Il faisait beau, le ciel était clair, le soleil, quoique caché derrière des nuages grisâtres, nous éclairait vraiment bien. Mais, malgré tout, les rideaux de ma chambre étaient fermés. Des cannettes de soda étaient éparpillées un peu partout, se faisant accompagner par des boulettes de papier contenant des semblants de croquis, qui auraient pu servir si ma main et mon cerveau ne me trahissaient pas à chaque fois.
Je m’étirais encore une fois, zappant d’une chaîne à une autre. Je me retournais dans tous les sens. Rien à faire. Je soupirais longuement, avant de prendre mes croquis ratés et de les jeter à la poubelle. Lancer raté. Comme tous les autres. Je me relevais difficilement. Je finirais, un jour, par me faire virer. Si mes notes n’étaient pas bonnes, j’aurais très bien pu me retrouver au conseil disciplinaire. Et dire que la dernière fois que j’avais entendu ce truc, c’était au lycée…Tout est pareil dans ce monde, bordel.
Encore en retard. Mais osef. C’est pas de ma faute si mes putains de cheveux s’emmêlent toujours au mauvais moment. Je marmonnais toute sorte de jurons, aussi élégants les uns que les autres. Je ne m’excusais même pas au près des élèves que je bousculais. Pourquoi, alors que demain, ils oublieront ma tête. Bon , faut avouer qu’une blonde aux fausses et légères mèches colorées à la façon d’une militante pour les gays, ça court pas les rues. Et surtout une folle qui chante –ou plutôt gueule- à tue-tête à chaque fois qu’elle passe.
Bref. J’étais en retard, et, autant l’être vraiment, allons traîner dans la salle de danse. De toute façon, j’avais mon certificat de maladie, que je sortais à n’importe quelle occasion. Lorsque je sus que je n’étais qu’à quelques couloirs de la salle de danse, j’avais limite envie de sauter de joie. J’avais envie de me défouler.
Lorsque j’entrais, j’entendis des cris étouffés. J’allumais la lumière, tout en enlevant rapidement mes converses –et en ne manquant pas de m’étaler de tout mon long sur le parquet-. J’avais reconnu le garçon qui était recroquevillé sur lui-même. Mon meilleur ami. JinWoo. Je me faufilai discrètement jusqu’au coin de la salle dans lequel il se trouvait, puis le câlinai par derrière. Je savais que gueuler « OH PUTAIN QUI T’A FAIT DU MAL JEUNE PADAWAN » ne servirait à rien. Mieux vaut être douce, avec lui.
« Encore ces connards ? Murmurais-je doucement en lui effaçant ses larmes. Pleure tant que tu peux, ça dégagera toutes tes souffrances et puis après, explique moi. Terminais-je en mettant sa tête toute mignonne sur mon épaule et en lui caressant les cheveux. »
(habits )

(c) Fiche par Calys de L.Graph'

- C’est encore eux tu as raison …
Ces simples mots me firent l'effet d'une bombe atomique. Un mélange de regret, de remords, de colère et de tendresse pouvaient se lire dans mes yeux. J'aurais espéré qu'il me prévienne plutôt, ou bien, qu'il m'envoie discrètement un message. Mais, en y repensant, on lui aurait sûrement aussi enlevé son téléphone. Sérieusement, ils n'en avaient pas marre? Ils ne peuvent pas s'imaginer deux secondes à sa place? Se faire tout le temps rabaisser à cause d'une orientation sexuelle, ça fait tellement gamin! Et ça l'est, en fait. Tellement puéril. Bien digne d'une bande de cairas de bas étage. Je soupirais. Un soupir de colère. Un jour, je les coincerais puis les ferais souffrir, comme ils le font à mon meilleur ami, là. Mais oh putain. Je les défigurerais à coeur joie. Qu'ils finissent à l'hôpital ne me dérangeait pas du tout. Mais ça me ferait bander de les voir défigurés jusqu'à la fin de leur vie. Je me rendis enfin compte de l'aura qui m'entourait. Machiavélique.Malsaine. Je me repris soudainement. Bordel de merde, YeongHee, tu sais pas te contrôler?!

- Je rentrai de la bibliothèque tout à l’heure … Et j’ai eu le malheur de les croiser, ils m’ont encore crachés les mêmes insultes au visage … Comme d’habitude, quoi.

"- Enfin … Je ne veux pas plomber ta bonne humeur, avec ces histoires …"avait-il ajouté, en se calant encore plus à moi.
Les mots qui me firent exploser. Je me levais, toute tremblante de rage, puis donnai un très gros coup de pied sur le mur. Je sentis une douleur, mais pas aussi grande que la douleur mentale dans laquelle j'étais. Pourquoi je ne suis jamais là lorsque mon meilleur ami se fait harceler? Pourquoi est ce que je suis aussi inutile que ça? Mes jambes me lâchèrent. S'en était trop pour moi. Je me mis à pleurer, en serrant JinWoo de toutes mes forces.

"Excuse moi, Jinnie. Je suis une incapable. Une putain d'incapable qui fait que se plaindre alors que...Alors que mon meilleur ami, celui que je suis sensée connaître par coeur souffre! Bordel, quel genre de meilleure amie je suis? Je te promets. Je te le promets. Et oh putain, Dieu seul sait que lorque je promets, c'est une vraie promesse. Je te promets, je te le répète pour la quatrième fois. Je te promets que je foutrais une putain de raclée à ces gars, compris? T'as qu'à demander, et, si ils veulent te coincer dans un coin ou je sais pas quoi, ils finiront à l'hôpital. Comme ça. Ils finiront à l'hôpital, et ils s'en souviendront jusqu'à la fin de leurs jours. Je leur ferais regretter, oh putain. Et je resterais à tes côtés. Une amitié, une vraie, est éternelle. Je resterais à tes côtés jusqu'à la fin, voire plus. D'accord? D'ACCORD?"
Je le serrais, en continuant de pleurer. Je ne laisserais plus jamais quelqu'un le toucher. C'est, après cette promesse, que je séchai ses larmes et les miennes. Je repris mon sourire et mon rire. J'allais tout faire pour lui redonner sa joie habituelle "Eh! Me plomber ma bonne humeur? Pas me déranger? Ces histoires? Si je suis pas là, je serais quoi? Une patate douce qui finira entourée de clochards? Meuuuh" Fis-je en lui tirant la langue.
Je sortis mon téléphone, et, en mettant Sway, reprise des Pussicat Dolls à fond, puis le pris par le bras.
"Un peu de tango ne fait jamais de mal à personne, non?"

(c) Fiche par Calys de L.Graph'

J'en ai marre qu'il pense qu'il ne doit pas m'appeler, en cas de besoin. JinWoo, les meilleurs amis doivent tout se partager. Le meilleur et le pire. Ca fait peut être vraiment cliché Facebook des kikoo bestas, mais, pour une fois, je suis d'accord avec eux. Je servirais à quoi, si je ne pouvais même pas aider mon meilleur ami? Je ne servirais à rien, en fait. Si je n'étais pas venue ici, est-ce que c'aurait été la même chose? Non. S'ils étaient repassés, ils lui auront fait encore plus mal. J'ai vraiment envie de leur montrer qu'est ce que c'est d'approcher mon meilleur ami. D'ailleurs, j'avais légèrement craqué les phalanges. Je sentais la respiration de JinWoo. Il avait l'air d'avoir beaucoup pleuré. Oh putain. Si seulement ils étaient devant moi, là, maintenant. Même leur mère les reconnaîtra plus. Je n'avais pas pu m'empêcher de passer mes mains derrière ses épaules. Que le monde aille se faire, lui, c'est mon meilleur ami et je ne le changerais pour rien au monde. Détester quelqu'un pour une orientation, une putain d'orientation sexuelle. Lorsque je l'avais repris dans mes bras, il s'était retenu pour ne pas se remettre à pleurer. Je sentais encore le goût salé de mes larmes. D'ailleurs, je me suis toujours demandé pourquoi les larmes avaient ce goût, mais bon, on s'en fout. C'est pas le moment pour mes questions connes.
- Pleure, ne te retiens pas,car plus tu pleureras, plus tu te sentiras mieux.
Mon ton était sec. C'est logique, après avoir longuement parlé, on a envie de boire, de se rafraîchir la groge, mais aujourd'hui, je n'avais envie de rien. Je ne ferais rien, tant que mon JinWoo restera dans cet état. Je promets que je lui redonnerais le sourire, par n'importe quel moyen. Putain. Je vais les coincer dans un coin. Faire souffrir chacun de ces pseudos-boss. Les photographier. Et poster chaque photo sur les réseaux sociaux. Ok YeongHee, tu te la fermes, parce que tu fais flipper, là.

Les mots qu'il m'avait adressés m'avaient parus directement sortis du coeur. Je prenais le temps d'assimiler chacun. En fait, il avait raison. Totalement raison. Ces mecs, ils n'avaient rien à foutre de leur vie à part faire chier des innocents. S'ils finissent à la rue, plus précisément des mafieux, ça ne me choquerait même pas. Ils n'arrêteraient pas, au contraire, ils reviendront encore plus forts.
- J'étais, je suis, et je resterais toujours à tes côtés.

Je le repris encore une fois dans mes bras et lui collai un gros bisou bien baveux sur la joue. C'était pas vraiment la grande classe, mais bon. Il avait souri. IL AVAIT SOURI. IL AVAIT SOURI MEEEERDE. En fait, ce n'était qu'un semblant de sourire. Un semblant de sourire qui avait rapidement disparu. Putain. Ca sera vraiment difficile de le faire sourire, cette fois. J'essayais de le faire danser, mais rien. On ne voyait que de la tristesse, dans ses yeux. Ils y étaient allés vraiment fort, cette fois. J'avais appuyé sur pause,en arborant une mine faussement triste...Avant de me jeter sur lui et de le chatouiller.
- Tu sais, j'ai une blague. C'est un américain qui est venu en corée et...lorsqu'il reviendra, je lui demanderais et je reviendrais te terminer la blague.
...Excellent essai de conversation, YeongHee.