiroji, oooooooh ! « Un japonais, classe !! Hé mec, il est japonais ! lança-t-il avec enthousiasme au flic, comme si cette information devait ensoleiller leur soirée, s'appuyant maladroitement sur son bureau pour s'approcher un peu de lui. Allez, sois pas chien, montre lui que les coréens sont des gens biens, enlève nous les menottes ! » Cette fois il ne se priva pas de faire la moue, mais bourré c'était pas facile d'avoir l'air mignon et il laissa très rapidement tomber. De toute façon, même sobre, il était pas doué pour ça en plus, pas du tout. Il laissa rapidement tomber. Ses pensées s'envolèrent un instant et lorsqu'il retomba sur terre Hiroji semblait réciter des informations sur un ton monocorde. Il lui fallut une bonne minute pour se rendre compte qu'il remplaçait ses papiers par ses paroles et un petit sourire amusé s'afficha sur les lèvres du coréen. En fait il était rigolo, un peu. « Nam Soon. » répondit-il au jeune homme avant de retourner s'avachir une fois de plus sur sa chaise. Chaise qu'il faillit d'ailleurs louper, ce qui lui arracha un nouveau rire saoul.

Une fois calmé, sa tête rendue lourde par l'alcool parti en arrière et il la laissa ballotter allègrement sur le dossier de la chaise en se mettant à réciter à son tour, la voix un peu trop forte, mais avec clairement l'air de se faire chier. « Byun Nam Soon, homme, 22 ans. Né le 7 Novembre 1991 à Séoul. Célibataire, réside à Suwon. » Lorsqu'il relève sa tête lourde, c'est avec un long soupir à vous fendre le cœur. A peine arrivé qu'il en avait déjà marre. « T'as vu, on a été gentils. Tu nous retire les menottes maintenant ? » Il ne faisait même plus l'effort d'avoir l'air suppliant, tout au plus il était blasé. Enfin pas pour très longtemps puisqu'une lueur espiègle s'alluma dans ses yeux foncés et un sourire malicieux prit place sur ses lèvres, lui donnant presque un air machiavélique. « A moins que... ça soit ton truc. C'est ça hein ? T'aime nous voir attachés, ça te plait comme spectacle. C'est ce qui te fais bander hein mon cochon ? » encore une fois, l'alcool lui fit perdre le fil et il se mit à rire avant de se retourner de nouveau vers son nouveau pote Hiroji, l'air très sérieux. « Dis, t'as pas soif toi ? Je crève de soif. » Ohlalalala, ils étaient pas prêts d'être sortis ceux-là.

Comparaison des blessures de guerre. Mâchoire contre arcade. Pourquoi arcade ? Pourquoi pas. C'était la première idée qui avait traversé l'esprit du japonais. Et sans réfléchir il s'imagina vivre une situation catastrophique ou son arcade était explosée. Faut dire que l'alcool ne lui permettait pas vraiment de réfléchir. Mais heureusement que le responsable de ce petit bobo le rassura en l'observant avec un air des plus concentrés. « Alors j'ai évité de près l'hémorragie ! » non aucune exagération. Aucune car petit rappel : situation catastrophique. « Arrête tu vas me faire saigner avec ton bisou magique. » Le lien ? Le sens logique dans tout ça ? Disparu au loin. Un des nombreux effets de l'alcool sur le japonais, balancer des phrases sorties de nul part sur un ton qui se voulait des plus sérieux. Jusqu'à ce que le rire le rattrape. Et revoilà le ton sérieux de retour pour s'adresser au policier. Oui qu'allait-il faire ? Question vague mais ô combien profonde. Et ô combien inutile tout comme l'intervention de son voisin aux yeux du policier qui se contenta de dévisager encore et encore. A ce rythme la ils n'étaient pas prêts de rentrer gentiment chez eux alors autant faire connaissance non ? Et connaissances dans les règles de l'art tant qu'à faire ! Voilà que le brun se retrouvait à serrer la main de celui qui lui avait donné pas mal de coups. Et à rire aux éclats face à l'enthousiasme du coréen. « Ouais faut nous les enlever ! La paix entre nos pays est en jeu là ! » La paix carrément ? Et une autre phrase illogique et une autre ! Toujours pas de réaction de la part de l'agent. Nouvelle attaque, décliner son identité puis provoquer avec un regard. Provocation qui n'eut aucun effet car un clignement des yeux fût l'unique réaction du policier. Hiroji retourna à sa place. Retourna également à son idée première : faire connaissance, de Nam Soon.

Hiroji glissa sur sa chaîne pour se tourner vers Nam Soon attentif aux informations livrées par ce dernier. Une fois qu'il eût terminé, Hiroji se tourna à nouveau vers le policier. Acquiesçant une énième fois par un geste de la tête les dires du coréen. « Super gentils même. » Et hop acquiescer encore. « C'est super ton truc même. » dit-il en se levant et agitant ses poignets menottés. Spectacle terminé, Hiroji reposa ses fesses sur la chaise. « Maintenant que tu le dis, si j'ai soif. » Le japonais se rapprocha du coréen pour parler dans le dos du policier. Version 'je murmure pour pas que t'entendes ce que je dis mais je parle tellement fort qu'au final t'entends tout.' « Tu crois que c'est aussi son délire de nous assoiffer ? » Hiroji voulu s'étirer mais oublia que des menottes gardaient ses mains attachées. Résultat ? Un bruit sourd résonna quand ses mains choquèrent contre le dossier de sa chaise. Il grimaça avant de rire parce que quand il est bourré avoir mal c'est drôle. « Je veux de la bière ! » Lâcha t-il en chantonnant entre deux rires. « De la bonne bière. » Comment le policier pouvait-il garder son sérieux et son calme face à eux ? Tout simplement parce qu'il savait que son service était bientôt terminé. Un nouveau policer frappa et entra. « C'est bon tu peux rentrer chez toi. Je me charge de la suite. » L'agent se leva adressa un dernier regard de mépris aux deux jeunes hommes un peu trop joyeux. « Il a pas dû profiter de sa jeunesse celui-là. Jaloux ! » Oups Hiroji venait de penser à voix haute.