calm down boy, it's gonna be ok

La journée avait pour le moins été intéressante, vide, inutile. Le genre de journée à laquelle blondie ne faisait pas attention, le genre de journée qui ne méritait pas qu'elle s'en souvienne. Après son service au bar c'est donc tout naturellement qu'elle avait repris le chemin de son appartement, coupant au court en passant par les petites ruelles de Suwon. N'importe qui la penserait inconsciente d'emprunter ce genre de passage ; après tout, de loin elle n'était qu'une jeune-femme menue, au décolleté prononcé et au short provocant. Seulement, c'était bien mal la connaître. Évidemment, si un groupe de mecs balèzes et dérangés lui tombait dessus, elle se prendrait des dégâts, mais elle se savait capable de leur échapper sans soucis. La fuite, ça aussi, ça avait fait parti de son apprentissage. Ce soir-là cependant, aucune menace ne vint perturber son retour, seulement une respiration sifflante dans une ruelle perpendiculaire à celle de la jeune-fille. Son appartement n'était plus qu'à une centaine de mètres, là où la chaussée redevenait éclairée, la raison, la prudence lui criait de poursuivre son chemin et pourtant elle s'était bel et bien arrêtée. Pire encore, après une légère hésitation elle décida de chercher la provenance de cette dite respiration.

Elle reconnaissait ce corps, elle reconnaissait ce visage Merde. Merde, elle n'aurait jamais dû s'arrêter. Elle ne devait pas se mêler de ce genre d'affaires. Mais elle pouvait encore moins rester impassible. Ce syrien finirait par lui causer du tord. Pestant contre elle-même, et contre son incapacité à l'ignorer, elle s'approcha de lui et s'agenouilla à côté de lui Tasyr, tu m'entends ? S'il l'entendait, s'il était conscient, ce serait déjà ça de pris. Son regard se posa sur l'abdomen de l'adolescent, ensanglanté. À première vue, rien de grave, mais qui risquait de lui coûter la vie si personne n'agissait. Qui d'autre passerait par là cette nuit ? à part quelques clochards, personne. Elle reposa son attention sur son visage, dégageant les mèches qui cachaient sa vue Tu sais bouger ? Une centaine de mètres, c'était tout de qu'elle lui demandait de marcher. Car oui, la folle qu'elle était allait réellement plonger dans les emmerdes du jeune-homme la tête la première.

calm down boy, it's gonna be ok

Hansa ne voulait pas savoir ce qui l'avait mis dans un pareil état. Elle allait se contenter de le sortir de cette merde, et puis de faire comme si rien de tout ça ne s'était jamais passé. Elle allait refuser qu'il lui soit redevable, il ne fallait pas qu'on sache qu'elle l'avait aidé. Elle avait ses propres ennemis, elle n'avait pas besoin d'ajouter ceux de Tasyr à sa liste. Elle réprima un soupir de soulagement quand il bougea, en espérant qu'il avait assez de force pour se mouvoir jusqu'à l'appartement. Il n'y avait plus qu'à prier pour que l'ascenseur ne soit pas en panne, sans quoi elle ignorait comment elle allait se démerder pour le traîner au dernier étage. Une quinte de toux et le réflexe fut immédiat : elle attrapa le bras du syrien pour le passer autour de sa nuque, sa propre main venant soutenir sa taille. Elle aurait soudain aimé être plus habillé, avoir quelque chose pour maintenir la plaie un minimum fermée le temps qu'ils arrivent jusque chez elle. Seulement, en dehors de son top imprégné à la fois de sueur, de cigarette, d'alcool et d'autres drogues elle n'avait rien. Se balader en soutient-gorge ne la dérangeait pas vraiment en soi, mais cela reviendrait à tuer le jeune-homme à coup d'infection et ce n'était pas le but.

Pourquoi Dieu l'avait-il fait si petite ? Elle l'ignorait, mais dans le cas présent elle était en train de maudire le Créateur. Elle parvint néanmoins à le supporter jusqu'au bâtiment, où elle fit le code d'entrée. Elle jeta un regard au visage du blessé, et fronça les sourcils. Était-ce de l'inquiétude qu'elle ressentait à l'instant présent ? Non, ça ne pouvait pas en être. Elle n'avait pas le droit de s'inquiéter, on le lui avait toujours interdit. Son oncle l'avait clairement mise en garde, commencer à s'inquiéter pour autrui c'était se mettre en danger. Elle était trop proche de son but que pour faiblir à présent. Une fois devant l'ascenseur, elle appuya frénétiquement sur le bouton, jusqu'à ce que les portes s'ouvrent. Ce n'était pas le résultat d'une quelconque hâte, simplement les frais d'un ascenseur capricieux. Les minutes paraissaient trop longues. Il fallait qu'ils arrivent et vite.  

calm down boy, it's gonna be ok

Son corps était un poids lourd qui entravait chacun de ses mouvements. Une partie de son être lui réclamait d'abandonner le garçon là où il était et de poursuivre sans remords. C'était par ailleurs une chose qui lui était étrangère, les remords, elle n'en avait jamais eu, elle n'était pas faite pour en avoir non plus. Alors que diable lui prenait-il ce soir de jouer les bons samaritains ? Si elle le savait, elle y aurait elle-même mis fin. Pourtant, là tout de suite, son seul soucis fut le corps de Tasyr qui bascule contre la paroi de l'ascenseur sans qu'elle fut capable de le retenir. Son état se dégradait non pas de minute en minute mais de seconde en seconde. Accroupie devant lui, elle prit son visage entre entre ses mains dans un geste qui ne lui était pas habituel Hé, Tasyr, reste avec moi d'accord ? Physiquement, il ne pouvait bien sûr aller nulle part, mais Blondie n'avait pas particulièrement envie qu'il sombre dans l'inconscience avant qu'il soit installé dans un lit. Finalement, les portes de l'ascenseur s'ouvre, et Hansa a pour seul réflexe d'y mettre la pochette qui lui servait de sac pour l'empêcher de se refermer Un dernier effort, s'il te plait. Sa voix se voulait étonnamment douce, elle même ne s'en savait pas capable. Ses bras reviennent aider le syrien à se mettre sur ses jambes, pendant que son propre dos se plaint de la masse qu'elle est en train de lui infliger.

Elle parvient à sa porte, shootant dans son sac pour permettre aux portes de se fermer. Sa clé est accrochée à sa poche par un mousqueton, comme toujours pour éviter de se la faire voler. Elle la décroche d'un geste habile pour venir ouvrir son appartement finalement. Un rapide coup d'oeil, rien ne brûle et Hansa prie pour que Chun Hei soit ailleurs. Elle n'avait pas besoin d'une colocataire trop curieuse, pas maintenant. La porte reste ouverte derrière elle, pendant qu'elle conduit Tasyr à sa chambre pour l'allonger sur le lit avec toute la précaution dont elle était capable J'arrive souffle-t-elle comme pour le rassurer pendant qu'elle part à la recherche de compresse et de désinfectant dans la salle de bain, faisant un détour par l'entrée pour récupérer son sac et fermer la porte à clé avant de revenir au chevet de l'adolescent.  

calm down boy, it's gonna be ok

Le sang. Un coeur qui bat trop vite, trop fort. Des pensées qui se bousculent. Toujours plus de sang. Hansa a chaud, trop chaud. Ses muscles la tiraillent, son dos n'a pas apprécié de devoir supporter Tasyr. Mais elle n'avait pas pu le laisser là. Toujours plus de sang, un hurlement. Non, il ne fallait pas qu'elle y pense, ce hurlement ce n'était pas réel. Et pourtant ... C'était pour ça que son oncle lui avait interdit de ressentir, qu'il ne lui avait pas appris la compassion. Hansa est trop faible, elle avait baissé sa garde, elle avait laissé son propre passé reprendre le dessus. Conceal, don't feel. Elle ne devait pas se laisser guider par ses émotions, jamais, son oncle le lui avait interdit. Elle avait l'impression d'avoir cinq ans, d'entendre l'ancien militaire la gronder parce qu'elle n'avait pas écouté, parce qu'elle s'était trompé. Oui, Hansa avait fait une erreur, jamais elle n'aurait dû sauver Tasyr. Seulement voilà, quand elle l'avait vu étendu sur le sol, suppliant, suffocant, Hansa était revenue vingt ans en arrière.

Devant elle, tout une boite remplie de matériel médical. Hansa est quelqu'un de prévoyant, tout ça, c'était pour elle, pour si un jour il lui arrivait quelque chose. Elle s'était toujours interdit de l'utiliser sur quelqu'un d'autre, elle avait brisé sa règle. Ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait dans ce genre de situation pourtant. À Séoul, elle avait vu un homme se faire tirer dessus, mais elle n'avait pas bougé. Elle s'était accroupie dans l'ombre, avait tendu l'oreille, et une fois le danger écarter elle avait pris la direction opposé. Pourquoi avait-elle agit différemment aujourd'hui ? Parce qu'elle connaissait Tasyr ? Non, c'était différent. Parce que Tasyr lui ressemblait ? C'était sans doute quelque chose comme ça.

La main du syrien agrippe sa main, elle le regarde, surprise. Il ne veut pas mourir. Son regard est presque livide mais l'appel à l'aide est clair, il la transperce, de part en part. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait ce regard, et elle eut le sentiment qu'elle faisait quelque chose de bien, pour la première fois de sa vie. Quelque chose qu'elle aurait aimé faire alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. Elle pose sa main sur le visage du syrien, ramenant doucement son regard vers elle. Je ne le permettrai pas Tasyr. Même si elle devait se battre contre tous les dieux et les diables, elle refusait de laisser cette vie s'évaporer. Du sang, de la peur, des larmes. C'était les seuls souvenirs qui lui restait de la Thaïlande, ça et le nom des constellations qu'elle avait appris par coeur quand elle était avec sa mère. Sa mère ... C'était elle la personne qu'elle avait en tête depuis qu'elle avait vu Tasyr allongé dans cette ruelle. Était-ce pour cela qu'elle l'avait aidé ? Oui, certainement. En une poignée de secondes, elle s'était retrouvée à tout ce qui l'avait toujours hantée, ces images d'horreur qui l'avait empêchée de dormir quand elle était petite. Ce hurlement qu'elle avait entendu plus tôt ce n'était pas celui de Tasyr mais celui de sa mère quand elle avait su qu'elle allait mourir. Hansa avait cru refaire l'histoire, mais ce n'était pas le cas. Est-ce qu'elle regretterait son acte quand Tasyr serait guéri ? Non, car elle n'aurait pas été assez forte pour laisser ce regard la poursuivre à nouveau.

À nouveau ses doigts dégagent le visage du syrien, s'attardant un dernier instant sur ses traits juvéniles. Si elle n'était pas assez forte contre la mort, alors à quoi avaient bien pu servir ces vingt années passées à souffrir ? Elle expire avant de se concentrer. Le t-shirt de l'adolescent est imbibé de sang, elle doit le coupe, ce qu'elle fait sans hésiter. Hansa n'est pas du genre à s'embarrasser des détails. Elle découvre la plaie avec le plus de délicatesse possible, bien consciente néanmoins que l'adolescent était en train de souffrir ça va piquer sa voix se veut détacher, comme celle d'un médecin qui sait ce qu'elle fait, qui fait ça tous les jours. C'est à moitié vrais : elle connaît les geste, mais elle ne les as jamais appliqué. Du désinfectant sur un coton, elle commence à nettoyer la plaie, évitant de porter trop d'attention au syrien, essayant de fonctionner de la manière la plus pragmatique qui soit.

calm down boy, it's gonna be ok

Quand Hansa avait relevé les yeux de la plaie, Tasyr s'était évanoui. Quelque part, elle en était rassurée, soulagée de savoir que finalement son corps lui offrait un répit. Mais son soulagement ne devait pas la déconcentrer. Sa lèvre inférieure entre ses lèvres, elle entreprit de se désinfecter les mains avant de le lui placer un pansement. Elle avait appris à recoudre, mais n'avait pas voul prendre de risque. Si elle avait été elle-même blessée, elle l'aurait sans doute fait, car après tout il s'agissait de son corps et ça lui était égal de se louper. Mais elle préféra jouer la carte de la sécurité quant à celui du syrien. Le pansement fut renforcé par un bandage, afin d'être sûre qu'il reste en place. Cependant, la plaie n'était pas la seule chose qui l'inquiétait : passant une main sur son front, Hansa put constater à quel point le jeune-homme était fiévreux. Que pouvait-elle y faire ? Attendre, c'était la seule solution. Et c'est ce qu'elle fit.

Les heures passèrent lentement. Hansa avait épongé le visage de l'adolescent avant de le débarrasser de la couche de sueur qui l'avait recouvert. Qui aurait pu penser voir un jour la thaïlandaise au chevet de quelqu'un ? Elle-même n'était pas complètement sûre de l'admettre par ailleurs. Assise sur une chaise installée à côté du lit, elle observait Tasyr sans ciller, effrayé à l'idée que son torse cesse de se soulever au rythme de ses respirations. Finalement, elle avait vu l'aube se lever, comme lors de ces nuits où - enfant - elle passait son temps à observer les étoiles jusqu'à ce que le soleil baigne la ville de sa lumière. Elle avait toujours détesté les levers de soleil, car ils étaient rattachés à de mauvais souvenirs. Pourtant, ce matin, elle se laissa aller à un sourire. Il avait passé la nuit. Finalement, la faim eut raison de sa garde, et ce n'était pas les trois minutes qu'elle passerait à se préparer des nouilles instantanées qui changeraient quoi que ce soit.

Fool ! L'insulte avait franchi ses lèvres aussi tôt son corps avait-il passé la porte de la chambre. Elle s'était absentée moins de dix minutes pour préparer son repas qu'elle déposa sur la commode la plus proche avant de se lancer vers le syrien. Tu t'es cru en état de te lever ? Son sang n'avait fait qu'un tour tandis qu'elle vint prendre la place du mur sous le bras de Tasyr, avant de le faire retourner dans le lit. Son énervement n'était qu'une conséquence de l'inquiétude. La douceur avait quitté sa voix et ses traits, elle était redevenue celle que le syrien connaissait, celle qu'il haïssait. Qu'importe, elle, elle savait qu'elle était toujours une seule et même personne : celle qui avait faiblit devant la détresse d'autrui. Bouge pas, j'vais te chercher des médocs et de l'eau.

calm down boy, it's gonna be ok

Hansa était maladroite. Elle savait manier n'importe quelle arme, courait vite, savait escalader à mains nues, se roulait un joint un moins de deux, elle baisait avec adresse, et pourtant ... Pourtant face à Taz elle se retrouvait ridiculement maladroite. Sans doute parce qu'elle ne savait pas comment elle était censée si prendre, elle n'était pas habituée à aider. T'aurais dû ouais. Elle avait envie de proférer un tas d'insultes, mais ça ne l'aurait pas aidé à garder son sang froid. La compassion n'était pas totalement partie, elle était toujours là, sous-jacente à ses traits crispés. Elle était revenue en une minute, craignant que le syrien face encore des siennes. Elle fronça les sourcils quand elle l'entendit parler. Si n'avait pas passé la nuit à veiller sur lui, elle l'aurait giflé. Cependant, quelque part, elle comprenait l'adolescent. Elle-même ignorait la raison de son geste. Elle aurait aimé hausser les épaules, lui sortir l'excuse habituelle "pour faire ma bonne action" "pour pas avoir ta mort sur la conscience" mais la vraie raison était bien plus complexe, bien plus sombre aussi. Elle était le fruit de son passé. Tu crois que je me serais fait chier à t'installer dans mon lit si ce que je voulais c'était de l'argent ? tss. Sa mâchoire était crispée, son regard fuyant. Elle finit par le reposer sur lui Je voulais pas laisser quelqu'un d'autre que moi te tuer. Et j'ai pas envie d'avoir ton cadavre sur les bras dans l'immédiat. Donc ... Elle marqua une pause, elle avait éludé la question par une pirouette, mais le syrien n'était pas idiot et elle le savait Surtout, te sens pas obligé de me remercier hein, j'ai fais que te sauver la vie. Le cynisme était de retour, à en déduire qu'elle était passé outre ses inquiétudes.

calm down boy, it's gonna be ok

Si les situations étaient inversées, que ce serait-il passé ? Hansa doutait du fait que Tasyr l'eut sauvée, mais avait-on pu prédire que l'inverse était vrai ? Elle pensait, elle pensait trop, elle ne devait pas penser. La jeune-femme se massa les tempes un instant, face à l'insolence du syrien. Si elle regrettait son geste ? Bizarrement, pas le moins du monde. Elle s'était probablement foutue dans une merde noire, et en prime, elle avait sur les bras un gamin arrogant qui se prenait pour un homme. Pourtant, elle avait beau se remémorer la scène encore et encore, rien ne changeait. Elle pourrait revivre l'instant t un nombre infini de fois, elle l'aurait sauvé inlassablement. Ce qui me dit que tu voulais pas y passer hein ? Au final, le gosse énervant qu'elle avait sous les yeux n'était pas différent de l'enfant effrayé par la mort qu'elle avait recueilli. Son regard plongé dans le sien, Hansa continuait à le voir désarmé, comme mis à nu. Elle aurait pu le lui balancer en pleine figure, ça lui aurait plu, mais elle n'en fit rien. Pour une raison inconnue, elle ne voulait pas le blesser dans son ego Arrête de jouer à ça Tasyr, si t'avais voulu y passer, tu serais pas là à me le dire. T'aurais lâché l'affaire avant même que je ne te trouve. combien de temps était-il resté là, aux bords de l'inconscience, dans cette ruelle abandonnée ? Me remercie pas si t'en as pas envie, j'y survivrai, mais ça m'empêche pas d'avoir une requête. Hansa le fixait sans ciller. Quel était donc ce service qu'elle s'apprêtait à lui demander, elle qui avait dit qu'elle ne voulait rien ? Fais pas le con, prend ces médocs, et rétablis-toi. Je compte pas te lâcher sans être sûre que tu clamseras pas dans la cage d'escaliers. Hansa, ou comment déguiser ses sentiments en condescendance ... comme si le gamin allait tomber dans le panneau.Si les situations étaient inversées, que ce serait-il passé ? Hansa doutait du fait que Tasyr l'eut sauvée, mais avait-on pu prédire que l'inverse était vrai ? Elle pensait, elle pensait trop, elle ne devait pas penser. La jeune-femme se massa les tempes un instant, face à l'insolence du syrien. Si elle regrettait son geste ? Bizarrement, pas le moins du monde. Elle s'était probablement foutue dans une merde noire, et en prime, elle avait sur les bras un gamin arrogant qui se prenait pour un homme. Pourtant, elle avait beau se remémorer la scène encore et encore, rien ne changeait. Elle pourrait revivre l'instant t un nombre infini de fois, elle l'aurait sauvé inlassablement. Ce qui me dit que tu voulais pas y passer hein ? Au final, le gosse énervant qu'elle avait sous les yeux n'était pas différent de l'enfant effrayé par la mort qu'elle avait recueilli. Son regard plongé dans le sien, Hansa continuait à le voir désarmé, comme mis à nu. Elle aurait pu le lui balancer en pleine figure, ça lui aurait plu, mais elle n'en fit rien. Pour une raison inconnue, elle ne voulait pas le blesser dans son ego Arrête de jouer à ça Tasyr, si t'avais voulu y passer, tu serais pas là à me le dire. T'aurais lâché l'affaire avant même que je ne te trouve. combien de temps était-il resté là, aux bords de l'inconscience, dans cette ruelle abandonnée ? Me remercie pas si t'en as pas envie, j'y survivrai, mais ça m'empêche pas d'avoir une requête. Hansa le fixait sans ciller. Quel était donc ce service qu'elle s'apprêtait à lui demander, elle qui avait dit qu'elle ne voulait rien ? Fais pas le con, prend ces médocs, et rétablis-toi. Je compte pas te lâcher sans être sûre que tu clamseras pas dans la cage d'escaliers. Hansa, ou comment déguiser ses sentiments en condescendance ... comme si le gamin allait tomber dans le panneau.