☥ NOM COMPLET - kwon min hi. ☥ SURNOM - c'est comme tu veux, éclate-toi. ☥ ÂGE, DATE ET LIEU DE NAISSANCE - vingt et un ans, vingt-cinq avril, séoul. ☥ SITUATION AMOUREUSE -  célibataire. ☥ ORIENTATION SEXUELLE - hétérosexuelle. ☥ ETUDES OU METIER - étudiante en physique et chimie le jour, serveuse au NYX la nuit tombée. ☥ CLASSE SOCIALE - plus que modeste. ☥ ORIGINES : coréennes. ☥ MOT REPRÉSENTATIF - prestance. ☥ JE SUIS UN - petalous. ☥ T'ES QUOI ? un personnage inventé.

T'as ouvert les yeux à l'hôpital de Séoul, aveuglée par le blanc immaculé des murs. Entourée de tes parents et de ton frère, tu n'as pas mis moins de trois jours avant de pouvoir découvrir ton véritable chez-toi. Beaucoup moins lumineux, confiné au dixième étage d'un immeuble où les appartements s'empilent comme des cubes, t'as partagé la chambre de ton aîné toute ton enfance. Cela aura été la cause de nombreuses crises et engueulades, tu ne comprenais pas le pourquoi du comment, ni la raison qui te poussait à devoir quasiment partager ton pieu. À l'école, tes potes se pavanaient avec leurs poches remplies de fric, mais toi t'avais rien et même si t'étais seulement âgée de sept ans, tu sentais bien la différence entre leur monde et le tient.

Tu demandais inlassablement pourquoi. Pourquoi être dans une école de bourges alors que vous n'aviez pas même de quoi bouffer, pourquoi ton frère travaillait alors qu'il devait être en cours, pourquoi tes parents se donnaient autant sans rien recevoir. Tant de réponses auxquelles on te répondait par un « ta gueule et va faire tes devoirs » comme si t'étais trop immature pour comprendre quoi que ce soit. Et du haut de te petite fenêtre donnant sur une banlieue clichée aux allures de Fight Club, t'étudiais, ne sachant faire que ça.

Les années ont passé, les expériences avec : les joies des premiers verres, des premiers joints, des premières soirées dans les bars et des premières altercations. Ayant toujours appris à te défendre, y en a plus d'un que t'as rétamé avant qu'il ne t'approche de trop près, si bien que t'as rapidement choppé une petite réputation. Élogieuse dans ton quartier, dénigrée dans ton école. T'aurais bien envoyé se faire foutre tous ceux qui se sont permis de te parler comme si t'étais la dernière des merdes, mais t'as fermé ta gueule en serrant les dents toute ton adolescence. Tu l'avais compris, si tu voulais te casser d'ici un jour et découvrir le monde, fallait pas finir caissière. Et contre ces gosses pourris jusqu'à la moelle par l'envie et l'avarice,  t'aurais pas fait le poids ; on t'aurait virée comme une malpropre au moindre écart.

Quinze ans tout juste, mais déjà consciente des dures réalités, t'as fait en sorte qu'on ne puisse rien te reprocher. Entre les murs de pierres d'une académie du centre de Séoul, t'as travaillé comme une acharnée. Et consciente de la dette que tu devais à ta famille, tu as redoublé d'efforts. T'as fini par faire abstraction des cons qui t'entouraient et tu t'es enfermée, entre Vivaldi, Socrate et Shakespeare.

Petite, on t'insultait de banlieusarde, plus grande, de grosse-tête. À croire que rien ne va jamais assez, tu ne t'en es pas préoccupée, des rêves plein la tête occupant toutes tes pensées. Tu espérais aller étudier à l'étranger, mais tu le savais, tu n'avais finalement pas ton mot à dire ; le porte-monnaie déciderait à ta place. Tu continuais pourtant à rêver d'occident tout en sachant pertinemment que tu n'y aurais pas droit. Désespérée, t'as fait tout et n'importe quoi pour trouver de la maille et financer une université qui t'emmènerait tout de même le plus loin possible de ta ville natale. Surtout n'importe quoi.

Entre le deal, les petits boulots misérables et avant d'avoir franchi le point de non-retour de la prostitution, t'as fini par avoir économisé assez pour enfin dire sayonara à toutes ces conneries. Mais t'avais pas grand-chose, t'es juste partie à quelques kilomètres de chez-toi et ça te parut déjà énorme. Tu t'y es trouvée un petit job de serveuse pour ne plus rien demander à tes géniteurs et t'as passé les inscriptions haut la main – avec un cerveau comme le tient, ce n'était pas très difficile.

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