Without you I'd be so lost

Heaven & Moon

La nuit est tombée, les bruits de circulation m'assourdissent et les rues sont presque vides, seulement peuplés de quelques hommes et femmes que je qualifierais d'étranges. Tout allait bien, je n'ai pas eut trop de clients au cinéma et ceux qui sont venus étaient gentils et agréables avec moi. Comme j'ai fini plus tard que prévu à cause d'un gros groupe, je n'ai pas pris la peine de me changer et je porte encore les vêtements qui sentent le pop-corn, cette odeur va finir par me donner envie de vomir. D'ordinaire, je prend toujours le même chemin pour rentrer, mais j'ai cru à un raccourci et me suis engouffré dans une ruelle, puis une autre, suivit l'artère principale puis basculer dans une autre. Seulement désormais, je suis bien incapable de retrouver mon chemin, et je commence à me sentir très mal à l'aise.

À vrai dire, je ne suis jamais à l'aise lorsque je suis en terrain inconnu, ou en présence de personnes que je ne connais pas. Je suis timide, peu avenant et surtout, j'ai peur d'autrui. Le seul travail que j'ai réussi à trouver, et qui me plaisait, c'était ce poste au cinéma, seulement il n'est pas dans un quartier où je me sens bien. Cet endroit me terrifie, c'est pourquoi je n'ai demandé que des horaires en journées. Il a suffit d'une quinzaine de personnes pour dérégler mon quotidien. Pour les gens normaux, ce ne serait qu'un infime détail, mais pour moi, c'est une perturbation importante. Je planifie toute mes journées afin de n'être jamais pris au dépourvu, je sais exactement ce que je dois faire à chaque heure de ma journée et là, au vue de l'heure, je devrais être dans les bras de mon colocataire, à lui raconter ma journée.

La panique commence à prendre le dessus, je sens que si je ne trouve pas rapidement une solution, je vais vraiment perdre pieds et une crise d'angoisse surgira plus vite que je ne l'imagine, sans doute. Il ne me reste plus qu'une option, appeler Ren. Je sors rapidement mon téléphone et compose le seul numéro que je connaisse par cœur en dehors du mien, à peine deux sonneries et il décroche, s'inquiétait-il ? « M..Moonie ? C'est Heaven.. Je.. Pardon de te déranger, je voulais pas mais.. Je me suis perdu.. Il fait nuit et il y a des gens bizarres dans la rue. Ils me suivent du regard, il y en a partout.. J'ai peur Moon.. Viens me chercher.. Pitié... » Sans doute y a-t-il un peu de paranoïa dans mon discours, mais comme je l'ai dis, la panique me gagne vite. Je déteste déranger les gens, surtout ceux à qui je tiens, mais il est le seul qui puisse venir me sauver sans me juger.

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Je n'avais pas vu l'heure. Il commençait déjà à faire nuit, j'étais seul à l'appart'. Foutue solitude. Qu'est-ce que je m'ennuie sans toi. Après les cours, nous n'avons pas pris le même chemin, toi tu devais aller au cinéma pour le boulot. On avait chacun un boulot pour payer le loyer de cet appartement. Aujourd'hui, je ne travaillais pas, contrairement à toi. Apparemment c'est un job qui te plait, tu ne t'en ais jamais plains. Mais je m'inquiète toujours tu sais. Surtout lorsqu'il fait nuit et que tu n'es toujours pas rentré. Du boulot en plus ? Je ne cesse de me persuader que tu vas rentrer d'une minute à l'autre. Sauf que ces minutes ce sont transformés en heures. J'ai essayé de t'appeler mais tu n'as pas répondu. Sûrement étais-tu occupé avec des clients ? Sans oublier que sérieux comme tu es, tu n'allais sûrement pas regarder ton portable avant la fin de ton service.

Quelques minutes plus tard, mon phone se met à vibrer affichant ton nom à l'écran. Sans tarder je décroche t'écoutant parler avec cette inquiétude dans ta voix. De la peur. « Garde ton calme Heaven, j'arrive tout de suite. » dis-je avec calme pour me montrer rassurant afin d'éviter toute crise d'angoisse de ta part. Sans tarder, je sors de l'appartement enfilant une veste. Comment retrouver une personne perdue ? Mh... Je commence alors à courir en direction du cinéma, à cette heure-ci les bus se font rare, je n'allais pas donc pas perdre de temps à en attendre un. Essoufflé, j'arrive enfin au cinéma. Marchant aux alentours en me demandant où tu avais pu aller. Étant donné que tu as fini plus tard que d'habitude, je me dis que tu as dû passer par les petites ruelles afin de rentrer plus rapidement chez nous. Mais qu'en est-il de ton sens de l'orientation ? J'emprunte donc les petits chemins en te cherchant. Mais il n'y a personne. Je sors alors mon portable composant ton numéro, continuant d'avancer et attendant que tu décroches. Impatient. « Heaven t'es où ?! » ai-je crié en espérant que tu me répondes. J'entends alors des gens. Des types bizarres ? Je ne dois pas être très loin de toi alors. Je ne cesse de me répéter des répond, répond, répond, jusqu'à ce que tu décroches enfin. « Heaven ? Je suis là, dis-moi où tu es. » Ignorant les gens autour de moi et n'arrêtant pas mes recherches, j'arrive dans une petite ruelle qui conduit à un cul-de-sac, te trouvant enfin. « Heaven ! » fis-je tout en avançant pour que tu me remarques. Je continue d'avancer vers toi, je t'ai enfin trouvé. « Tu vas bien ? Il ne t'est rien arrivé ? » dis-je  en te prenant dans mes bras pour te serrer contre moi pour te rassurer - et me rassurer moi aussi. Car tu sais bien que je m'inquiète toujours.

Without you I'd be so lost

Heaven & Moon

Je tente de me raisonner, de me dire qu'il ne peut rien m'arriver, qu'il ne m'est rien arrivé depuis longtemps et que ça ne changera pas ce soir. Seulement la panique prend le pas sur la raison et j'accélère le pas, resserrant mon manteau autour de mon corps frêle, mes doigts se pressant sur mon portable. Ren va venir, il va venir me chercher, je ne devrais pas bouger. Il me semble que l'on me parle, je ne sais pas, je ne sais plus, mon cerveau se bloque et ne se concentre que sur les battements de mon cœur et ma respiration. Je ne sais pas combien de temps cela dure, mais lorsque les vibrations de mon téléphone me font revenir à la réalité, je suis face à un mur au fond d'une ruelle. Je regarde mon écran, me rendant compte que je suis essoufflé. Ai-je couru ? Sans attendre plus, je décroche. « Je.. Je ne sais pas.. Je suis dans une rue avec un mur, je suis tout seul, il y a des lumières et des grosses poubelles. » Je tourne autour de moi pour donner un maximum de détail à mon sauveur.

Je veux qu'il arrive maintenant, je suis perdu, je n'arrive même plus à arranger mes pensées. Mon souffle se fait régulier, peu à peu et le froid me rattrape. Enfin, tel un mirage, je vois la silhouette de Ren se dessiner au bout de la rue et sans attendre, je le rejoins, me laisser complètement aller dans ses bras. J'inspire longuement, son odeur me calme, m'apaise. J'entends son cœur battre et ce simple son réduit mes angoisse. Lorsqu'il est là, tout va mieux. « Je me suis perdu... Mais je vais bien je crois, non, ça va, je vais bien. Pardon de t'avoir fait venir, pardon de m'être perdu.. J'ai fais une bêtise, pardon.. » Je resserre mes doigts sur sa veste, je sais qu'il ne me laissera pas, qu'il ne partira pas et surtout, je suis conscient qu'il a dû s'inquiéter pour moi alors que j'aurais pu me débrouiller seul. Je suis ici depuis bientôt trois ans et pourtant, j'ai l'impression de ne rien connaître de cette ville.

« Ramènes-moi à la maison... J'ai froid... » J'ai toujours l'air désolé, je le suis vraiment. J'aimerais prendre sa main pour marcher, parce que je sais qu'avec lui, je ne pourrais pas me perdre. Seulement j'ai peur que les gens nous regardent dans ce quartier, je crois que ce n'est pas quelque chose qu'ils ont l'habitude de voir. Alors je vais le suivre, de près. Je ne risque plus rien maintenant, Moonie est là et il me protégera toujours, il l'a promit.

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J'ai beau te dire de garder ton calme, je dois être aussi paniqué que toi. Je pouvais sentir la peur qu'il y avait dans ta voix. Le fait de te savoir seul dehors ne me rassurait pas. Comment fais-tu pour m'inquiéter autant ? Cherchant ce mur qui t'empêchait de continuer ton chemin, je ne perdais pas espoir, je savais bien que je finirai par te retrouver. On fini toujours par se retrouver. Comme lorsque tu as dû aller à l'université tandis que moi je devais attendre un an de plus pour pouvoir te rejoindre. On s'est pourtant retrouvé et rien à changer entre nous, quoique j'ai même l'impression que l'on est encore plus proche qu'auparavant.

Évitant les gens autour de moi, ne faisant attention qu'aux détails que tu me décris et à ta voix. Lorsque j'arrive au bout de la ruelle, je te vois. Naturellement, on se rejoint et tu viens dans mes bras. On a toujours été très tactile. Je te serre alors dans mes bras écoutant tes explications. Mais tu me dis que tu vas bien, alors je me sens déjà plus rassuré. Lorsque tu t'excuses, un petit sourire s'affiche sur mes lèvres. Tes excuses ont toujours été aussi enfantines que toi. Pourtant tu sais très bien que tu n'as pas besoin de t'excuser. « T'inquiètes pas, Heaven... » t'ai-je chuchoter. Tu me dis alors que tu as froid et que tu voudrais rentrer. Depuis combien étais-tu dehors ? « Oui, rentrons. » te dis-je avec un sourire tout en te libérant de mon étreinte. Je viens alors passer mon bras par dessus ton épaule, te gardant près de moi et te protégeant du froid. « Allez, t'as pas intérêt à te perdre maintenant ! » dis-je en rigolant. On aurait dit un enfant qui a fait une bêtise, je veux tant te faire sourire. « Fais pas cette tête, t'en fais pas. » J'en profite alors pour t'ébouriffer les cheveux. Penses-tu que tu m'a dérangé en me demandant de venir te chercher ? Depuis le temps, tu devrais pourtant savoir que non. Comment pourrais-je te faire comprendre qu'en réalité, tu me manquais ?

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Heaven & Moon

Ren me fait sourire, grâce à lui j'ai déjà pu faire de grandes choses dont je ne me serais jamais cru capable. Je ne voulais pas travailler par exemple, j'avais peur et j'ai dépensé en une année presque la totalité des économies que ma grand-mère avait faites pour moi. Lorsqu'il est arrivé, il m'a secoué, il m'a dit que je ne devais pas avoir peur et que le meilleur moyen pour me sentir plus à l'aise avec les autres, c'était d'aller travailler. Il m'a aidé à trouver un emploi, il a parlé au patron pour moi, pour que je ne termines jamais trop tard, pour que je puisse rentrer chez moi avant les rues ne commencent à être mal fréquentés. Ren est mon pilier, il est la bouée qui me permet de ne pas couler, il est celui qui m'aide à vivre une vie de plus en plus normale. Il est devenu à mes yeux la personne la plus importante au monde et sans lui, je ne suis plus rien. Il est la personne qui m'aide aussi à m'habituer à un contact physique normal. Il s'occupe de moi, il me câline, il me défend.  Je lui fais une confiance aveugle parce que je sens qu'il me rend adulte et jamais je ne le remercierai assez. « Je ne me perds jamais quand tu es là ! » Il me montre le chemin.

Je ne sais pas si nous sommes loin de la maison ou non mais ça n'a plus vraiment d'importance. Son bras sur mon épaule m'apporte de la chaleur et me rassure. Je pourrais marcher ainsi pendant des heures. « Dis, on est loin de la maison ? » Mon sac est un peu lourd cependant, je suis venu travailler directement après les cours et j'ai emprunté trois livres à la bibliothèque, des gros livres, en plus de mes nombreuses affaires de classe et de mon uniforme de travail. J'affiche une légère moue et remonte le sac sur mon épaule, rapprochant ensuite mon corps du sien pour qu'il comprenne que je ne veux pas qu'il retire son bras, bien que je doute qu'il ait songé un instant à l'enlever. « Tu as passé une bonne journée ? C'était bien l'école ? Tu as vu tes amis ? » Je ne sais pas réguler mon flot de question, lorsque je pense à quelque chose, je dois le lui demander. Et puis, je veux savoir avec qui il a passé la journée parce qu'il y a certains de ses amis qu'il voit beaucoup, et je n'aime pas trop ça, je suis un peu jaloux. « Je t'ai manqué un peu ? Parce que moi, quand le professeur parle de quelque chose que je sais déjà et que je m'ennuie, je pense à toi et je me demandes ce que tu fais. Des fois j'ai envie de t'envoyer des messages mais je peux pas, parce que je suis en cours. » Je soupire encore, je n'aime pas ne pas tout savoir, surtout quand je sais que Ren est près de moi. J'ai fais un pas, désormais je laisse mon téléphone allumé en classe mais je n'ai pas encore eut le courage de le sortir même si j'en meurs d'envie.

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T'ayant retrouvé, on commence alors à reprendre le chemin en direction de notre chez-nous. Tu souris, enfin. Tu me dis alors que tu ne peux pas te perdre lorsque tu es avec moi. Ce qui me fait sourire aussi. Sur le chemin, je continue de te garder près de moi, comme pour ne pas que tu te perdes. Ou pour te protéger. Peut-être parfois suis-je trop protecteur, ou même envahissant ? Du moins c'est ce que pourrais penser n'importe qui. Sauf toi. Au contraire, la présence de l'un rassurait toujours celle de l'autre. Lorsque tu hésites ou que tu n'oses pas, je suis là pour te pousser et t'aider à avancer. Et lorsque j'agis comme un gamin, t'es là pour me faire de me comporter comme un adulte. T'es sensible, je suis susceptible. On se comprend même sans échanger un mot. Une vraie complicité nous lie.

Il fait nuit et les seules personnes qui errent dans le coin semblent peu fréquentables. Le genre de personnes que je voulais justement que tu évites. Alors que nous avançons, tu me demandes alors si nous sommes loin de la maison. À vrai dire, les rues n'étant pas tellement éclairées, c'est assez compliqué de s'y retrouver. Je déteste l'obscurité, on n'y voit rien. Il y a, certes des lampadaires mais elles ne sont pas très nombreuses. Certaines semblent même de pas marcher. Aish ce quartier est si pourri. « Mh... On ne devrait pas être trop loin. » En courant tout à l'heure, je n'avais pas vraiment regarder les rues. Un simple manque d'attention. Je te vois remonter ton sac sur ton épaule et te rapprocher de moi par la même occasion. La moue que tu affiches sur ton visage, me fait sourire. « T'as encore foutu une tonne de livres dans ton sac ? » dis-je en rigolant. Il faut dire que c'est pas la première fois que tu rentres avec un sac encore plus lourd qu'il ne l'était avant de partir en cours. Curieux et sérieux, tu passes souvent à la bibliothèque pour emprunter des livres ou être au calme. J'ai déjà essayé de m'y rendre mais il faut avouer que c'est beaucoup trop calme et silencieux pour moi. « Aller passe moi ça. » dis-je en retirant le sac de ton épaule pour t'alléger de ce poids. Prenant le sac sur mon autre épaule, je viens repasser mon bras sur ton épaule. Puis tu me demandes comment s'est passé ma journée. Mh, plutôt banale ? Les cours ? Mis à part un cours d'anglais, j'ai rien vraiment suivi, bien trop occupé à dessiner ce qui me passait par la tête. Pour ce qui est des potes, c'était l'éclate totale. Du moins, jusqu'à ce qu'on se fasse prendre parce que oui, les sanctions c'est pas drôle. « Oui, c'était une journée tranquille... Je me suis encore fait collé avec un pote, t'sais bien ce prof de maths, il a toujours quelque chose contre moi ! » Bien sûr, ce n'était pas ma faute. Faire des blagues, dessiner sur les murs et son bureau, passer son temps à rigoler puis à dormir, ne méritait absolument pas une sanction. Le prof n'avait pas non plus apprécié que je sortes de la classe en pleins milieu de son cours pour aller montrer des paroles, que je venais de finir, à Sulli. Puis que je revienne comme si de rien n'était. Bref. « Ah ce sale con... » ai-je marmonné dans ma barbe inexistante. Puis de nouvelles questions. Si tu m'as manqué et si je pense à toi ? Tu m'expliques alors que toi tu penses à moi parfois en cours. Puis lorsque tu me parles de messages, je me mets à rire. « How cute » rigolais-je en te pinçant les joues. Moi gamin ? Absolument. Je suis à la fois gamin et grand-frère. « Bien sûr que tu m'as manqué, j'ai aussi pensé à toi ! Je sais bien que tu préfères pas regarder ton phone pendant les cours... Mais tu verras, il suffit d'être un peu discret et les profs verront rien ! » Bien sûr la discrétion n'est pas mon fort et puis avec le nombreux d'étudiants qui utilisent leurs portables en cours, tu n'as pas à t'en faire. Mais ta façon de penser est tellement mignonne. « Puis au moins maintenant je reçois tes accusés de réceptions ! » Et oui, je sais que tu n'éteins plus ton téléphone lorsque tu es en cours aha.

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Heaven & Moon

Je crois que je pourrais jamais vraiment expliquer ce que je ressens pour Ren. Il est mon ange gardien venu sur Terre, mon protecteur, mon ami, mon confident. Il me protège et me rend heureux et il est le premier à m'avoir fait sentir vivant, important. Jamais on ne m'avait dit que je devais me défendre, jamais on ne l'avait fait pour moi. J'ai grandit avec lui, j'ai appris à ne plus être celui dont personne ne veut, j'ai compris que je n'étais pas une gêne pour le monde entier. Ren est le seul à avoir réussit à panser une partie de mes blessures. Le destin me l'a offert et je crois qu'il serait offensent que de demander un nouveau cadeau, parce que j'ai eut le plus beau et le plus extraordinaire que l'on puisse avoir. Lorsqu'il me regarde, je n'ai pas l'impression d'être un enfant, ou un adolescent attardé, comme je peux le voir lorsque d'autres m'entende parler. Je ne suis pas stupide, je vois toutes ces choses, je les comprends, les analyse. Je suis seulement trop faible, trop peureux, pour dépasser cette peur qui m'étreint chaque jour.

Lorsqu'il me demande si j'ai encore remplit mon sac, je prends une tête innocente. « Mh ? Non ! J'ai juste mis des livres qui parlent de la photo. Le professeur a dit que c'était bien de les lires pour la semaine prochaine. » Lire est ma seule réelle occupation en dehors de la photographie et de mon travail, alors je n'ai pas peur de rester enfermer pendant plusieurs jours afin de terminer ces ouvrages à temps. Avant même que je n'ai pu protester pour lui dire que je pouvais le porter, il retire la lanière de mon épaule pour la mettre sur la sienne et me reprendre ensuite par les épaules. Il ne servirait plus à rien de me plaindre désormais et puis, je n'en ai pas vraiment envie, mon épaule devenait douloureuse.

Je l'écoute me raconter sa journée et je ne peux m'empêcher d'être inquiet, ne risque-t-il pas d'être renvoyé s'il continue à se comporter de la sorte ? « Tu sais, c'est normal que tu sois punis si tu fais des bêtises ! Mais il devrait pas être méchant juste avec toi... » Je soupire et manque de trébucher, je me rattrape à lui et continue ma route comme si de rien n'était, ça m'arrive souvent lorsque je ne me concentre pas sur mes pas, je suis du genre maladroit à l'extrême. Et puis, à l'entente de son gros mot, je frappe le côté de son corps puisque je peux difficilement atteindre une autre partie en marchant. « Ne dis pas de jurons ! C'est pas beau ! » Je le regarde, fronçant les sourcils, il va encore dire que je suis mignon, il sait que je ne suis jamais vraiment énervé.

Je lui ai manqué, cet aveu me fait sourire. « Je suis content, mais j'ai un peu peur que le professeur me voit et que je sois punis comme toi après. » Je rougis lorsqu'il mentionne qu'il reçoit mes accusés de réception, il sait toujours tout. Il connaît la technologie bien mieux que moi, j'ai encore du mal à envoyer un texto après trois ans d'utilisation. De toute façon, je n'ai jamais eut de secrets pour lui, il lit en moi comme dans un livre ouvert et j'aimerais être certain qu'il me parle de tout aussi. D'ailleurs, il y a une chose qui attise ma curiosité. « Qu'est-ce que tu fais dans les punitions ? Tu te fais taper ? Comme à l'orphelinat ? Parce que si tu te fais taper, alors tu devrais être sage dans les cours parce que je ne veux pas que tu ais mal... »

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C'est avec ce visage innocent que tu m'expliques que tu as simplement emprunté quelques livres sur la photographie car ton prof te l'avait suggéré. Je ne sais pas combien de livres tu y a mis, mais vu le mal que tu as en portant ton sac, ils ne doivent pas être très légers. Lorsque je te retire ton sac pour le prendre, je ne t'entends pas me dire que tu peux te débrouiller, sûrement car je ne t'en ai pas laissé le temps. Puis je te raconte alors ma journée puisque tu semblais curieux à ce sujet. Tu me dis alors que c'est normal que je sois punis à cause de mon comportement. « Mais tu sais bien que c'est rien de méchant... c'est juste que je m'ennuie tellement en cours ! » te répondis-je comme un gosse qui se fait engueuler par ses parents.

Tu perds ensuite équilibre et te rattrapes aussitôt à moi. Je n'ai le temps de te dire de faire attention de ne pas tomber, que tu me donnes une frappe au niveau des côtes. Avec une mine plus ou moins énervée et les sourcils froncés, tu me réprimandes. Pas de jurons. Tu n'aimes pas ça. « Arasseo ! » Je prends alors un -faux- air boudeur en gonflant mes joues, je sais très bien que tu n'es pas vraiment énervé. À vrai dire tu t'énerves très peu. T'es plutôt du genre à te faire des reproches à toi même, qu'à t'énerver contre quelqu'un d'autre.
L'instant d'après, je me remet à sourire. On parle alors de nos journées, se demandant si l'un à manqué à l'autre. Ma réponse était tellement évidente ! Tu souris lorsque je te dis que tu m'as bien sûr manqué. Puis tu m'expliques tu ne veux pas être punis si jamais tu te fais remarqué avec ton téléphone, ce qui est tout à fait normal. Tu as toujours eu un comportement irréprochable, alors je doute que tu aies déjà été sanctionné par un prof. Je prends un air surpris lorsque tu finis ta phrase par un comme toi. « Yah ! J'suis pas le seul à avoir des punitions. » J'ai peut-être l'air vexé, mais au fond cela me fait rire. On pourrait même dire que cela m'amuse. Tes joues deviennent rouges mais avant que je ne dise quoique ce soit, tu me questionnes sur mes punitions. Si je me fais frapper ? Tu fais alors allusions à l'orphelinat où j'étais. Tu m'avoues alors que tu t'inquiètes, que tu ne voudrais pas que j'aie mal. « Non non, c'est complètement différent de l'orphelinat. Je me fais pas frapper. » Je veux pas que tu t'en fasses pour moi. Ici c'est un nouveau départ pour nous deux ; tu n'as plus à subir les horribles choses que te faisaient les élèves du pensionnat, et moi je n'ai plus subir les sanctions de l'orphelinat. « T'inquiètes pas, je ne me fais pas taper dessus. » Ici, c'est comme une nouvelle vie.

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Heaven & Moon

Je suis heureux de savoir qu'il ne se fait pas frapper ou ne reçoit aucun châtiment corporel. C'est sans doute puéril et stupide de ma part de penser que l'on peut recevoir ce genre de punition dans une université de ce standard mais je sais que parfois les malheurs sont là où ne les attends pas. Cela dit, je suis rassuré qu'il me le dise de vive voix, qu'il confirme ce que je pensais déjà. « D'accord. Alors ça va... Mais tu devrais faire attention quand même. » Être puni n'est jamais une bonne chose, sinon cela ne s’appellerait pas une punition. Je pense qu'il risque de rater son diplôme ou de devoir refaire une année si les mauvaises notes et appréciations s'accumulent sur son dossier.

Pourtant je ne commentes pas à nouveau, Ren sait parfaitement ce que j'en pense de toute façon. Je mordille machinalement ma lèvre inférieure et passe ma main droite sur mon front pour retirer la mèche de mes cheveux qui vient de tomber sur mes yeux. « Mon sac n'est pas trop lourd ? Je peux le reprendre si tu veux... » Je ne veux pas qu'il se fatigue ou se fasse mal au dos pour moi. Il est musclé et fort alors je ne pense pas qu'il se blesse avec un sac remplit de livre, cependant je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour tout et n'importe quoi.

Le vent se lève et le froid me pique le visage, me faisant frissonner. Je commence à avoir mal aux jambes à force d'être resté debout si longtemps et la fatigue prend lentement place dans mon corps. D'habitude je rentre et me couche directement, d'autant plus que j'ai classe demain. « On est bientôt arrivé ? » Je crois qu'il est aussi perdu que moi, ou du moins, qu'il n'est pas plus avancé. Ce quartier n'est pas celui dans lequel il traîne le plus et je l'ai fais venir rapidement. Je m'en veux de ne pas lui avoir laissé le temps de mémoriser le chemin, d'avoir paniqué stupidement, comme toujours.

Lorsque je suis seul, la peur m'étreint toujours, de plus en plus forte, de plus en plus paranoïaque. Cela n'arrive jamais lorsque Ren est près de moi et cela m'intrigue. Je ne comprends pas comment mon corps marche, comment mon cerveau fonctionne. N'est-ce pas étrange d'être dépendant d'une personne ? J'ai beaucoup lu sur la dépense, l'amitié fusionnelle, les frères et sœurs, les jumeaux même. La relation que j'entretiens avec Ren, ce lien si particulier qui nous lit, me donne l'impression d'être un mélange de toutes mes lectures et je ne sais pas s'il y a un nom précis pour cela, je n'ai encore trouvé aucun écrit qui en parle.

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T'as toujours été curieux. Tu me poses alors des questions pour te rassurer. Te rassurer que je vais bien, que l'on ne me fait pas du mal et que les punitions que j'ai n'ont rien de douloureux. Au final, tu dois sûrement t'inquiéter autant que moi je ne m'inquiète pour toi. Mes conneries causeront ma perte, je le sais bien. Mais tu dois savoir mieux que n'importe qui que je ne suis pas le genre de personne à rester calme. Un peu trop audacieux. Je tiens pas en place. De ce côté là, on est en quelques sortes opposé. Tu n'aimes pas prendre trop de risques. T'es beaucoup plus sage que moi. Justement, tu me dis alors de faire attention. Ce n'est jamais une bonne chose d'avoir des punitions. T'es là pour me ralentir dans mes conneries, histoire que je ne fasse pas n'importe quoi. Je suis là pour te pousser à prendre des risques. « Oui, t'en fais pas Heaven. » te dis-je simplement avec un fin sourire. Je ne peux pas d'empêcher d'être heureux lorsque je te vois t'inquiéter pour moi. Peut-être parce qu'au fond, tu as été la première personne à te soucier de moi.

J'observe les rues, nous faisant emprunter celles que je suis persuadé d'avoir emprunter. Essayant de me rappeler des différents chemins que j'ai pris, je t'écoute d'inquiéter de nouveau. Tu me demandes alors si ton sac est lourd à porter. Allant même à me dire que tu veux bien le reprendre. Je secoue négativement la tête « Ça va, je peux très bien le porter. Arrête de t'inquiéter ! » fis-je en t'ébouriffant une nouvelle fois les cheveux tout en souriant. On continue alors notre chemin et tu finis par te rendre compte que je ne connais pas très bien ce quartier. Dire que je suis venu pour te chercher car tu t'es perdu. Je risque d'avoir l'air con si maintenant on se perd tous les deux. Lorsque tu me demandes si on est bientôt arrivés, je ne sais pas vraiment quoi te répondre. Mais toujours aussi confiant en moi, je suis certain que je finirai par retrouver le chemin. Moi perdu ? Pas du tout ! Je te l'affirme alors. « Oui... J'suis sûr que c'est par là ! » tout en pointant la rue en face de nous. J'accélère alors le pas, pour que nous rentrons plus vite avant de finir geler ici. Persuadé que nous prenons le bon chemin, je réalise alors que toi tu ne m'as pas parlé de ta journée. Et puis te retrouver paniqué a réussi à mettre ma curiosité de côté. « Et toi, ta journée, elle était comment ? D'habitude tu finis pas le boulot aussi tard... T'as eu des problèmes ? » Reprenant mon rôle de grand-frère, je te questionne. Après tout il est rare de te voir dans les rues tard le soir. Tu rentres toujours avant qu'il ne fasse trop sombre. « T'es pas trop fatigué ? »

« Oh ! Cette rue.. » Je reconnais cette rue. Enfin. Un grand sourire franchit mes lèvres, on est pas perdu ! Je ne nous ai pas perdu. « T'as vu Heaven, on est pas perdu ! On arrive bientôt à la maison ! » Le fait de savoir qu'on est sur le bon chemin et qu'on arrive enfin à la maison suffit à me rendre heureux. Je suis simplement content et cela doit sûrement se voir vu le sourire qui ne quitte pas mes lèvres.

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Heaven & Moon

Je me souviendrais toujours de la première fois où j'ai vu Ren. Il m'est apparu, tel un mirage, et s'est battu pour moi. J'ai cru à cet instant, dans ma naïveté extrême, qu'un super-héros était sortit des contes pour venir me rejoindre. Il n'était qu'un être humain, sans aucun pouvoir, sans aucune mission mais pour moi, il sera toujours mon héros, mon ange gardien. C'est sans doute puéril, ou de l'utopie pour certains mais c'est ma réalité et pour rien au monde je ne souhaiterais qu'elle change. J'ai eut peur longtemps, durant l'année où je l'attendais en fait, peur qu'il n'ai plus besoin de me protéger et que, de ce fait, il n'ait plus besoin de perdre son temps avec moi. J'ai cru que je ne le reverrais plus, qu'il serait enfin libre de vivre la vie dont il avait toujours rêvé, faites de liberté, de voyages et de soirées en tout genre. Pourtant, il est revenu, il a frappé à ma porte et m'a serré dans ses bras. Ren est revenu me chercher, il revient toujours me chercher et rien que pour ça, je lui serais éternellement reconnaissant.

« Je m'inquiète pas... » De toute façon, il sait très bien que je lui poserais toujours des questions, que je m’inquiéterais pour lui et que je dirais toujours que je ne le fais pas. Parfois je me dis que j'aimerais être comme lui, j'aimerais profiter de la vie, ne pas penser aux lendemains et avoir beaucoup d'amis. Cela dit, je sais qu'un jour il me permettra de faire cela, parce qu'à ses côtés, je grandis chaque jour un peu plus. « C'était bien. J'ai eu cours ce matin, ensuite je suis allé au club pour manger seul, j'avais envie de développer mes dernières photos. Et puis, j'ai passé deux heures à la bibliothèque et je suis allé au travail. J'ai pas eu de problèmes, mais un gros groupe, je crois qu'ils étaient trente et ils voulaient tous à manger ou à boire... » J'affiche une moue à nouveau, me souvenant avoir regardé l'horloge une bonne centaine de fois pendant qu'ils passaient devant moi. Physiquement je n'ai ressenti aucune fatigue mais mentalement, j'étais épuisé. « Je suis un peu fatigué parce que d'habitude je suis déjà à la maison depuis longtemps à cette heure-ci. » Un bâillement ponctue ma phrase et je frotte mon œil de mon poing. « Tu as déjà mangé ? » Je ne l'ai pas fais et bien que mon estomac ne me le signifie pas, je pense que je devrais cuisiner en rentrant, à moins qu'il ne l'ai fait, ce qui serait étonnant.

Je ris lorsqu'il m'annonce avec enthousiasme que nous ne sommes pas perdu, croyait-il l'être pour être si joyeux ? « Oui je vois ! C'est le bon chemin ! Heureusement que tu es venu me chercher ! » Je crois que s'il n'avait pas été disponible, je serais encore terrorisé au fond de cette ruelle. Cela me semble déjà être un lointain souvenir tant je suis heureux de me trouver ici avec lui.

want to find you where am i going •••

Tu m'affirmes que tu ne t'inquiètes pas. J'ai du mal à te croire. Après tout, t'as beau me dire que tu ne t'en fais pas, on sait tous les deux que ce n'est pas vrai. Mais je ne vais pourtant pas te contredire. Ton comportement me fait sourire, je ne peux m'empêcher de te trouver mignon. D'ailleurs je te taquine souvent à ce sujet là. Et même si ça t'embête. Tu me racontes ensuite ta journée. Je t'écoutes, tu m'expliques finalement la raison de ton retard. Je fronce les sourcils, je pensais pourtant que ton patron était d'accord pour que tu aies des horaires stables et pour que tu ne finisses pas trop tard. Voulait-il que tu fasses des heures supplémentaires ? « Aish. Ton patron avait pourtant dit qu'il allait s'arranger pour que tu finisses pas trop tard. » Faisant un effort pour ne pas l'insulter, je remarque cette moue sur ton visage. «  La prochaine fois, préviens-moi et je viendrai te chercher... avant que tu te perdes ! » Je peux pas m'empêcher de te taquiner. Mais je pense tout de même que tu aurais dû me prévenir. Histoire de savoir où tu te trouves. Et surtout pour rassurer le Ren parano. En attendant, par tes mots et ton bâillement, tu me confirmes que tu es fatigué. Puis tu me demandes si j'ai déjà mangé. La réponse est assez évidente ; « Non, je t'attendais. » te dis-je avec un fin sourire. On mange toujours ensemble le soir, alors c'est normal que je t'attendes. Tu ris avec moi lorsque l'on se rend compte que c'est le bon chemin. Heureusement que je suis venu te chercher ? C'était pourtant évident que j'allais venir te chercher. « J'allais quand même pas te laisser dehors dans le froid, mon petit Heaven ! » Je ris. En peu de temps, on arrive à l'immeuble. Ah, c'est si agréable d'être à l'abri du froid. « Sérieusement, je commençais à geler !  » Sans perdre de temps, j'appuie sur le bouton de l'ascenseur pour qu'on puisse enfin rentrer chez nous.

Without you I'd be so lost

Heaven & Moon

Il est vrai que lorsque j'ai demandé ce travail, j'avais une lettre du psychiatre demandant à ce que je puisse rentrer chez moi avant que la nuit ne tombe. Ren avait aussi eut un rendez-vous avec le directeur lorsqu'il est arrivé à Suwon. Seulement, je n'ai même pas pensé que cela puisse être la faute de mon patron si j'ai terminé plus tard ce soir, parce que le groupe a été plus long que prévu et que je travaillais à ce moment là, rien de plus. « J'ai pas besoin de te déranger Moonie... C'est pas la faute de Monsieur Lee si je suis sortit trop tard, c'est parce qu'il y avait plein de gens qui sont venus en même temps. » Je suis conscient que je suis envahissant dans la vie de mon ami, il prend soin de moi, passe de nombreuses heures en ma compagnie et ne quitte la maison que lorsqu'il est certain que je suis occupé. Je pense que ce ne doit pas être facile de mettre sa vie de côté ainsi pour s'occuper de la mienne et je ne veux pas être encore plus encombrant.

Je ne peux m'empêcher de rire lorsqu'il me dit qu'il n'a pas mangé, je suis heureux qu'il m'attende. « Tu as pas mangé parce que tu voulais manger avec moi, ou parce que tu savais pas faire à manger ? » Je dois admettre que nos talents culinaires à tous les deux ne sont pas très développés, mais lorsque l'on tente quelque chose ensemble, avec les savoirs de chacun, on arrive à faire des choses mangeables et même bonnes la plupart du temps.

« Pas me laisser dans le froid... Mais peut-être que tu faisais quelque chose quand je t'ai appelé. » Je suis un peu partagé en vérité, je m'en veux de l'occuper autant et d'un autre côté, je n'aimerais pas qu'il passe plus de temps avec qui que ce soit. J'aime être celui pour qui il s'inquiète, avec qui il partage sa vie et son passé. Peu de gens peuvent s'en venter ici. Ren a beaucoup d'amis, mais personne ne le connaît mieux que moi. Du moins, j'aime à le penser. Il me faire rire encore, toujours, lorsqu'il passe la porte de l'immeuble et je me hâte à sa suite, me secouant comme pour retirer le froid de mon corps. « J'avais plus froid, tu m'as fait oublier, mais maintenant j'ai froid encore ! » Je trottine vers l'ascenseur et appuie sur le bouton. Il était haut, il va falloir attendre un peu. Je regarde Ren un instant puis avance jusqu'à lui et pose mon corps contre le sien.

D'ordinaire, je n'aime pas le contact avec autrui, cela me rappelle toujours de mauvais souvenir mais Moon n'est pas comme les autres. J'ai besoin d'être contre lui, de savoir qu'il ne partira pas, qu'il me protège. Le tintement retentit et les portes s'ouvrent. J'entre alors dans l'habitacle et appuie sur le bouton de notre étage. « Je crois que je n'ai jamais été si heureux de rentrer à la maison... Enfin, je suis toujours content de rentrer quand je ne t'ai pas vu de la journée mais là, je suis content parce que je suis fatigué, j'ai froid et j'ai faim... Et puis j'ai eut peur un peu aussi... » Je parle trop, je le sais mais je ne peux pas m'empêcher de débiter, Ren est le seul avec lequel je parle vraiment après tout.