Non mais me parle pas si c'est pour me dire les conneries les plus énormes du monde. Putain, mais ta gueule, me regarde même pas avec ses yeux de débile profonde. J'ai jamais vu une meuf aussi putainement conne de toute ma putain de vie. Vazy ferme les yeux ou je te les arrache. Lève pas ta main je vais casser ton bras. Non, t'as pas le droit de me parler de ce que je fais. Non t'as pas le droit de me juger et de me traiter de connasse. Remarque je préfère être une connasse plutôt qu'une salope comme toi. Et puis merde quoi, tu crois que t'as encore 16 ans c'est ça ?
Ça durait depuis maintenant trop longtemps, et ça commençait à bien faire. Elle était discrète, ne parlait pas. La plupart du temps on ne la remarquait même pas, et elle en était plutôt satisfaite. Mais celle-là, en face d'elle, ne cessait de lui bouffer son air, de la prendre de haut, avant de venir lui rentrer dedans comme si elle avait 20 ans de moins. C'était pathétique, mais ce qui était encore plus pathétique c'était qu'elle ne supportait pas ça, et qu'elle avait de plus en plus de mal à se retenir. Et c'est alors qu'elle craqua. Après plus d'une semaine de ces actes puérils, elle finit par lui foutre son poing violemment au milieu de son visage, prenant bien soin de réduire son nez moche et gros en miette. Et elle fut fière de voir ce sang sur sa main et couler le long du visage de cette autre fille. Sa victime voulu lui rentre la pareille, mais elle échoua dans la manœuvre puisque quelqu'un entra dans la pièce au moment même ou elle commença à se jeter sur elle. Prises en flagrant délit, elles furent envoyés chez un responsable, et en ressortant, Heo Jun se retrouva à devoir payer des dédommagements, et elle ne pouvait même pas les éviter, car si elle était retrouvée en face de l'autre pétasse, la somme augmenterait. Putain à 27 ans, elle méritait pas de se retrouver avec ça. Et enfin rentrée chez elle, elle s'affala dans son lit, ne manifestant sa présence à personne dans l'appartement, de toute façon elle n'avait jamais été bien bavarde. Elle ferma les yeux, et espéra que personne ne viendrait la déranger.

Chut.
Elle posa elle même un doigt sur sa bouche afin que pas un bruit ne se fasse entendre dans toute la pièce. Qu'elle était heureuse de ce silence, de ce calme, plutôt que ces cris qui ne cessaient jamais et qui lui vrillaient les tympans. Elle espérait que tout les colocs soient calmes eux aussi, qu'ils ne décident pas de faire le ménage d'un seul coup avec le volume de la musique au maximum afin de se motiver à bouger. Parce qu'elle était certaine qu'elle ne le supporterait pas, et qu'elle allait avoir une réaction qui ferait qu'elle se retrouverait sûrement seule dans cet appartement un peu trop cher pour elle. Et elle se retrouverait dans le quartier le plus malfamé de la ville. Elle n'avait pas envie de se faire agresser. Ses yeux s'ouvrirent d'un seul coup, un bruit à l'extérieur de sa chambre l'ayant attiré, et elle les tourna vers la porte avec un regard si haineux que si elle avait insisté un peu plus elle aurait pu faire brûler le bois peint en blanc. Elle pinça les lèvres, et faillit mordre celle de bas lorsqu'elle vit Ethan rentrer tout en l'appelant. Elle lui tourna le dos, ne voulant pas lui parler, ni même le voir aujourd'hui. Elle avait envie de profiter d'un peu de calme, maintenant qu'elle avait enfin réussis à en avoir. « pars. » Ce seul mot avait été chuchoté, mais d'une façon si sèche qu'on peinait à refuser de lui obéir. Elle espérait qu'il lui obéisse, qu'elle n'ait pas à le supporter.

Nooon.
Mais nooon.
Il allait pas se la jouer super ami, juste là, maintenant ? Alors que tout ce dont elle avait besoin c'était de silence histoire de se calmer ? Souhaitait-il devenir un punching ball humain ? Savait-il que même si la plupart du temps elle avait l'air calme et discrète, le genre de personne dont on ne peut penser qu'ils puissent faire des petits accès de colère, elle était une personne assez violente, voire plutôt violente au vue des activités d'un peu plus tôt dans la journée. Elle resta obstinément tournée du côté opposé, ne souhaitant ni le regarder, ni même lui répondre, parce qu'il ne s'était rien passé, que tout allait bien dans sa vie, qu'elle n'allait pas se ruiner encore une fois à tel point que le sujet ' racolage ' serait à nouveau déterrer afin d'en calculer les pour et les contre. Et là, en plus, il la forçait pratiquement à parler en lui posant une question. Il se permettait bien trop de chose. Et comment il avait fait pour rentrer d'ailleurs ? Est ce que ces putains de colocs n'avaient pas de cerveau ? Ils étaient assez débile pour laisser ce pauvre mec tout minable rentrer dans leur appartement ? N'avaient-ils donc pas peur de se faire cambrioler ? Elle soupira, espérant juste que son silence allait le faire partir. Devait-elle faire semblant de ronfler pour le faire fuir ? Ou bien lui hurler dessus une bonne fois pour toute ? Bien qu'elle fut certaine qu'il insisterait encore en me disant ' tu vois, y'a vraiment un problème '. Et si ses prédictions étaient correcte, elle allait se casser les os de la main en essayant de lui briser l'arcade. « va voir ailleurs si j'y suis » son ton était agressif, comme si elle s'apprêter à le croquer.

Elle entendit le son de ses pas sur le parquait, et elle suivit l'évolution et l'avancée jusqu'à ce qu'il entre dans son champ de vision. Elle ferma ses yeux, soupira, et roula une nouvelle fois sur son lit, son dos maintenant lové contre la surface douce et moelleuse qu'était son matelas et sa couette. Elle fixa le plafond alors qu'il continuait de se déplacer. Il n'en avait pas finit ? Ne pouvait-il pas simplement s'asseoir et ne plus bouger si déjà il avait décidé de son propre chef de rester dans sa chambre ? Ses bras restaient le long de son corps, comme si elle était morte, mais ses yeux restaient obstinément ouverts. Elle l'entrevit déballer quelque chose et commencer à manger, et elle se redressa, le fusillant du regard. « tu te fous de ma gueule ? t'es sérieusement en train de te permettre de bouffer dans ma chambre ? tu crois que je vais te laisser tout dégueulasser ?» Elle marqua une petite pause mais ne changea pas de position. Elle ouvrit une nouvelle fois la bouche, et lui hurla cette fois : « mais casse toi, va bouffer ta connerie ailleurs ou je te la fais passer par le nez »

Elle sauta pratiquement en dehors de son lit, se dressant sur ses deux pieds pour se mettre en face de lui. Il était peut être plus grand en taille qu'elle, mais ce n'était pas pour autant qu'elle se laissait impressionner. Elle enfonça son ongle le plus profondément dans son torse, espérant secrètement qu'au fur et à mesure la pression qu'elle appliquait le ferait saigner. « ne me provoque pas. » Et putain il la faisait parler. Et elle ne pouvait même pas s'arrêter de parler parce qu'elle avait vraiment envie qu'il dégage. « je te dis ça pour ton bien, ne me provoque pas. tu penses pouvoir faire le malin, mais si tu m'agaces trop tu risques bien de te retrouver avec quelques os cassé, j'ai déjà cassé le nez de quelqu'un aujourd'hui, donc je suis plus à ça près maintenant. » Elle avait parlé tout doucement, presque comme une mère un peu trop bonne qui faisait la morale à son enfant. Mais son calme ne tenait plus qu'à un fil, alors une dernière fois, elle exigea : « pars. »

Elle le voyait faire l’innocent, mais elle savait bien qu'il ne l'était pas. Il se dégagea d'elle, et elle se retourna pour ne plus le regarder. Elle retint son soupir de soulagement lorsqu'il lui annonça qu'il allait enfin partir, mais pinça ses lèvres lors de la mention de la pâtisserie. Elle s'approcha du petit paquet, l'ouvrant avant de l'observer. Elle planta son doigt dans le dessert, et le porta à sa bouche pour profiter du goût sucré. A la hâte, elle se précipita jusqu'à la porte de sa chambre, l'ouvrit en grand, si fort que la porte claqua contre le mur et faillit se refermer sur elle, puis elle envoya le gâteau de toute ses forces contre la joue de Ethan, qui s'apprêtait à partir, hurlant en même temps « reprend ta merde j'en veux pas » Puis elle se réfugia rapidement dans sa chambre, fermant la porte derrière elle afin d'éviter les représailles. Elle n'avait pas peur de lui, mais il était quand même légèrement plus musclé qu'elle.

Elle entendit des pas dans la salle principale. Des pas rapides, des pas qui raisonnaient fort, des pas d'une personne particulièrement énervée. Elle avait espéré en secret qu'il s'en aille, ayant compris une bonne fois pour toute qu'on n'emmerdait pas une Heo Jun qui était au bord de la crise de nerfs, mais peut être était-elle allée trop loin ? Et puis non. Il l'avait cherché. Elle s'éloigna un peu de la porte, craignant de la voir s'ouvrir avec violence contre son corps, et elle dut se rendre à l'évidence qu'elle l'avait fait juste à temps puisque à peine une seconde plus tard elle se retrouva face à un Ethan hurlant et suintant la colère. Son visage à elle restait neutre. Pas une seule émotion ne transparaissait. Elle le fixant droit dans les yeux, comme si sa colère ne l'atteignait même pas. Après ses petits cris, elle se retrouva plaqué contre le mur, et si elle avait été un jour capable de rire dans sa vie, ce serait sûrement dans ce genre de situation. « on ne m'emmerde pas, même avec les meilleurs intentions du monde. » Froide, de son expression faciale jusqu'au ton de sa voix. « et je recommencerais s'il le fallait. » Elle ne chercha même pas à se dégager, collant pratiquement son corps à celui du jeune homme.

Malgré son détachement à toute situation, et sa manie de ne jamais vouloir se plier aux autres, elle ne pus s'empêche de crier et de passer ses bras autour de sa tête pour se protéger quand le poing de Ethan parti dans sa direction. Cependant, ce fut le mur qui pris tout les dégâts, et sûrement aussi la main du jeune homme. Elle remit ses bras le long de son corps, se tint le plus droit possible, et le fixa la tête haute, un air quelque peu hautain collé au visage, comme si elle n'avait pas eu peur à peine quelques secondes plus tôt. Lorsqu'il se dégagea, elle le suivit, sortant juste après lui de sa chambre, l'accompagnant pratiquement jusqu'à la porte comme pour être sûre qu'il s'en aille vraiment. Elle prenait soin d'ignorer toute autre personne se trouvant dans la pièce car elle n'avait pas envie de voir leurs regards inquiets du boucan qu'ils avaient fait. Et lorsqu'il ramassa ses affaires, elle lui glissa : « je ne m'en fou pas. »

Trop tard ? Trop tard. Qu'il en soit ainsi. Appuyée contre le mur de l'entrée, les bras croisés sur sa poitrine, elle l'observait se préparer à sortir. Elle ne tentait même pas de l'en empêcher, de toute façon, il faisait ce qu'il voulait. Elle veillait juste à garder l'appartement dans le même état qu'il était actuellement. La porte se referma derrière lui, et tout était resté en place. Elle s'attendait à ce que cela lui fasse un pincement au cœur, mais sans étonnement, elle se rendait vraiment compte qu'elle n'arrivait à s'attacher à rien. Elle retourna dans sa chambre, s'affala sur son lit et attrapa son téléphone. Rapidement, elle tapa quelques mots sur l'écran et les envoya. Elle le verrouilla, le posa sur la table de nuit et se glissa dans les draps.

« tu penseras à me rembourser le trou dans le mur » avait-elle envoyé.