Je me suis posé beaucoup de question de Rio jusqu'à Tokyo. J'ai essayé de regarder la situation sous tous les angles vous savez ? Parle ou tais-toi pour toujours Areum. Cette phrase résume en quelques mots un de mes problèmes depuis des mois. Certes, dans les yeux de certaines personnes, parler est en quelques sorte une libération. Mais pour moi ça ne changera absolument rien parce que je ne suis pas aveugle, je ne suis pas non plus sourde alors ça ne changera rien. La meilleure chose que je puisse faire, c'est avoir mal silencieusement jusqu'à ce que la douleur s'estompe et s'en aille finalement. Il me manque, bien sûr qu'il me manque, mais qu'est-ce que je peux y faire hm ? Il semblerait qu'on ne soit pas bon l'un dans la vie de l'autre alors, qu'est-ce que je peux y faire, même s'il me manque ? Tout ça a prit beaucoup de temps mais j'ai réussi à séparer mes sentiments de mes actes et c'est ce qui m'empêche d'aller le voir. Tout ça a prit beaucoup de temps et ça n'a pas été facile, je vous jure.

Puis quand je le vois lorsqu'on doit s’entraîner, je me sens mal mais je prend sur moi. Ma main droite se referme autour de mon poignet gauche et je serre quelques secondes avant de relâcher la pression. Tu as déjà prit ta décision, je me dit pour éviter de faire des bêtises. Comprenez, il s'est fait tellement de place dans ma vie sans prévenir que lorsque j'ai su, lorsque j'en a prit conscience, j'ai eu mal. D'ailleurs, j'ai toujours mal mais qu'est-ce que je peux y faire ? J'ai décidé d'avoir mal toute seule et m'en sortir toute seule. Il doit probablement penser que je suis égoïste pour d'autres raisons et m'en vouloir, mais qu'est-ce que je peux y faire ? C'est la façon la plus sincère de lui montrer que je tiens à lui mais il ne le saura jamais. C'est une histoire un peu triste pas vrai ? C'est une histoire qui aurait pu ne jamais se terminer ; et elle aurait été belle je pense mais qu'est-ce que vous voulez faire d'un amour à sens unique, une histoire comme la notre ? Comment vous voulez que l'histoire se finisse sur des tons positifs ? Il me manque, c'est vrai, il me manque mais c'est le mieux que je puisse faire maintenant.


Assise en tailleurs sur un banc, les genoux recouverts d'une fine couverture turquoise, j'attend une des seule verte que je peux fréquenter à l'heure actuelle. Il doit être vingt heures et le soleil commence à se coucher. Autant dire qu'il n'y a personne ici, et ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vue. J'avais besoin d'un endroit calme. J'en ai toujours besoin histoire de faire le point, rayer les personnes qui ne méritent plus leur place dans ma vie. J'ai été stupide un moment mais mon silence n'est rien de plus que la preuve de mes longues réflexions. Et quand le silence s'éteindra, alors des têtes vont tomber... En quelques sortes. Mais pour le moment, j'ai besoin de calme car je suis fatiguée, vraiment. Je ramène mes genoux vers moi et ferme doucement mes yeux quelques secondes. Cet endroit est vraiment le meilleur pour réfléchir.

Ayeong trainait des pieds en sortant du commissariat. C’était son terrain de jeu, c’était son futur lieu de travail mais elle fut mise à la porte pour la énième fois. Attraper les coupables n’était pas son devoir, son boulot à elle était de s’assurer obtenir son année avec mention si elle ne voulait pas être envoyé au fin fond des campagnes pour débuter sa glorieuse carrière. Sauf que voilà, le moral n’y était pas, elle se sentait remplie et si vide à la fois. Et le paternel ne voulait rien entendre, elle n’avait plus le droit de mettre les pieds au poste jusqu’à nouvel ordre. Shootant dans une canette qu’elle ramassa aussitôt pour la jeter dans une poubelle, elle sentit son téléphone vibrer dans la poche arrière de son pantalon. Un sourire illumina son visage et elle fit marche arrière, la journée qui avait jusque-là assez nuageuse, commençait à avoir ses petits éclaircis.

Le parc n’est pas trop loin de la zone où elle se trouvait, et y arrive en quelques minutes, voyant non loin la silhouette familière de son amie, elle enlève ses sandales et marche sur l’herbe. Objectif de la manœuvre, se glisser derrière elle pour lui susurrer des phrases qu’elle n’avait même pas eu le temps de chercher. Elle y allait en mode improvisation, de toute façon, ses plans étaient souvent foireux lorsqu’elle les préparait à l’avance. La réalité n’était pas aussi fidèle que sa propre perception. « Dois-je te demander ton autographe avant que tu te fasses entourer vingt-quatre heures sur vingt-quatre par des fan, paparazzis à l'affût, ou d'un manager avec un zéro pointé en swag ? » demanda la brune en lui couvrant les yeux.

Cela faisait longtemps qu'elles ne s'étaient pas vu depuis leur petit voyage au Brésil, la revoir la rendait heureuse. Elle se sentait moins seule, sous ce ciel.

Depuis que la jeune femme est revenue, il y a des choses qui ont changées dans sa vie. Des tas de choses enfaite. Difficile de dire si tout redeviendra comme avant ou si on a définitivement perdu ces parties d'elle. Par exemple elle n'arrive pas à traîner dans les endroits trop remplit et bruyants, elle ne supporte pas le contact physique, elle n'a pas touché à un seul verre d'alcool depuis son agression et puis elle ne peut plus mettre les pieds dehors la nuit. Ce sont les points les plus importants sans doute. Parfois elle met un terme à un conversation juste parce qu'elle a besoin de solitude. Elle n'essaie pas d'avoir l'air hautaine, non non, elle a juste besoin d'être seule, mais certaines personnes le prennent assez mal. Areum n'est vraiment plus la même, elle a perdue son énergie, son sourire chaleureux, son excentricité contagieuse. Deux voyages avaient suffit pour lui enlever tout ça. Deux voyages où elle en a sans doute trop vu en trop peu de temps.


La jeune femme sursaute doucement quand elle sent se poser sur ses yeux. Elle n'aime pas cette obscurité tout d'un coup, mais la voix de son amie fait retomber la pression. Elle pose ses mains relativement froides sur les sienne puis les fait doucement descendre. Ayeong. Ayeong Ayeong Ayeong. Elle tire doucement sur sa main pour qu'elle prenne place à côté d'elle. Si elle pouvait, elle sourirait, elle le ferait, vraiment, mais elle n'en est pas capable.


Ayeong - Ça fait longtemps, elle dit dans un murmure presque je serai toujours là quoi qu'il arrive tu sais, je n'ai pas l'intention de bouger tout de suite... Comment tu vas Ayeong ?