Je crois qu'au fond, je me suis habitué à toi. [w/ Miu Lin]
ksos professionnel
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Sujet: Je crois qu'au fond, je me suis habitué à toi. [w/ Miu Lin] Ven 28 Mar - 18:03
Are you kidding me?
Heaven & Miu Lin
Les choses changent et je ne peux que le remarquer. Ma vie prend une tournure des plus banale, normale et je me sens bien. Enfin, j'ai l'impression d'entrer dans le moule et je m'en réjouis. Certains se battent toute leur vie pour en sortir, pour être unique, différent mais moi, je ne peux qu'être heureux d'être enfin comme les autres. Les hommes me font moins peur même s'il suffit de peu de choses pour que la panique m'envahisse à nouveau. Je me réfugie encore dans l'alcool lorsque je sors et grâce à lui je me désinhibe, j'ai moins peur et j'avance. Ren n'aime pas cette méthode mais il ne peut constater qu'une amélioration grandissante et je suis certain que ça lui fait plaisir, même s'il se plaint souvent.
Le plus grand changement fut sans doute ma découverte quand au fait d'être modèle pour des photos. J'ai toujours été passionné de photographie, figer dans le temps un moment banal qui devient de ce fait éternel, rendre immortel un sujet vivant qui ne disparaîtra jamais plus. Je trouve cela magique, je ne m'en lasse jamais. Cependant, je n'étais jamais passé devant l'objectif et c'est avec Ju Ah que j'ai découvert ce que cela faisait de poser, d'être immortalisé, magnifié. C'est un sentiment que je ne connaissais pas et je dois avouer que c'est grisant. C'est comme jouer un rôle, en tant que modèle on peut être fort, séduisant et plein d'assurance alors que dans la vie quotidienne, nous ne sommes que timidité, discrétion et manque d'assurance. En somme, sur du papier glacée, je peux être qui je veux et j'adore ça. C'est pour cela que j'ai décidé de faire des autoportraits pour mon prochain devoir. « L'art d'être multiples », c'est le titre que je souhaites donner à mon œuvre et c'est une bonne occasion de m'entraîner à prendre la pause sans obligations à tenir.
J'ai donc réservé l'un des studios photos et ai choisis des vêtements très attentivement afin de faire une sorte de photoshoot plutôt simple où je serais simplement moi, le Heaven de tous les jours. Il vaut mieux commencer au autoportrait par quelque chose de réaliste, plus tard viendront les mises en scène. Ren n'est pas à la maison cet après-midi alors il ne s’inquiétera pas et je passerais mon temps en étudiant autrement qu'en étant enfermé entre les diverses étagères de la bibliothèque. J'aime l'endroit, bien sûr, mais le studio est bien mieux. Je suis excité, bien que peu certain de réussir le défi que je me suis donné à moi-même, il ne faut pas que je me décourage et de toute façon je n'ai plus le choix, j'ai annoncé le thème de mon devoir à mon professeur. Il est trop tard pour faire marche arrière désormais.
Une fois mon appareil photo accroché au trépieds et branché à l'ordinateur central, j'installe les lumières, les photos seront simplement faites sur le fond noir qui est toujours tendus à côté du blanc. Peut-être que je changerais pendant la séance, à vrai dire j'avance dans le flou. Je n'aime d'ordinaire pas que tous ne soit pas organisé à la seconde près mais cette fois, je préfère y aller en faisant confiance à mon instinct. Rien de mal ne peut m'arriver de toute façon, n'est-ce pas ? Une fois que tout est prêt, je choisir un pull à col roulé bordeaux et un simple jean noir près du corps sans mouler, des chaussures montantes marrons et je pense que cela ira. Je me change rapidement dans les toilettes du studio et retourne ensuite dans la pièce principale, lançant mon appareil pour qu'il prenne des photos toutes les cinq secondes avant de me placer face à lui. Au début je l'admets, je ne suis pas à l'aise et ose à peine bouger mais peu à peu je me détends, personne n'est là pour me voir. Je crois que je préfère jouer qu'être moi-même face à l'objectif, c'est bien plus grandissant et c'est donc ce que je commence à faire. Mimer l'assurance c'est en avoir un peu, n'est-ce pas ?
Sujet: Re: Je crois qu'au fond, je me suis habitué à toi. [w/ Miu Lin] Dim 6 Avr - 1:27
(tenue) Les joies de l'artblock. Tu n'arrives plus à dessiner quoi que ce soit, ça t'agace. Donc tu forces, tu forces. Un peu comme une corvée que l'on ne veut pas faire. Démotivation. T'as plus de quoi occuper tes nuits. Dieu seul sait à quel point ça te met de mauvaise humeur. Heureusement que tu n'es pas du genre à taper sur tout ce qui bouge quand tu es énervée, sinon, il y aurait beaucoup de morts. Tu n'es plus satisfaite du rendu de tes dessins, et, bien sûr, vu que tes études reposent sur ça, tes résultats ne sont plus très beaux.
Tu recommences tout dès le début. Pour aujourd'hui, tu as pensé à travailler l'anatomie. Donc, un modèle pour cela est nécessaire. Musique space à fond, dans ta tête, t'es limite dans un film, alors que tu changes de salle, de l'atelier de dessin aux studios photos. Espérons qu'il y aura quelqu'un. C'est chiant, de se balader avec ces grosses pochettes raisin, avec l'essentiel de ton matériel dedans. Et puis, sérieusement, qui a pensé à appeler cette pochette "raisin". ELLE EST VERTE. VERTE. C'est même pas à base de feuilles de vigne ou un truc comme ça. Tu as juste envie de pendre celui qui a imaginé ce nom.
Avant de sortir de des ateliers, tu vérifies que tu n'as rien oublié. Limite si tu vas en randonnée, là. Téléphone, écouteurs, check. Feuilles canson, feuilles simples, calques, check. Crayons et porte mine, check. Feutres à aquarelle, check. Pinceaux à réservoirs, check. C'est un miracle que tout cela tienne dans ton sac. Oui, tu peux le faire, maintenant.
En dix minutes, traînant, tu es devant la porte du studio. Tu l'ouvres, sans faire de bruit. Espérons que tu ne dérangeras personne, tu es juste là pour regarder et dessiner, rien de plus. Il y a quelqu'un. La porte est entrouverte. Soit tu pars, soit tu rentres, ou tu restes fixer cette personne un moment. Choix trois, bien sûr. Tu as l'air d'une stalker. L'inconnu, c'est un mec. Familier, peut être. Il est de dos de toutes les façons. Et puis, t'en connais pas tellement, les photographes. Il n'a pas l'air un bleu. Violet ? On s'en fout un peu, tu continues à mater l'anatomie de la personne. L'inspiration commence à venir. Ou pas.
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Sujet: Re: Je crois qu'au fond, je me suis habitué à toi. [w/ Miu Lin] Lun 28 Avr - 17:01
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Heaven & Miu Lin
Les flashs, les cliquetis et la lumière. C'est tout ce dont je dois être conscient alors que j'enchaîne les poses, prenant diverses expressions, heureux puis sauvage, séducteur puis enfantin. Je veux explorer toute les possibilité qui s'offrent à moi, être certain de pouvoir faire quelque chose de bien, de pouvoir plaire à d'autres autant qu'à moi. J'ai suivis des mois, des années de thérapie pour me remettre de ce qu'ils appellent un traumatisme mais désormais, et ce d'après les divers livres que j'ai lu sur la question, je pense que la solution est l'acception de soi. Jamais je n'ai pris le temps de regarder mon corps, de le contempler et d'apprendre à l'apprécier. Pour moi, il n'est pas beau à voir, il est mince, maigre même, j'ai la peau sur les os et des dizaines de cicatrices que je trouve plus immondes les unes que les autres. Certains m'admirent, me demande comme j'ai pu faire pour résister à toutes ces violences sans mettre fin à mes jours. La réponse est simple, j'aime la vie. Est-ce de la stupidité, de la naïveté ? Sans doute, mais j'assume pleinement. Je veux vivre, plus que tout au monde. Vivre est un cadeau et l'on doit accepter chacun de ses travers. Certains ont une vie facile et aisée mais au fond, n'est-ce pas mieux de pouvoir apprécier chaque petite joie que la vie nous offre ? Serais-je capable d'apprécier autant chacun de mes progrès, chaque nouvelle expérience, si j'étais bien né, si j'avais toujours eut de la chance ? Je ne le crois pas, je suis même certain du contraire.
Du bruit, la porte se referme et je me surprends à ne pas m'arrêter tout de suite. Je suis pleinement conscient de la présence d'une personne inconnu dans la même pièce que moi et je ne panique pas, non, parce que je suis occupé, parce que je suis concentré. Deux minutes, cinq, ou dix, je ne sais pas combien de temps s'écoule entre le moment où j'ai entendu l'intrusion de cette personne et le moment où je cesse de poser, de prendre des photos. Je m'avance vers l'ordinateur face au set et commence à regarder mes photos. J'ai décidé d'être un homme fort aujourd'hui et je ne dois pas écouter la peur sourde qui gronde en moi. Alors je tente de parler d'une voix assuré. « Tu peux sortir maintenant. » Je ne sais pas à qui je parle et je suis intérieurement terrorisé. Si je gardes les yeux rivés sur l'écran, pourrais-je disparaître à l'intérieur et éviter une quelconque confrontation ?