tenue

Vas-y, viens au Tartarus, ça te changera les idées ! Je n'avais pas besoin de me changer les idées ... pas vraiment. Pourtant, j'avais laissé mes amies me traîner au Tartarus, alors que celles-ci étaient persuadées que j'étais d'humeur morose. C'était à moitié vrai. Depuis que mon frère était rentré, j'avais les idées ailleurs. Il fallait dire qu'entre Shanna et mes affaires familiale, je n'avais plus vraiment le temps de m'amuser. J'avais donc téléphoné à la babysitter, et une fois assurée que Shanna avait tout ce qu'il lui fallait pour la nuit, pris la direction de Gwonseon. Je n'aimais pas ce quartier, je le trouvais bien trop malfamé à mon goût, mais c'était là que se trouvait un night club au personnel exclusivement masculin dans lequel j'aimais bien aller pour me détendre. Et j'aurais sans doute pu passer un bon moment ... si je ne l'avais pas vu lui. Malgré les années, il était resté le même, toujours ce sourire ravageur, cet air sûr de lui. Mon coeur rata un battement : Min Ho. Mon frère se tenait là, en face de moi, après toute ces années de séparation. J'inspirai et expirai lentement. Je ne laisserai pas passer cette chance. Il me vit, me sourit, je n'avais même rien eu à faire. Je fis de même, arborant cet air sexy et provocant qui m'était propre. Si j'étais une salope de faire ça à mon frère ? Oui. Sans doute. Autant qu'il avait été un connard avec moi. Je me penchai vers mon amie J'ai quelque chose à faire ... ne regardez pas après moi. Le ton était donné, tandis que j'avançais en me dandinant vers cet homme qui m'avait autrefois trahie et brisée.

Je ne fus pas surpris quand elle répondit à mon sourire. Je n’étais pas si rouillé que cela enfin de compte. J’arrivais toujours à éveiller quelque chose dans le cœur de ces dames. Mon sourire faisait toujours autant de ravages, et j’en portais une certaine fierté. Je ne fus que plus ravi quand je vis la jeune femme s’approcher de moi avec un air provocatrice. Mon dieu que j’aimais ce genre de filles. Cela faisait un petit moment que je n’étais pas sorti et ramener une jeune demoiselle dans mon lit. Peut-être était-il temps de remédier à cela ? La pêche serait peut-être bonne ce soir. Sans l’attendre, je commandais un verre. Un whisky coca. Avec glace s’il vous plait. Qu’une fille me tapait dans l’œil, c’était une chose. Cependant, je ne commençais jamais une soirée sans mon verre d’alcool. Fille ou non. Je bus une première gorgée avant de reporter mon regard sur elle. Il fallait bien l’avouer : elle avait un corps de rêve. Cette seule remarque me refit penser à ma petite sœur. Avec du recul, je m’étais rendu compte que je m’étais comporter comme un vrai salaud. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de penser : qu’est-ce qui se serait passé si Soo Ah avec un corps tel cette femme ? J’étais déjà un grand frère un peu possessif à l’époque, bien que je ne le montrais peu. Alors si elle aurait été différente ? Je serais sans doute devenu fou. Je ris seul à cette pensée. Si elle m’entendait, elle me traiterait de baka.
Je pris une pause décontracté attendant qu’elle arrive à ma hauteur. « Bonsoir belle inconnu, puis-je te commander un verre ? » dis-je sur avec mon sourire les plus séducteurs. « Moi, c’est Min Ho. Mais appelle moi Min. »

Après tout, c'était un homme comme un autre n'est-ce pas ? Beau de surcroît, et sûr de lui. Il n'avais pas changé, il ne pensait toujours hors de danger. Mais j'allais lui prouver qu'il ne l'était pas. J'allais lui prouver que sa petite soeur avait bien changé et qu'elle ne dépendait plus de lui comme elle avait un jour pu le faire. Allait-il m'en vouloir ? Peut-être, sûrement même. Mais cela m'étais parfaitement égal, ce soir rien d'autre ne comptait à part ma petite vengeance. Un jeu d'enfant. Un pion dans le projet que j'avais. Mais le premier acte de mon entreprise. Arrivée à sa hauteur, il me proposa un verre, je lui souris Un cosmopolitan s'il te plait Ce n'était pas une super idée de commencer par là, mais je ne comptais pas boire beaucoup de la soirée. Et puis, les cosmopolitan, un plus d'être distingués, étaient mon pêché mignon. Puis il se présenta, merde, il me fallait un nom, et rapidement. Seol Ji Hyeon, et tu peux m'appeler comme tu le souhaites, Min. je jouais la comédie à la perfection, à un point tel que ç'aurait pu être effrayant. Si Shûji me voyait, il me réprimanderait. Mais pour tous les autres, j'étais seulement dans mon élément : la chasse. Je repensai brièvement à Mikan, elle aurait adoré voir ça. Elle aurait adoré mon frère aussi d'ailleurs, mais ça c'était une autre histoire, et ce soir je te partageais pas Toi tu n'es pas un habitué n'est-ce pas ? Je ne t'ai jamais vu dans les parages ... Autant commencer à discuter, avant de passer aux choses sérieuses.

Un cosmopolitan ? Voilà quelque chose de bien distingué pour une demoiselle si provoquante. Mais j’aimais bien ce côté classe. Pour moi, c’était ce qui différenciait les filles de débauches et celles fréquentables. Un bon point pour elle donc. Sans plus attendre, je commandais le verre au barman et le tandis à la prénommée Ji Hyeon. « Ji Hyeon, c’est un très joli prénom. Puis-je me permettre de t’appeler Ji ? » Il était plus facile pour moi, de l’appeler ainsi. De toute manière après cette soirée, on ne se reverrait sans doute jamais. Alors pourquoi se casser la tête à retenir un nom dont je ne devrais plus prononcer après cette nuit ? « Bonne observatrice ! » m’exclamais-je le sourire aux lèvres. « En effet, je suis un petit nouveau. Je viens de rentrer en Corée depuis peu. » Je restais pensif un moment, le regard dans le vague, repensant à Soo Ah. Je m’étais promis que je ne penserais pas à elle ce soir, que j’étais là pour m’amuser et voir de nouvelles têtes. Ramenant mon attention sur la jeune femme assise à mes côtés, je renvoyais les souvenirs de ma petite sœur dans un coin de ma tête. « Pour les raisons de mon retour, disons qu’elles sont personnelles. » Draguer et papoter avec une inconnue, était une chose, ma vie privée en était une autre et j’évitais de mélanger les deux depuis ma fâcheuse erreur. On ne dirait pas comme ça, mais le petit Min, il comprend vite quand il a le déclic. « Et toi dis-moi ? Une belle jeune femme comme toi, comment se fait-il que tu sois toujours célibataire ? Et ne me dis pas le contraire. » J’avais pris un air taquin. J’étais franc et direct. Encore quelque chose qui me venait de ma mésaventure.

La situation était presque irréaliste, la jeune-fille reniée en moi avait enfin droit à sa revanche, et moi je jubilais. Le sourire que j'affichais était sincère, mais ce n'était pas la rencontre d'un bel inconnu qui en était la cause loin de là. J'imaginais déjà sa tête lorsque dans quelques heures, je lui dirai d'aller se faire foutre, parce que l'inceste ne me tentait pas. Ce sera tellement grisant que j'étais aux anges. Appelle-moi comme tu le souhaiteras, Min ... Tandis qu'il me sortait le couplet du petit nouveau perdu en Corée, le serveur nous tendit nos verres. Je portai aussitôt le nectar à mes lèvres, avant que le recouvrir de ma main ; un geste que j'avais toujours eu, inconsciemment. Sans doute la peur que l'on mette quelque chose dedans, ça m'était déjà arrivé en primaire où un petit malin avait mis un verre de terre dans mon verre. Au moins, cela faisait de moi une cible très compliquée à droguer. Toujours est-il qu'il ne me dévoila pas les raisons de son retour... Nul besoin, je les connaissais en long et en large, il m'avait suffisamment harcelée de mails comme ça. Oh ça... j'eus un petit rire - calculé - quand il me demanda la raison de mon célibat Eh bien je suppose que je n'ai pas encore trouvé d'homme capable de me supporter suffisamment longtemps ... Ce n'était d'ailleurs pas un mensonge. En ce moment, mon célibat me posait d'ailleurs, même s'il m'arrangeait ce soir. Il fallait dire que le mode de vie que j'avais eu depuis mon arrivée à l'université avait gâté ma réputation, et qu'il était dès lors très compliqué de trouver l'amour au sein du campus ... et comme j'en sortais très peu, autant dire que j'accumulais les échecs à ce niveau là. Mais ce n'était pas la question de la soirée, aussi rangeais-je ces idées dans un coin de mon esprit pour ne plus y penser Tu as de la famille en Corée ? Si j'avais envie qu'il me parle de moi sans savoir qui j'étais réellement ? Un peu, que j'en avais envie.

Quand la demoiselle mit une de ses mains au-dessus de son verre, cela me fit tiquer. Soo Ah avait la même manie. Une histoire qui datait des primaires à cause d’un ver de terre, il me semble.  Irrémédiablement, cela me refit penser à ma petite sœur. Bon sang, si cela continuait je n’arriverais pas à m’amuser ce soir. Voilà que je me mettais à voir Soo partout. Je devais devenir parano à force de culpabiliser. Je secouais la tête, chassant les images de ma sœur s’imposant à moi. Je reportais mon regard sur Ji. Tu sais Min, la fille avec qui tu es en train de boire un verre, avec laquelle tu passeras le reste de la soirée et avec laquelle, sans doute, tu la finiras aussi. Reprenant un sourire radieux je soulevais mon verre en guise de santé « A ma chance que l’homme de ta vie ne t’ai pas encore trouvé ! Cela me laisse une chance ! » je ponctuais ma phrase d’un clin d’œil et enchainait en buvant deux longues gorgées. Bien évidemment, je ne comptais pas me casser ainsi avec la première venue. C’était un bobard  qui avait tendance à faire croire aux filles qu’elles se sentaient attirantes. Il était évident que je n’étais jamais tombé amoureux. Enfin si, cela m’étais arrivé une fois et cette relation avait durée trois ans. J’étais sorti de cette expérience muri, mais aussi avec le cœur brisé. Depuis, j’avais du mal à trouver une fille à qui je tenais assez pour en être amoureux. J’étais peut être un dragueur, mes conquêtes, ce n’était le temps que d’une nuit. Et je couchais juste pour le plaisir, pas pour les sentiments. Si j’avais de la famille ? Voilà la question à ne pas poser. Je répondis malgré moi « Oui, j’ai une petit sœur en Corée … quelque part » Je prononçais ces mots avec amertumes et un peu confus.  « Mais cessons de parler de moi ! Parlons un peu de toi ! Qu’est ce que tu fais dans la vie ? Etudes, travail ? » En général, les femmes aimaient que l’on s’intéresse à elle et qu’on les écoute sans les juger. C’était ce que j’allais faire. Je n’avais aucune envie qu’elle recommence à me poser des questions sur ma famille. Sinon, ma soirée risquait d’être totalement gâchée. J’étais même tenté d’aller voir ailleurs, mais quelque chose en elle me disait de rentrer. Je soupirais. Tout en cette soirée me rappelait ma chère sœur.  

Si j'avais pu, j'aurais soupiré. Je suis lassée des hommes trop sûrs d'eux. Une chance ? Qu'il n'y pense même pas. Même s'il n'avait pas été mon frère, il n'aurait pas eu la moindre chance avec moi. J'avais besoin de quelqu'un qui puisse prendre soin de moi, quelqu'un qui sache me gérer, me contrôler quand je partais en vrille. Quelqu'un qui prendrait le temps d'apprendre chacune de mes facettes, et pas un tombeur d'un soir. Par ailleurs, je savais qu'il n'en pensait pas un mot, tout cela faisait partie du jeu de séduction, évidemment. De toute façon ça n'avait pas d'importance, il fallait que je joue le jeu jusqu'au bout Encore faudrait-il que tu sois à la hauteur lui lançai-je sur un ton taquin, tout en sachant qu'il ne l'aurait jamais été. D'ailleurs, je ne connaissais pas vraiment de personne qui le soient. Pas que je me prenne pour plus que les autres ou quoique ce soit, mais je ne connaissais réellement personne - en dehors de mes plus proches amis - qui soient à la hauteur de mes espérances. Il fallait dire que l'arrivée de Shanna n'avait pas arrangé les choses puisque maintenant, en plus d'un mec bien, il me fallait un père idéal. Comment étais-je censée y arriver dites-moi ? Je reportai mon attention sur Min Ho. Une petite soeur quelque part ? En face de toi coco. Mais je compris rapidement qu'il serait difficile de l'avoir sur ce sujet. Je me résignai alors, du moins pour le moment Oh, et bien je suis étudiante à l'Inshinae, master en droit et bac en gestion. Une vie bien remplie, sans parler de ma fraternité, jéopardize. Je pouvais bien me permettre de dire la vérité à ce sujet-là, après tout d'ici ce soir il saurait qui je suis. Et les hommes n'aiment pas les femmes trop mystérieuses, ou en tout cas pas sur le court terme, faut qu'elles aient l'air accessible. Et tu viens d'où comme ça sinon ? L.A., californie. C'était quand même particulier d'en venir à poser des questions dont je connaissais la réponse.

« A la hauteur ? … ouai … » je murmurais plus pour moi que pour elle m’entende. J’avais juste pensé tout haut. Ces dires me rappelèrent encore au passage ma désaventure avec Soo, mais aussi ma relation que j’avais eue avec cette fille en Amérique. La première fille dont j’étais vraiment tombé amoureux. Je m’étais pourtant bien comporté avec elle : aimant, gentil, attentionné, protecteur et il m’arrivait même d’être romantique. Elle arrivait à faire ressortir le meilleur de moi-même. Si j’avais eu l’occasion, j’aurais sans doute pu être jaloux aussi. Cependant, même le meilleur de moi-même n’avait pas du suffire, car elle me quittait au bout de trois ans pour aller voir d’autres horizons. Je passais ma main dans mes cheveux pour les ébouriffer, remettant mes idées en place. Une manie que j’avais depuis l’adolescence. « Quelle coïncidence, je suis également étudiant à l’Inshinae inscrit récemment et en fraternité jéopardize également ! On aura sans doute l’occasion de se recroiser. » J’avais dit cela avec le sourire, mais au fond de moi, cela m’emmerdait plus qu’autre chose. Une aventure d’un soir avec une fille du même établissement, c’était déjà difficile à gérer, mais en plus de la même fraternité. Génial ! J’espère qu’elle n’était pas trop chiante par rapport à cela. Enfin, espérons. En revanche, ce qui pouvait être intéressant pour moi, c’était qu’elle faisait les mêmes études que Soo Ah. Avec un peu de chance, si je pouvais tirer quelques informations pour la retrouver, ça pourrait m’aider. Les parents m’avaient juste dis où ma petite sœur faisait ses études. Je m’étais inscrit dans la même école qu’elle et dans la même fraté’ justement pour me rapprocher d’elle. Pourtant, aux premiers abords, je ne l’avais pas croisé une seule fois. « Moi ? je viens de L.A en Californie… » Je lui répondis vite fais pour pousser les questions qui m’intéressais vraiment, maintenant qu’elle avait éveillé mon intérêt. « Dis-moi Ji, je recherche une personne qui serait susceptible d’être dans le même cursus que toi.. Ne connaitrais-tu pas une personne nommé Soo Ah ? Kang Soo Ah ? »

Pas si sûr de lui apparemment, à en juger par son murmure qui ne m'avait bien sûr pas échappé. Tiens, j'aurais presque pitié de lui. Heureusement que j'avais trop à lui reprocher pour ça. Je continuai de siroter mon verre tranquillement, prenant garde à ne prendre que des petites gorgées. Je faillis hausser un sourcil quand il me dit que lui aussi était à l'Inshinae. Je le savais, il m'en avait parlé dans ses mails. Ce qui me surprenait c'était son sourire : tout le monde savait que les hommes n'aimaient pas se retrouver coincé avec l'une de leurs aventures. Encore moins quand celle-ci était profondément ancré dans la fraternité, mais cela, il l'ignorait. Cependant, je feins la surprise Oh, sympa ! On se reverra sûrement alors, je passe tout mon temps à la fraternité, j'y suis très attachée, c'est un peu comme la famille que je n'ai jamais eu. J'avais parlé trop, merde, mais tant pis. C'était lâché, et putain ça faisait du bien de lui balancer ça à la figure, quand bien même il ne calculerait pas l'importance de ces mots. L.A. ? Waouh, ça doit être extraodinaire de vivre là-bas ... J'étais d'ailleurs parfois nostalgique de ses plages, ses paysages, sa chaleur, mais sans doute n'y retournerais-je jamais. J'avais cru crever les premiers jours en Afrique, loin des miens, je ne sais pas comment je parviendrais à gérer la distance encore une fois, du moins sur une longue période. La suite me fit froncer les sourcils, ce que je pouvais aisément faire passer pour de la réflexion. Finalement, il y était revenu de lui-même n'est-ce pas ? Sauf que dans cette situation, mon mensonge allait être beaucoup plus dur à gérer sans me trahir Hum, je ne sais pas ... Ce nom me dit quelque chose, peut-être que si tu me disais à quoi elle ressemble ou quoi je pourrais t'aider ? Retournons la situation le temps que je réfléchisse à quelque chose. Ce n'était pas le moment de se planter.

La famille qu’elle n’avait jamais eue ? Soo Ah aussi devait penser cela de moi. Je poussais un soupir. Bien que j’espère toujours que non et qu’elle veuille bien me pardonner. Je m’étais bien rendu compte que je n’étais pas comporté comme un frère digne de ce nom. Mais il était déjà trop tard. J’avais juste été un salaud de première et rien d’autre. C’était sans doute l’image qu’elle gardait de moi. Comment changer cette image ? Je n’en savais foutrement rien. Je ne savais même pas comment me comporter quand je la rencontrerais. Et puis cette histoire de fraternité, on m’en avait expliqué les grosses lignes. Pourtant je ne comprenais pas pourquoi cette guerre. Je n’étais pas du genre à participer à ces évènements. Sauf bien entendu, je me liais d’amitié avec certains et qu’il m’embarquait la dedans. Seul, je ne me foutrais pas volontairement dans les emmerdes, j’en avais déjà assez à gérer ainsi. La jeune femme m’extirpa de mes pensées quand elle reparla. J’oubliais presque qu’elle était là. Presque. « Oui, ça l’est. » A quoi elle ressemblait ? C’était une bonne question. « Pour être honnête, je n’en sais rien… Cela fait sept ans que je ne l’ai pas, elle a sans doute dû changer… » Pourquoi le cacher de toute manière ? Si j’avais le moindre espoir que cette fille connaissait Soo Ah, j’étais prêt à tout. L’image qu’il me restait de ma petite sœur, c’était difficile à l’expliquer. Je la voyais toujours souriante, enjoué, mais cette vision était altéré par ma culpabilité. Je ne savais plus comment elle était réellement. La connaissais-je si bien après tout ? « Physiquement, je ne saurais dire, mais c’est une fille toujours enjoué, souriante, mais surtout adorable et mignonne. » J’avais dit ça avec un sourire triste aux bords des lèvres. « Si tu pouvais m’aider à la retrouver, je t’en serais très reconnaissant. » Ces derniers mots étaient sortis tous seuls. Etaient-ils de trop ?

Il éludait la question, et ça m'énervait. Pourquoi avais-je envie de l'entendre me dépeindre mon ancien physique ? Sans doute pour me conforter dans l'idée que j'avais de lui, celle d'un connard. Pour entretenir ma rage. Et pour me rassurer, me valoriser, me dire que je n'étais plus cette fille-là. Et bien j'avais raison, je n'avais rien à voir avec la fille qu'il venait de décrire... Et au vu des adjectifs qu'il avait employé, ça me fit mal. Enjouée, souriante ... ça je pouvais encore y prétendre de temps en temps, quand j'étais entourée des gens que j'aime, mais adorable et mignonne ? Oh ciel, j'avais oublié que j'avais été ainsi un jour ... Le pensait-il réellement ? Avait-il vraiment trouvé que sa soeur était adorable et mignonne ? Je ne pus retenir un sourire triste, qui passerait sans doute pour de la compassion. Qu'étais-je censée faire ? Là tout de suite, mon idée de vengeance me glissait entre les doigts, et j'étais prise au dépourvue. Hum, ça me dit quelque chose ... Je pense déjà l'avoir croisé, mais c'était il y a plusieurs années, je ne sais pas ce qu'elle est devenue ... Une salope sans nom, qui pensait que fuir en Afrique allait changer quelque chose. Une fille gentille, du peu que je la connaissais. Si tu la retrouves, salue-la de ma part, même si elle m'a sûrement oubliée. Mes mots étaient plein de doubles sens, avais-je envie qu'il retrouve cette fille ? Oui, mais je savais que ça n'arriverait jamais car elle était morte en quelque sorte. Finalement, je tentais de reprendre un ton plus léger, je ne comptais pas perdre de vue mon objectif, même si ma motivation venait de se prendre un coup. Enfin, plutôt que de penser à cette jeune-fille, tu devrais t'amuser ce soir ! Je doute que les filles adorables et mignonnes traînent dans ce genre d'endroit, alors essaie de l'oublier pour ce soir, araseo ? car ce soir, c'était Ji la pouffe de service qui était de service. Une pouffe qui aurait tout donné pour que son frère puisse la reconnaître, là tout de suite, reconnaisse son sourire, son sourire, et ses manies.

« Plusieurs années ? Ce n’est pas possible … » cette révélation me fit paniquer quelque peu. Il fallait que je réfléchisse et vite. J’étais dérouté. J’étais venu jusqu’ici pour elle. Si elle n’y était plus qu’est-ce que je pouvais bien y faire ? Confus, j’empoignais la jeune fille par les épaules « Es-tu sur de ce que tu dis ? Elle n’est plus ici ? » me rendant que de ce que je faisais, je la lâchais immédiatement, me rasseyant sur mon tabouret. « Désolé… C’est juste que vois-tu, je suis revenu à cause d’elle, et apprendre qu’elle n’est plus là… » je ne finis pas ma phrase. Je réfléchis un instant. Elle ne serait pas partie sans prévenir personne. Les parents m’avaient pourtant dis qu’elle était bien inscrite dans cette école. Pourquoi aurait-elle changé d’un coup ? C’était absurde. Je reportais mon attention sur Ji. Cette jeune fille n’y était pour rien dans ce qu’il m’arrivait. Et puis penser à une autre femme alors que j’étais avec un autre, n’était pas très respectueux. Mais c’était plus fort que moi, on parlait de ma petite sœur tout de même. M’amuser ? J’avais pourtant essayé, mais tout en cette demoiselle me faisait penser à Soo. Bon évidemment, elle n’était pas aussi provoquante et sexy que Ji, mais c’est manières, ces deux fossettes qui remontaient quand elle souriait…. « J’aimerais bien m’amuser, mais je dois bien avouer que tu me la rappelle, … surtout cette façon que tu as de boire ton verre » Je lui souris tristement « Désolé, je suis avec toi et je parle d’une autre. Ça ne se fait pas… » J’étais sincère. J’aurais aimé que ca se passe autrement. Elle faisait juste les frais de mes problèmes. J’étais venu m’amuser et me voilà à déblatérer sur mes soucis. « je comprendrais si tu veux aller voir ailleurs… » regardant mon verre je bus doucement une longue gorgée.

Je ne m'attendais pas à une réaction pareille. Je le regardai, interloquée, mais peinée aussi. Cet état dans lequel il était ... était-ce de ma faute ? Je n'y croyais pas, je ne voulais pas y croire, cela faisait bien trop mal. Min Ho ... soufflai-je, ne voyant pas quoi dire d'autre. J-Je n'ai pas dit ça je ... c'est juste que moi je ne l'ai plus vue. Peut-être après tout est-elle encore quelque part au fond de moi. Je l'espérais en tout cas. Je baissai le regard sur mon verre, un peu gênée. Je lui avais tant reproché tout le mal que j'avais dû subir, mais aujourd'hui je me rendais compte que je n'étais pas la seule à souffrir. Que lui était-il arrivé quand je suis venue en Corée ? Y a-t-il eu des moments où il aurait tout donné pour avoir sa soeur à ses côtés ? Non, il ne fallait pas que j'y pense. J'eus un léger sursaut quand il me dit que je lui faisais penser à sa soeur, je ne m'attendais pas à ça. Je posai mon regard sur lui, sur son sourire triste, son regard désolé. Je secouai doucement la tête Non, ne le sois pas ... voyait-il encore en moi cette soeur qu'il avait perdu ? Y avait-il que je sauve notre relation ? De toute façon, avec l'ambiance qui s'était abattue entre nous, je voyais mal comment mener mon plan à bien. Ne serait-ce pas sacrément salaud par ailleurs ? Si. Alors que devais-je faire ? Je jetai encore un regard au coréen, avant de pousser un soupir résigné Min Ho ... Je dois t'avouer que je n'ai aucune raison d'aller voir où que ce soit, je ne suis pas venue te voir par hasard ... je passai une main dans ma nuque. Allait-il m'en vouloir ? Peut-être, mais en vérité c'était le dernier de mes soucis. Je pouvais bien mieux supporté ses reproches, comme ma propre culpabilité si je mentais plus longtemps. Je passai une main distraite sur ma nuque avant de reporter mon attention sur mon verre Je sais très bien qui tu es, et d'où tu viens. Je sais toute ton histoire avec ta soeur. Mais je ne t'ai pas menti, ça fait bien longtemps que je n'ai plus vu la fille adorable et mignonne que tu m'as décrit Je poussai un soupir et m'arrêtai là, sirotant mon cocktail en attention sa réaction.

Elle avait l’air tout aussi désolé que moi. Sans doute ressentait-elle de la compassion pour moi. Je devais avoir l’air un peu minable avec ma tête de chien battu. Je montrais rarement cet aspect-là de moi. Je détestais me sentir vulnérable en public. Cependant quand il agissait de ma sœur, je craquais facilement. Et il avait fallu que ça tombe ce soir, alors que je voulais m’amuser. Pour le coup, c’était plus que raté. Ce n’étais pas avec cette mentalité que j’allais y arrivé. J’étais toujours entrain de me demander pourquoi Ji avait dit que Soo Ah n’était plus là. Où aurait-elle bien pu aller ? Je n’écoutais plus qu’à moitié ce que la jeune femme me disait. Perdu dans mes souvenirs, dans mes pensées … Pourtant, je relevais la tête quand elle me dit qu’elle savait pour ma sœur, qu’elle savait qui j’étais et d’où je venais. J’étais interloqué. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Je posais mon regard sur elle, levant un sourcil interrogateur. « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » Je n’étais ni fâché, ni en colère. J’étais juste devenu subitement méfiant. Je continuais sur un ton neutre, ne laissant plus rien paraitre. Je ne savais plus à qui j’avais à faire. « Si tu sais effectivement qui je suis et d’où je viens … pourquoi avoir joué la comédie ? Mais surtout : qui es-tu ? » je posais un coude sur le comptoir, y posais mon menton et l’observait siroter son cocktail. Cette façon qu’elle avait de le boire, me perturbait, c’était le même geste que ma sœur faisait autrefois au millimètre près. Mais ce qui me mit la puce à l’oreille, c’était ses yeux,... Voilà ce qui me troublait tant depuis le début. Ces yeux m’avaient hanté tant de fois pendant ces dernières années. Je rêvais souvent qu’ils me regardaient, accusateurs, tristes, provocateurs. Malgré qu’à cause d’eux, j’avais peur que ma sœur me déteste, par-dessus tout, ils me manquaient. Ce regard que Soo posait sur moi quand elle était petite, mon dieu qu’il me manquait. L’évidence se fit à moi. Peut-être que la fille en face de moi n’était pas Ji, mais une autre personne. Avec espoir, je dis dans un souffle « Soo Ah … ? »

Je n'avais pas tenir plus. J'en étais incapable. De toute façon, cela avait perdu tout intérêt à partir du moment où j'avais vu mon frère complètement brisée. J'étais devenue muette. Je n'avais pas honte de mon acte, à vrai dire je ne regrettais rien. Je ne l'avais pas touché après tout, c'était bien moins que ce que j'avais initialement prévu. Alors, que pourrais-je regrettai n'est-ce pas ? Il finit par comprendre. Oui, c'était ça, mon nom je l'avais gardé, c'était sans doute la seule chose qui me restait. Je poussai un léger soupir Ouais, la seule et unique Kang Soo Ah. Je voulais voir si tu me reconnaîtrais. Enfin, je voulais surtout voir si t'aurais envie de me baiser, et t'en as eu envie je le sais. Je remis mes cheveux en place d'une main, cette longue chevelure rouge flamboyante, l'un des traits physique qui me permettait de me démarquer des autres femmes. Je m'éteins teint les cheveux en arrivant à l'université, comme pour marquer une rupture entre la fille discrète que j'avais été, et la succube que je comptais être. Je posai mon regard sur Min Ho, je n'étais déjà plus triste, je me rappelai pourquoi il ne m'avait plus vu pendant si longtemps : car sa trahison m'avait fait quitté les états-unis. Aussi, je ne m'excusai pas, malgré que j'avais failli le faire, plus par réflexe que par remord. Tu ne t'attendais pas à ça hein ? Moi non plus. Si on m'avait dit cela quand j'étais à L.A., j'aurais répondu naïvement que j'étais heureuse comme j'étais et que je ne voulais pas changer pour le plaisir de la société. D'ailleurs, si j'avais changé, c'était pour prendre le dessus sur celle-ci. Aujourd'hui j'étais fière du changement opéré. Je n'étais pas forcément fière de toutes mes actions, mais j'aimais le reflet dans mon miroir, cette femme qui ferait même bander un gay. J'attendais son jugement, son mépris, ses reproches. Je savais déjà qu'ils me frôleraient à peine.

Quand elle m’annonçait qu’elle n’était pas Ji, mais bel et bien la Soo Ah que je cherchais, je ne pus m’empêcher de ressentir comme un soulagement, mais aussi une immense joie. Elle n’était pas partie, elle se tenant là, devant moi. Sans trop réfléchir à ce que je faisais, je l’ai pris dans mes bras, la serrant peut-être un peu trop fort, lui chuchotant dans un souffle presque inaudible « tu m’as manqué… » La relâchant de mon emprise, je la regardais de plus près, la détaillant de haut en bas. « En effet, si je m’attendais à cela … » J’avais retrouvé le sourire. Ma tristesse était quelque peu envolée. J’avais retrouvé ma sœur. C’était tout ce qui comptait. « Je m’attendais à ce que tu ais changé un peu, mais là… c’est radicale. T’es carrément canon… » Et je pensais, ce que je disais. Elle avait bien changé. Les souvenirs que j’avais de Soo physiquement étaient une petite sœur ronde, pas très jolie. Merde. Elle était devenue canon et pendant un instant, j’avais pensé que je finirais la nuit au lit avec elle. Cette pensée me dégouta. Comment pourrais-je faire « ça »avec ma sœur ? Je n’avais pas été capable de la reconnaitre au premier coup d’œil. Dit en passant, elle était devenue exactement le genre de filles avec lesquelles j’avais l’habitude de sortir. Mon visage avait du se décomposé tellement je dégoutais d’avoir eu cette pensée. Je tapais du poing sur le comptoir de frustration. « Désolé, Soo, encore une fois… » Elle ne devait sans doute pas comprendre pourquoi je m’excusais, mais peu importe. Si je n’avais pas compris attend… mon dieu, je ne préfère pas imaginer ce qu’il se serait passé. De toute manière, Soo Ah ne se serait surement pas laisser faire, enfin j’espère. Refoulant, ces idées dans un coin de ma tête pour ne pas gâcher ces retrouvailles, je reportais mon attention sur la coréenne. « Soo … je t’ai envoyé tant de messages, je commençais à désespérer de ne plus te revoir … » Un sourire mélancolique s’était formé au coin de ma bouche. J’étais si heureux de la revoir, enfin.

Pas de colère, pas de mépris, du ... soulagement et de la joie ? À sa place j'aurais pété un câble. Je venais de le draguer ouvertement, merde. Mon frère n'était vraiment pas normal. Il ne l'avais jamais été faut dire, il avait toujours eu ce côté imbécile heureux qui le rendait sympathique aux autres. Je ne répondis rien lorsqu'il me dit que je lui avais manqué, car ce n'était pas réciproque. Je ne m'autorisai qu'un Ouais, j'ai cru remarqué amère quand il me dit que j'étais canon. Il avait pensé me mettre dans son lit, ça c'était remarqué à la première minute. Le plus triste dans cette histoire, c'es que ça ne me dégouttait pas. Sans doute parce que jamais je n'aurais poussé le vice aussi loin. Mon frère avait beau être un dieu physiquement, je n'avais aucune envie de coucher avec lui. Il frappa du poing sur le comptoir, ce qui me saisit. Heureusement pour lui que ce club n'était pas des mieux famés et que le barman l'ignora royalement, habitué aux bagarres. Encore une fois je ne répondis rien. Parce que je n'avais rien à répondre. Je n'allais pas lui mentir en disant "c'est rien, c'est pardonné" car clairement ça ne l'était pas. Ses messages ? Je haussai les épaules, désinvolte Tu crois que j'avais envie d'y répondre peut-être ? ça m'a fait chier d'apprendre que tu venais en Corée. Les mots étaient durs et froids, tranchant avec la fille qu'il avait rencontré quelques minutes plutôt. Il n'y avait plus que de l'indifférence, et ses démonstration d'amour fraternels n'y changeaient rien, j'avais bien trop souffert. Les parents comptent revenir ? j'en avais profité pour sortir une cigarette de mon sac, et me l'allumer. Encore une fois, vive les clubs mal fréquenté, qui te permettaient de faire un peu n'importe quoi. La Soo Ah que mon frère connaissait ne fumait pas, elle n'aurait sans doute jamais fumé. Mais ça c'était du passé. Le regard fixe devant moi, j'expirai la fumée sans faire attention à Min Ho à côté de moi.

Ce fut comme recevoir une douche froide sur le crane. Qu’elle n’avait pas envie de répondre à mes messages, je pouvais encore le comprendre. J’avais fait le con et j’étais près en assumer les conséquences. J’étais venue pour ca après tout. Mais m’avouer de but en blanc que ça la faisait chier que je revienne en Corée, en était un autre. Elle avait totalement changé dans son ton, dans son attitude. Plus aucun sourire charmeur, plus de compassion. Pendant quelques instants, je m’étais dit que je m’étais fait du souci pendant tant d’années pour rien, qu’elle avait déjà oublié, que m’avait pardonnée, et qu’avec un peu de chance, je lui avais manqué autant qu’elle m’avait manqué. Mais je m’étais bien leurré. Je pensais bien qu’elle m’en voudrait, mais cette froideur qu’elle avait maintenant à mon égard dégageait bien plus que cela. Si je ne la connaissais pas, je dirais qu’elle me haïssait. Les parents ? Pourquoi me parlait-elle des parents d’un seul coup ? Passant une main dans mes cheveux,  je lui répondis sur un ton un peu confus, ne sachant plus quoi penser. « Je ne sais pas, je suis parti sans rien demander, ni rien dire. Je leur ai juste demandé où tu étais en Corée… ». Je me commandais un autre verre, un double whysky. J’en avais plus que besoin. Je ne savais pas comment aborder la chose. J’avais pourtant répété mille fois cette scène dans ma tête. Les meilleurs comme les pires. Cependant, aucune ne ressemblant à celle-ci. Je fus plus que surpris quand elle sortit une allumette pour allumer une cigarette. La Soo que je connaissais n’aurait jamais touché à une cigarette. Elle m’engoulait même ferme quand elle était petite quand j’en allumais une moi-même. Cette fois, ce serait mon tour. « Qu’est-ce que tu fais avec ca ? » Je lui arrachais simplement la cigarette des mains. « Je peux savoir depuis quand tu fumes Soo Ah ? » Le grand-frère en moi qui c’était toujours préoccuper de sa petite sœur ~ parce que oui, il était toujours là~ était de retour. Je savais qu’elle allait détester que je lui fasse la moral, mais c’était plus fort que moi. Prenant la cigarette, j’y tirais un coup avant d’expulser la fumée. Dans la famille, c’était moi qui me détruisais la santé. Elle, elle n’avait pas à faire ça. « Alors je me doute que tu me fasses la gueule, mais je permettrais pas que tu te détruises la fumée avec cette cochonnerie. » Le ton était donné. Sans le vouloir, j’avais lancé les représailles pour la confrontation tant redouté.  

Ainsi dire, il ne savait pas ce qu'il en était des parents ? De plus en plus inutile. High Cut se portait de plus en plus mal, et c'était ma chance pour racheter le magasine. Seulement, s'ils revenaient en Corée - ce qui était plus que probable - ça allait être compliqué de manœuvrer tranquillement. Heureusement pour moi, ils ne semblaient pas encore être venu. Je hochai lentement la tête, ne lui accordant toujours pas la moindre attention I see.... J'avais gardé l'habitude de dire certaines choses en anglais plutôt qu'en coréen, l'habitude après avoir passé quinze années aux états-unis. C'était quelque chose que je ne contrôlai pas vraiment, à laquelle je ne faisais même plus attention à vrai dire. Quand il m'arracha la cigarette des lèvres, je fronçai les sourcils. Pour qui se prenait-il au juste ? Je poussai un soupir, et en sortit une autre Si t'avais été là, t'aurais su que ça fait quatre ans que je fume. Un petit peu tard pour jouer les frères bienveillants non ? j'étais amère, tandis que je tirais sur la nouvelle cigarette que je venais d'allumer. Il était bien culotté de venir me donner des leçons de moral après tout ce qu'il m'avait fait. Je finis par froncer les sourcils, supposant qu'il était temps que je mette les choses au clair Histoire qu'il n'y ait pas de méprise Min Ho : que tu sois rentré en Corée est une chose, tu fais ce que tu veux de ta vie, c'est pas mes oignons. Mais t'avises pas de venir me faire chier en mode super big brother, compris ? J'ai ma vie ici, et tu n'en feras pas partie. Ni maintenant, ni jamais. J'espérais avoir été suffisamment clair, car il était hors de question que je l'intègre à mon présent, que je le présente à mes amis, ou pire encore, à ma fille. Min Ho faisait parti du passé, et je comptais bien l'y laisser.

« Je sais… » Soufflais-je entre deux bouffées de fumée. Elle avait le ton amer. Et je pouvais très bien le comprendre. Bien que ca me faisait mal qu’un tel fossé se soit formé entre nous deux. Je savais que j’en étais en grande partie la cause, mais j’étais là pour essayer de recoller ce que j’avais cassé. J’étais revenu spécialement pour cela. Il était hors de question que j’abandonne juste parce que madame était de mauvaise humeur. Même ce qu’elle me dit par la suite ne m’arrêterait pas. Certes, c’était la deuxième douche froide de la soirée. Oui, ça me faisait mal de l’entendre. Mais peu importe, je l’avais mérité de toute manière non ? Il m’avait fallu sept ans pour pouvoir prendre mon courage à deux mains pour me pointer ici. J’étais bien déterminé et malgré tout ce qu’elle pourra me dire, je resterai pire qu’un pot de colle. Ce que j’allais lui dire n’allait pas lui plaire et je le savais. Je savais aussi qu’il y avait de gros risque pour que je m’en prenne plein la gueule, mais c’était le risque à prendre. « Désolé, mais ca risque d’être compliqué. Parce que toi, tu fais partie de ma vie et je compte bien te faire changer d’avis. Je sais que j’ai été un vrai connard ! Et je suis revenu pour te montrer que j’avais changé ! » Mon expression n’avait plus rien de triste, j’avais repris confiance en moi et j’étais plus que déterminé. Regardant la cigarette que je tenais entre mes doigts, je me rendis compte que je n’avais pas eu le temps de bien en profiter. Je n’en avais pas sur moi, j’essayais d’arrêter, mais dans des moments comme celui-ci, je donnerais tout pour en griller une. Me retournant vers ma sœur, le sourcil arqué, je lui montrais le mégot déjà usé. On ne pouvait plus rien en faire. Je le mis dans un des cendriers qui trainaient sur le bar. « T’en aurais pas une pour moi par hasard ? »

Beaucoup de gens penseraient sans doute que je suis trop dure, que je devrais lui laisser une chance de s'excuser. À ces personnes je leur disais d'aller se faire voir. Évidemment que j'étais dure, mais qui ne l'aurait pas été ? Toute ma vie, j'avais dû subir le fait d'être la moche dans une famille de beaux. Mon père était pdg du magasine de mode high cut, tandis que je ne portais que des t-shirt et des trainings. Ma mère possédait une chaîne d'instituts de beauté, alors que je n'étais qu'une boule de graisse disgracieuse. Mon frère était un angelot, ma petite soeur une princesse, et moi j'étais le vilain canard. Oui mais voilà, j'avais fini par devenir un magnifique cygne. Et le cygne n'allait certainement pas se mélanger à cette famille qui l'avait tant dénigré. Je serrai les gens, mâchoire crispée quand il me répondit, et je finis par me tourner vers lui, sourcils froncés C'est bien, tu as changé. Je vais t'apprendre un scoop, moi aussi. Je ne te parle pas d'une question de physique, je te parle de personne. La Soo Ah que t'as connu est morte, et va falloir te faire une raison. Ma famille se limite à quatre personnes, chacune d'elle porte un nom différent, et aucune n'a le même que moi. Tu n'es rien d'autre qu'un fantôme du passé Min Ho, tout comme les parents. J'avais soigneusement évité de parler de notre soeur, car elle était la seule qui m'avait manquée. Soo Min n'avait jamais été mêlée à nos histoire de famille, et elle était sans doute trop jeune pour les comprendre par ailleurs. Je suis navrée de devoir te dire ça, mais je ne te pardonnerai pas. Peu importe ce que tu feras, je ne parviendrai jamais à te voir autrement que comme la personne qui m'a trahie. La seule personne de mon passé que je garde à mes côtés aujourd'hui, c'est Shûji. Le reste n'a plus la moindre espèce d'importance. Ou plutôt, ça en avait, car c'était ce qui allait me permettre à m'élever, à me venger de cette famille qui m'avait brisée. High Cut allait finir mien, les parents serait détroussés de leurs bien et mon frère privé de son héritage. À partir de là seulement, je connaîtrai enfin la paix. Et va te faire foutre pour les cigarettes. Je descendis de mon tabouret et me dirigeai vers la sortie. Je n'avais - pour ma part - plus rien à rajouter.

Qu’elle avait changé ? C’était évident. Je m’en étais rendu compte dès qu’elle m’avait confirmé qu’elle était bien Soo Ah et non Ji. Déjà rien que le fait qu’elle se fasse passer pour une autre, ca ne lui ressemblait pas. Enfin, l’ancienne elle n’aurait jamais fait cela. Je me rendais bien compte que je devais bien la faire chier. Mais que pouvais-je bien faire d’autre ? Je savais pertinemment bien que ca n’allait pas être facile de réparer mes erreurs, mais j’étais bien décidé à les réparer quoi qu’il arrive. Elle me disait que l’ancienne Soo Ah avait totalement disparue ? Qu’elle était morte ? Baliverne ! Je l’avais bien vu tout à l’heure avant qu’elle ne m’avoue sa véritable identité. Elle jouait peut-être la comédie pour tout le reste. Mais sa façon de me regarder à ce moment-là était sincère. Ma Soo Ah n’avait pas totalement disparue. J’étais certain qu’elle pouvait encore refaire surface. « Je ne suis pas aussi sur que toi qu’elle ait totalement disparue ! Pendant un instant, cela n’a peut-être pas duré longtemps, mais elle était là, ma Soo Ah. » J’avais dit cela sans la regarder, le regard fixer sur mon verre. Tout ce qu’elle me dit par la suite, me faisait mal, comme si on m’avait arraché le cœur à main nue. Pourtant, je ne laissais rien paraitre, encaissant tout ce qu’elle allait me dire. « Je ne suis pas un fantôme Soo, je suis toujours bel et bien là, même si ça t’emmerde ! » Shuji ? Il était vrai que l’on avait été ami autrefois. Peut-être devrais-je aller lui parler pour lui demander un coup de main ? Bien que je n’étais pas certain qu’il accepte. La voyant partir, je lui lançais « je n’en ai pas fini avec toi Soo ! On se reverra … » Je ne la suivis des yeux jusqu’à la sortie. Une fois hors de ma vue, je m’autorisais à souffler. Je ne m’étais pas attendu à la voir ce soir. J’étais parti pour m’amuser, mais c’était plus que gâché. Pourtant, j’étais soulagé d’avoir pu la revoir. Même si c’était pour me crier dessus et me dire des choses désagréables, j’étais content d’avoir pu lui parler. J’aurais voulu que ca se passe autrement, mais voyons le bon côté des choses, elle ne m’avait pas giflé. Quoi que, ça aurait peut-être fais moins mal. Je jouais un moment à faire tourner les glaçons dans mon verre. Malgré-moi, un larme coula le long de ma joue. Je l’essayais du revers de ma manche, laissant mon verre à moitié plein sur le bar, je me dirigeais à mon tour vers la sortie. Il était temps pour moi de rentrer à l’appart. Je n’avais plus aucun intérêt à rester là. Avec un peu de chance Yoon serait rentrée.