Et mon coin de lumière à moi s’appelle mika. J'avais été super mal à l'aise à me pointer dans mon ancien appartement, c'est à dire celui de bo yun. J'avais été super mal à l'aise quand elle m'avait glissé sur l'épaule le sac contenant les affaires de mi ah. Ma fille, mon enfant. J'avais été gêné lorsqu'elle m'avait glissé notre enfant dans les bras. Je tenais maladroitement sa tête contre mon bras, son petit coeur contre moi. Elle avait eu cinq mois la semaine dernière, et malgré la relation plus que bancal avec sa mère, j'avais promis de m'occuper de ma fille à chaque fois qu'elle en avait besoin.

Impossible pour moi de mettre les pieds dans mon appartement avec ma fille. Plus que de craindre qu'elle ne touche à une substance illicite -qui croyez moi, étaient bien rangés-, j'avais peur de la laisser approcher de trop près les squatteur de l'appartement 52. Bo bae, tasyr et peut-être même dewei devaient être chez moi. Un petit soupire passa sur mon visage, mais alors que mi ah remue dans mes bras, je penche la tête vers elle et prend le temps de m'arrêter, de caresser d'un pouce sa petite joue et de lui murmurer un shhh.

Un seul endroit ou me réfugier alors que la nuit commence à s'installer dans ma tête, un seul endroit ou plus que moi-même, je mettrais mi ah en sécurité. Je toque à l'appartement 54, la porte juste à côté de la mienne, et je l'ouvre en me permettant d'entrer. Je savais que j'allais entendre la tempête et rien qu'à l'idée que mika me refasse son cirque, un sourire s'installa sur mes lèvres. Avant même de la regarder, je fait glisser le sac de mi ah sur la table de la cuisine et lève les yeux sur ma meilleure amie. « oui, je sais, j'ai ni appelé ni frappé avant d'entrer... bonjour mika. » dit-je en tenant toujours contre moi la petite chose qui gémis doucement.

Je suis énervée, sur les nerfs, à bout de nerfs même. Je ne comprends pas comment il est possible de se laisser aller à ce point, de laisser l'appartement dans un tel état et surtout, le frigo. C'est une erreur, je l'ai vidé, nettoyé et à présent je range ce qui est encore comestible. Il va falloir que je calme cette sale habitude de faire à manger pour un régiment alors que je suis désormais seule. Je devrais ouvrir un restaurant tiens, au moins je pourrais assouvir mes pulsions culinaires. Mine de rien, j'y pense de plus en plus, même si je me répète que c'est impossible. Je suis fatiguée, j'ai passé la journée à nettoyer l'appartement de fond en comble, un nettoyage de printemps approfondit et un peu retardé. Désormais je suis satisfaite, comme si en désinfectant mon appartement aussi bien qu'un hôpital j'avais en même temps retiré l'amertume, les mauvais souvenirs et la douleur. J'ai toujours mal mais je l'enfouis, j'arrive à me mentir en me disant que tout va bien, que tout va mieux. Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne solution mais je n'en ai pas encore trouvé d'autre.

Personne ne passera aujourd'hui, je peux entendre du bruit dans l'appartement d'à côté, celui de Kan. Tasyr y est, j'en suis persuadé et cela me fait un pincement au coeur. Sentant les larmes perler à mes yeux je serre le poing et m'engage dans la salle de bain pour prendre une douche. A peine sortie, à peine vêtue d'un mini-short et d'un débardeur, le visage nue et les cheveux encore mouillés, j'entends quelqu'un frapper à la porte et l'ouvrir sans attendre de réponse. Mon premier réflexe et de me cacher derrière le mur. Hors de question que l'on me voit sans maquillage. J'entends le bruit d'objets posés sur la table, puis la voix de Kan me fait sortir de ma cachette. Je suis en colère, en colère qu'il entre comme ça, sans prévenir et que je sois forcée de me montrer à mon désavantage. « Putain Kan tu fais chier ! » Commençais-je avant de m'arrêter dans mon élan. Kan n'est pas seul, Kan a un trésor entre les mains. Mi Ah. Jusqu'à présent je n'ai fait qu'entendre parler d'elle, je n'ai vu que quelques photos qu'il garde dans son téléphone. Jamais encore je ne l'avais rencontré mais je le lui avait demandé, plusieurs fois. « Ooow Bonjour toi! » Je deviens guimauve et m'approche, prenant la petite entre mes bras sans attendre. Elle est si petite, si jolie et elle gazouille. Elle gémis et se débat un peu, esquissant un pleur. Elle ne connaît pas mon odeur, elle ne connaît pas mes bras. Alors, lentement, je la berce et lui parle. « Tout va bien Chérie, Tata Mika est là. Tout va bien. » La tenant d'un bras contre mon buste, je caresse son visage puis glisse mon index vers sa petite main qui se referme sur mon doigt, me faisant sourire. Je relève alors les yeux vers Kan. « Elle est magnifique. Je crois que je ne pourrais jamais te la rendre Kan. » Je ris doucement et reporte mon attention sur le bébé. « Comment se fait-il que tu débarques à l'improviste avec Baby boo. » Je la rencontre pour la première fois, mais je l'aime déjà. Un jour je demanderais à Kan, comment fait-il pour toujours arriver au bon moment?

Ce qu'elle ne sais pas, c'est qu'elle est si elle au naturel. La voir râler lui fait plisser le nez et ressortir cette petite ride au milieu de son front, et je souris plus sincèrement lorsque d'un coup d'un seul elle se calme. Alors qu'elle me vole mi ah des bras, j'en profite pour passer une main dans la nuque de mika et l'embrasser sur le crâne, avant de caresser son dos d'une main, silencieux. Je sais que voir mon enfant lui tenait réellement à cœur, et depuis ce qui lui est arrivé, ça ne pouvait que lui faire du bien.

Alors qu'elle dorlote l'enfant, j'enlève à mi ah le petit bonnet en tissus qu'elle à sur la tête et va le poser sur le sac, prenant le temps de me servir un verre d'eau. « si tu y tiens tellement, je te l'offre. » dit-je en revenant vers elle avec un petit sourire malicieux. Une gorgée d'eau plus tard j'ajoute en les regardant « je rigole, t'énerve pas. »

Doucement, je prend mika par le coude et la fait s'asseoir dans le canapé pour qu'elle profite mieux de sa première rencontre avec mon enfant, et m'assois sur l'accoudoir en regardant l'appartement « sa mère avait besoin que je la garde pour la journée... un miracle qu'elle me fasse confiance. » Avec une douceur que je ne me connais pas vraiment, je passe un doigt sur le crâne de mi ah puis regarde mika. « comment tu vas, toi, mh ? »

Je lui adresse un regard de jugement lorsqu'il me dit qu'il m'offrirait sa fille mais il me sourit ensuite et je sais qu'il n'est pas sérieux, ou tout du moins je l'espère. Avoir un bébé dans mes bras, ça me fait bizarre. C'est comme si j'étais projeté dans un futur que je n'aurais jamais, ou pas avant un moment. Le vide que je ressens en moi s'apaise et je me sens bien. J'oublie petit à petit mais la douleur est toujours présente lorsque je me sens seule. Fort heureusement pour moi, Kan ne me laisse jamais seule longtemps et s'il n'a pas le choix, je peux toujours le joindre sur son téléphone. Il se sert dans ma cuisine, il fait comme chez lui, il sait qu'il peut. Puis il me tire vers le canapé et je m'y installe lentement, comme si j'avais peur de casser cette petite princesse au creux de mes bras. Je pose ma tête sur le bras de Kan alors qu'il s'installe sur l'accoudoir à côté de moi. Je ne pense plus un seul instant à mon visage nu, à mon air fatigué et à ma tenue qui laisse à désirer. Je relève mon regard vers lui alors qu'il caresse la tête de sa fille et je tombe dans le sien, lui souriant automatiquement. « Moi, ça peut aller. Je m'habitue à cet appartement vide... J'ai fais le ménage aujourd'hui, pour m'occuper. Je laisse souvent la télévision allumée, pour avoir l'impression d'avoir de la compagnie. Ça me fait mal d'entendre la voix de Tasyr dans le couloir mais de ne jamais le voir franchir la porte. Remarque... Je ne suis même pas certaine d'avoir envie de le voir. Tu sais que je ne supporte pas la solitude et après avoir eut tant de vie dans cet appartement... C'est difficile. Je pense à déménager mais... Où pourrais-je aller? » Je baisse les yeux un bref instant, regardant Mi Ah. « C'est bizarre de te voir avec elle... J'attendais ce moment mais là tout est réel. »

J'ai l'habitude d'un Kan attentionné mais aussi d'un Kan libre, indépendant et légèrement irresponsable. Pourtant lorsqu'il regarde sa fille, je vois qu'il l'aime et qu'il veut la protéger. Peut-être n'était telle qu'une erreur à la base, elle n'est pas née dans les meilleures conditions, loin de là mais il prendra soin d'elle. Je crois que rien de mauvais ne pourra arriver à Mi Ah parce qu'elle a un bon père, même s'il s'ignore encore. « Je suis certaine que tu peux être un bon père Kan. Il te faut juste un peu plus d'entraînement et je vais t'aider avec ça. Je n'ai pas vraiment l'habitude d'avoir des enfants autour de moi mais je sais m'en occuper. Au Japon on devait s'occuper des plus jeunes, je me souviens encore, ça ne s'oublie pas. » Je crois que c'est la première fois que je lui parle du Japon, que je parle du Japon à quelqu'un. Je n'ai même pas fait attention, les mots ont juste franchit la barrière de mes lèvres. Je relève les yeux sur mon meilleur ami et lui sourit comme si ce que je venais de dire n'était que des propos aléatoires et sans intérêt puis dépose un baiser sur son épaule. « Et toi ça va? Ce n'est pas trop dur d'avoir autant de gens chez toi? J'ai deux chambres de libre ici maintenant tu sais... » Même s'il dormirait certainement avec moi s'il venait ici. Juste pour sentir sa présence à mes côtés et pour dormir sans faire de cauchemars, sans me réveiller toute les heures. Juste dormir. « Kan... » Je fronce le nez et me penche vers Mi Ah pour sentir sa couche. « Kan je crois que ta première leçon vient d'arriver. Mi Ah a fait caca. » Je lui souris de toute mes dents, je sens qu'il va me remonter le moral a ses dépends.

Un contact simple mais toujours présent s'est établis depuis quelques jours entre mika et moi. Un doigt sur ma peau, sa tête contre mon épaule, nos regards accrochés l'un à l'autre. Nous sommes notre dernière chance, et pas question de lâcher prise. Pas pour nous non, pour l'autre. Ma main toujours en contact avec la petite chose dans les bras, je l'écoute et couve ma meilleure amie du regard. « si ça te rassure, j'ai pas envie de le voir non plus. » je souris en coin et enchaine, sachant très bien que cette discutions est un sujet sensible pour mon amie. « tu devrais quand même profiter de cette nouvelle solitude pour te crée une nouvelle vie. Tu sais, si tu veux déménager, je peut t'aider à trouver un autre appartement, tu sais que tu peut compter sur moi mh? » Alors qu'elle baisse les yeux sur mon enfant, je fait de même avant de me relever, tirer mes cigarettes de ma poche et en glisser une à mes lèvres

Mon regard se perd dans le ciel bleu gris de suwon lorsque mika reprit la parole. Mes yeux se ferment quelques instants alors qu'elle insiste sur le fait que je ne suis pas mauvais. Je ne sais jamais comment réagir lorsqu'elle insiste pour que je vois mes bons côtés. Je retiens mon soupire pour ne pas la faner puis tend l'oreille lorsqu'elle parle du japon. Je crois bien que c'est la première fois qu'elle me parle de son passé, alors, avant de me relever pour aller fumer, je lui souris doucement en retour de ses propos. Elle embrasse mon épaule, j'embrasse le haut de sa tête avant de me lever pour aller vers la fenêtre. Je m'arrête à côté de la table basse, m'étire et bois une gorgée avant d'aller allumer ma clope tout en lui répondant. « Si tu savais, je t'envie ton appartement vide en ce moment. Tout l'inverse de toi, j'ai pas l'habitude d'avoir des gens non stop autour de moi, et tout ces gamins sont pesant, t'imagines même pas. Enfin tu sais mika, je ne suis pas souvent chez moi en ce moment... c'est gentil, je t'assure que je n'hésiterais pas à venir, mh? »

Je tire une longue bouffée sur ma cigarette. Je n'avais pas fumé depuis que j'étais sortie de chez bo yun, et pour quelqu'un qui enchaîne les cigarette comme moi, c'était un miracle. Si j'avais eu une mère, surement qu'elle m'aurait appelé pour me dire kan, tu devrais faire attention à ta santé, tu fume beaucoup trop, tu vas me donner un ulcère à ne pas prendre soin de toi. Le ton de sa voix me fait subitement sortir de mes pensées et je fronce les sourcils en me tournant vers elle. Je la regarde se pencher vers mi ah et secouant légèrement la tête, je nie toute responsabilité. « Alors là, non, nan y'as pas moyen. » Come un gamin, je me tourne à nouveau vers la fenêtre et tire une longue bouffée sur la tige de nicotine, continuant à secouer légèrement la tête de gauche à droite avant de regarder mika, presque suppliant. « mika s'il-te-plait... »

C'est étrange oui, de vivre seule. Je n'ai plus l'habitude. Il y avait toujours quelqu'un autour de moi, un homme de passage au moins mais désormais il n'y a plus personne. Je souris à Kan lorsqu'il me répond, il est ici chez lui bien que je ne sois même plus certaine que cela soit chez moi. « N'hésites pas.... Et puis tu sais, pour ce qui est de trouver un autre appartement... Ça m'angoisse un peu de vivre loin de toi... » Une confession à demi-mot qui ne reflète que la stricte vérité. Même si Kan n'était pas souvent chez lui, je savais tout de même que son appartement touchait le mien et changer mes habitudes m'effraie un peu. Il semble pourtant que ce soit le bon moment pour le changement.

Kan allume une cigarette et même si je pense immédiatement à le réprimander je ne le fais pas. La journée n'a pas dû être facile pour lui et les temps sont durs, je ne le sais que trop bien. Je lui laisse le droit à un peu de répit et puis, je ne suis pas sa mère. J'ai tendance à couver mes amis, à les materner et plus je les aime, plus je le fais. Kan est trop bien placer pour l'ignorer. J'essaie de me calmer un peu parce qu'un jour il finira par me le reprocher. Pourtant, à cet instant je sens que je vais encore devoir lui montrer comment faire, surtout pour changer sa fille. « Kan Chéri, il faut que tu apprennes. Allez viens ce n'est pas si compliqué. » Je ris et me lève en faisant attention à ne pas trop bouger Mi Ah qui commence à chouiner entre mes bras, confirmant mes pensées. « Kan... » Il ne m'aura pas avec ses suppliques et ses yeux mouillés, non, non, non, je refuse. « Allez viens, mets-moi le drap sur la table, je peux pas la poser dessus comme ça. » J'attends qu'il le fasse en berçant la petite puis la dépose sur celui-ci, déclenchant les pleurs. Je grimace, j'aime les enfants mais les pleurs c'est toujours quelque chose de difficile à gérer.

Soulevant la robe de Mi Ah, je regarde quel genre de couche elle porte puis me retourne vers Kan « Oh c'est facile, c'est des couches culottes! Tu n'as qu'à faire comme si c'était une culotte Kan, sauf que celle-là ne sent pas très bon.... » Je fronce le nez. Comment un bébé si mignon peut-il faire quelque chose d'aussi dégoûtant? Reculant d'un pas, je laisse Kan venir près de sa fille. « Allez Papa, ce n'est pas si difficile. Tu l'enlève, voilà, pose là sur le côté je la jetterais après. Ensuite... » Je le contourne pour fouiller le sac que Bo Yun a certainement préparé. J'en sors les lingettes et une couche propre puis reviens à ma place, tendant le paquet de lingettes à mon meilleur ami. « Tu la nettoie avec ça. Tiens ses pieds d'une main et essuie-la de l'autre. Allez Kan, elle ne va pas te manger. » Ce serait drôle s'il n'était pas si mal à l'aise, là j'ai plutôt pitié pour lui. Seulement il doit le faire, il est père, il doit savoir s'occuper de sa fille dans les moindres détails, j'y mets un point d'honneur. Je claque ma langue contre mon palais et prend une lingette du paquet pour finir le travail. On dirait qu'il a presque peur de la toucher. « Voilà, maintenant tu enfiles la couche propre sans lui faire mal. Doucement. » Les pleurs de Mi Ah se font plus fort et je sais que Kan me remercierait pendant un siècle si je prenais sa place à cet instant mais je campes sur mes positions.

Lorsqu'enfin la couche est changée, je prends tout ce que nous avons utiliser pour aller le jeter à la cuisine.  « Tu vois que ce n'était pas si horrible! » Je me lave les mains, fronçant toujours le nez sous l'odeur puis reviens près de Kan, embrassant sa joue. « Il te reste deux étapes et tu auras fait le plus dur. En attendant, tu veux manger quelque chose? Mon frigo est plein... J'ai encore ce foutu réflexe d'en faire pour douze... » Kan ne mange d'ordinaire pas beaucoup, comme moi, mais aujourd'hui est un jour spécial et je veux qu'il prenne soin de lui comme de sa fille.