Une fois n'était pas coutume, j'avais passé la soirée seule. Enfin, seule, si l'on pouvait dire. J'avais entendu dire, dans le courant de la journée, qu'un navire de riches commerçants hollandais amarraient dans la soirée à Tortuga, et c'est avec une joie non dissimulée que j'avais été les accueillir. Joie et décolleté non dissimulés pour être honnête. Je savais que ce n'était pas au goût de Tao, mais tandis qu'il vidait nos coffres en allant voir ses putes, moi je les remplissais en allant voir mes bourgeois. Seulement, si la soirée avait été riche en bourses perdues, elle avait été pauvre en beaux minois, et ce fut donc un peu éméchée que je rentrai au navire plus tôt qu'à mes habitudes.

Bien sûr, rentrer discrètement n'avait jamais été dans mes attributions, et il fallut que je ratte la marche pour finir au sol. Je rattrapai suffisamment ma chute pour éviter d'avoir l'air totalement stupide, mais pas suffisamment pour retenir un Shit ! qui retentit dans la chambre. De toute façon, Tao n'était pas là, right ? Dites-moi qu'il n'était pas là ...

J'étais en train de masser mes fesses douloureuses quand j'aperçu Tao sur le pont. J'étais partagée entre l'envie qu'il n'ait rien vu, et celle de le voir venir m'aider. Au final, je n'eus aucun des deux, étant donné qu'il me fit signe, mais sans bouger pour venir voir si j'allais bien pour autant. En même temps, de la part de ce cher capitaine je ne pouvais pas en espérer beaucoup plus. Cependant, alors que je soupirai prête à aller me coucher, un détail attira mon attention. Je retirai mes chaussures - les responsables de ma chute, à coup sûr - avant d'aller rejoindre Tao, et lui prendre la bouteille sans réellement demander son autorisation Un bon capitaine ne devrait pas boire ! Comme s'il j'avais un quelconque crédit en lui disant ça, une main autour de la bouteille et l'autre sur son épaule, afin de garder mon équilibre pendant que je portai le liquide à mes lèvres. Ah oui, j'étais pour le moins de très bon conseil ce soir, surtout si ça me permettait de me délecter du rhum qui m'avait tant manqué ce soir au profit de l'alcool insipide que ces marchands avaient ramené d'Europe - de la bière je pense ? Tu es resté là toute la soirée ? Lui demandais-je en reposant mon attention sur lui, un sourcil arqué. Je savais bien qu'il n'était pas resté là à m'attendre, mais je me demandais réellement ce qui l'avait poussé à revenir si tôt.

Tao n'avait pas l'air au mieux de sa forme ... J'aimais pas ça. J'aimais le voir heureux, et pas aussi blasé. Mais qu'est-ce que je pouvais y faire au juste ? Depuis que nous étions passé à deux doigts de coucher ensemble, j'avais légèrement pris mes distances. Oh, rien de vraiment conséquent, mais j'avais juste eu besoin de me remettre de cette sacré soirée. Cependant, pour la première fois j'avais l'impression d'avoir raté quelque chose. Je me hissai sur la table, mes pieds nus touchant à peine le sol, je regardais Tao la tête légèrement penchée sur le côté Si ce n'est que ça, on peut lever l'ancre si tu veux. Tout de suite si tel était son désir, ça ne me dérangeait pas. Je le suivrais jusqu'au bout du monde s'il en avait envie de toute manière, il devrait le savoir. La question qui suivit eu le mérite de me surprendre Hum ? Nan. Dur à croire quand on rentrait éméchée, mais c'était pourtant la réalité, je poussai un soupir avant de baisser la tête et de me perdre dans l'observation de mes pieds Une bande de vieux pervers plein aux as, j'ai fuis dès que j'ai pu je jetais un coup d'oeil à Tao au travers de ma chevelure, avant de glisser ma main sur le côté de mon décolleté et d'en sortir une bourse bien pleine Et j'en ai d'autres. Au moins, j'aurai pas perdu ma soirée. je lui souris avant de relever la tête et d'attraper la bouteille pour en boire une gorgée avant de la reposer et de m'allonger sur la table, les yeux rivés sur les étoiles.

Tao n'était vraiment pas dans son état normal, et ça m'inquiétait au moins autant que ça me peinait. Cependant il posa une question à laquelle je ne m'attendais pas. Aller où ? Y avait-on jamais réfléchi ? Non, jamais nous ne nous étions posé ce genre de question. Le duo infernal que nous étions commençait-il à s'essouffler pour penser à ce genre de détail ? J-Je ... J'en sais rien Tao ... On pourrait voguer vers l'Asie, ça nous changerait. Est-ce que j'avais vraiment envie d'y aller ? Non. Est-ce que j'avais vraiment envie de rester ? Non. Est-ce que je savais ce que je voulais ? Non. Je poussai un soupir, une aventure, c'était ce qu'il nous fallait... mais quoi ? Soudain Tao me fit part de son ennui, de ses doutes aussi. Je secouai la tête, jamais l'âme du pirate ne mourra. Cette phrase n'avait aucun sens si nous abandonnions, la piraterie coulait dans notre sang. Bon, la noblesse aussi pour ma part, mais vous m'y voyez à leurs banquets, le souffle court à cause d'un corset trop serré ? Non. Non non non. Attend, tu me vois mariée ? Avoir des gosses ? Tenir une maison ? J'ai tout fait pour échapper à cette vie, et j'ai aucune envie d'y retourner. J'avais fui de chez moi tandis que mon père essayait de me fiancé à un amiral, et je m'étais faufilée sur un navire pirate. J'avais failli en crever, mais le capitaine avait été sympa. J'ai pas envie de me poser. Puis je serais trop jalouse si tu te posais avec une femme, je veux être la seule femme de ta vie. OK. Bon. On remet ça sur le compte de l'alcool, on est oublie ok ? Même si c'était vrai, on oublie.

Finalement je me laissai aller au rire moi aussi, la vision que j'avais était assez risible. D'autant plus qu'elle avait existé un jour qui me semblait fort lointain. Je n'étais pas dans la piraterie depuis aussi longtemps que l'était Tao Jun, et je lui devais tout ce que je savais ou presque. Néanmoins, ma vie passée me paraissait bien trop loin pour que j'y revienne, j'étais bien là où j'étais. Finalement, le plus drôle fut encore de nous imaginer mariés. Amants, autant ça ce pourrait ne pas être réellement surprenant nous connaissant, mais mariés ? Genre avec une petite maison et des marmots qui courent dans tous les sens ? T'imagine un peu les gosses qu'on aurait ? Ils seraient un mélange de nous deux ... Je me redressai sur les coudes, regardant la tête de Tao sur mon ventre Je ne suis même pas sûre qu'on parviendrait nous-même à les supporter ... de sacrés gamins que ça donnerait, ça c'était certain. Je me redressai le plus que je pouvais sans forcer Tao à bouger - ma serviabilité à toute épreuve - avant de poursuivre Tu dis ça mais je suis sûre que nous deviendrions un fantasme pour bien des gens, même des petits nobles en mal d'aventure d'ailleurs c'était bien connu, c'était les nobles qui aimaient le plus les histoires de pirates, et j'étais bien placée pour le savoir. Malgré le fait qu'ils passaient leur temps à nous haïr cependant, apparemment ils prennent assez mal le fait de se faire voler, tout ça ... Ham Soo Ah ... ça sonne comment tu trouves ? Malgré tout ... j'aimais bien comment ça sonnait.

Je frissonnai quand je sentis sa main se glisser sous mon haut, mais ne dit rien. J'aimais trop ce contact que pour l'en empêcher. Alors à la place, je passai une main dans ses cheveux d'un geste tendre et affectueux, ce genre de geste que je n'avais pour personne d'autre que lui. Je souriais, j'étais sereine. J'aimais la vision qu'il était en train de me proposer, je ne le niais pas. Une fois près de son corps, je me blottis contre lui, un peu rêveuse. Immortels hum ? C'était une tentation plus qu'alléchante, tout comme celle de l'épouser. Je finis par me reculer légèrement pour venir déposer mon front sur le sien, écoutant son récit. Une belle histoire. Tragique certes, mais avais-je un jour imaginé qu'elle puisse être différente ? Non. Cette histoire n'était que plus belle car nous finirions pas mourir, emportant le mythe avec nous Alors je t'épouse, Ham Tao Jun. Je serai ton épouse, et nous écrirons l'histoire je le laisse descendre, me mordant légèrement la lèvre inférieure tandis que mes jambes l'encerclèrent un peu plus et que mes doigts jouaient avec ses cheveux. Ensemble nous parcourons la terre, inspirant la crainte et le désir, marquant les esprits de tous ceux qui croiseront notre route. L'une de mes mains vint alors chercher le visage du capitaine pour le porter face au mien. Je l'embrassai. Aussi simplement que cela, et je ne comptais pas le laisser me repousser si l'envie lui prenait.

Son corps, sa voix, sa peau, ses geste, sa personne toute entière... oui, je l'aimais tout entier. Ce n'était pas un amour niais, plutôt une passion destructrice contre laquelle j'avais de plus en plus de mal à lutter. Pourquoi résister alors ? Par instinct de survie, parce que je savais que ça finirait par nous tuer tous les deux. Mais cette passion me consumait de l'intérieur tandis que je tenais de prendre mes distances. Survivre était une chose, mais j'avais envie de vivre, quitte à mourir plus jeune. La mort ne m'effrayait pas, s'il était près de moi. Par ce baiser je brisai ce que j'avais moi-même imposé, mais ça m'était égal. Je n'étais pas aussi saoule que la fois dernière, la bière n'était pas assez forte pour me faire autant d'effet, et pourtant j'étais bel et bien ivre. Ivre de lui. Nous avions pu reprendre une vie normale la dernière fois, mais était-ce une vie normale que je voulais ? Ce n'est pas ce pour quoi j'avais signé après tout. Je laissai s'échapper un grognement lorsqu'il m'échappa, je ne voulais pas le laisser filer entre mes doigts. Il était le seul trésor que je souhaitais plus que tout posséder. Non Tao, pas une seconde fois ... pas comme la dernière fois... Je ne reculerai pas. I promise J'attrapai la bouteille pour la mettre loin de nous, je ne voulais pas d'alcool non plus cette fois. Je descendis de la table pour s'asseoir sur les genou du pirate, une jambe de chaque côté des siennes Ne me repousse pas, j'en mourrais. À nouveau je posai mes lèvres sur les siennes, un baiser prudent mais plein de promesses.

Cesse de te débattre Tao, je te ferai mien. Cette fois-ci, je ne te laisserai pas. Il m'avait apprit à toujours obtenir ce que je désirais, et c'était ce que j'allais faire. Je ne parlais pas de son corps, quand bien même je le prendrai au passage, mais de son être tout entier. Il pouvait bien faire de moi ce qu'il souhaitait, ça m'était égal, tant que je le savais mien, c'était tout ce qui m'importait. Quitte à brûler dans les feux de l'enfer que j'étais en train de me construire, je ne lâcherais pas le morceau. Mes chatons ? Il remettait encore ça sur le tapis ? Je claquai la langue contre mon palais, la réflexion me faisant tiquer. Dit celui qui connait toutes les putes de Tortuga. C'était sorti plus vite que je ne l'avais voulu. Si j'étais jalouse ? Évidemment. Mais je ne lui faisais jamais de réflexion, alors pourquoi se permettait-il de m'en faire. Je les abandonne volontiers, si j'ai l'assurance de t'avoir pour moi seule Tao. j'étais sincère, et j'étais prête à tout pour le lui prouver, quand bien même il me repoussait encore. Je ne tolérais pas l'échec, je ne l'avais jamais toléré, et je le ferai céder peu importe comment. Ce n'est pas la pirate en moi qui promet, c'est la femme. Une femme qui se damnerait pour toi, qui tuerait pour toi, qui mourrait pour toi. Ne me rejette pas, Tao, ne me rejette pas ! mes mains vinrent se glisser sous la chemise du pirate, pendant que mes lèvres s'attaquèrent à la peau de son cou sur laquelle elles laissèrent des baisers enflammés. It's too late now. I want you, and I'll get you. Mes mains remontèrent caresser ses pectoraux, explorant la musculature du brun comme si c'était la première fois qu'elles s'y perdaient.

Je lutte, je me bats pour qu'il s'abandonne dans mes bras, pourtant je le résister. Pourquoi ? De quoi a-t-il si peur ? De l'abandon sans doute. Pensait-il que je jouais avec lui ? Jamais je ne ferais une chose pareille. J'aimais m'amuser mais certainement pas avec les gens que j'aimais. Je ne mens pas Tao ... soufflais-je entre deux baisers enflammés. Quand bien même il pouvait me repousser encore et encore, je revenais sans cesse à la charge. Je ne partirai pas, jamais. Je n'ai que toi... Je t'aime. Me serais-je risquée à le dire à haute voix ? Je n'avais pas assez bu pour ça. Le courage me manquait pour l'admettre. Pourtant elle était là l clé de toute chose. Comment pouvait-il en être autrement ? Cet homme était toute ma vie, pas un seul instant je ne penserais à l'abandonner, à le trahir. Cela reviendrait à attacher un poids à mon pieds avant de me jeter par dessus bord. Il m'avait créée, sans lui je n'avais pas de raison de vivre. Le comprenait-il seulement ? Je me reculai légèrement pour pouvoir reprendre son visage entre mes main, posant mon front contre je sien. Je fermai les yeux, avant de reprendre Laisse-moi une chance de te prouver ma sincérité, Tao Jun, et tue-moi si j'échoue. Nos lèvres étaient si proches qu'elles se frôlaient, m'appelant à nouveau au baiser, mais je résistai tant bien que mal. Avant tout je voulais sa réponse.

Ce baiser me détendit, m'assurant ma victoire. Mais aussi la perte de mon être dans les bras de cet homme. Ressortirais-je indemne de cette nuit ? Sans doute pas. Alors autant faire en sorte qu'elle soit magnifique. Autant la rendre inoubliable La nuit où je renonçais à mon âme. Si j'avais envie de le bouffer ? Évidemment que oui, je n'avais eu de cesse d'y penser depuis la dernière nuit. Mais j'avais refouler ces pensées au fond de moi-même, alors que ce soir je leur ouvrais enfin la porte. N'en as-tu pas envie ? Je reviens cueillir ses lèvres, inlassablement. Je ne veux pas que tu sois un homme ... Je veux que tu sois mon homme j'étais clairement exigeante ce soir, sans doute plus que je n'avais le droit de l'être, mais tant pis Ce qui fait une sacré différence. J'attrapai son haut entre mes doigts et le lui retirai, avant de revenir l'embrasser, descendant le long de sa mâchoire, son cou, atteignant son torse. Je finis par remonter et mordiller légèrement sa nuque, y déposant de furtifs baiser par moment. Je voulais m'enivrer de son odeur, me perdre dans ses bras, laisser la raison loin de nous et me laisser aller à la fougue de mes sentiments. Ce soir, c'était tout ce qui m'importait On va dans la chambre ? Bon, j'avais beau accepter de lui donner tout ce qu'il désirait, je restais frileuse à l'idée de continuer sur le pont.

Finalement, la nuit s'annonçait bien plus longue que je ne l'avais initialement pensé. Nos deux corps enlacés me comblaient de bonheur, mais ce n'était pas suffisant, je voulais bien plus que cela. Heureusement, je ne semblais pas être la seule à le vouloir, sans quoi ma frustration aurait été sans égale. Quand ses mains prirent mon visage, je me figeai un instant, le laissant m'embrasser sur le front. Notre relation n'était-elle pas des plus compliquées ? Presque incestueuse à y regarder de plus près. Quand bien même aucun lien de sang nous ne liait, au fil des années, Tao était devenu ma seule famille. Aujourd'hui j'étais prête à l'épouser s'il le souhaitait. Nul Dieu ne nous l'interdisait, mais ça n'en restait pas moins étrange. Finalement, il me répondit alors que je laissais de sulfureux baisers sur sa peau. Un sourire à son approbation, je le suivis docilement, le ventre noué par l'excitation. Une fois allongée sous lui, je remontai mes jambes de façon à presser son bassin contre le mien. J'avais envie de faire bien plus que le bouffer. Sa bouche sur ma peau me faisait frissonner, et augmentait toujours un peu plus la température de mon corps. Mes mains se perdirent dans ses cheveux, ma lèvre inférieure fut maltraitée par mes propres dos, tout mon être en demandait plus, toujours plus, jamais satisfait.