Il détestait réellement les boites de nuit. Pour lui, ce n’était qu’un nid d’idiots venant se bourrer la gueule car ils n’ont que ça à faire de leur vie ainsi que d’excités du sous-vêtement ne désirant que de se faire une partie de jambes en l’air non protégée dans des toilettes impropres. Bref, vous l’aurez compris, ce genre d’endroits est bien loin d’être le repère favori de Meilan. Mais pourtant il s’y trouvait bien, poussé par ses collègues de promo voulant fêter l’anniversaire de deux demoiselles. Bien entendu, il avait voulu décliner cette proposition en mettant en avant un projet qu’il devait finir pour la fin de semaine, mais ils n’avaient rien voulu entendre. Et c’était donc un jeune Hwang perdu dans ce monde qui est à des kilomètres du sien qui tentait tant bien que mal de s’intégrer et d’imiter les autres de son âge. Nous promettons qu’il a essayé, mais en vain. C’était prévisible. Dégouté par ses corps se frottant et se touchant sans gêne dans une odeur de sueur et de substances pas toujours légales, l’étudiant trouva refuge dans un endroit qui était tout aussi bien une mauvaise idée : le bar. Car c’est mentir que de dire que l’alcool et lui forment une belle histoire d’amour. Bien au contraire. Non pas qu’il soit un accro à se boire des bouteilles et des bouteilles. Non, loin de là. Simplement qu’il le tient très mal, et qu’une petite dose suffit à le rendre soit mauvais soit énorme dormeur. Malgré cela, Meilan se commanda une bière, se disant que ça n’allait pas lui faire de mal.

Et c’était bien idiot de penser cela. En effet, à peine la moitié de la bouteille vidée que notre jeune homme avait un coude sur le bar à se tenir la tête. Entre l’effet de l’alcool et le bruit bien trop fort de la musique lui donnaient l’impression que sa tête allait explosée. C’est donc un Meilan ressemblant à un grand-père qui quitta le comptoir pour se rendre à l’étage, sachant qu’il s’y trouvait une pièce bien plus calme et cozy rarement occupée. Une fois les escaliers lentement mais surement montés, il n’eut pas le courage d’aller au fond et s’affala sur un sofa aux environs de la moitié de la pièce après avoir retirer sa veste et ouvert les premiers boutons de sa chemise. Le derrière de la tête posé sur le dossier, il retira un instant ses lunettes pour se frotter les yeux avant de les remettre et s’étirer longuement, comme le ferait un chat. Se massant les tempes, ses yeux se fermèrent d’eux-mêmes, et il se sentit commencer à partir dans le monde des rêves. Mais son plaisir fut de courte durée, car il crut percevoir des voix et des bruits de pas en direction de la salle. Lui qui comptait être seul pour se remettre, allait-il s’en faire empêcher ? Ouvrant simplement à moitié un œil, il regarda en direction de la porte et aperçu deux silhouettes masculines. Aish, pourquoi fallait-ils qu’ils viennent ici ? Lâchant un soupire de mécontentement et de lassitude, il les regarda une seconde fois. Hein ? Cette silhouette, il lui semblait la connaître… Non, impossible. L’alcool était définitivement mauvais pour lui, voilà qu’il imaginait cette personne !  Aigoo, il devait vraiment arrêter de boire !

(+) Tenue
La température dans la boite de nuit semblait avoir augmentée d’un cran depuis que Noah y avait déposé les pieds quelques heures plus tôt. La raison de sa présence en premier lieu ? Célébrer l’arrêt des cours, le début des vacances, de l’été, et parce que ses amis avaient envie de passer une bonne soirée entre potes. Jamais le jeune artiste n’aurait refusé de participer à une telle soirée. Très vite, les bouteilles d’alcool se vidèrent, tout d’abord une, puis deux, et enfin trois, quatre. Sa tolérance d’alcool a toujours été des moindres, ce n’est cependant pas ce qui lui empêchait de continuer de boire. Il aimait ça et après tout, consommer le faisait planer encore plus haut, le rendait d’avantage dynamique, joyeux, joueur et blagueur. Cependant, rien ne vient sans inconvénients : boire le rendait vulnérable, imprudent, et si d’habitude il y a toujours un ami pour garder un œil sur lui, aujourd’hui ce n’était pas le cas. Ses compagnons s’étaient tous dispersés aux quatre coins du club, il ne s’en était même pas rendu compte. Se retrouver seul n’était pas non plus une chose grave, surtout dans un tel état. Noah ne restait jamais seul bien longtemps, réussissant toujours à tenir compagnie à un petit groupe avec qui il rirait de tout et de rien jusqu’à ce qu’il décide de rentrer.  Aujourd’hui était un peu plus différent car il n’était encore jamais venu dans cette boite, aucun visage ne lui semblait familier, et au final, en jetant un coup d’œil d’ensemble sur la grande pièce, personne ne semblait assez accueillant. Il soupira donc profondément accoudé au comptoir. Peut-être devrait-il juste rentrer. Au moins Nolan l’attendait à la maison, prêt à lui faire la fête et à le noyer d’affection.  Il sourit à l’idée et fut surprit lorsque quelqu’un lui tapota l’épaule. Lorsqu’il fit face à l’homme, il fut assez surprit de voir que celui-ci était plus grand que lui. « Tu ne dois certainement pas te souvenir de moi, on s’est rencontré dans une autre boite.  Il haussa un sourcil, confus, car son visage ne lui disait rien. « Ça te dirait qu’on aille discuter dans un coin calme ? » Bof, à quoi bon, il n’avait rien de mieux à faire, puis après tout c’était possible qu’il connaisse cet homme. Il le suivit donc jusqu’à l’étage silencieusement avec son verre de caipirinha. Une fois qu’ils furent en haut, Noah se sentit bizarre. Sa vision n’était plus aussi nette qu’auparavant, sa tête tournait et une vague de nausée lui prit soudainement. Il allait s’excuser pour aller aux toilettes mais ses mots restèrent bloqués dans sa gorge lorsqu’il sentit une emprise sur sa hanche et une main saisir ses fesses. Tout ça ne sentait pas bon. « Qu’est-ce que tu crois faire là. »  Il déglutit difficilement en tentant de s’éloigner des mains de l’autre mais bien rapidement l’homme le plaqua face la première au mur le plus proche. Son verre vint s’écraser à ses pieds au moment de l’impact. Il intensifia l’emprise qu’il avait sur sa hanche et utilisa son autre main pour forcer son bras derrière son dos, de manière à ce qu’il ne puisse se débattre. L’emprise qui résidait sur sa hanche disparut, à la place, il l’utilisa pour reculer le bassin de Noah de manière à ce qu’il se retrouve penché. La position dans laquelle était le jeune artiste était extrêmement humiliante. Il pouvait le sentir durcir derrière lui, se frotter contre lui et son envie de vomir grandit d’avantage. Il le supplia plusieurs fois, de le laisser partir, lui promettant qu’il ne dirait rien à personne et qu’il pouvait prendre son argent si ça l’intéressait, mais ce dernier ne lui répondit pas, conservant son sourire répugnant sur le visage.  « Tu me remercieras quand j’en aurais fini avec toi salope. » Noah ne s’était pas rendu compte que des larmes coulaient le long de ses joues. Il tenta désespérément d’appeler à l’aide, mais l’homme l’en empêcha en plaquant sa main contre sa bouche. Pour lui faire comprendre qu’il n’y avait rien à faire mis à part se soumettre et endurer, l’inconnu lui donna un certain coup de bassin tout en rigolant. Le cadet était répugné, dégouté, il avait honte. Et malgré ses tentatives pour se libérer de l’emprise de l’homme, rien n’aboutit. Ses larmes coulèrent d’avantage car ce qui allait arriver ensuite était inévitable.

Au final, c’était un comportement plutôt masochiste. Il savait très bien comment il devenait une fois qu’il avait consommé de l’alcool, mais pourtant il continuait d’n boire. Certes très peu comme durant cette fameuse soirée, mais tout de même. Un sirop ou un soda aurait été tout aussi bien. Peut-être cherchait-il par ce moyen à simplement se fondre dans la masse, faire comme tout le monde pour ne pas se sentir à l’écart, ou bien juste différent. Ou était-ce du pur masochisme. Dans tous les cas, on ne dirait pas que Meilan allait arrêter de sitôt. Toujours affalé sur le sofa, ses yeux redevinrent clos et il tenta d’oublier la présence des deux hommes venant d’entrer dans la pièce. Ce n’était pas ses histoires, et il était bien trop occupé à lutter contre Morphée qui le tirait de plus en plus dans ses bras. D’ailleurs, alors qu’il commençait à se laisser glisser dans le monde des songes, il sursaut lui prit et le réveilla. Cette voix… Il pourrait la reconnaître entre toutes sans difficulté. Etait-ce encore un mauvais tour joué par son imagination embrumée par l’alcool ? Oui, très certainement. Après tout, pourquoi serait-il ici ? Certes il savait qu’il aimait sortir avec ses amis, mais pas dans ce genre d’endroit. Surtout en compagnie d’une seule personne et qui plus est, un homme. Mh oui. Il avait dut rêver. Retirant ses lunettes, Meilan vint se masser longuement le visage, se disant que tout compte fait, il ferait mieux de rentrer chez lui. Mais de nouveau, un sursaut prit possession de son corps. Un verre venait de se briser. Enfilant alors ses lunettes pour voir la scène et éventuellement constater si quelqu’un était blessé, le sino-coréen se figea face à la scène qui se tenait devant ses yeux. Il n’avait donc pas rêvé…

Écœuré et choqué par ce qu’il passait, il ne fallut pas plus de 10 secondes pour faire monter une rage folle chez Meilan. Et sans attendre un instant de plus, il se leva et fonça en direction des deux hommes, l’effet de l’alcool totalement disparu, et attrapa avec fermeté et sans douceur les cheveux de l’inconnu. Grâce à sa maitrise du judo, il le mit à terre après un coup volontairement puissant à l’entrejambe et le bloqua sous son bassin en un rien de temps, l’empêchant totalement de parler. Le dévisageant avec un regard brûlant de haine et un sourire mauvais au visage, l’étudiant parla d’une voix glaciale à vous en faire la chair de poule. « La seule salope que je vois ici, c’est toi. ». Se libérant d’un bras sans pour autour permettre à cette ordure de pouvoir faire un moindre geste, son poing vint sans perdre une seconde frapper avec violence le visage de l’inconnu. Puis une seconde fois. Et une troisième fois. Prit dans sa rage, Meilan n’en fut sorti qu’après quelques instants. La raison ? L’homme avait perdu connaissance, mais surtout, il entendait les pleurs du jeune homme se tenant à ses côtés. Son visage redevant alors normal, il tourna la tête et se figea en voyant ce visage qu’il connaissait si bien trempé de larmes. Avançant alors son poing vers la joue du garçon, il retint sa main à quelques centimètres d’elle. Il ne pouvait pas le salir avec ce sang couvrant sa main. Se mordant alors la lèvre, le sino-coréen se retint de serrer dans ses bras ce corps dont il se rappelait les courbes à la perfection. Tremblant légèrement, de peur d’avoir effrayé le plus jeune par cette scène violente, il brisa néanmoins le silence avec un timide « Noah… ? ».

Des images défilaient dans sa tête. Des images odieuses de ce qui allait probablement lui arriver. Noah aurait réellement voulu pouvoir faire quelque chose contre cette brute, mais il n’y avait absolument rien à faire, il était bien plus grand et bien plus fort que lui. Il avait tenté de lui mordre la main car après tout le jeune artiste n’était pas du genre à baisser les bras, mais tout ce qu’il obtenu en échange fut un juron de l’homme dressé au-dessus de lui, un autre salope et un violent coup de pied dans le mollet. On pouvait clairement voir la douleur sur le visage du cadet, mais celui-ci saisit tout de même son occasion pour continuer d’appeler à l’aide.  Quelqu’un allait bien finir par l’entendre. L’homme balada sa main le long de sa cuisse puis la fit remonter jusqu’à ses fesses, où il saisit sa chair fermement. C’est au moment où sa main le claqua que les emprises que l’homme avait sur lui cessèrent. Plongé dans sa peur, il n’eut même pas le courage de regarder ce qui était en train de se passer, bien que ses oreilles lui faisaient clairement comprendre qu’il y avait bagarre juste à côté de lui. Noah se laissa glisser le long du mur et se mit en boule en espérant qu’il se ferait oublier du monde jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne dans la boite de nuit. Tout ce qu’il désirait était la paix, l’ignorance, qu’on le laisse tranquille et qu’on ne le remarque pas. Son esprit n’était pas totalement soulagé par toute la tournure de la situation. Après tout, peut être que l’autre personne le désirait aussi. La personne la mieux placée pour pouvoir le rassurer et le faire sentir en sécurité ne pouvait tout bonnement pas être cet individu. Depuis quand trainerait-il dans un lieu pareil. Il secoua doucement la tête dans son coin, se maudissant intérieurement pour continuer d’espérer que cette personne ait de l’intérêt et de l’amour pour lui. C’était évident que tout était terminé depuis ce jour-là, et pourtant Noah ne pouvait cesser de penser à lui. Il devait être le seul abruti dans cette relation. Quelques secondes ou minutes plus tard, il ne saurait dire, plus aucun coup ne pouvait être entendu. Le silence était revenu si ce n’était pour la musique de la boite de nuit. Le jeune artiste sentit son cœur battre d’autant plus rapidement et fortement dans sa poitrine. Il crut entendre cette voix familière, mais il avait peur de faire face à la réalité, qu’au final cet homme soit toujours là. Kwon prit son courage à deux mains, levant avec incertitude et appréhension la tête. Il sentit sa gorge se serrer et les larmes lui piquer le coin des yeux à la vue de la personne en face de lui, tout semblait si irréel. « M-Meilan ? » Sa voix l’abandonna avant qu’il ne puisse dire plus. Noah voulait être sûr que ce n’était pas qu’une illusion ou un tour de son taux d’alcoolémie. Lorsque l’homme lui répondu, tout s’écroula intérieurement. Ses larmes recommencèrent à couler en même temps qu’il lui ouvrit et tendit les bras. Il avait définitivement besoin de quelqu’un maintenant, et le jeune artiste avait de la chance d’être tombé sur lui en question. Meilan était le meilleur remède à ses douleurs, tout comme il était celui qui lui en infligeait. Il était comme une drogue, une nécessité qui lui causait aussi bien du mal que du bien. Lentement et assez difficilement, Noah tenta de se relever en essayant d’éviter les bouts de verres qui l’entouraient. Une fois debout sur ses pieds tremblant, il le prit correctement et fortement dans ses bras, n’arrivant pas à cesser ses larmes de couler. « Merci Meilan, merci. Merci infiniment. » Cette phrase sortit maintes et maintes fois de sa bouche, dite avec une voix des plus cassées qu’il n’ait jamais encore entendu de lui-même. Lorsqu’il quitta son cou, Noah entoura son corps de ses bras tremblant, comme pour se protéger de l’extérieur. Il ne savait pas quoi dire de plus, car après tout cela faisait un moment qu’ils ne s’étaient pas retrouvés face à face, sans l’ombre d’une dispute planant au-dessus d’eux.

Il détestait la violence. Réellement. Même si le judo pourrait faire penser à un sport dangereux, il n’en était pas. Justement, tout l’art était de maitriser l’autre sans le blesser. Et c’était ce qu’il aimait dedans. Alors le comportement qu’il venait à l’instant d’avoir, ce personnage violent frappant sans se retenir un pur inconnu avec une haine incomparable, ce n’était pas lui. Non. Meilan était le genre de garçon à la patience et au calme sans égal. Un véritable bisounours, qui ne ferait même pas de mal à une mouche. Néanmoins, comme toujours, il y a un mais. Le mais qui le faisait se transformer tel Hulk. Et celui-ci concernait deux catégories. Tout d’abord, les injustices, qu’elles soient via des insultes ou des gestes, comme la scène s’étant passée sous ses yeux. Et ensuite, ses proches, ces personnes à qui l’étudiant tient comme à la prunelle de ses yeux. Alors mêler les deux ensemble ne pouvait que le faire littéralement exploser. Mais cet homme l’avait bien mérité, non ? Dieu qu’il haïssait les violeurs. Au moins, celui-ci avait eu sa correction. Bref, pour revenir à la situation actuelle, il était toujours assit sur l’homme inconscient, en train de regarder cet être sans défenses se tenant sous ses yeux. Mon Dieu. Il détestait plus que tout le voir pleurer. C’était réellement un crève-cœur. Comme si on le tuait lentement mais surement. Frissonnant à l’entente de sa voix, il vint l’aider à se redresser doucement à l’aide de sa main saine. Car non seulement l’autre saignait, mais une vive douleur en prenait possession. Mais Meilan n’en fit rien paraître, bien trop occupé à admirer le garçon devant lui. Sans s’y attendre, le sino-coréen se retrouva avec son cadet l’enlaçant et le remerciant maintes et maintes fois. Avec une sorte de timidité, il vint lui caresser les cheveux, lui murmurant d’une voix douce et rassurante qu’il n’avait pas à s’excuser. Il était si bien ainsi… avec Noah dans ses bras…

Mais pour son grand déplaisir, le jeune homme se décolla de lui. Et la position qu’il venait de prendre, le fils Hwang la connaissait très bien. Venant avec sa légendaire maladresse lui essuyer les joues de son pouce, il lui enlaça de son bras non touché les épaules et l’amena tranquillement au sofa où il se trouvait auparavant. Ensuite, il lui mit, toujours de sa seule main –l’autre étant collé à sa cuisse, n’arrivant plus à la bouger- , sa veste sur les épaules et sortit son portable pour envoyer un sms aux urgences vis-à-vis de l’homme au sol, n’étant tout de même pas un salaud à le laisser crever là. Une fois ceci finit, il adressa un sourire plein de tendresse à Noah pour le rassurer, et vint glisser naturellement sa main dans sa sienne pour l’emmener à l’extérieur de la boîte de nuit, une légère grimace traversant son visage lorsque l’air frais chatouilla les plaies ouvertes des phalanges du sino-coréen. Sans le lâcher, il se tourna vers lui et l’observa avec grande inquiétude, ne sachant pas réellement quoi faire. « Tu veux… aller porter plainte ? ». Meilan avait envie hurler. Il ne supportait pas de voir ce visage si beau déformé par les larmes et la peur. Non. Il préférait de loin de voir sourire avec ses belles petites dents et ses yeux légèrement plissés. Mais ce soir, il était persuadé qu’il ne le verrait pas ainsi…

Cela faisait un moment que Meilan et lui ne s'étaient pas adressé la parole. La plupart du temps, ils préfèrent communiquer par textos, car au final, du moins du point de vue de Noah, il n'avait pas besoin de camoufler ses émotions. Il n'avait pas besoin d'adopter ce ton sérieux presque froid qui ne lui ressemblait pas. Même s'il tentait de faire croire à l'autre qu'il le détestait et le méprisait jusqu'à l'os, cela semblait évident que ce n'était pas tout à fait la réalité. Car à chaque fois que Meilan et lui même se rencontrent face à face, il finit par faiblir et par lui afficher cette facette de lui même beaucoup plus chaleureuse, timide et amoureuse. Noah n'a jamais su se montrer méchant et froid envers quelqu'un, et surtout pas envers Meilan, ça lui faisait du mal de devoir le faire car en réalité tout ce qu'il désirait c'était de le prendre dans ses bras et de le garder à cet endroit même pour toujours. Cet homme-là représentait à ses yeux son âme-sœur, il aurait imaginé construire et vivre sa vie avec lui, mais ces espoirs semblaient après chaque jour s'évanouir vers la sombre réalité qu'ils n'étaient probablement pas fait l'un pour l'autre. Il fut touché par les gestes de Meilan, à savoir à ce qu'il lui prête sa veste et lui donne autant de petites attentions. Quelque part au fond de lui il se disait que c'était logique et que tout le monde aurait fait ça dans un cas pareil mais il ne put s'empêcher d'être content. Ce sentiment grandit lorsqu'il lui prit la main et le guida jusqu'à l'extérieur, ce après avoir envoyé ce fameux message aux urgences. Noah fut tenté de rendre la veste à Meilan car après tout, maintenant que la nuit était tombée il faisait beaucoup plus froid que quelques heures auparavant, mais il se retint par simple respect. Le jeune artiste, même dans son état, avait remarqué la main de l'ainé, il avait envie de la prendre et de la lui embrasser, si ce n'était pour le sang qui la recouvrait. Il se sentait quelque part désolé car s'il était présentement dans la douleur c'était de sa faute. On le lui a pourtant répété de nombreuses fois qu'il devrait penser à être plus responsable, adulte et prudent, et un sentiment de remord, de culpabilité s'installa au fond de son estomac. Peut être devrait-il réellement essayer de changer. Il en avait marre d'être la personne qui attirait sans cesse des soucis aux autres. Son but n'était bien évidemment pas de faire du mal à ses proches, aux gens à qui il tient comme à la prunelle de ses yeux. Il soupira alors longuement. « Non c'est bon... Je vais bien il n'y a pas besoin. » Il eut un peu de mal à lui répondre, la voix encore fragile et instable mais il fit de son mieux pour rester audible et compréhensible. Meilan bafoua ensuite un peu, sans doute gêné par la proposition qu'il venait de lui faire. Au départ Noah ne fut pas sûr d'avoir bien entendu mais il semblait que si. Veux-tu que je te raccompagne chez toi ? La tête basse, son regard vint rencontrer celui de Meilan, une once de timidité et de fragilité dissimulé à l'intérieur. Par réflexe nerveux il vint toucher de sa main libre l'arrière de sa nuque et déglutit difficilement. « Dis Meilan... Est-ce que... est-ce que ça te dérangerais de rester avec moi ce soir ? C'est beaucoup demandé je sais... » Son regard retourna fixer le sol en attendant sa réponse. Celle-ci fut sans réelle surprise affirmative. Meilan ne lui aurait jamais rien refusé, surtout après ce qu'il venait de se produire. Un sourire se glissa sur ses lèvres alors qu'il les guida à travers les rues du quartier nord jusqu'à l'endroit où était sa voiture. Noah n'était pas vraiment en état de conduire mais il n'allait pas laisser son véhicule là et appeler un taxi c'était stupide. Il prit place au volant puis après quelques minutes entama la route jusqu'à sa demeure. Le trajet fut silencieux, presque tendu et inconfortable, une chance qu'il ne leur fallut pas plus de quinze minutes pour arriver chez le cadet. Une fois le contact arrêté, Noah lui jeta un regard toujours timide et lui caressa presque tout aussi timidement sa main blessée. Il allait devoir prendre soin d'elle à l'intérieur. « Encore merci Meilan. »

Il n’aimait pas vraiment cette sensation de gêne et de malaise qui s’installait entre eux à chaque fois qu’ils se revoyaient, depuis leur séparation. Certes, il comprenait qu’à présent leur relation était tendue et que plus rien n’était comme avant, mais tout de même. Il lui arrivait très souvent de se demander s’il était le seul à être nostalgique du passé. S’il était le seul à avoir encore des réflexes de l’époque dans sa vie actuelle. Aish il détestait commencer à raisonner ainsi. Il devait plutôt profiter d’être en compagnie de Noah, même si la situation n’était pas appropriée pour un instant de rapprochement. Mais qu’importe. A l’heure actuelle, sa seule priorité était de protéger le garçon et de le remettre en confiance. Car si ce dernier tente de faire paraître que tout va bien, Meilan sait parfaitement qu’il est apeuré et qu’il a besoin d’être rassuré. Un peu comme un enfant. Il avait cette chance de le connaître sur le bout des doigts, ainsi il savait comment réagir face à ce que passait cette nuit-là. Alors, malgré la douleur qu’il ressentait dans sa main blessée, le sino-coréen ne s’occupait que de son cadet, seul lui l’importait. Alors lorsqu’il lui dit qu’il allait bien, notre étudiant fit une grimace. Noah ne savait vraiment pas mentir. Néanmoins, il hocha simplement la tête et jeta un coup d’œil dans les environs. Il ne pouvait définitivement pas le laisser seul. Pas à cette heure-là de la nuit, ni après ce qu’il venait de se passer. Alors, de sa timidité donnant sur de la maladresse, il osa lui demander d’une voix non assurée « Veux-tu que je te raccompagne chez toi ? ». Après tout, il savait où il habitait, et il se sentirait rassuré de le savoir bien rentrer à son domicile.

Alors que son regard croisait celui du plus jeune, Meilan sentit ses joues mais surtout ses oreilles rougirent face à la demande du garçon. Rester la nuit chez lui ? Certes cela était déjà arrivé depuis leur rupture, mais pas dans ce genre de conditions. Mais comment aurait-il pu refuser face à cette bouille terriblement mignonne ? Impossible. « Rien n’est trop demandé de ta part, tu le sais… Je reste, alors ne t’inquiète pas, d’accord ? ». Il lui offrit un doux et chaleureux sourire, alors qu’il se laissait trainer par Noah jusqu’à la voiture de ce dernier, lui serrant un peu plus la main. Le trajet en voiture fut assez étrange. Aucun des deux jeunes hommes n’osa prendre la parole, peut-être pour oublier et apaiser leur esprit. Et puis, il fallait bien avouer, le fils Hwang se concentrait pour ne pas salir la voiture de son cadet avec son sang. Plutôt rapidement ils arrivèrent devant la belle maison de Noah, et notre sino-coréen plongea de nouveau son regard remplit de tendresse dans les yeux du garçon, frissonnant au contact de ce dernier sur sa main blessée. « Tu n’as pas à me remercier, vraiment… ». Il lui sourit et regarda vers la maison, sa voix devenant un peu plus gênée. « On devrait peut-être rentrer non… ? Pour se mettre au calme, et… je dois soigner ma main ! ». C’est ainsi qu’ils sortirent de la voiture et se rendirent tous les deux chez le jeune Kwon, pour une nuit qui décidément allait être riche en rebondissements.