Shutrouvailles. [Retrouvailles entre Shu, quoi.]

POINT : 70 MERDES LAISSÉES : 644 ÂGE : 36

Syuhei ∞ Shûji

Without you, I'm missing a part of myself.

Si on m'avait dit il n'y a pas si longtemps que je devrais prendre rendez-vous avec mon petit frère par post-it interposé sur le frigo, je ne l'aurais pas cru, m'insurgeant contre ladite personne en lui rétorquant que je n'étais pas un frère indigne et pourtant... Le fait est là. Je vis sous le même toi que Syuhei et pourtant, je crois que cela fait une semaine que nous ne nous sommes pas vus, à peine entrecroisé à la porte au plus. Nous sommes surchargés de travail et nos horaires diffèrent tellement que je n'ai même plus l'impression d'être chez moi, mais dans un hôtel quelconque. Lorsque je suis à la maison mais que Syuhei n'y est pas, c'est différent, c'est moins chaleureux, moins accueillant, moins chez moi. Plus étrange encore, c'est lui qui m'a demandé à ce que l'on se parle alors que d'ordinaire, il ronchonne lorsque je le fais. Je suis un grand frère envahissant et toujours sur son dos mais il faut croire que cette fois, il a besoin de me parler et honnêtement, j'en ai besoin aussi.

Syuhei est partit à Rio avec Hui Liang et moi, je suis partie à Paris. Depuis mon retour, j'ai dû aller à Tokyo avec Seong Hee pour un cocktail où je l'ai présentée officiellement bien que les journaux s'en soient déjà chargés. Je veux parler de tout ça avec mon petit frère, je veux lui dire à quel point j'ai peur que Père ne tiennent pas sa promesse et me lègue la société avant mes trente ans. Je veux qu'il me dise, comment il va, ce qu'il se passe dans sa vie car je n'ai pas été capable de m'en rendre compte par moi-même ces derniers temps. Heartless Diva sera fermée cette après-midi et je crois que jamais je n'ai roulé aussi vite pour rentrer à la maison. Je sais que Syuhei m'y attend et pour ce rendez-vous là, je ne serais pas en retard, c'est hors de question.

Je passe la porte et me jette sur le canapé aux côtés de mon petit frère, prenant son visage entre ses mains pour y déposer de légers baisers. “Tu m'as manqué. Pardon d'être un mauvais grand frère. Je me rattraperais! Tu veux des gâteaux? Tu veux un hot Shûcolate? Tu veux un cadeau?” Je l'étouffe presque et lui parle comme s'il était un enfant, tout ça pour cacher que je m'en veux vraiment de ne pas avoir été là ces derniers temps, pour le bon ou le mauvais.

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POINT : 378 MERDES LAISSÉES : 695

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Je suis en colère. Je suis en colère autant que je suis content, autant que je suis excité, autant que je suis triste. Je ne sais pas ce qu’il m’arrive. Bon d’accord, je suis loin d’être sobre depuis que je suis rentré, mais ce n’est pas ça qui décide de mes émotions. Ça ne l’avait jamais fait, et ce n’est pas possible que cela commence maintenant, à pratiquement vingt-quatre ans. Non. Je refuse. Et je ne vais pas tenter de rester sobre pour me prouver que ce n’est pas la drogue la cause de cela, puisque je suppose que je ne deviendrai que plus fou. Bien plus que je ne le suis déjà.

Sur mon ordi, je lis le mail envoyé par un certain Nguyen Juno. Une agence de divertissement voudrait un partenariat avec nous. Pourquoi pas. Moi je serais d’accord même si cela me donnerait encore plus de travail. Mais, ce n’est pas moi qui ai le dernier mot de toute manière. C’est Shûji qui devra s’en occuper. Des petits pas approchent très vite, et je ferme l’ordinateur portable : mon gros chien arrive. Ryû est devenu grand, et il n’a pas totalement fini de grandir. Je ne peux plus dire que c’est un chiot, je crois que cet âge est définitivement passé pour lui. Une peluche vivante, c’est ce qu’il est devenu, et il veut des câlins, il en veut tout le temps. Je soupire, le prenant contre moi en m’accroupissant. La femme de ménage doit devenir folle avec les poils qu’il laisse, à croire que c’est un chat.

Un coup d’œil à ma montre, mon frère ne devrait tarder à arriver. J’ai envie de jouer du violon. Mon téléphone sonne, c’est Bok. Oh, finalement je n’en ai plus envie. Ryû me suivant, je descends les escaliers et me cale dans le canapé du salon. Je suis fatigué, mais comme toujours, je ne saurais dormir. La clé dans la serrure, un clic, la porte qui s’ouvre, et Shûji apparaît dans mon champ de vision. Je ris, parce que je suis bombardé d’attention et de questions. « Tu m’as manqué aussi. Tu n’es pas un grand frère indigne. Tu n’as pas à te rattraper. Je n’ai pas faim. Je veux bien un Shûcolate. Et je n’ai pas besoin de cadeau aniki. » Je réponds à toutes les questions du tac-au-tac, avant de rire, lui faisant signe de se calmer. « Tu me stresses à stresser, et la dernière chose dont j’ai besoin, c’est d'être stressé par ton stress. » Ai-je déjà dit que je n’étais capricieux et direct de la sorte qu’avec mon frère ? Je l’enlace, fermant les yeux. Un grand frère, c’trop bien, je ne le dirai jamais assez. « Y’a une odeur sur toi que je ne connais pas… c’est quoi ? Tu étais où ? Tu étais avec qui ? » Ah y’a pas à dire, on est bien frères.
”

POINT : 70 MERDES LAISSÉES : 644 ÂGE : 36

Syuhei ∞ Shûji

Without you, I'm missing a part of myself.

Mon frère me fait rire à me répondre ainsi dès que ma question se termine. Je crois que nous avons pris des habitudes fraternelle que personne d'autre ne peut comprendre et cette simple pensée me réjouis au plus haut point. Il me rassure, il m'apaise et il me donne l'impression d'être un enfant à cet instant. Dieu que je me sens bien, à la maison, chez moi, avec mon petit frère. “D'accord, d'accord, je me tais et je vais te préparer ça.” Du moins c'est ce que je dis, parce que je ne me lève pas, bien trop à l'aise dans les bras de Syuhei. Il m'a manqué oui, et je me rends compte désormais à quel point je me sens mal lorsqu'il n'est pas là. Je le couve trop, certes, j'agis comme s'il était un enfant, mais il est ce que j'ai de plus précieux au monde et je ne veux pas que quelqu'un le rendre triste. Une odeur inconnue? Comment fait-il pour sentir la moindre personne que je touches? A force de rester avec Ryû, il finit par se transformer en chien ou quoi? Bien sûr, je garde cette remarque pour moi et me détache simplement de lui, embrassant son front avant d'avouer. “Hwang Meilan.” Je n'en dis pas plus, je ne sais même pas s'il est au courant que je le revois depuis qu'il n'est plus avec son ancien petit-ami, que je joue les cupidons tout en profitant un peu des soins de mon ami.

Je me lève cette fois et part à la cuisine pour préparer ce chocolat chaud que je fais à la perfection. Je crois que c'est la seule chose que je peux faire en cuisine, si on peut considérer ça comme de la cuisine. Chocolat, crème, chamallows et copeaux de chocolat sur le dessus, tout est prêt. J'allais retourner au salon mais la voix de mon frère m'assénant de question me semblait bien trop prêt. En effet, il m'a suivit. Je crois qu'au fond, peu de choses nous différencient. Nous n'avons pas le même père, nous n'avons pas eut la même vie mais nous sommes semblables. Il est cette partie de moi que je cherches parfois. Il est la pièce manquante à mon puzzle, celui qui m'oblige à garder les pieds sur Terre et à être plus humain que je ne l'étais. Grâce à lui, je ne suis plus cette personne égocentrique aimant à montrer à tout va à quel point son portefeuille est remplie. Bien sûr, je suis encore un gosse de riche arrogant mais après tout, on ne change pas sa vrai nature. “Raconte-moi ce qui se passe dans ta vie Syu. Tout se passe bien avec numéro deux? Et l'école? Pourquoi es-tu si stressé?” Oui, je sais, on ne dit plus école quand on est en master. Je crois que Syuhei restera mon bébé toute sa vie, peu importe l'âge qu'il aura.

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POINT : 378 MERDES LAISSÉES : 695

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Je me demande ce qu’il se passerait si Shûji décidait réellement de prendre des vacances. Tout comme moi, il en serait incapable. Aniki se drogue au travail, et moi je me drogue tout court. C’est dur de se voir, parce que lorsque je ne suis pas à la maison pour dessiner de nouvelles tenues, je suis à Seoul pour l’architecture, et sinon, à la fac, pour constituer mon mémoire. Alors je comprends parfaitement qu’il en fasse des tonnes là, tout de suite, dans l’immédiat. Mais ça a toujours été ainsi, donc, je ne m’en plains pas, au contraire, j’aime et je me plais avec ça. « Big-stressed-brother-rimjobbing-everywhere-said-what ?! » Je me lève aussitôt et je le suis.

Je ne l’aime pas Meilan, parce qu’il couche avec Shûji depuis des années, et parce qu’en plus de ça il est très bon ami de Hui Liang. Pourquoi les gens que j’aime le moins je suis destiné, puni, et obligé de les voir souvent ? Enfin, ne pas aimer quelqu’un est synonyme de ne pouvoir le supporter, le destin et la vie ne comprennent donc pas cela ? « Et bien, Meilan a absolument pas de goût pour le parfum. » Dis je simplement en m’installant sur un tabouret. Enfin, « simplement », disons plutôt avec dédain et cette supériorité dont je peux si bien faire preuve. « Non mais sérieusement, qu’est-ce que tu peux faire avec quelqu’un comme lui ? Je préfère encore Jie, il fait de son mieux pour gagner sa vie, et au moins, a un visage beau ; Meilan, il a rien, rien du tout pour lui, puisqu’être petalous de nos jours, est surestimé. » Je soupire et m’allume une clope, tapant de mes ongles en rythme sur le comptoir. J’ai surtout extrêmement envie de me fumer un joint, mais, si je le fais, devant Shûji, je risque de repartir avec le corps totalement tendu, et une merveilleuse migraine. Alors, je prends sur moi, et tire longuement sur ma cigarette. « Dernièrement ? J’ai cours l’aprem, j’humilie des gamines de ta confrérie dans la cour, je travaille peu le matin, je m’endors sur mes dessins. Je n’ai même pas le temps de voir Liang, et j’en suis frustré, sur tous les aspects. J’aimerais des vacances, des vraies, pas quelques jours à Rio avec une bande d’ignorants. Mais même en en ayant, je doute me reposer… » Je veux rentrer voir mon père. Je veux même rentrer voir ma mère, c’est dire. Mais je joue avec ma fumée en l’expirant, au lieu d’exposer cela à voix haute.

”

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Syuhei ∞ Shûji

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Je pose la tasse fumante devant mon petit frère et m'installe face à lui, m'appuyant sur le comptoir. “J'ai dis Hwang Meilan. Et ne dis pas ce genre de chose à ton grand frère. Surveilles ton langage Long Syuhei.” Il me fait rire à demander de cette manière, mais il doit surveiller son vocabulaire. Je déteste qu'il soit vulgaire. Je sais qu'il n'aime pas Meilan, parce qu'il me semble qu'il est proche de Hui Liang, pour ce que j'en sais. Syuhei se fait une opinion dès les premiers instants où il se trouve avec une personne et soit ça passe, soit ça casse. En l’occurrence, Meilan n'a pas obtenu ses faveurs. Ce qui m'étonne c'est qu'il m'avoue préférer Jie. Je pensais qu'il le détestait, au fond peut-être est-ce comme moi envers Hui Liang. “Meilan est loin d'être moche Syuhei. Et je ne suis pas avec lui. C'est un très bon ami, que je tente de réconcilier avec son ex, qui est également un bon ami. Je profite simplement d'un peu de débauche en contrepartie et ça n'a jamais fait de mal à personne.” Je marque une légère pause, m'allumant une cigarette également. “C'était la dernière fois de toute façon... Je crois que Jie est de plus en plus jaloux et je vais devenir fidèle. Il est hors de question que je le perde pour une coucherie après trois ans à l'attendre. No way.”

Syuhei est stressé, énervé, angoissé. Je peux le sentir dans chacun de ses mouvements. Par sa manière de s'allumer une cigarette et de tirer dessus ainsi, par l’incessant battement de son pieds, par le bruit de ses doigts sur le comptoir. Je lève les yeux à son discours, puis prends une mine désolée. J'aimerais tant que mon frère me ressemble moins. Nous nous tuons au travail et ce n'est pas bon. Son cerveau marche trop, il ne sait pas se reposer et son seul repos, il l'a trouvé dans les drogues, ce qui me rends fou. Je ne veux pas de cette vie pour lui, je voudrais qu'il soit heureux, qu'il n'est à se soucier de rien. Seulement la vie est bien plus difficile, même lorsque l'on a l'argent. Bien entendu, il pourrait se contenter de prendre l'argent que je lui donne, puisque Père ne le fait pas, mais Syuhei n'est pas comme ça. Syuhei a toujours travaillé pour avoir ce qu'il voulait et ce n'est sans doute pas aujourd'hui qu'il va cesser. “Mmh... Tu sais que je peux te prendre un billet d'avion pour n'importe où, deux même si tu veux partir avec lui. Tu devrais aller voir ton père et ton beau-père. Je peux m'arranger pour tes cours et ton boulot. Et, je pense que je vais prendre un employé à la boutique, pour nous décharger un peu. Je serais constament sur ses bottes mais toi, tu pourras avoir plus de temps libre.”

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Ma langue quitte ma bouche, je me suis pris, l’instant de quelques centièmes de secondes, pour Miley Cyrus. Surveiller mon langage ? Je ne le fais qu’en milieu professionnel. Autrement, avec des amis comme Kyu Bok, Mei ou encore Jae Duk, comment voulez vous que je me tienne tranquille au niveau de ma langue ? Et puis, je ne vais pas manquer à ma réputation d’aède ; on me connaît pour ne pas tenir ce muscle dans ma bouche, alors je lui offre libre cours ! Je hausse un sourcil et juge mon frère du regard. Il sait parfaitement ce que je pense de ce genre de relation, de ce genre de situation, sans compter le fait que nous n’avons pas réellement les mêmes critères quand il s’agit de beauté, ce qui explique notamment pourquoi je me charge du prêt à porter et lui de la haute couture, du moins, je le suppute. Je lève ma main libre pour feindre le gifler. « Loin d’être moche ? Il est petit, a une mâchoire carrée, une grosse tête, un corps peu proportionné à sa taille, sans compter des lèvres de mamadou et les oreilles de dumbo. De toute manière, les coréens m’attirent absolument pas. » J’aime les petits chinois tête en l’air et philosophes. Et puis, franchement, entre Jie et ses magnifiques mensurations et ce visage allongé mais fin, et l’autre tête de morue, le choix est vite vu non ? « Et puis, je suis fatigué de répéter mon discours quant aux sex friends, autres dérivés de la tendance et fidélité, parce que non, je ne me vois pas donner mon corps ou prendre celui de quelqu’un de la sorte, sans tact et sentiment, alors passons simplement ce paragraphe du livre, ne ! » De lui et moi, je suis le plus japonais des deux je crois bien.

J’écrase le mégot et prends la tasse qu’il me tend entre les mains, me servant d’une petite cuillère pour goûter à la chantilly. « Je dois être là au boulot pour montrer que je tiens le coup, et les exigences, et je dois être en cours, parce que sans être en cours, je ne peux continuer à travailler. Même si tu embauches quelqu’un pour la boutique, les préparatifs pour celle que tu as voulu ouvrir à Seoul vont bientôt finir, et celui qui fait des allers-retours pour Seoul chaque jour c’est bébé Syuhei, donc, dans tous les cas, je vais bosser pour HD. Aniki, les vacances, ça attendra éventuellement le nouvel an, mais là, il n’y a absolument pas de temps pour ça. » Je suis surdoué, venant d’une famille déchirée, et qui n’aime pas profiter de l’argent de mon frère. Maintenant, l’argent que je dépense pour moi-même, est celui que j’ai gagné. La carte bancaire que j’avais auparavant, me sert seulement à dépanner mon père lorsqu’il va vraiment mal, sinon, je ne m’en sers pas.

”

POINT : 70 MERDES LAISSÉES : 644 ÂGE : 36

Syuhei ∞ Shûji

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Syuhei pense trop, analyse trop, réfléchit trop. C'est quelque chose qui m'agace profondément mais je me dis que ça doit l'agacer encore plus. De ne jamais pouvoir être totalement au repos, que son cerveau agisse toujours alors que lui ne le voudrait peut-être pas. Syuhei sait tout, en une fraction de seconde. Son cerveau lui donne les détails inutile et l'empêche de voir de simples choses. Il suffit de voir la description avancée de Meilan qu'il vient de me donner. Pour moi, Meilan est juste beau, il a un charme fou et s'il n'est pas très grand, ce n'est qu'un détail. Syuhei, lui, ne l'a vu brièvement que quelque fois et de beaucoup moins proche que moi, pourtant à cet instant, il me semble qu'il le connaît mieux que moi. “Je sais que les coréens ne t'attirent pas, ton truc c'est plutôt les chinois.” Pour ne pas dire Hui Liang. Non, il ne tolère pas que je m'envoie en l'air avec n'importe qui, ou tout du moins, des gens pour lesquels je n'ai pas de sentiments amoureux. Qu'y puis-je si mes années à l'étranger ont eut plus d'impact sur ma façon de voir les relations que toute mon enfance au Japon? Faire l'amour, m'envoyer en l'air, c'était la seule chose que je contrôlais quand j'étais adolescent, la seule chose pour laquelle mon père ne pouvais rien faire. Il disait nombre de choses mais au fond, il ne peut pas contrôler ce que je fais avec mon corps. Je me suis calmé, du moins je le pense, mais il me reste ce besoin constant d'être aimé, de le voir, de le sentir. Qui peut se priver d'une bonne partie de jambes en l'air lorsqu'on le lui propose? Pas moi. Du moins, pas jusqu'à ce que Jie ne me le demande. Désormais il va devoir satisfaire à lui seul tout mes besoins et je ne sais pas s'il se rend compte de la tâche qui l'attend. Je ris à cette pensée bien que mon petit frère me fasse la morale. “Je préfère que tu penses ainsi Syuhei, c'est bien mieux. Et en effet, tournons cette page parce que nous ne l'écrirons probablement jamais de la même façon.”

Je le questionne du regard, souhaitant savoir si le Shucolate lui convient même si je n'en doute pas. C'est la seule chose que je sache faire convenablement et j'ai même pensé à le faire breveter il y a quelques temps de cela. Ouvrir mon propre café. Au final, j'ai opté pour une boutique Heartless Diva à Séoul, ce qui me semble une bien meilleure idée. “Je me sens terriblement mal lorsque tu dis ça...” Je me sens responsable de la fatigue de mon frère, même si ce n'est qu'en partie vrai. “Bébé, j'ai moins de travail maintenant, j'ai la collection homme à créer et mon avis à donner aux couturières pour les bases des derniers modèles mais je peux trouver plus de temps, surtout si je prends un employé ici à Suwon. Je vais m'occuper de la boutique, tu as fais les plans et m'a montré les dessins, je peux superviser la finalisation. Tu en as déjà fais assez pour cette boutique. Et puis, de toi à moi, je crois que je vais devoir passer pas mal de temps à Séoul dans les mois qui viennent....” Père m'a appelé, il faut qu'il me parle au sujet de la filiale coréenne de Shisheido et tout ça ne sent pas très bon pour ma liberté.

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POINT : 378 MERDES LAISSÉES : 695

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« Les chinois? Non pas les chinois, le chinois. Et encore, il est à moitié coréen, cela dit, oui, j’aime le chinois suivant la théorie « un esprit sain dans un corps sain », mais je suppose que tu sais déjà de quoi je parle non ? » Deux demi frères, bisexuels tous deux, avec des penchants similaires. Oui, ça fait beaucoup de ressemblances. Mais à vrai dire, j’ai un penchant beaucoup plus prononcé pour les filles, même si j’ai trouvé l’amour chez un homme, et je ne puis apprécier une relation purement physique ; il fallait bien que nous ayons tout de même des différences Shûji et moi. « Je suis peut-être fou, mais je suis fidèle à mes principes ! » Je souris tout fier, regardant le contenu de ma tasse ; j’en suis déjà à la moitié. Je suppose que j’aurais parfaitement pu être comme Shûji si moi aussi j’avais eu toute cette attention au collège et au lycée. Aniki pense que tous les voyages qu’il a faits et cette liberté de jeunesse qu’il a eue, ne sont que des signes d’abandon de la part de son père et de mère. Moi je pense qu’au contraire, ce sont des chances qu’ils lui ont données. Moi j’ai dû les gagner, et encore, je ne suis pas allé bien loin, l’Europe, l’Occident, j’y ai eu le droit lorsque j’ai commencé à travailler, autrement, le plus loin que j’ai pu aller, c’était la Chine ; mais je ne vais pas m’en plaindre, j’ai connu Liang là bas. Cela dit, je suis resté le plus japonais des deux, alors que je suis génétiquement le moins des deux. Je suis resté pudique, et je suis resté très carré. Je suis excentrique et grande gueule, mais, on ne me verra jamais embrasser mon compagnon en publique, ou être trop tactile avec qui que ce soit ; je n’aime déjà pas qu’on me touche, alors toucher ?

« Arrête de te sentir mal. Toi et Hui Liang ne devriez pas vous sentir mal, juste m’aider quand j’ai besoin que vous me tendiez la main. Je l’ai voulu, j’ai voulu être débordé, j’ai voulu être occupé jusqu’à ne plus avoir le temps ne serait-ce que de respirer. Ça me va, je m’y fais, c’est dur, mais je m’y fais à ce rythme, parce que je sais qu’au bout j’aurais ce que j’ai toujours voulu… Maintenant… c’est vrai, je juge que ça va trop loin, que j’ai du mal à m’adapter au monde de l’architecture de groupe ; chaque petite remarque au cabinet, je la prends très à cœur, et je pense que c’est ça qui me bouffe ? Je ne suis pas habitué à ce que l’on mette en doute mes performances ou mes idées, alors, sur le plan professionnel, être critiqué est encore quelque chose de très dur pour moi Aniki… Et au vu de mon état, j’ai peur de ne pas réussir à faire mieux… aish… je vais y laisser la peau… » Je ne m’en suis pas rendu compte, mais j’ai commencé à me gratter frénétiquement l’intérieur du bras : je suis stressé, je suis en manque.

”

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Syuhei ∞ Shûji

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Bien sûr que je sais de quoi il parle, mais je n'ai aucune envie de me lancer dans ce sujet. J'ai même très, très envie de l'éviter. Il m'en donne l'occasion à sa réponse suivante. “Tu n'es pas fou petit coeur, juste quelqu'un de bien et honorable. Je suis fier de ça.” Que mon petit frère, mon trésor, ne se donne pas à n'importe qui est quelque chose qui me réjouis au plus haut point. Je devrais tuer toute les personnes qui osent le toucher si c'était le cas mais puisqu'il a des relations amoureuses avec les personnes avec qui il couche, je peux passer pour un frère presque normal bien qu'envahissant et simplement les inviter à dîner. Cela dit, il y a quelques personnes que je n'ai plus jamais revus après l'un de mes fameux dîners. Syuhei n'a jamais rien dit alors je ne le prends pas en compte. Seul son avis m'importe, je n'ai que faire du reste de ses connaissances.

Cependant, bien que je sois rassuré un instant, le discours qu'il me tient ensuite m'alarme au plus haut point. Je sais ce qu'il ressent, parce qu'il a tout fait pour être occupé le plus possible et n'avoir aucune minute de libre. Je le sais et je le comprends, parce que c'est exactement ce que je fais aussi, me tuer au travail. Je n'ai pas envie de penser, pas envie d'avoir le temps de douter mais la différence, c'est que je suis mon propre patron et que mes décisions sont ordres et puis, mon cerveau ne marche pas autant que celui de mon frère. “Ce ne doit pas être facile Bébé mais surtout n'oublie pas ce que tu vaux. C'est leur travail de te pousser dans tes retranchements, de te mettre des bâtons dans les roues et de te rabaisser. C'est ce que je fais avec mes employés, parce qu'ensuite ils donnent le meilleur d'eux-mêmes, des choses dont ils n'avaient même pas conscience d'être capable de créer se réalise. Alors dis-toi juste que tu peux toujours être meilleur, que tu seras meilleur qu'eux tous. J'ai confiance en toi Syuhei et tu ne dois pas douter, même si c'est dur, même si tu veux abandonner, même si tu voudrais mourir tant c'est dur. Il faut vivre des moments difficiles pour être heureux ensuite et c'est juste la mauvaise passe de ta vie. Tu ne dois pas baisser les bras, au contraire, cela doit t'aider à te construire, à devenir encore plus fort que tu ne l'es. Hui Liang est là pour toi et je le suis aussi. En attendant, je te décharges de la boutique de Séoul. Je te demanderais simplement ton avis quand aux employés.” Je cesse de parler en remarquant ses grattements incessants, si incessants que sa peau se rougie. Malheureusement, je ne sais que trop bien ce que cela signifie. “Syuhei... Arrête de te gratter.” Mon ton est bien moins amical, il se transforme à nouveau en celui d'un grand frère bien trop inquiet pour la santé de l'être le plus important de son monde.

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POINT : 378 MERDES LAISSÉES : 695

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Si, bien sûr, comme tout le monde j’ai eu des moments de faiblesse. Surtout avec Hana. C’est mon trésor à moi, je ne sais rien lui refuser, et jusqu’à Liang, le sexe faisait partie des choses que je ne pouvais pas lui refuser. Cela dit, j’ai des sentiments pour Hana. J’en suis certain, sinon, il m’aurait été impossible de le faire. Je fronce le nez en regardant mon frère. Il ne le sait pas ça. Enfin si, il sait que je chéris Hana comme lui me chérit. Mais, il ne sait pas à quel point je lui suis faible. « Dans le fond aniki, je pense que je suis fou. » Quelque chose ne tourne pas rond chez moi, je le sens. Mais, aussi intelligent je puis être, il est dur de comprendre ce qui m’arrive, il est dur de me comprendre en somme.

« Je n’ai pas l’intention d’abandonner… Je n’abandonne jamais… Jamais… » Je souffle simplement ces mots. Je n’ai pas la force de lui dire merci pour le temps qu’il me libère. J’ai envie de pleurer. J’ai envie de taper dans quelque chose. Putain. Encore ces sauts d’humeur de merde. Je ne l’entends plus. J’ai déconnecté. Ça m’arrive de plus en plus souvent. C’est effrayant. Je n’y suis pas habitué. Mes ongles continuer d’esquinter ma peau, et je crois que j’arrête de me gratter lorsque je sens le liquide au goût argenté tâcher mes doigts. Je regarde la plaie à mon bras. « Merde… » Je sais que Shuji va me trainer dans la salle de bains pour me soigner. Mais là, j’ai surtout besoin de me défoncer. Le manque commence à se faire sentir avec force. En ce moment, je ne carbure qu’avec ces substances. Sinon, je craquerais, sinon je casserai la gueule à quelqu’un, et je n’ai pas spécialement envie de finir en prison parce que je n’ai pas le droit de me servir de mes compétences en arts martiaux. Putain. Je vais trop loin dans la pensée là. « Aniki… mes médocs… ils sont où ? » A défaut de ne pouvoir sortir la dopte dans l’immédiat, la médication légale me fera tenir le coup.
”

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Syuhei ∞ Shûji

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Mon frère est fort, je l'ai toujours dit. Il est fort, brave et ne renonce jamais, comme il vient de me le confirmer. Je n'ai pas peur pour lui, je n'ai jamais eut peur, du moins je n'ai pas peur que les autres le blessent car s'ils le font, il se vengera et sera toujours plus fort. Si je n'ai peur ce n'est que d'une chose, qu'il se détruise lui-même. Je suis dur avec lui, je le surprotège, je ne lui laisse aucun répit, aucune liberté. J'ai conscience qu'en agissant ainsi il ne risque que de faire pire encore mais je ne sais pas me contrôler. Je suis juste terrorisé à l'idée qu'il puisse faire une overdose, vriller complètement, devenir fou. J'ai peur que Syuhei se détruise à petit feu et ne s'en rende même pas compte. Lorsque je le vois se gratter de plus en plus fort, laisser des marques sur sa peau, je sais qu'il ne m'entends plus. Il est dans une sorte de transe, ça lui arrive parfois et je déteste ces moments où mon frère m'échappe complètement. Une main sur son poignet, je tente de l'arrêter, répétant son prénom, de plus en plus fort. Rien à faire, il n'est plus vraiment là. Il ne s'arrête que lorsque le sang coule et je serre les dents pour ne pas lui hurler dessus et me lancer dans une énième morale. Il n'a pas besoin de ça, pas maintenant.

Il me demande ses médicaments et je ne peux m'empêcher de soupirer, bien que j'admettes préférer ça à la drogue qu'il cache de plus en plus. Je murmure, osant à peine le regarder de peur de m'énerver. “Viens...” Je le traîne à la salle de bain et pousse sur ses épaules pour qu'il s'assoit sur les toilettes. Je fouille ensuite dans les tiroirs et en sort ce qu'il veut, ce dont il a besoin. Je vide ensuite le verre à brosse à dents pour le remplir d'eau et le lui tends. “Tiens. Tu les prends, et tu me donnes ton bras.” Oui, c'est un ordre. Je vais soigner ça et il n'a absolument pas le choix. Me détournant, je fouille à la recherche du nécessaire mais malheureusement, je ne sais que trop bien où il se trouve. Revenant près de mon frère, j'imbibe le coton de solution et le presse ensuite sur la plaie, nettoyant d'abord le sang avant de désinfecter la plaie puis la bander. “Syuhei...” Je relève les yeux vers lui, accroupis devant lui, posant mes mains sur ses genoux. “Je t'en prie... Ne me fais pas te perdre. Tu es peut-être fou, mais il y a toujours quelqu'un qui pourra t'aider.” J'ai peur, je suis terrorisé. Plus le temps passe et plus j'ai l'impression de perdre l'être qui m'est le plus cher au monde et ça, je ne pourrais pas le supporter.

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POINT : 378 MERDES LAISSÉES : 695

there's a missing part in me i can find in you.

Je me tiens à son bras. Il me tire, il me traîne hors de la cuisine pour la salle de bains du bas. J’ai l’impression d’être une sorte de zombie sur ce coup là. Je bouge sans rien contrôler, je marche par automatisme. Moins j’utiliserai ma volonté, moins je tenterai de réfléchir, et plus je me donnerai l’illusion de ne pas avoir besoin de pilules quelconques. Shuji m’assoit sur les toilettes, et je le regarde s’agiter.

Mes doigts se ferment sur les médicaments, et je les mets directement dans ma bouche, avalant sans avoir besoin de l’eau, tenant bêtement le gobelet plein dans mon autre main, alors qu’il avait déjà pris mon bras blessé pour s’en occuper. Je crois que ça pique, mais je ne suis pas sûr de tout bien ressentir. Je baisse le regard pour rencontrer celui de Shûji. Je sais qu’il s’inquiète pour moi, je sais que je suis l’une des causes de l’apparition prématurée de cheveux blancs chez lui. Mais, je ne sais pas guérir. Je n’arrive pas à guérir. Je ne peux pas guérir je crois bien.

Dans ces moments là, je me rends compte que je redeviens enfant. Pourtant je juge que mon enfance n’était pas si malheureuse. Un peu bancale, mais pas hideuse. Pourquoi je prends ce comportement là ?

Je nie de la tête, et je lâche le gobelet, le laissant se vider au sol, posant mes mains sur les siennes. « Personne ne peut m’aider… sinon… on aurait déjà trouvé non ? Aniki… tu n’es pas le seul à avoir peur… j’ai peur à chaque fois que je mémorise un nouveau visage… un son… que je compte le nombre de pavés qu’il y a sur la route… j’ai peur… quand je pète les plombs… que je crie et que je tape dans n’importe quoi… au moins les pilules calment mon esprit… me calment… et calment ma peur du coup… non ? »

”

POINT : 70 MERDES LAISSÉES : 644 ÂGE : 36

Syuhei ∞ Shûji

Without you, I'm missing a part of myself.

Mon frère a peur et moi je suis tétanisé. Je ne peux pas le comprendre, je suis impuissant et je n'ai aucune idée de ce qu'il peut ressentir. Pour la première fois de ma vie, je ne peux rien faire pour lui. Je lui donnerais monts et merveilles, je me tuerais à la tâche pour le rendre heureux, pour lui donner tout ce qu'il veut, tout ce dont il a besoin mais à cet instant, je suis pieds et poings liés. Syuhei est victime d'une maladie qui n'en est pas vraiment une ou alors nous n'avons pas encore su y mettre de nom. Au début, cela m'impressionnait, je le jalousais même de pouvoir retenir tant de choses si facilement alors que j'avais à travailler dur pour le même résultat mais avec le temps je me suis rendu compte que c'était un fardeau, un poids trop lourd à porter mais dont on peut se séparer. Syuhei n'est pas faible, non, mais il se fatigue comme tout être humain et il commence à s'user. J'ai peur qu'il en ait marre de se battre, qu'il se laisse chuter, qu'il soit trop fatigué et qu'il cède. J'aurais cédé des années plus tôt à sa place, je n'aurais jamais supporté. J'admire mon frère pour sa ténacité mais je me rends compte que les derniers mois ont été plus dur, plus long, plus éprouvant pour lui.

Personne ne peut l'aider, il a malheureusement raison. Pourtant je ne perds pas espoir, je veux encore y croire, j'y croirais jusqu'à ma mort. L'eau se déverse mais je n'y fait pas attention bien que je déteste avoir les pieds mouillés, ma petite personne est la dernière de mes préoccupations. “Je préfère que tu prennes tes médicaments plutôt qu'autre chose Bébé... Je sais que ça te fais du bien un instant mais j'ai peur qu'ensuite, ça ne fasse qu'empirer les choses. Tu es ce que j'ai de plus précieux au monde Syuhei et je ne perdrais pas espoir.” Il est hors de questions que je renonce, peu importe où je devrais aller pour trouver un spécialiste, peu importe le prix que ça me coûtera, pour mon petit frère je pourrais même me ruiner. “Tu me suivrais si je trouvais quelqu'un?” Je n'ai personne encore sous la main mais pour commencer à chercher, il me faut son accord. “S'il-te-plaît, fais-moi confiance une dernière fois.” Je lui en demande beaucoup, j'en suis conscient et s'il refuse je ne pourrais que comprendre. Mon frère s'éteint à petit feu, il lutte en vain pour rester dans la lumière mais l'obscurité est trop puissante. Je voudrais juste l'aider à retrouver un peu de force.

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POINT : 378 MERDES LAISSÉES : 695

Je suis las. Las de cette vie que je mène. Ou du moins les conditions dans lesquelles je la vis. Je ne manque de rien, sauf de repos. Je ne manque de rien, sauf de compréhension. Je ne manque de rien, sauf de sommeil. Je manque des basiques. Je manque de ce qui est normal pour tout le monde. Je manque de stabilité mentale. C’est ce que je me dis de plus en plus. Parce que le fait d’être surdoué peut mener à la dépression et autres dérèglements psychiques de par la prise de conscience dont on fait preuve.

Je crois que je passe sérieusement par cela.

Mes bras se ferment, autour du cou de mon frère. Fermes. Ils s’accrochent à son cou. Je m’accroche à lui. « Je te ferai toujours confiance, donc, si tu dis trouver quelqu’un qui pourra m’aider, je n’aurais rien à perdre à essayer une dernière fois. Mais ne me demande pas plus d’efforts, pas plus de sacrifices, parce que je n’en suis plus capable. Je n’ai plus la force de me battre contre quoi que ce soit, et encore moins moi-même aniki… je veux juste apprendre à vivre avec, pour de vrai cette fois, et non pas faire semblant de voir mon mal être disparaître, parce que ce n’est absolument pas le cas… » Bien sûr que je lui fais confiance. Je lui en ferai toujours. S’il me dit de sauter, je saute. S’il me dit de tuer, je tue. Alors je le serre, je le serre dans mes bras, les yeux clos et gardant silence. Je ne sais plus quoi dire. Je n’ai plus les mots, je n’ai plus la force et je n’ai plus le courage. J’aimerais dire que j’ai encore la motivation, mais même cela, je n’en suis pas certain. Alors, je vais arrêter de l’ouvrir et ramener la terreur sur le visage de mon frère à chaque fois que je prononce un mot. Si je vais mal, il va mal. Ça a toujours été comme ça, et ça fait longtemps que nous savons que cela ne changera jamais. Résultat, j’attends, j’attends que le mal passe grâce aux cachets, j’attends que le manque déserte pour une heure ou deux. Et j’attends de tomber de sommeil aussi, pour ne plus avoir à penser à quoi que ce soit.

POINT : 70 MERDES LAISSÉES : 644 ÂGE : 36

Syuhei ∞ Shûji

Without you, I'm missing a part of myself.

J'ai peur oui, mais je ne dois pas le montrer. Je suis certain qu'il le sait mais je me refuse à laisser paraître plus d'inquiétude que nécessaire. Dans ces moments-là, je sais quelle est ma place, je suis son grand frère. Je ne dois pas avoir peur, je dois le rassurer, lui donner une direction à suivre ou des conseils. Je suis son grand frère et je devrais lui apporter une solution. Aux propos qu'il tient, je me rends compte que la solution à son mal être n'est sans doute pas la guérison mais plutôt la compréhension. Syuhei doit savoir ce qu'il a, il doit comprendre, il doit le dompter, apprendre à vivre avec. Il a toujours eut besoin de savoir, pourquoi n'ai-je pas pensé à cette solution plus tôt? De tous les médecins, aucun n'a prit le temps de lui poser des questions. Celles de base simplement, celles que l'on pose à quelqu'un de malade mais... Et si Syuhei avait besoin qu'on lui pose de réelles questions, si le problème n'était pas physique mais mental comme il dit. La solution ne serait autre qu'un psy. Psychanalyste, psychologue, psychiatre même. Je ne sais pas mais je trouverais, quitte à rencontrer les médecins en personne avant de l'accompagner. “Je sais que tu es fatigué Petit Cœur, je ne le sais que trop bien. Je promets que cette fois sera la dernière.” Je n'ai encore jamais trahit l'une de mes promesses. Je mordille ma lèvre inférieure un instant puis prends son visage entre mes mains et l'oblige à me regarder. “Syuhei, je te promets que je trouverais le bon. Je trouverais celui qu'il te faut. J'y passerais des mois, des années même s'il le faut, j'irai partout mais je le trouverais.” Il ne peut plus vivre ainsi alors j'espère que je pourrais le trouver en quelques semaines tout au plus. Je suis prêt à engager quelqu'un pour faire les recherches et me prendre des rendez-vous, je n'ai aucun scrupule, aucune limite lorsqu'il s'agit de lui.

Je le laisse se reposer contre moi, c'est tout ce à quoi je peux servir pour l'instant, être son piller, être près de lui et le soutenir. Ce n'est pas grand chose à mes yeux mais je suis pieds et poings liés. Serrant mes bras autour de son corps que je n'ai jamais trouvé aussi fragile, je me redresse et le prends avec moi. Je ne suis pas très costaud, je ne suis pas l'homme le plus musclé de la Terre mais je suis encore capable de porter mon frère jusqu'à son lit lorsqu'il va mal. Je pourrais passer des heures à la salle de sport si ce n'était plus le cas, juste pour être certain d'avoir ce petit plus lorsqu'il est au plus bas. À peine ai-je passé le seuil de la salle de bain que Ryû et Diva se jette à mes pieds en piaillant. J'ignore rarement les demandes de ma chienne mais elle attendra aujourd'hui, d'un léger geste je leur demande de s'écarter. “Je crois que ton chien me remplacerait s'il le pouvait.” J'esquisse un rire et dépose enfin Syuhei sur son lit. J'entre rarement dans sa chambre depuis qu'elle est à l'étage et mon souffle est court. Je suis fatigué. Aiden a peut-être raison, je devrais me mettre au sport. “Oh bordel, je suis trop vieux pour ces conneries.” Me laissant tomber sur le lit, je regarde mon petit frère et sourit encore. “Ne dis à personne que je viens de dire ça.” Je ne suis pas des plus doué pour détendre l'atmosphère mais on ne pourra pas dire que je n'essaye pas. De toute façon, je sais qu'il dormira bientôt. Je préfère qu'il se souvienne de mon visage souriant plutôt qu'inquiet avant de fermer les yeux.

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POINT : 378 MERDES LAISSÉES : 695

Shuji peut me promettre ce qu’il veut, je croirai toujours aveuglement à chacune de ses promesses. On ne se rend pas compte, on ne voit pas à quel point je me noie sous mes complexes, à quel point je peux être blessé, à quel point le regard de ceux que j’aime est important pour moi. C’est con, mais, jamais je ne pourrais réellement aller à l’encontre des avis de mon frère. La seule chose qui soit exception à cette règle, est mon addiction aux drogues. Mais sans ça, je crois que j’aurais déjà tout lâché il y a fort longtemps, et Shuji le sait. « Je ne dois pas être ta priorité non plus aniki… »

Je n’ai toujours pas défait mon étreinte autour de son cou. Je suis toujours appuyé contre lui, je suis toujours délaissé contre lui. Je peux rester comme ça ? Comme lorsque nous étions enfants, que je venais d’arriver au Japon, que mon père me manquait, que notre mère nous laissait seuls, que ton père n’était jamais là. J’ai encore ce besoin d’être collé à mon frère, d’être collé à mon modèle. J’ai beau chercher mon indépendance, j’ai beau tisser et continuer de coudre l’étoffe de ma vie, pour les finitions, j’aime bien avoir l’approbation de mon grand frère.

Il me soulève. J’ai dû encore maigrir, puisque la dernière fois qu’il avait tenté de faire ça, il avait légèrement grincé des dents, je m’en souviens parfaitement, et là, il ne le fait pas. Je me souviens toujours de tout. Alors, comme l’enfant que je serai toujours à ses yeux, je me fais tout petit alors qu’il me porte à l’étage. Je me sens coupable, parce qu’il commence à fatiguer. Alors qu’il me pose dans le lit et se jette dans celui-ci, un petit rire m’échappe. « tu n’es pas trop vieux… tu ne seras jamais trop vieux… » Je me blottis encore contre lui, commençant enfin à me calmer. Je me tiens à ses vêtements, fermant à nouveau les yeux. « Pars seulement si je dors… reste avec moi en attendant… » Sinon, je ne dormirai pas, mais j’ai pas besoin de rajouter cela, il le sait, que je ne dormirai pas, pas sans lui, pas ce soir.

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