Alors que, de base, je passais innocemment dans la rue de la Jeopardize qui m'avait longtemps servie de voisine de chambre, j'avais décidé de pousser l'audace jusqu'à faire un saut chez elle. Cela faisait une semaine que je cherchais activement ma montre. Un cadeau. Ni les Yi -c'est à dire Yue, Jegal, Jeona et toute leur famille, Bok y compris- ne l'avaient, ni Su Ah, .. Je commençais à désespérer de retrouver un jour ce bijoux qui m'était cher. Toquant à la porte, je songeai alors que j'aurais pu faire comme n'importe qui : la prévenir plus tôt d'un simple message. Aish.. « Areum, c'est Tao. » Je soupirai. Le temps qu'elle ouvre, je perfectionnai ma coiffure d'une main dans mes cheveux batailleurs. C'était un geste qui tenait plus de la nervosité qu'autre chose, à vrai dire. C'était con de penser qu'une simple montre pouvait avoir tant de valeur, non ? Je grognai de désarroi. Cependant, lorsque la belle ouvrit la porte, c'est un sourire franc que je lui adressai avant de lui présenter mon problème : « Désolé de passer à l'improviste comme ça mais.. J'aurais pas laissé une montre chez toi, la dernière fois que je suis venu, par hasard ? Je la trouve plus. » Plus je parlais, plus je me sentais con. Si je l'avais laissé chez elle, elle m'aurait envoyé un message, non ? Ah, ça m'agaçait. Je grognai, dépité, sans savoir que, si je commençais déjà à râler, je n'allais pas arriver à surmonter la suite.

Ils semblent loin maintenant, les mauvais jours, le Trocadéro et tout ce qui va avec le déprimant au font. Elle est retournée à l'université il y a deux si ce n'est trois semaines maintenant après un mois d'absence et maintenant, tout va presque bien. Ouais, en quelques sortes. Nous sommes en plein après-midi et Areum a préféré rester dans l'appartement plutôt que sortir. Après la longue série de sorties dans ce club et d'autres, elle préférait le calme maintenant. Il lui en fallait en grande quantité. Si bien qu'elle refusait à de nombreuses reprises certaines invitations à sortir.

Alors qu'elle s'apprête à sortir les cookies qu'elle a cuisiné, on frappe à la porte. Tao frappe à la porte. Tao qu'elle n'avait pas vu depuis un mois et demie déjà ? Ils se voyaient toujours avec des semaines ou des jours de décalages. Quelle relation soudée hn ? Mais curieusement, ils ne s'en étaient jamais plaint alors. Sortant les cookies du four en premier temps, elle se dirige finalement vers la porte d'entrée et voyant son sourire, malgré elle, la jeune femme ne peut s'empêcher de repenser à sa discussion avec Mini Boo. Elle lui rend un sourire amusé tout en se décalant pour le laisser passer en guise de réponse ;

Areum - A toi de voir monsieur, elle dit en refermant la porte derrière lui. Un soupir quitte ses lèvres Dis donc, Mini Boo m'a beaucoup parlé de toi. Plus précisément de moi à travers toi elle commença pour ne pas finir sa phrase finalement. Elle allait bien voir jusqu'où sa langue allait s'étendre.

Lorsqu'elle se décale, je n'hésite pas à entrer. Je n'ai jamais eu de gêne quelconque avec Areum. De toutes manières, nos rencontres étaient toujours bien trop explosives pour se le permettre. Il faut dire que je ne savais pas mettre de mot concret sur ce qui me reliait à la Jeopardize. Nous d'abord nous avions presque franchit le hall de la fraternité pour la première fois d'un pas commun. J'avais été rassuré, au fond, de trouver quelqu'un comme elle ce soir là. Puis nous avions occupé les chambres face à face pendant presque une année. Et pourtant, si tout ceci nous avait rapproché, nous laisser ensemble plus de quelques minutes était du suicide. Des cris, des hurlements pour tout, pour rien. Pour des broutilles. Parce que telle chose n'était pas à sa place. Parce que tel mot n'avait pas cette signification là. Ah. Ce qui ne nous empêchait pas de nous entendre à merveille. à notre façon.

L'odeur des cookies me prend et je me dirigeai vers la cuisine d'un pas assuré. Je grimpai ensuite sur le comptoir pour m'y asseoir, la curiosité piquée au vif : « Ah ouais ? C'est ta cousine, c'est ça ? Tu m'as jamais parlé d'elle.  » Cela pouvait sonner comme un reproche. A vrai dire, j'étais presque certain que c'en était un. « Genre elle a dit quoi ? » Je plongeai la main vers les cookies mais, une fois que mon index fut posé sur l'un d'eux, la brûlure fut si vive que je le retirai aussitôt en soufflant dessus. Aish.. « On a pas beaucoup parlé de toi pourtant. »

Elle avait espéré qu'il comprenne tout de suite mais malheureusement pour elle, soit Tao était un merveilleux comédien, soit il avait la mémoire courte ce qui était justifiable dans un sens. Marchant le long du couloir dans l'entrée, elle suit le jeune homme qui sans doute est trop prévisible pour le coup. Un faible sourire se dessine sur ses lèvres lorsqu'elle le voit aller dans la cuisine. Mais elle se garde de lui parler de la chaleur des cookies tout de même.


Areum - Jackpot, ma cousine elle répète avant de dire Mah à vrai dire... Je crois qu'on a jamais vraiment parlé famille hn ?


Finalement dans la cuisine la jeune femme s'appuie sur un des meubles, elle croyait qu'il était venu pour une montre à la base ? Gardant sa remarque pour elle, elle lui répond sur un ton détaché ;


Areum - Mah, elle pas grand chose mais toi en l’occurrence tu aurais beaucoup parlé elle dit non sans légèrement rire quelques secondes pour finalement lancer Non mais c'est bon Tao, je sais tout, elle m'a tout dit, fais pas genre hn...


Areum ou l'art du bluff ?

« C'est vrai aussi ! » Elle n'avait pas tord. Qu'avais-je pu espérer d'elle alors que je ne savais pas même si elle avait père ou mère. Alors de là à savoir qui et où étaient ses cousines.. Je lançai un regard circulaire à la pièce, avant de conclure que mon précieux bijou ne trônait pas ici. Et si cela avait été le cas, Areum aurait passé un sale quart d'heure pour négligence envers objets de valeur. Je fronçai les sourcils, me concentrant sur la jeune femme. A la manière d'un enfant se sentant acculé, je me mis à remuer les jambes dans le vide, sans cesser de chercher un contact frais sous mon doigt meurtri. « J'aurais beaucoup parlé de quoi ? On a parlé de tout. » Allez savoir pourquoi, je sentais que cette histoire allait me prendre la tête. Je ne savais pas de quoi elle parlait, et ça m'agaçait. Que savait-elle ? Hm ? « Ah ouais ? J'en suis ravi. » Mes lèvres s'étirèrent en un sourire mutin, et je passai une main sur mon menton en cherchant dans mes souvenirs ce qui pouvait me faire défaut. Qu'avait pu raconter Hara pour que sa cousine agisse ainsi ? Je soupirai finalement. La réponse était tellement conne putain.. Evidemment. Elle avait du raconter à Areum ce qui s'était passé, mais comme d'habitude, son foutu caractère l'empêchait de me remercier convenablement pour avoir sauvé sa cousine. « Ah.. Elle te l'a dit alors ? J'avoue que je suis plutôt fier de moi héhé. ça tiendrait qu'à moi et j'aurais pas ma fierté à préserver, je le crierais sous tous les toits. » Je me mis à rire, rassuré d'avoir mis le doigt sur le vif du sujet.

Posant discrètement la main au niveau de sa tempe, elle se dit que ça ne va pas d'être facile finalement. Parce que la réaction que le bonhomme a est totalement différente de celle à laquelle elle s'attendait. Il ne devait pas en être fier justement ! Un léger rire, bien que frustré s'échappe des lèvres de la jeune femme, elle n'a vraiment aucune idée de quoi il peut bien faire allusion et ça la rend malade. Mais ça elle se garde de le dire ou de le montrer ;


Areum - Enfaite mon Coco, je faisais plutôt allusion à la partie embarrassante pour toi. Il semblerait tu aurais parlé de moi en des termes plutôt... Elle chercha le mot juste pendant quelques secondes et lâché Péjoratifs... Alors quoi Tao, on assume plus maintenant ?


Les phrases de Mini Boo résonnaient encore dans sa tête. Amoureux qu'elle disait. Amoureux... Areum prit sur elle pour finalement lui dire dans un soupir ;


Areum - Explique toi et je te la rend, ta fichue montre.


Du bluff, encore et toujours. M'enfin, ce n'était pas comme si elle pouvait être perdue, Areum était une vraie maniaque du rangement.

Au fil des secondes, j'étais plus ou moins certain que nous ne faisions pas allusions aux mêmes choses. Un sourcil arqué déforma mes traits juvéniles en une expression surprise, tandis qu'un soupire frustré glissa entre mes lèvres. « Tu ne peux pas être plus vague, s'il te plait ? » Raillais-je avant d'étouffer un rire sarcastique. Il y a quelques instants, j'avais l'impression d'avoir été un super-héros, et désormais je me sentais accusé d'une erreur comment dire.. monumentale. Il me semblait bien qu'Hara était au centre de cette mal-entente, mais qu'avait-elle bien pu raconter pour qu'Areum me juge ainsi ? Je passai ma main sur mon front, repoussant l'une de mes mèches décolorées qui striait sur ma peau, la redressant avec les autres.  « Expliquer quoi ? Toi, explique toi. Et file ma montre, aussi. Je suis venu pour ça. » Je n'étais pas réputé pour être un garçon très patient. Loin de là, même. A dix mille lieues. Qu'avais-je fais, qu'avais-je dis, putain ? Et qu'avait dit la Blue Boo, surtout ? « Tu m'connais Ariel, j'suis pas du genre à me dérober. Dis moi juste de quoi tu parles, et là j'pourrais t'aider. » C'était drôle, parce que j'étais tout sauf franc, en ce moment. Mais elle n'avait pas à le savoir. Ariel. Foutu surnom qu'elle se trainait depuis le premier jour, parce que j'arrivais pas à retenir son prénom et qu'à l'époque, la teinte de ses cheveux se rapprochait du roux -ou pas, je sais plus-. « Tu sais que ça va me saouler. » Menaçais-je d'un ton pressant, le regard encré dans le sien. J'avais en horreur le fait de ne pas savoir.

Bien sûr qu'elle peut être plus vague, elle ne sait pas ce qu'il a dit à Hara ! Alors oui, elle peut vraiment faire pire que ça. En guise de réponse, elle lui jette un regard mauvais histoire qu'il comprenne le message sans aucun mots.

Areum - Moi m'expliquer ? Mais c'est à toi que je demande des putains d'explications ! Et puis non, je te la rendrai pas avant elle dit en croisant finalement ses bras

Le dévisageant quelques peux elle finit par répondre dans un murmure sur un ton sérieux bien que sarcastique ;

Areum - Allons Allons... Je sais que c'est dur mais tu devrais être capable de le faire fonctionner ce cerveau hn, surtout que jusqu'à preuve du contraire, tu n'as que celui-ci

Elle ne releva même pas quand il l'appela par autre chose que son prénom. Et puis aussi, ce n'était pas comme si monsieur n'était pas habitué à recevoir des pics hn. Elle pose finalement les mains sur le plan de travail et se penche quelque peu vers lui avant de lancer ;

Areum - Et moi je suis déjà ivre... Mais perso, j'ai tout mon temps alors...

Cela n'était plus une simple appréhension, mais une réelle certitude : tout ceci n'allait pas tarder à me faire royalement chier. Assis sur ce comptoir, je la jugeai sans ciller. « Comment tu veux que je réfléchisse si j'ai même pas la moindre idée de ce dont tu parles. » Je massai ma tempe gauche à l'aide de la paume de ma main, non sans soupirer. Visiblement, cette fois non plus nous n'échapperions pas à la règle. Qu'est-ce qu'elle attendait de moi, putain..? J'étais venu pour une simple montre : je n'avais pas besoin qu'elle me fasse la morale pour telle ou telle chose, encore moins lorsque je ne les comprenais pas. Malgré tout, alors que j'aurais pu lui tomber dessus une fois encore ou murmurer quelque chose de fort désagréable à son oreille, je fus traversé par une vague de maturité bien trop rare chez ma tendre et chère personne. Hm. N'en finissant pas de grogner, je cessai de pincer mes lèvres et plantai mon regard dans le sien comme si elle fut la chose la plus absurde du monde, à l'instant. « Hum ? Hein, réfléchit un peu. » Okay, maturité, on repasserait. Ce qui ne m'empêcha pas de rire doucement, et reprendre sur un ton plus conciliant. Je voulais vraiment me dépatouiller de cette histoire, et récupérer mon bijoux. « Dis moi au moins ce que t'as dis Hara, que je cerne la situation, non ? Je ne vois vraiment pas de quoi tu veux parler, en fait. »

Dieu, elle s'enfonçait, petit à petit à défaut de pouvoir lui donner des explications. Et puis pourquoi il avait une mémoire aussi terrible aussi hn ? C'était pire que son cas, qui était déjà inquiétant enfaite. Soupirant longuement et maudissant le manque de mémoire de Tao Jun, elle le regarde se masser la tempe gauche et lui répond finalement ;

Areum - Fais pas mine d'être blasée comme ça, c'est moi qui désespère, pourquoi t'as une mémoire aussi merdique Tao ? Alors quoi, trop de moments passés avec Mini Boo pour te souvenir des conneries que t'aurais pu sortir ?

Elle lève les yeux au ciel face à sa réaction mais se garde d'en dire quoi que ce soit. Tout comme elle se garde de mettre ses envies à exécution finalement. Un énième soupir quitte ses lèvres ;

Areum - Démerde toi pour retrouver la mémoire, c'est TA montre hn. Ta montre contre ta parole après tout...

Aish... J'voulais m'arracher la tête, m'arracher les cheveux un par un, et finir par mes yeux tient. J'aimais pas. J'aimais pas quand elle me regarder ainsi, quand elle attendait quelque chose de moi. Mais je n'étais pas si idiot : si elle avait quelque chose à me reprocher, elle l'aurait fait directement. Si elle gardait le silence, c'est qu'elle n'en menait pas plus large que moi. Ah.. Alors Hara lui aurait mis la puce à l'oreille d'une chose, sans finir ses mots ? Cette fois-ci, c'est de la compassion que je ressentis pour elle, non sans étirer mes lèvres en un vrai sourire dévoilant mes dents. « Ah.. Areum-sshi ? » Commençais-je d'un ton mielleux. Je me foutais d'elle, et ça n'était aps difficile à voir. « Est-ce que la jolie petite Boo Hara aurait mené la grande Jeopardize en bateau ? Qu'a-t-elle dit pour que tu t'intéresses autant à ce que moi j'aurais pu dire ? » N'allons pas le nier. Ce sourire malsain fiché au visage, ce regard presque lubrique face au retournement de situation, je m'amusai. Mais je cherchais avant tout à tourner les choses en ma faveur, puisque voilà : j'avais rien compris à ce qu'elle attendait de moi. En même temps, je n'étais pas devin. Pensait-elle qu'à me lâcher ainsi au milieu d'un lac sans la possibilité de nager, je n'allais pas couler ? Si encore elle me laissait un indice. Je me souvenais parfaitement de tout ce que j'avais pu raconter à Hara. Mais qu'est-ce qui l'intéressait ?

Bon, si il a mauvaise mémoire, alors il est quand même plutôt doué. Puis elle commence à avoir un mauvais pressentiment lorsqu'il sourit. Bordel, non... Pour le coup, elle a l'impression qu'il vient de souffler sur son château de cartes mais elle ne laisse rien paraître de tel parce qu'Areum est une actrice hors pair hn ? Secouant doucement la tête d'un air indigné lorsqu'il retourne avec une aisance déconcertante la situation, elle pose son attention sur les cookies qu'elle met dans une jarre en verre tout en lui répondant ;

Areum - Franchement mon Tao, tu commence à perdre la tête... Un sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'elle ajoute sans lever les yeux Moi tout ce que je demande, ce sont des explications et toi, tu trouve le moyen de me faire passer une idiote elle poursuit avant de mettre la deuxième rangée dans la jarre en verre tout en secouant la tête Et crois moi, je ne vais pas laisser ça passer..

Mon regard suit ses gestes, et se pose sur les alléchants cookies qu'elle m'agite sous le nez. J'aurais du en profiter pour en voler un au passage, mais j'avais bien d'autres choses à penser que la façon de dérober un biscuit.  Un rire moqueur succéda à sa remarque. « Ah. Tu m'en vois désolé. » Je me moquais bien de perdre la tête, ou même de la lui prendre, ou non, ceci n'était ni mon problème, ni de mes préoccupations. « Tu ne vas pas laisser passer quoi.. ? Sais-tu, Ariel jolie, qu'il serait tellement plus simple de me dire de quoi tu veux parler que me laisser deviner ? » Je penchai la tête sur le côté de quelques degrés, les mains agrippées au bord du comptoir. « Jusqu'à preuve du contraire, je n'ai jamais manifesté de don pour la divination. » Autrement, je l'aurais su. Et je ne me prendrais pas tant la tête pour mes problèmes de ces derniers temps. Je finis par soupirer, fortement agacé. Me raclant la gorge, je fis appel à un ton sérieux dont j'étais capable, une voix ferme. « Je me souviens de tout ce que j'ai dis à Hara, à quelques mots près. Que veux-tu que je te dise, hein ? Le bilan de la journée ? Très bien, très bien, j'marchais dans la rue pour me fournir ma dose, vois-tu, puisque j'arrivai presque à la fin du cannabis que j'avais acheté le mois dernier. Mais Jung Dae était en retard.. » J'attendais qu'elle me stoppe, pour qu'elle saisisse l'absurde de la situation. Sans quoi, je ne cessai de déblatérer, une mine blasée reflétant mon état d'esprit.

Si seulement il pouvait se montrer un peu plus coopératif, tout irait sans doute mieux. Ou pas, tout dépend des informations qu'elle fini par tirer de lui enfaite. Sans interrompre son geste, un faible sourire se dessine sur ses lèvres et elle secoue doucement la tête avant de dire sur un ton dramatique ;


Areum - Hélas... J'ai une faiblesse pour le compliqué. elle hausse les épaules tout en levant les yeux vers lui d'un air désolé alors qu'il en est tout autre au fond.


Elle se déplace pour poser la jarre en verre sur une des étagères de la cuisine, puis revient et prend le dernier à disposition sans pour autant en proposer à Tao Jun. Il ne faut pas attendrir les témoins dans la salle d'interrogatoire. Mordant dans celui-ci, elle le regarde tandis qu'il lui raconte toute l'histoire avec des détails dont elle se serait peut être passée. Elle hoche alors la tête, l'incitant à continuer malgré tout en se disant que ça pourrait toujours lui être utile.

Je m'agace tout seul à parler tant. Mes dents s'enfoncèrent dans ma joue le temps d'une pause bien méritée pendant laquelle je repris mon souffle. Je m'étais fait avoir à mon propre jeu. Je pensais l'agacer autant que je l'étais, suffisamment pour qu'elle ne décide de stopper net au flot incessant de mes mots inintéressants, mais à mon plus grand désarroi, on aurait presque dit qu'elle était satisfaite. Mes yeux se posent sur sa friandise ; j'esquisse une moue envieuse. Mes dents capturent ma lèvre inférieure pour la tirer doucement. « Passe moi un cookie. » Ma demande n'est pas. Il s'agit d'un ordre prononcé d'une voix ferme mais étonnement doucereuse. Le temps qu'elle se décide entre mon courroux et ma satisfaction, je poursuivis mon récit : « J'ai bien croisé Jung Dae hein, mais ce connard était en compagnie d'une fille un peu bizarre qui semblait boire ses paroles avec une naïveté sans borne. J'te passe les détails. J'connais Jung, c'est un enculé, donc j'ai joué au super-héros pour une fois. Il s'trouvait que la meuf c'était ta cousine. » Un sourire moqueur flotta sur mes lèvres. « Tu suis jusque là, ou t'as un peu de mal ? »

Décidément, tous ses amis sont des estomacs sur patte hn. Mais dans la situation actuelle, cela tourne plus à son avantage alors elle ne va pas s'en plaindre. Prenant bien entendu tout son temps pour finir son cookie, elle n'est pas surprise de la remarque de Tao Jun. Pour réponse, elle offre un soupir long de sens qui se traduirait par ; "curieusement, je ne suis pas en mesure de comprendre ta demande". C'est qu'elle préférerait que la phrase soit accompagné d'un mot magique tout de même.

Cela dit, malgré le fait qu'elle ait l'air de ne pas avoir d'âme pour ce pauvre enfant affamé -allons dans l’exagération, toujours- il se passait ce qu'elle attendait depuis une bonne vingtaine de minutes maintenant. Ô, précieux cookies, ne jamais sous estimer leur pouvoir de persuasion. Avec un grand calme, elle l'écoute et alors qu'elle était sur le point de finir son cookie, elle interrompt son geste. Hara avait oublié de parler de cette partie là de l'histoire visiblement. Sale gosse va. Pourquoi elle ne lui parlait que des choses positives hn ? Ou alors elle parlait de choses embarrassantes. Ou les deux en même temps. Ou des conneries. Mais jamais les ennuis dans lesquels elle s'embarque, jamais.

Elle finit son cookie et hoche à nouveau la tête. Jung Dae, dealer, Hara, idiote et Tao Jun, sauveur. Bien sûr qu'elle suivait.

J'en avais tellement marre. Pourquoi s'évertuait-elle à garder le silence ? je lui racontais tout de la situation, mais il semblait bien qu'elle attendait des mots. Devais-je lui relater tous mes dialogues, en plus de cela ? Je sautais du comptoir, tapai du pied avec agacement. « Areum, tu m'agaces ! » Je n'étais pas patient. Je ne l'avais jamais été. Je passai ma main sur ma nuque, la remontant à rebrousse-sens dans mes cheveux. « J'ai dis plein de trucs, sur elle, sur toi, sur tout, sur la patinoire, sur le kebab.. Tu veux savoir quoi exactement ? » J'étais las d'être mené en bateau. J'étais pas sûr qu'elle en sache plus que moi, mais si elle pouvait au moins me tendre une perche.. En attendant, je vins moi même chercher mon cookie en renversant la jarre dans ma main pour en extraire une friandise. Un soupire résigné quitta mes lèvres. C'était une situation qui me rendait dingue, ignorer les choses. Ravalant mon amertume, je promenai mon regard sur la cuisine, à la recherche de ma montre en or blanc. « C'est bon tu m'as saoulé, dis moi juste où est ma montre. »

Frustré et impatient, je finis par ne plus tenir, ne plus faire fit des politesses domiciliaires. Je promenai mes mains, çà et là, à la recherche de ma montre favorite, n'hésitant pas à soulever quelques affaires, en déplacer d'autres. Je n'étais pas chez moi, mais à l'instant, c'était tout comme. Agacé de ne pas trouver, ma gorge vibra d'un grognement de déception. Je finis donc par reculer, bien contre mon gré et bien mal luné du fait, jusqu'au comptoir, contre lequel mon dos heurta. Je croisai les bras contre mon torse. Ma main droite laissant mes doigts pianoter sur mon haut, la gauche resserrant sa prise autour de la jarre de verre que je n'avais pas quitté. J'étais énervé de devoir rester si longtemps chez Areum. Bah ouais. De base, il n'avait pas même été prévu que j'y vienne, j'avais simplement fait un arrêt puisqu'elle était sur mon chemin, afin de vérifier si elle n'avait pas ce que je cherchais. J'avais pensé m'y arrêter cinq minutes tout au plus avant de retourner chercher mes vêtements taillés sur mesure pour le repas de famille du mois prochain. Mais elle en avait décidé autrement, putain. Silencieusement, je luttai quelques secondes pour conserver la jarre avant de la lui abandonner en renonçant. « Non quoi ? Je pense que tu n'as pas très bien compris, Ari. » Je penchai mon visage vers le sien, et encrai mon regard dans le sien. Je scrutai chaque chose que je pouvais potentiellement y lire, une pointe d'amusement concurrençant l'amertume. Mes lèvres pincées s'étirèrent en un sourire mauvais et narquois. Sans doute n'avait-elle pas saisi que ma question ne déguisait qu'un ordre ? Ah, pauvre petite Ariel.. C'est vrai qu'elle n'était pas une pétalous, hm ? Ah, en allant dans ce sens, .. Je ne valais pas mieux. « Attend, tu veux que je te raconte la suite.. de ce que j'ai commencé ? » Je reculai encore, surpris. Bah tient, si j'avais pensé que ce qui, d'origine, devait servir à se moquer d'elle l'intéressait, j'aurais fermé ma grande gueule. Je pouffai néanmoins, amusé par la situation désormais. « Aish, si j'avais pensé que ça puisse t'intéresser.. Tu t'inquiètes pour Hara ? C'est mignon » Lâchais-je d'un ton moqueur, ne me cachant plus pour rire.  « Bref. J'les ai suivi. Je savais pas qui était la fille, juste que je l'avais déjà croisé dans les couloirs et que Jung Dae était l'ordure du siècle. J'te passe les détails, mais j'ai réussi à sortir ta cous' de la voiture de ce cinglé. Ah, en passant, elle est un peu co-conne sur les bords la petite, nan ? Hum. J'lui ai offert de quoi manger pour lui remonter un peu le moral. On a parlé un peu, puis comme elle était sympas et que j'avais pas très envie de rentrer, on a fini à la patinoire. Voilà ! » J'avais parlé vite, comme pour rire encore de la situation. Et sauté plein de détails, aussi.

Ma bouche forma un arc vers le bas à l'entente de ce ridicule surnom que je me traînais depuis l'enfance par tous mes proches. Proches et non proches d'ailleurs. Hamtaro. Aish, mes parents n'auraient-ils pas pu faire un effort à ce niveau ? Seigneur.. A la façon d'un enfant boudeur, je portai l'une de mes mains à l'arrière de mon crâne violenté en me massant le cuir chevelu. « Hey ! » En l'espace de quelques secondes, et par ce geste qui aurait pu être interprété comme de la provocation, la tension venait de retomber. C'était étrange, non ? « Non mais vraiment Ari, je me souviens pas avoir dit quelque chose en particulier, qui ai pu retenir l'attention, tu sais. » Si mon désir de m'enfuir au plus vite d'ici restait coincé dans ma gorge, j'avouais sans mal que désormais, la curiosité me tenait collé à ce comptoir. Qu'est-ce qui avait pu tant attiser la vivacité de son attention ? Puis, comme un électrochoc, et parce que je repassai sans cesse la discussion avec Hara dans ma tête, j'attrapai une piste. Ce fut comme une évidence, ou comme une révélation. Je frappai le comptoir de mon poings à la façon d'un adolescent, étirant mes traits juvéniles en une expression à la fois désolée et amusée. « Je pense savoir de quoi tu parles ! Hara a sous-entendu quoi, exactement ? Parce que j'ai mal tourné mes phrases, et ça aurait pu porter à confusion. Enfin, tu sais. Tourner sept fois sa langue dans sa bouche, c'est pas vraiment mon fort. J'préfère tourner la mienne ailleurs, tu vois. » Je ricanai, étonnamment fier de ma connerie.

Un étrange détail me surpris, et j'haussai les sourcils quelques secondes avant de retrouver mon impassibilité de base. Si la discussion prenait divers virages, si je n'étais pas en position de force tout comme j'avais le pouvoir de renverser les choses si je le désirais, nous ne criions pas. Depuis quand, on avait pas parlé sans hausser la voix, depuis quand on ne s'était pas pris la tête. Serait-ce un signe de maturité ? Aish. C'est vrai que depuis un moment, si mon débit de connerie n'avait pas baissé, j'avais des tendances au calme plus persistances. Je devais être malade.  Elle pose la jarre qu'elle saisit aussitôt, et je lui lançai un regard intéressé : « Passe m'en un, s'il te plait, tu me fais envie là. » Les gâteaux, cookies compris, c'était mon péché mignon. Encore plus lorsqu'ils étaient tout fraîchement du four, encore chaud et moelleux. Un soupire quitte mes lèvres. Heureusement que j'avais bonne mémoire, heureusement qu'à chasser le moindre souvenir de cette journée avec Hara, j'arrivai à retrouver ce dont elle voulait parler, autrement, comment aurions-nous fait ? Une moue agacée se dessina sur mes traits. « Bon, si c'est bien ce dont on parle, y'a pas de soucis. Mais si tu parlais d'autre chose, alors je sais pas. Il faut dire que tu ne m'aides pas non plus. » Je massai ma nuque. Je savais qu'elle n'allait pas être ravie -vraiment pas. Mais ça n'était pas ma faute, je n'avais pas réfléchi avant de parler, et j'avais bien même stipulé à sa cousine de ne pas en parler. « Quand j'ai appris qu'elle était ta cousine, j'ai pas pu m'empêcher de vous comparer. Hum, ça partait d'une bonne attention, n'en doute pas. » J'assurais mes arrières. Je soufflai pour la énième fois, et redressai mon regard vers le sien. Tout compte fait.. C'était plutôt amusant. Je savais que quand bien même elle s'énervait, Ari ne me faisait pas peur, aussi, un sourire mince étira mes lèvres. « Je lui ai dit qu'elle était plutôt mignonne dans sa naïveté, ce qui était étrange puisque pour ta part c'est pas du tout l'image que tu renvoies. T'es plutôt sexy, tu vois ? Je pense que c'était pas la meilleure chose à dire, visiblement. Sans parler de ma maladresse.. Lui dire que tu es étais plus douée de ton corps pour sous-entendre que tu n'étais sans doute pas maladroite n'était pas non plus très intelligent, n'est-ce pas ? » Je ris.

Un sursaut m'échappe, mais je peux remercier mes réflexes pour m'avoir forcé à plonger face contre le comptoir. Un chausson s'écrase tout juste derrière moi dans un bruit sourd et je me demande un instant si elle n'a pas touché quelque chose. M'enfin, je suis pas fou, et c'est pas moi qui vais me redresser pour aller vérifier. « YAH ! MAIS T'ES TARÉE ! » Je savais que ça allait pas lui plaire, mais quand même, mieux valait en rire qu'en pleurer, non ? C'est pas non plus comme si j'avais hurlé à Hara que j'étais son sex-friend ou quelque chose comme ça. Patientant quelques secondes dans cette position inconfortable, je me redressai lentement en osant jeter un regard à la furie jaune. Okay, mauvaise idée. J'étais certain que si l'on devait la représenter à la façon d'un animé, on verrait son karma bouillir et s'enflammer. Je comprends pas quand même. Mon erreur n'est pas si grave, il s'agit que d'une faute linguistique, nan ? Lorsqu'elle saisit son autre chausson, je saute hors du comptoir le plus rapidement possible. Je m'enfuis vers le salon, grognant lorsque l'objectif atteint mon dos. « ça va, j'ai pas mérité la mort non plus ! » Et lorsqu'elle sauta sur mon dos, je réalisai que tout compte fait, la situation était plutôt hilarante. Voir Areum se battre à coup de chaussons, qui n'aurait pas payé pour ? Je tentai de la désarçonner une fois qu'elle fut sur mon dos, mais elle était encore plus accrochée qu'une moule à son rocher, et ses mains dans mes cheveux me faisaient grimacer. Et pourtant, j'arrivai pas à m'empêcher de rire comme un idiot. Elle ne me faisait pas si mal que ça, quoique s'en était absolument dérangeant. « Au pire t'as juste à démentir, nan ? Puis quoi, ça t'aurait gêné ? » Demandais-je, cessant de rire pour laisser place à un humour de mauvais goût. C'était que ça cousine, il ne fallait pas en faire tout un drame non plus. M'affalant sur le canapé comme dernier recours, je plonge mon visage entre l'assise et l'accoudoir en grognant. Je secouai la tête pour qu'elle lâche mes cheveux si bien façonnés ce matin. Enfin, pour ça, ça n'était plus qu'un souvenir. Je récupérai mon souffle quelques secondes, passant une main sur ma tête pour redonner un peu d'ordre dans ma coiffure en bataille. « Azy maintenant je ressemble à une brosse à chiotte à cause de toi ! » Je me plaignis à la façon d'un enfant, avant de pousser un long soupire. Je me redressai enfin, posant mon dos contre le canapé, et attrapai un coussin pour le lancer sur Areum dans le but de la faire réagir. « Ari.. ? » Je me mordis la lèvre inférieure, par certain de vouloir réellement parler de ce dont je m'apprêtais à parler. Mais bon, puisqu'on y était, et puisque ça me rongeait de l'intérieur depuis un moment, hm. « ça va, en ce moment ? T'as l'air complètement distraite. » Etape 1 : amorcer le sujet lentement.