Liang souffla sur son thé encore trop chaud pour lui. Du thé vert. Un thé aux saveurs très fruitées. Un thé de fille selon sa maman. Mais lui il aimait ça. Il trouvait que ça sauvait d’une bonne gueule de bois comme celle qu’il affrontait actuellement. Les yeux cernés, sa tasse dans une main et un bouquin dans l’autre, il ne perdait pas le rythme pour autant. Peu importe sa condition il révisait. Ce n’était pas une pauvre migraine d’alcoolique qui allait l’en empêcher. Ses camarades étaient admiratifs. Ils préféraient passer leur journée au lit à récupérer de la veille plutôt que d’ouvrir leurs livres. Liang se sentait capable de réfléchir en toute circonstance et son travail restait productif malgré tout. Aujourd’hui, il était venu réviser dans ce salon thé pour prendre l’air et profiter de la météo relativement clémente de la journée. Puis il y avait encore du monde chez lui et il était donc plus tranquille ici. Il s’était placé à une table dans le coin de la salle espérant ainsi ne pas être dérangé par les discussions des autres ou tout autre élément perturbateur. Mais ça, c’était sans compter la volonté des dieux.

Une demoiselle prit place juste en face de lui. Au début, il ne prit pas la peine de lever les yeux et resta concentré sur ses affaires. Il ne voulait pas parler. Il était enroué d’avoir hurlé la veille pour se faire entendre au travers d’une musique trop forte. Mais très vite cette présence le perturba et il commença à remuer sur sa chaise. Il tenta néanmoins de garder son calme sirotant son thé l’air de rien. Jusqu’à ce qu’une petite voix nasillarde qu’il trouvait vraiment désagréable à l’oreille s’adresse à lui. « Tu te souviens de moi ? » Liang daigna enfin regarder la personne qui osait troubler sa solitude. La bonne nouvelle c’était qu’il se souvenait d’elle. Difficile de l’oublier, ils avaient passé une longue soirée à se rouler des patins. La mauvaise nouvelle était qu’il ne pensait pas avoir à la supporter plus que ça. Il avait senti dès la minute où il l’avait rencontré qu’elle n’était bonne qu’à se faire baiser. Elle puait l’idiotie et la niaiserie. Tout ce que Liang ne supportait pas chez la gente féminine. Pensant qu’il pourrait s’en séparer en feignant une perte de mémoire il secoua la tête de gauche à droite. Malheureusement la jeune femme insista et ne semblait pas consciente qu’elle le dérangeait. Elle commença à lui raconter ses histoires auxquelles Liang ne s’intéressait clairement pas. Plutôt que de l’écouter, il cherchait un échappatoire et vite.  

La clochette du salon de thé retentit annonçant un nouveau client. Liang reposa immédiatement sa tasse de thé. Il la connaissait. Il la connaissait même suffisamment pour pouvoir l’utiliser comme porte de sortie. Il ferma tous ses livres précipitamment, les rangea dans son sac et sans aucun mot d’excuse à l’adresse de son envahisseur, se leva. Il attrapa sa sauveuse par la hanche et l’attira à lui un peu brusquement. « Tu veux me sauver la vie ? Ne dis rien. » Murmura-t-il à son oreille dans un souffle rauque. Hee Mi, il ne la connaissait pas tant que ça mais il savait qu’elle n’allait pas le rejeter. Il la trouvait gentille et sans doute était-elle suffisamment intelligente pour comprendre la situation ou du moins elle allait comprendre. Sa prétendante avait à son tour décollé ses fesses de sa chaise et marchait vers eux avec ce regard noir de fille désespérée. Liang eut le malheur de se retourner pour voir ce qu’elle faisait et la seconde suivante une main s’abattait sur sa joue. Impassible, le visage fermé, il relâcha Hee Mi et serra les poings. Si seulement il pouvait frapper cette connasse lui aussi. Mais non, on ne frappe pas les femmes. Il la laissa le traiter de tous les noms et quand enfin elle quitta les lieux lâcha un long, très longs, soupir d’exaspération. « Pourquoi, vous les filles, vous vous imaginez toujours qu’on est le prince charmant hm ? » Il adressa un petit sourire complice à Hee Mi. C’était sa façon de la remercier même s’il venait de se prendre une gifle avec tout ça. « Je crois que tu mérites une tasse de thé. Enfin, si tu veux bien de ma compagnie. » Il désigna son ancienne table en allongeant son bras vers celle-ci et l’accompagne même, allant jusqu’à tirer la chaise pour qu’elle s’y installe puis il prit place en face d’elle.

Fin de matinée. Mon ventre crie famine. J'ai passé trois heures à faire les boutiques. Toujours faire du shopping le matin. Comme ça il n'y a personne. C'est ma technique depuis des années et ça marche. Actuellement en train de marcher dans les rues de Suwon, avec plusieurs sacs dans les mains, je cherche à tout prix un endroit où me poser. Pas loin il y a ce petit salon de thé que je fréquente parfois avec mes amies. Suffit simplement que je le trouve mais la tache va être difficile car je n'ai pas vraiment le sens de l'orientation.

Après avoir demandé trois fois mon chemin je fini par trouver ce salon de thé à l'anglaise. Je n'y mets pas souvent les pieds mais dès que j'y suis je me sens ailleurs. Leur thé est un peu cher mais ça vaut vraiment le détour. J'entre donc dans ce salon de thé si convivial, en poussant la porte de mon épaule puisque mes mains sont prises. Au même moment, sans avoir eu le temps de dire « ouf » un jeune homme ce rue sur moi et me prend contre lui, me tenant par la taille. Je rougis complètement. Qu'est-ce que Liang fait ici ? Et pourquoi agit-il comme ça avec moi ? La réponse ne se fait pas attendre. Le temps de voir une jeune femme venir en notre direction et je comprends la situation. Je sers d'appât...merci.

La jeune demoiselle ne tarde pas à nous rejoindre et j'entends une gifle partir. J'écarquille les yeux et me recule d'un coup. « Hey !! » Ca sort tout seul. Choquée par la baffe que vient de se prendre Liang je fusille cette fille du regard. De quel droit ose-t-elle lui faire ça ? Vu la tenue qu'elle portait et sa tête ça ne m'étonne qu'il n'ait pas voulu d'elle. Même un pingouin s'habillerait mieux qu'elle.
Mais madame je me fringue comme un sac ne tarde pas à partir après avoir insulter plusieurs fois le jeune homme. Je reste bouche bée. Il va falloir qu'il me donne quelques explications.

Je ris doucement quand Liang fait une allusion au Prince Charmant. Si au moins il savait ce que j'en pensais. Sachant que je pense avoir trouvé LE garçon, je ne peux pas vraiment critiquer le fait que chaque fille souhaite trouver un jour le vrai amour de sa vie. « Ne cherche pas à comprendre les filles... ». C'est comme ça. Les filles aiment rêver d'un homme qui leur apportera amour, mariage,argent. Et si tout va bien il vous fera le plus beau des cadeaux : un enfant. Mais ne pensons pas à de choses si sérieuses. Je m'installe sur la chaise que Liang tire pour moi. Il me propose de m'offrir le thé, ce que j'accepte avec grand plaisir en hochant la tête et en lui souriant de toutes mes dents. Qu'est-ce qu'il est galant. Cela change de la dernière fois qu'il m'a dragué comme un lourdeau en boite de nuit. Cela fait déjà deux fois ! Sincèrement si Liang n'était pas ami avec celui que j'ai tendance à appeler « l'homme de mes rêves », je pense que j'aurai craqué pour lui. D'accord il drague mal mais il est touchant quand on essaye de discuter avec lui, même s'il pue l'alcool à 300 km. Et puis je dois vous avouer que je profite un peu de l'amitié du chinois. Il connait Makoto. Je les ai vu deux fois ensemble. Si j'ai tout de suite été attiré par lui en boite c'est sans doute parce que j'ai reconnu sa tête.

«Alors...cette fille ne te plaisait pas ? » Je ris doucement puis approche un peu mon visage du sien et arque un sourcil. «Tu préfères me faire passer pour ta nouvelle copine ? C'est pas très sympa hein...? Mais bon...Tu ne méritais pas de gifle. Oh...Au fait je suis désolée pour l'encombrement de mes sacs...Je sors d'une matinée shopping...»

Oh non, il ne cherchait définitivement plus à les comprendre. Le sexe féminin l’ennuyait de plus en plus. Une fille c’est trop bavard, une fille ça veut tout sur plateau d’argent, une fille ça veut un mec super romantique, bref une fille c’est trop d’efforts et c’est chiant. Liang leva les yeux au ciel en riant doucement. C’était surement pour toutes ces raisons qu’il s’intéressait à l’autre bord. Au moins les mecs se cassaient dès le premier rayon de soleil sans demander aucune explication. Pas besoin de tendresse, pas besoin de mots doux et encore moins de fausses excuses. Heureusement, il y avait tout de même quelques filles pour former une exception. Liang trouvait qu’Hee Mi en était. Peut être parce qu’il ne s’intéressait pas à elle. Du moins, sobre, il ne cherchait pas à la mettre dans son lit. Pourtant elle était tout à fait son genre mais il ne se sentait pas se lancer dans quoi que ce soit de sérieux alors il se tenait à l’écart et ça marchait plutôt bien. Puis il lui semblait que la demoiselle avait le cœur ailleurs.

Cela ne l’empêchait pas de faire preuve de bonne éducation et de galanterie envers elle. Sa maman pouvait être fière de son fils. Il leva le bras pour interpeller le serveur et le laissa prendre la commande de la demoiselle avant de faire la sienne. Encore un thé vert bien sur ainsi qu’un assortiment de pâtisseries pour aller avec mais surtout pour faire plaisir à la jeune femme. Elle l’avait aidé dans un sens et ça même s’il s’était quand même pris une claque majestueuse. Il se toucha la joue du bout des doigts en grimaçant. « Dis-moi, ce n’est pas rouge j’espère ? » Il jeta un coup d’œil aux autres clients qui les observaient. Ils devaient les voir comme un couple et s’imaginaient que Liang est le pire goujat infidèle de la planète. Enfin, il claqua sa langue contre la partie supérieure de sa cavité buccale, un de ses nombreux tics, avant de répondre à Hee Mi. « Dois-je te faire un dessin ? Tu as aussi bien que moi pu constater qu’elle n’est pas au niveau. » Bah quoi ? Il n’allait pas se mettre à sortir avec des moches. « Je regrette d’avoir aussi bonne mémoire et de me souvenir avoir embrassé une telle chose hier. » Ses cernes, sa petite mine et ses yeux rouges témoignaient bien de sa gueule de bois. En la voyant s’approcher, Liang eut un petit mouvement de recul avant de faire de même. Simple réflexe puis en plus il ne devait pas être très beau à voir d’aussi près. Ses mots le firent légèrement mais alors très légèrement sourire. Le truc à peine perceptible quoi. Sauf si t’as un œil de lynx. Comme pour capter un peu plus l’attention d’Hee Mi, il leva le petit menton de la jeune femme avec son index et s’approcha un peu plus. « Je ne suis pas un si mauvais parti, si ? » Puis il reprit sagement ses distances parce que quand même il ne fallait pas abuser. Ils n’étaient pas encore aussi proches.

Il remercia poliment le serveur qui venait d’apporter leur commande en baissant la tête plusieurs fois joignant les mains. Brave garçon trop bien élevé. Il encercla la tasse brulante avec ses mains et osa jeter un coup d’œil aux nombreux sacs de la demoiselle. « Une vraie fille. » Commenta-t-il d’un ton moqueur. Il porta la tasse en porcelaine jusqu’à ses lèvres charnues et n’avala qu’une toute petite gorgée histoire de ne pas s’ébouillanter la bouche. « Tu te balades pas sur le campus aujourd’hui ? » Oui, il la taquinait un peu. Il pouvait bien faire ça non ? Il l’avait aperçu quelques fois de loin. « Je crois que c’est la première fois que je te parle en étant sobre. » Il plissa les yeux tout en se tenant le menton pour se donner l’air d’un grand penseur – qu’il était soit dit en passant.

Quel beau parleur ce Liang. Si je n'avais pas quelqu'un d'autre dans le cœur je crois qu'il serait en train de m'achever. Sa manière de s'adresser aux femmes et la manière dont il en parle n'est pas du tout la même. S'il aime les critiquer comme il fait avec celle qui lui a donné une gifle il y a quelques minutes, il n'est cependant pas méchant. Je dirai même qu'il est à la fois doux et romantique. Du moins c'est ce qu'il laisse penser. C''est presque tout le contraire de ce qu'il peut montrer lorsqu'il est en boîte. D'ailleurs en parlant de ça, il a sans doute dû y retourner. Je ne sais pas ce qu'il l'attire en boîte, le sexe faible ? La boisson ? La techno ? Personnellement j'y vais pour mes amies, et pour décompresser, pas pour chercher l'âme sœur. De toute façon, comme dirai une de mes amies « Les gens en club ne sont bons qu'à baiser ». Et c'est ce qu'à surement cru Liang en venant me draguer plusieurs fois. De toute manière quand j'arrive -souvent après mes défilés- monsieur est tellement déjà bien beurré qu'il ne semble même plus me reconnaître. Mon prénom ça, il l'a retenu, mais j'ai du lui répété trois fois d'affilée que « non je ne lui dirai pas la taille de mes bonnets ». Oui, parce qu'en plus quand le jeune chinois est saoul, il devient vraiment pervers. Certes j'ai connu pire que lui, mais il s'en sort pas mal.

Je lui souris doucement et touille mon thé à l'aide d'une cuillère pour le refroidir un peu. Je zyeute les pâtisseries. J'en veux. Mais j'ai pas le droit. Mannequinat oblige. Pas le droit de grossir. Dès que je mange quelque chose qui fait trop grossir je fais un peu de sport en parallèle pour perdre les grammes pris. Tout ce joue sur le poids dans le mannequinat. Le poids, c'est ça mon gros problème. Plus on est mince, plus on plait, mieux on est payé. Plus on a de belles fesses, plus on a de beaux seins, mieux on est payés. Mais comment voulez vous avoir de belles formes quand on vous demande d'être limite anorexique ?

Bref, tout ça pour dire que je ne peux même pas manger les délicieuses pâtisseries que Liang a gentiment commandé pour nous. Tant pis. Je me mord la lèvre puis arque un sourcil quand il pose LA question concernant le campus. Alors comme ça il m'a déjà vu ? Je suis flattée, il m'a remarqué. Ça veut au moins dire que je ne l'ai pas laissé indifférent ? Je souris comme une idiote puis prend la parole. « Non...je me balade pas sur le campus aujourd'hui...pourquoi ? Je te manquais ? » Je ris légèrement. «Puis toute façon même si j'y étais je serai pas venu te voir idiot ! T'es toujours avec Mako...Ma-co-pine ! T'es toujours avec ma copine !! » Je pique un fard. J'ai les joues en feu. «Tu sais celle qui a les cheveux teint en châtain et qui a toujours un petit bandeau sur la tête ? » Je ne sais même pas ce que je suis en train d'inventer. Je me félicite de m'être reprise à tant. S'il sait que j'en pince pour Makoto notre potentielle amitié pourrait être ruinée. Il va penser que je reste avec lui juste pour le Japonais. C'est faux. Bon ok c'est un tout petit peu vrai, et c'est d'ailleurs pour ça que je ne me suis jamais laissée faire en boite quand il essayait de me draguer. C'est aussi pour ça que je ne le considère que comme un mec sympa, et non pas comme un type avec qui je pourrais sortir. Loin de moi l'idée de le draguer. J'aime jouer de mon charme avec tous les hommes mais pour la plupart ce n'est que du jeu. Je n'attends rien de Liang. Ou presque. «Hum...faudrait qu'on se voit un peu plus souvent quand t'es sobre tu sais...T'es plus intéressant ! Parce qu'il faut avouer que lorsque t'as bu t'es vraiment lourd ! D'ailleurs si t'as dragué cette pimbêche en boite, je me demande bien comment elle a fait ! Soit elle en avait après ton entrejambe soit...elle était vraiment désespérée...Enfin c'est sans doute normal vu sa gueule» Oui. Je sais, ce que je dis ça ne se fait pas. Mais c'est pas ma faute si sur Terre il y a des personnes plus appétissantes physiquement que d'autre.

Liang guida le récipient en porcelaine jusqu’à ses lèvres tout en jetant un œil aux pâtisseries mais toujours attentif aux paroles de la demoiselle. Elles avaient l’air délicieuses. Cela tombait plutôt bien puisqu’il n’avait encore rien englouti de la journée. De base, il ne prenait déjà jamais -ou rarement en tout cas- de petit déjeuner mais le lendemain d’une grosse beuverie il ne pouvait décidemment rien avaler. Mais là, la faim commençait à se faire ressentir. Il attrapa entre son index et son pouce un financier qu’il analysa sous toutes ses formes. « Oh non, tu ne me manquais pas. » Ah, la belle et terrible franchise de Liang. Il aurait pu réfléchir tout de même avant de parler mais non. Il ne savait pas faire ça. Il ne pouvait pas s’empêcher de dire le fond de ses pensées. Cette remarque allait peut être la blesser surtout qu’elle ne connaissait pas encore assez bien le chinois pour savoir qu’il n’avait pas dit cela dans ce but. Il l’avait dit comme ça. Il ne détenait pas la sensibilité nécessaire pour savoir distinguer les remarques blessantes des autres. Il ne comprenait pas vraiment que la sincérité n’était pas forcément appréciée en toute circonstance. Un peu brut de décoffrage quoi.

Le chinois brisa le financier en deux et plaça une moitié dans sa bouche. Hee Mi réussit à attirer à nouveau toute son attention en ne prononçant que deux syllabes ‘ Mako ‘. Son intérêt immédiatement éveillé, il leva la tête en direction de la jeune femme à la recherche d’un moyen de capter son regard. Heureusement, non plutôt, malheureusement pour elle, Liang était loin d’être un imbécile. Pas expert en relations humaines du tout, il parvenait tout de même à décrypter certaines choses. Il avait l’intuition que Mako pouvait être le début de Makoto, prénom de son cher colocataire. Le charabia qu’elle lui servit après ne fit que confirmer son intuition puisqu’il ne connaissait aucune fille comme ça. « T’arrêtes de dire de la merde un peu. Tu connais Makoto, c’est ça ? » Il n’avait pas dit ça sur un ton spécialement sec mais il avait juste levé les yeux aux ciels. Vraiment, elle pensait le faire tomber dans le panneau ? Il n’était pas assez idiot pour la croire. Puis il commençait à connaître les filles et leur fausse gêne. Hee Mi ne pouvait pas l’avoir comme ça. Il engloutit la deuxième moitié du financier et sirota un peu de son thé pour aller avec. Il se mit alors à réfléchir. Il n’avait jamais vu la jeune femme à la maison. Sinon il s’en serait souvenu quand même. Et il ne l’avait jamais vu en compagnie de Makoto tout court en fait. Du coup, il était intrigué. Très intrigué.

Comme il voyait que la jeune femme ne touchait pas aux gourmandises qu’il avait commandées -exprès pour elle à la base-, il grimaça un peu. Parce que bon il avait un porte-monnaie extensible et ce salon de thé avait des tarifs assez élevés. « Tu ne veux rien manger ? C’est pour toi que je les ai commandées tu sais. » Est-ce qu’elle était de ces filles à surveiller minutieusement les kilos ? Liang ne se gêna pas pour la détailler. Elle était bien faite. Un corps auquel il n’y avait rien à reprocher. La taille fine, de légères formes là où il le fallait, bref de la bonne marchandise.

Il baissa les yeux un peu gêné face aux remarques que la coréenne lui faisait sur son comportement dans les soirées trop alcoolisées. C’est vrai qu’il pouvait être lourd. Son meilleur ami le lui avait déjà signalé. Mais ça marchait avec certaines filles. Et quand il en voulait vraiment une dans son lit, il savait se retenir pour faire bonne impression. Il eut un petit rire parce qu’elle avait définitivement raison et mieux valait en rire que de se vexer pour si peu. Il passa sa main dans ses cheveux pas coiffés du tout mais très propre. « Je te concède que pour le coup j’ai un peu honte. Elle a dû se sentir.. Flattée ? » En temps normal, c’est-à-dire sobre, il est clair qu’il n’aurait jamais posé le regard sur une fille comme elle mais bon l’alcool peut avoir un pouvoir inexplicable mais surtout extrêmement aveuglant. « Puis si je suis lourd c’est parce que tu n’as pas encore cédé. » Sur ces mots, il lui adressa un clin d’œil et but une gorgée de son thé vert. Bien entendu, il n’était pas sérieux. Il faisait ça pour se moquer et peut être un peu pour se venger afin de la mettre dans l’embarras elle aussi.

Liang fait parti des hommes de mon entourage qui ne me laissent pas indifférente. Il est gentil, agréable à vivre quand il est sobre et bon dieu ce qu'il peut être mignon. C'est tout à fait mon style. Même si en vérité je n'ai pas vraiment de physique particulier, pourvu simplement qu'il prenne soin de lui. Je ne sais même pas pourquoi je raconte ça d'ailleurs. Toute façon, Liang ne m'intéresse pas et vu ce qu'il vient de me dire il y a fort à parier que lui non plus. Il a quand même osé me dire que je ne lui ai pas manqué. Soit. Est-ce que je le fais chier ? Sans doute. Je parle énormément et ça doit en agacer plus d'un. D'ailleurs je me demande comment mon Prince Charmant n'a pas été agacé les premières fois où on s'est vu. Mais passons. En parlant du Japonais je me retrouve rapidement déroutée quand Liang m'annonce qu'il sait pertinemment que je parlais de Makoto. Ok. Je suis grillée. Ce type a un don pour cerner les filles. Je ne me ferai plus avoir. Mais maintenant va falloir que je lui dise la vérité. Comment lui expliquer que le chimiste est un type qui me fait littéralement craquer ? Ok il faut que j'essaye de lui dire ça avec des mots simples. «Je...Oui je le connais. On est des connaissances puisqu'on se connait. Voilà tout. » Je le regarde dans les yeux et il n'a pas l'air très convaincu. Je soupire. «Ok...je..on...il est mignon voilà. ». Je m'arrêterai ici pour la parenthèse japonaise.

Pour ne pas trop rougir devant lui je fixe les pâtisseries qui ont toutes l'air délicieuses. J'ai bien envie d'en manger un petit bout. En plus mon frère m'a dit de manger plus. Mais je peux rien y faire, si je mange ça je vais grossir. Et si je grossis l'agence ne va plus vouloir de moi. Le Chinois me demande si je n'en veux pas. C'est vrai qu'il les a acheté pour moi en partie...Je me racle la gorge avant de prononcer un petit « Merci » puis je me décide à prendre un financier que je coupe en deux. Mon ami n'aura qu'à manger le reste. «Mmh...Je rigolais quand je disais que tu étais lourd idiot. T'es tout gentil aujourd'hui. Mmh...D'ailleurs je crois qu'on a jamais vraiment eu l'occasion de parler tu fais quoi comme études déjà ? »

Je souris doucement et tout en le regardant je lui prend la main posée sur la table. C'est amical bien entendu. Je suis assez tactile. C'est comme ça. Espérons qu'il ne pensera pas à mal.

Dans le mille. Liang, en grand génie, avait une nouvelle fois élucidé une énigme qui, en fait, n’en était pas vraiment une. N’importe qui d’autre aurait immédiatement soupçonné quelque chose, n’est-ce pas ? Oui mais voilà, il avait sans doute cerné la jeune femme plus rapidement que la moyenne ne lui laissant même pas le temps de se rattraper. Alors comme ça, la nana qu’il draguait à chaque fois qu’il avait le malheur de la croiser en soirée et d’être alcoolisait flashait sur son colocataire. Liang fronça les sourcils. Plus étrange comme situation s’il vous plait ? Et comme Liang était un jeune homme très perspicace, d’autres liens se firent rapidement dans sa tête. « Tu veux te le faire ? » Bravo encore une fois jeune Zheng, c’est très délicat de ta part, comme à ton habitude d’ailleurs. Liang ne maitrisait pas toujours très bien sa langue. Il pouvait jouer au prince charmant mais jamais très longtemps. Son naturel revenait bien trop vite au galop. « Je ne vais pas pouvoir t’aider ma pauvre. » Il se moquait un peu d’elle et cela se voyait parfaitement sur son visage. Ce petit air rieur, ce sourire en coin. Il ne pouvait s’empêcher de trouver mignon qu’une fille comme Hee Mi s’intéresse à un homme comme Makoto. Il ne l’imaginait tout simplement pas avec quelqu’un comme elle. Mais d’un tout autre côté si même lui arrivait à apprécier la coréenne il ne voyait pas pourquoi Makoto n’en serait pas également capable. Il ne put s’empêcher de se dire qu’Hee Mi allait sacrément ramer pour atteindre le japonais mais elle n’avait pas l’air de manquer d’ambition.

N’étant pas spécialement du style à beaucoup sourire, Liang se contenta d’hocher sa tête pour montrer son contentement face à Hee Mi qui acceptait enfin de manger un peu des délicieuses pâtisseries qu’il avait commandées pour elle. Il en profita pour en prendre une autre qu’il inspecta avant de se permettre de le manger. « Je suis en deuxième année de pharmacie. » Il marqua une pause le temps de boire un peu de son thé. Avec Liang, il ne faut vraiment pas être pressé. « Et toi, tu fais quoi exactement dans la vie ? » Il se rendait compte qu’à l’exception de son prénom il ne connaissait pas grand-chose de la demoiselle, même pas son âge. A première vue ils devaient plus ou moins avoir le même. En tout cas, elle ne devait pas être plus jeune que lui ça il en était certain.

Vraiment, il ne comprit pas le geste de la jeune femme. Pour quelqu’un comme Liang, plutôt sur la réserve et distant, les contacts physiques se faisaient principalement sous l’emprise de substances pouvant altérer son comportement. Alors par réflexe et peut être aussi un peu par pudeur, il retira instantanément sa main qu’il cacha sous la table. Il se racla la gorge gêné d’avoir fait ça de cette manière et détourna le regard. Il la trouvait jolie. Probablement qu’il aurait tenté quelque chose avec elle dans un autre contexte. Mais elle en pinçait déjà pour Makoto alors ce geste était plus qu’embarrassant pour Liang. Ne voulant pas risquer de laisser s’installer un malaise trop important entre eux, il lui dit la première chose qui lui passa par la tête. « Tu veux qu’on mange un truc ensemble un de ces soirs ? Je cuisine bien. » Et ça, c’était vrai. Il avait dû apprendre pour nourrir son frère et sa sœur lorsque leur mère rentrait trop tard du boulot.

Je ne vis pas tous les jours avec Liang et pourtant j'ai l'impression qu'il me connait mieux que quiconque. Il a peut-être un sixième sens qui lui permet de mieux cerner les filles. Ça sert pour la drague ce genre de choses. Les femmes aiment par dessus tout les hommes qui les comprennent. Comme ça, à la fin d'une relation ça leur évitent d'entendre un « Tu ne sais rien » ou « Tu ne comprends rien ». Moi j'aime les hommes qui me comprennent mais pas de là à faire des analyses impromptue sur ma personne. Comment diable ce type a-t-il pu me demander si je voulais me faire le pétalous ? J'ai une vision du Japonais et de moi  même dans un lit en train de faire des galipettes et ce n'est pas forcément ce à quoi j'ai envie de penser maintenant. Puis c'est idiot comme question. Bien sûr que je veux me le faire ! Enfin non...Enfin si...Enfin...le problème c'est que « se le faire » est une expression beaucoup trop vulgaire pour dire «J'aimerai sortir avec Makoto le beau gosse qui traine avec toi, et oui j'aimerai faire l'amour avec lui car j'en suis raide dingue ». Là c'est mieux.  

Je soupire doucement puis regarde mon ami dans les yeux. Je me sens mal de parler du Japonais devant lui mais c'est lui qui a commencé ! Alors maintenant il va devoir faire avec. «Disons que Makoto ne me laisse pas indifférente. Je n'ai pas forcément envie de me le faire. Mais...Il m'attire. On peut voir les choses comme ça. » Je rougis légèrement sans rien dire d'autre. Puis finalement on parle d'autre chose. Tant mieux.

Alors comme ça monsieur veut devenir pharmacien ? Mmh...ça en serait presque sexy. Je l'imagine bien devant le comptoir, avec sa petite blouse blanche, en train de lire les ordonnances de ces médecins qui ne savent pas écrire. Ça lui donnerai un petit charme. «C'est pas trop dur en deuxième année ça va ? Quand tu seras pharmacien t'as interêt à donner des médicaments gratuits hein ? » Je ris doucement puis prend une gorgée du thé que le jeune homme à commandé pour moi il y a peu. Il est chaud mais il ne me brule plus les lèvres. C'est désormais à moi de répondre à ses questions... « Je...en fait j'ai fini mes études ! Je suis mannequin en fait. » Je rougis légèrement. « Je sais...ça ne se voit pas mais je le suis vraiment. » Oui ça arrive que les mannequins ne soient pas toutes plates. J'ai des formes. Et c'est la vie.

Je souris doucement puis finalement j'engloutis ma deuxième moitié de financier. Ils sont réellement bons. La prochaine fois j'en achèterai à emporter. Ils sont sans doute chers mais c'est un délice. Et je maudis mon agence pour m’empêcher de manger comme je veux. Je remplirai mes placards de ses petites pâtisseries s'il le fallait. Et de macarons Ladurée aussi. Mais soit, il ne vaut mieux pas que je parle de nourriture sinon je vais aller vomir et c'est pas vraiment quelque chose que j'aimerai recommencer. Raté. Voilà Liang qui me parle de m'inviter chez lui pour prendre le repas un de ces quatre. Il est adorable. Mon dieu ce qu'il est chou. Bien plus intéressant qu'en club croyez moi. «Ça sera avec grand plaisir ! On pourrait même regarder des films ou des séries hein ? » Je le regarde en souriant comme une enfant a qui on a demandé de faire sa liste au Père Noël. Je suis bizarrement contente qu'il m'invite, comme ça. C'est comme une sorte de rencard, mais entre amis pas vrai ? « Tiens d'ailleurs tu aimes quoi comme séries ?! Tu...tu connais cette série américaine qui se passe au temps du moyen-age là ? Aaah...il y a beaucoup de morts et de sexe...Ga...Ga...ça commence par Ga...mais je connais plus le nom ! J'ai vu le premier épisode il y a quelques jours ! C'était vraiment génial ! Puis y a des gars vachement mignons... » Je ris légèrement, cachant doucement mon sourire avec ma main.

Il ne put s’empêcher de penser que Makoto voudra probablement un jour la mettre sous calmants. Ce n’était pas vraiment méchant. Il connaissait juste très bien son colocataire et commençait à cerner la jeune Hee Mi qui malgré sa beauté ne semblait définitivement pas être le genre de son pote. Puis il se dit qu’il avait probablement succombé à son charme de la même manière que lui. Liang la trouvait craquante. Il la trouvait adorable. Elle n’avait pas l’air idiote comme les autres en plus. Alors peut être bien qu’elle allait réussir à faire battre le cœur de Makoto. En tout cas, il se promit à l’instant de ne plus aller la draguer comme un gros lourd. Il ne pouvait plus faire ça maintenant qu’il savait qu’elle craquait pour quelqu’un et que ce quelqu’un était son coloc surtout.  Dommage, il aurait bien aimé l’impressionner avec son intelligence. « Tu veux de la drogue c’est ça ? » Il plaisantait. Bien évidemment qu’il plaisantait. Il en connaissait trop bien toutes les composantes et tous les effets pour se mettre à l’inciter à en prendre. Mais comme il ne riait pas, difficile de voir que ce n’était qu’une plaisanterie. Alors comme ça elle était mannequin ? Cela expliquait pourquoi elle refusait de manger. « Tu sais que tu ne vas pas prendre dix kilos en mangeant quelques-unes de ces pâtisseries, pas vrai ? » Il trouvait ridicule toute cette pression qu’elle devait sans doute se mettre pour ne surtout pas prendre un gramme. « T’es magnifique, alors tais-toi. » Il lui disait ça en toute honnêteté même s’il regardait ailleurs.

Quel gâteau prendre maintenant ? Il avait l’embarras du choix puisque Hee Mi ne risquait pas de tout manger. Il en piocha donc un au hasard et comme les autres il l’observa longuement et sous tous les angles avant de le manger. Liang faisait très attention à ce qu’il mettait en bouche. « Bien sur, on fera ce que tu veux. » sauf boire. Il ne voulait prendre aucun risque. Il la laissa galérer dans ses explications camouflant un sourire en coin avec sa main. Décidemment, elle était adorable. « Game of thrones. » prononça-t-il avec un accent anglais quasi parfait. Il parlait couramment la langue de Shakespeare et avait même commencé à apprendre celle de Molière. Il avait d’ailleurs appris très rapidement le coréen. « Je n’ai pas le temps de regarder tous ces trucs mais on pourra si tu veux. » Il avala les dernières gouttes de son thé. « Et tu veux manger quoi ? Je te prépare tout ce que tu désires. » il posa son coude sur la table et calla sa tête dans la paume de sa main approchant ainsi un peu son visage du sien.

Comment cet idiot peut me proposer de la drogue ? Je fronce les sourcils, ne comprenant pas vraiment où il veut en venir. Mais soit. Je lui réponds un faible «Non ». C'est peut-être son côté chinois qui le fait planer. Après tout il a sans doute pas fini de décuver depuis hier soir c'est pourquoi il me propose de la drogue ? Non. Cette réflexion est débile. Il devait juste rigoler. Seul problème, je n'ai jamais compris et ne comprendrait jamais l'humour des hommes. On dit « femme qui rit à moitié dans ton lit » et bien il est clair que je ne terminerai jamais dans celui de Liang parce que ses blagues sont nulles. Et même avec son sourire si beau il ne m'aura pas. Je l'espère. Surtout que j'ai quelqu'un d'autre en ligne de mire. Mais passons. Le beau gosse fait une réflexion sur mon poids. Ou du moins sur le fait que je ne grossirai pas en mangeant des pâtisseries. Et comme pour me faire plaisir il ajoute que je suis magnifique. Mes joues prennent feu. Je ne sais même pas comment le prendre. Bien entendu je le prends bien. On me dit souvent que je plais. Mais lui, il a été plus que direct. Ça me surprend mais ne me déplait pas.

« Merci en tout cas...T'es pas mal non plus ! D'ailleurs t'aurais presque pu être mon style » Je ris doucement, me sentant assez mal à l'aise après cette confession. C'est vrai. Liang est un bel homme et je pense qu'il le sait. Et s'il n'était pas ami avec Makoto peut-être que je l'aurai laissé me ramener chez moi même en état d'ébriété comme il me le proposait la première fois qu'on s'est vus en boite.

Finalement ce garçon est vraiment adorable. En plus de maitriser, il semble maitriser la cuisine. Il a tout pour plaire, définitivement. «T'aimes être aux petits soins des femmes on dirait » J'arque un sourcil attendant une réponse de sa part et tout en observant son visage je fais mine de réfléchir à ce que j'aimerai manger. Si ça tenait qu'à moi je lui ordonnerai de me faire des tas de raviolis et plein de poulet ! Mais hors de question. Je n'en ai pas le droit. J'ai déjà assez grossis depuis plusieurs mois. «Si tu sais vraiment tout faire...Je suppose que tu peux réussir des plats simples n'est-ce pas ? Du riz au kimchi ça me suffira. Ou une soupe. » Je me mords la lèvre en fixant ses yeux. Il est si beau. Si je continue je vais me noyer dans son regard. «Il y a quelque chose que je peux faire pour toi en échange ? Je ne vais pas proposer de ranger chez toi...Je ne vais pas me rabaisser à ça...Mais...Je peux essayer de faire des onigiri !? Tu connais ? J'ai appris à en faire quand j'étais au lycée ! Mon ex était Japonais en fait » Je rougis légèrement puis fini ma tasse de thé. Pourquoi lui ai-je raconté ça ? Pourquoi ? « Ne...va pas croire que je suis à fond sur les Japonais hein ? Ils tombent juste...au bon moment ? »

Presque seulement ? Liang leva un sourcil tout en buvant son thé. Il se sentait presque insulté là. Quelle femme se refuserait à lui ? Il avait la belle gueule, le beau corps, l’intelligence et l’éducation. Il les traitait comme des princesses. Enfin, jusqu’à ce qu’ils les jettent car en ce moment il préférait les collectionner. « C’était supposé être un compliment ? » Non parce que Liang ne le prenait pas vraiment comme ça. Pour peu il se serait vexé mais il n’était pas de ce genre là. Alors il préférait l’embarrasser. Une de ses passions dans la vie. C’était si facile pour lui de faire rougir les femmes. Il les trouvait encore plus belle avec ce rose aux joues. Même si Hee Mi semblait faire partie de celles qui sont magnifiques en toute circonstance. Il songea à Makoto, le traita de vilain chanceux dans sa tête et puis baissa les yeux.

Le chinois passa sa langue sur ses lèvres à la réflexion de la coréenne tout en réfléchissant. Ce n’était pas tellement qu’il aimait faire plaisir aux femmes en fait même si, bien sur, ça lui plaisait de jouer au mec parfait. Elles atterrissaient plus facilement dans son lit comme ça. Mais d’aussi loin qu’il se souvenait, il s’était toujours comporté comme ça avec elles. Il avait toujours considéré sa mère comme une reine et sa petite sœur comme une princesse, ça déjà bien avant le décès de son père. « J’ai été élevé comme ça, je crois. » Il en était sur en vérité. Sa mère avait fait du beau boulot avec lui bien que cela ne l’empêchait pas de se comporter en véritable salaud avec certaines. Sinon, il aimait leur faire la cuisine, il leur tenait toujours la porte et les faisait toujours passer avant lui. Un véritable gentleman. Un riz au kimchi alors ? Liang hocha la tête. Sa petite sœur adorait ça d’ailleurs. « Evidemment. Ce sera même le meilleur kimchi que tu n’auras jamais goûté. » Il était sur de lui. Il avait de quoi l’être. Tout le monde le complimentait sur sa cuisine. Bon à marier ce mec là, je vous le dis.

Liang leva les mains comme pour montrer qu’il était innocent après sa proposition concernant les onigris. Il ne la jugeait. Il n’allait pas le faire. Même si cela le fit doucement rire. Allez, elle devait bien avoir tout de même un petit penchant pour les japonais. Il termina à son tour son thé. « Je ne te juge pas même si je trouve qu’un chinois vaut mieux qu’un japonais. » Il ne faisait que la taquiner. « Alors, on dit vendredi ? » Quelque part faire à manger à une nana qui convoite son colocataire c’est quand même bizarre mais il l’aimait bien maintenant qu’il la découvrait avec un œil sobre.

Liang est un ange. Un ange descendu du ciel pour faire plaisir aux femmes. Pour les rendre heureuses. Non je ne mens pas. Liang a tout de l'homme parfait et je le répèterai autant qu'il faudra. Son physique, son intelligence et ses manières. Il sait comment s'y prendre avec le sexe opposé. Tout le contraire de Makoto. Parfois j'ai l'impression que le Japonais est un coincé du cul -pour dire les choses comme elles sont- pourtant en mon fort intérieur, je suis sûre que ce type s'est tapé encore plus de femmes qu'il n'y a de jours en une année -ma comparaison est pourrie je conçois-. Mais soit, pour revenir à nos moutons, Liang est vraiment génial, et j'espère qu'il rencontrera une femme qui le lui rendra bien. Si jamais j'apprenais qu'il se tapait une idiote qui l'exploiterai ça me révolterait.

« Ça me va parfaitement pour vendredi ! Tu m'enverras un message avec ton adresse mmh ? » Je lui souris doucement et approche timidement ma main de son visage pour venir lui pincer la joue. J'aime bien embêter mes amis. Puis même si le Chinois est conscient de ses faits et gestes il semble quelque peu endormi. Peut-être a-t-il trop révisé ? Ou pas assez. «Tu sais..je te préfère vraiment quand t'es sobre plutôt que bourré. T'es...vachement intéressant. Alors par pitié si on doit retourner en boite ensemble...n'essaye plus de me draguer, mmh ? »

Finalement nous continuons de discuter durant un moment. Liang est vraiment passionnant. Il a réussi à m'expliquer en quelques minutes en quoi consistait ses études et les matières qu'il étudiait. Définitivement, si un jour je le croise dans une pharmacie, je crois que je serai réellement fière de lui. De toute manière il a intérêt à réaliser son rêve, celui de devenir pharmacien. C'est marrant d'un côté. Je ne suis pas énormément proche de Liang mais j'ai l'impression qu'on se connait depuis des années. On a une facilité à se parler. C'est comme ça.

Au moment où je m'y attends le moins mon portable se met à vibrer dans la poche de ma veste. En bonne accro à la technologie que je suis j'interromps la conversation et sort le portable de ma poche avant de décrocher. « Mmh...Allo...mmh...oh ! D'accord j'arrive ! » Je raccroche puis me lève à la va vite. Je suis assez gênée de devoir partir comme ça. Je déteste les imprévus. Surtout quand je suis en compagnie d'un homme si beau et si intéressant. « Je suis désolée, mon frère vient de m'appeler ! Ma mère a débarqué chez lui et je dois donc aller lui rendre visite...Cette famille me colle aux basques tu peux pas savoir comment ! » Je prend mon sac puis un financier pour la route et fait un gros bisou sur la joue de mon ami. « A vendredi ! Je t'appelle entre-temps ! Bonnes révisions si jamais t'as des examens ! » lui dis-je juste avant de prendre le chemin de la sortie, me retournant tous les secondes en lui faisant coucou, la moitié de mon financier déjà en bouche.

END