Les rues étaient inhabituellement remplies que de ces lumières troublantes des lampadaires dans lesquelles leurs rires se faisaient entendre à chacun de leurs coins. La nuit tombée déjà depuis des heures, déambulant dans la capitale espagnole, les deux amis se retrouvaient de nouveau. Un même lieu, un même souvenir. Et tout recommençait. Une simple rencontre due au hasard et des années plus tard, ils étaient là, à revivre ce qu’ils avaient déjà vécu. Plus vieux, plus matures et plus d’expérience. Ils restaient pourtant des gamins à s’amuser sous la chaleur d’une nuit bien avancée. Sortis du deuxième bar, ils riaient aux éclats. Pourquoi ? Pour rien. Une simple envie de profiter de la vie alors qu’il n’y avait rien d’autre à penser. Tout s’était fait rapidement. Une envie soudaine de partir. La brune avait déjà pour projet de prendre quelques vacances et le jeune australien l’a simplement suivie. Une occasion présentée. Une occasion pour eux de se rappeler le bon vieux temps. Plus rien autour. Plus de fac, plus d’histoires de fraternité, plus d’histoires tout court. C’était une sorte d’échappatoire pour se vider l’esprit et ne penser à rien d’autre que s’amuser. Le temps passait trop vite. Le temps était une enclave à la liberté. Le temps les défiait à chaque instant. Le temps. Toujours une question de temps. Aidan ne supportait plus d’être soumis par ce fameux temps, de s’interdire des plaisirs sous prétexte du temps. Il a naturellement pris les devants, accompagnant son amie sans sa ville natale, là où ils s’étaient rencontrés pour la première fois, il y avait déjà bien quelques années. Le hasard ou peut-être le destin les avait mis sur la même route, sur ce même bout de route. Le destin ou peut-être le hasard les avait mis sur la même route, une nouvelle fois, à l’autre bout du globe. Même ville, même école, mêmes ambitions. Les Tsebes les avaient certes rapprochés mais rien ne valait une remontée de souvenirs. Rien ne valait le rappel aux sources. C’était comme une bouffée d’oxygène.

Aidan passa alors son bras sur les épaules de son amie, s’appuyant sur elle tout en marchant au milieu de cette route. Le menton relevé, il contemplait le ciel peu étoilé. Les lumières et la pollution ne permettaient plus de bien distinguer ces astres et pourtant, l’admiration, elle, était présente. Déjà quelque peu alcoolisé, le jeune homme s’amusait d’un rien, contemplait pour admirer sans un réel sens et dans un élan d’affection, ses lèvres se retrouvèrent collées à la joue de son compagne de voyage avant de rire gaiment. Alcoolisé mais pas ivre. Encore conscient, cela ne l’empêchait pas de profiter de chaque seconde, d’apprécier ce moment et de le montrer. Il riait mais restait muet car, finalement, il n’y avait pas grand-chose à dire. Ils se délectaient du silence de la nuit et de leur propre euphorie. Elle était belle la vie.