Are you an angel?

Je pensais qu'ici tout irait bien, que les châtiments seraient terminés, que je n'aurais plus à subir ni les coups, ni l'intimidation et pourtant, j'avais tort, si tort que cela me fais mal, bien plus que les menaces. J'ai osé croire que je valais mieux, que je pouvais être un homme normal, que je pouvais me déplacer, vivre librement sans jamais subir les conséquences de ma présence au milieu de tous ces gens si intelligents, ni talentueux. J'avais tort. C'est recroquevillé dans les toilettes pour filles, les bras serrés autour de mes genoux et les larmes dévalant mes joues que je m'en compte. Elles sont trois. Elles. Cela me rend encore plus honteux. Je suis un homme, je suis censé pouvoir me défendre, je suis censé pouvoir me tenir droit devant elles et m'enfuir la tête haute. Je suis censé savoir faire face mais j'en suis incapable. Elles ont raison, je ne suis qu'un faible trop sensible et je mérite d'être battu pour cela.

Pourtant je ne faisais rien de mal, j'étais au réfectoire comme chaque jour et je prenais simplement mon plateau mais je n'ai pas dû m'asseoir à la bonne place. Ma présence sur cette chaise ne leur a pas plu et elles m'ont renversé ma nourriture dessus. J'ai honte, tellement honte. Le réfectoire était plein de monde, tous ont vu que je n'avais aucune fierté, aucun courage. Je suis ce qu'ils pensent que je suis. Elles ont ri, de toutes leurs forces. C'était amusant de me voir ainsi mais j'étais honteux, plus honteux que jamais. J'ai pris la fuite, sans réfléchir mais malheureusement, elles n'avaient pas fini de rire. Elles m'ont suivi et m'ont forcés à entrer ici. Je n'ose même pas regarder autour de moi. Je suis pitoyable.

J'ai voulu partir, leur dire d'arrêter mais elles sont plus fortes et je suis figé par la peur. Je ne suis qu'un enfant et les bleus et cicatrice sur mon corps servent à me le rappeler. Mon corps est frêle et à cet instant je me maudis pour ne pas avoir écouté Ren, pour ne pas être allé faire du sport avec lui. Peut-être que si j'étais plus fort, j'aurais pu leur tenir tête et encore, je n'en suis même pas certain. Elles s'amusent et leurs rires emplissent la pièce, résonnant dans l'espace presque vide. J'ai envie de vomir tant je me dégoûte. Ce sont des filles mais rien n'empêche la violence, les coups et les mots acerbes. Et puis soudain, j'entends de l'eau mais plus un bruit. Quelques gloussements s'échappent et j'ose relever les yeux juste à temps pour les voir me renverser un seau d'eau glacée sur la tête. C'est pour me laver, pour s'excuser de la nourriture sur mes vêtements et mes cheveux.  L'eau me glace, pénètre chacun de mes pores et me fait trembler. Un sanglot m'étrangle et je plonge à nouveau ma tête entre mes genoux. Ren était toujours là pour me sauver mais cette fois il ne l'est pas, personne n'est là.