La bibliothèque est le royaume de Yun Su et ce, avant même qu'il n'en ait reçu les clés. Mais ce royaume est parfois tourmenté par la présence de créatures qui ne font rien de ce qu'ils sont censés faire dans une bibliothèque. Ayeong est un exemple assez compliqué dans le sens où le plus souvent, elle vient ici pour dormir, ce qui perturbe le jeune homme dans son travail à mi-temps. Mais parfois, par miracle, il est agréablement surprit de voir qu'elle peut elle aussi travailler. Mais pourquoi est elle incapable de le faire de façon constante, tout simplement ? C'est une question qui demeure sans réponse mais aussi une déception dans le sens où parfois, le jeune homme voit dans certaines personnes qui ne sont pas dans sa confrérie un certain potentiel. Un potentiel gâché par les mauvaises influences cela dit.

Les pensées occupées par l'existence complexe de cette dernière, il pense à la façon dont il a tenté de la sortir de sa rêverie. Tout cela était parti de bonnes intentions hn. Alors qu'elle dormait à une table, il c'était assit calmement à celle-ci pour finalement au bout de cinq minutes commencer dans un chuchotement à essayer d'attirer son attention. N'étant pas un fervent adepte du contact physique, il avait préféré dans le but d'éviter tout contact physique élever un tantinet la voix et alors dire à plusieurs reprises ;


Yun Su - Excuse moi, excuse moi, excuse moi... Jusqu'à finalement capter son attention et ajouter Um, excuse moi, cet endroit -bien qu'on pourrait s'y tromper- n'est pas un dortoir et beaucoup de personnes voudraient pouvoir travailler sans être dérangé par la vue d'une personne qui dort en des lieux inappropriés. Il afficha alors un sourire qui se voulait amical avant d'ajouter sans sous entendu Il faut dormir la nuit. Ou alors faire ses devoirs à l'avance pour ne pas être en retard. Mais si tu n'as aucunement  l'intention de travailler, ne reste pas ici, tu décourage les personnes qui assurent leur futur.


Si ce n'est pas le bibliothécaire le plus impliqué dans son travail hn... Surprenant que personne n'ait tenté de l'assommer avec un de ses gros bouquins. Ramené à la réalité derrière ce petit comptoir, il enregistre le nom d'un étudiant qui souhaite emprunter un livre en question. Il est plus ou moins content de voir que la jeune femme a fini par comprendre son conseil et ne pas revenir finalement. Il affiche même un faible sourire en y pensant mais sans doute s'est-il fait des idée car, regardez qui voila. Les mains du jeune homme agrippent un livre qu'il relâche finalement pour joindre ses mains et y appuyer son menton et lancer d'un ton plutôt bas et confiant ;


Yun Su - Finalement venue dans le but de travailler ? Il n'est jamais trop tard.


Boh boh boh, fais attention à ton langage mon bonhomme... La moquerie n'apporte rien de bon en ce bas monde. Enfin...

N 'entendre que le bruit du silence, voilà ce qu’elle cherchait en se rendant à la bibliothèque. C’était simplement pour elle le lieu idéal pour que personne ne la dérange et surtout qu’elle se dérange. Dans sa chambre, résidait bien trop de tentation qui sans cesse finissait par la détourner du droit chemin comme son ordinateur ou encore sa camarade de chambre. Telle une croyante qui se rend à la messe tous les dimanches, elle s’y rendait le vendredi pour non pas prier le dieu des études mais étudier. Rattraper les cours qu’elle avait séchés, s’occuper à la dernière minute des devoirs qu’elle devait rendre le lundi ou encore faire une course contre la montre pour sauver son bulletin. Sauf que voilà, les lettres ont un pouvoir mystérieux depuis la nuit des temps. Il suffit de les aligner et selon les jours, ils vous assomment littéralement et vous voilà une belle piquée par un point d’exclamation sous l’emprise d’un sortilège des plus anciens.  Dans le conte qui y ressemble, c’est par un doux baiser que la princesse est réveillé mais quand le supposé prince n’a rien de charmant  mais tout d’un démon, le retour à la réalité est juste glacé.  

« Il n’est pas stipulé dans le règlement qu’une sieste est interdite. » réussit-elle à dire entre deux bâillements, rassemblant ses esprits pour pouvoir comprendre ce qu’on lui racontait. De ce qu’il disait, elle n’avait entendu que la fin et encore, quelques mots. Elle se redresse et regarde autour d’elle, avant de porter son regard sur celui qui l’avait tiré de son sommeil et le dévisager brièvement. Oh. Un coincé. « Apparemment tu es le seul à te sentir décourager.  Et bien, je m’épate, tout en dormant j’arrive à nuire à quelqu’un. Sorry. » Quand elle sortit de la bibliothèque, elle prit en revanche le soin qu’à chaque pas, claquent et résonnent le bruit de ses talons contre le parquet.

Fidèle à ses habitudes, elle continuait à fréquenter la bibliothèque car ce n’était pas lui, Yun Su, qui allait l’en empêcher. Mais monsieur lui trouvant toujours une chose à lui reprocher, et puis un jour, il y eu cette goutte en trop, cette goutte qui fait déborder le vase.


Il pleuvait depuis déjà deux jours, alors c’est vêtu d’un manteau de pluie jaune canari que la brune franchit le seuil d’entrée de la bibliothèque les bras chargés. Après avoir frotté contre le paillasson ses bottes de pluie tout aussi jaune que son manteau, elle se dirigea vers le comptoir.

« Finalement venue dans le but de travailler ? Il n'est jamais trop tard. » Un large sourire se fend sur ses lèvres rosies tandis que scintillent dans son regard des lueurs rieuses qui ne présageait, pour ceux qui la connaissait, rien de bon.   « La pluie ne m’arrêtera pas ! Enfin ceci dit, ça dépend de ce que tu entends par travailler » répond la brune en haussant avec nonchalance ses épaules, elle le regarde droit dans les yeux « peu importe, au final c’est accomplir une tâche non ?»

L’étudiante en droit ouvre son sac et pose sur le bureau du bibliothécaire les trois ouvrages qu’elle avait emprunté depuis déjà deux semaines, des études de cas en justice et des affaires non-classés présentés par un avocat.  En attendant qu’il valide ses retours, elle balaye rapidement les lieux du regard et se penche en avant pour chuchoter à Yun Su « Suis-je la seule à supporter ton amabilité ? »

Elle fait papillonner ses cils, avant frapper dans ses mains « j’allais oublier ! » La demoiselle soulève la boîte de rangement qui était à ses pieds et délicatement, la repose sur le bureau.

« Et cette fois-ci, j’ai fait mes devoirs à l’avance. » Elle soulève le couvercle de la boite vers elle mais avant qu’il puisse en voir le contenu, elle tendit le bras de sorte à lui mettre sous les yeux son poing, le dernier présent qu’elle avait pour lui. La coréenne ouvre son poing, « je te présente mon nouvel ami, Yun Su. »

Croâ. croâ. oh, une grenouille.
Et ce n'était pas la seule, il en avait neuf autres dans la boîte.

La première impression qu'il a eu de la jeune femme ? Endormie. D'ailleurs, le réponse qu'elle lui avait donné ce jour là étant pour lui insatisfaisante, il s'était permit de lui répondre avec un sourire suffisant et moqueur ;


Yun Su -Certes, mais dans un intérêt général, il était essentiel que je vienne te rappeler que dans cette bibliothèque comme dans toutes les autres, le bruit est proscrit. Et, hélas... Il semblerait que tu sois trop bruyante dans ton sommeil apparemment.


Menteur ! Mah, de toute façon, tous les moyens sont bons pour faire partir les parasites de ce lieu sacré selon le jeune homme. Et ses efforts avaient, il le pensait, portés ses fruits. Mais au moment où il se remit au travail, un bruit fort désagréable s'étala dans la bibliothèque. Des talons claquant relativement fort contre le sol. Levant la tête vers la source de ce bruit, son regard parla à sa place. Il espérait silencieusement avoir des pouvoirs magique. Histoire de rendre cette gosse intelligente et lui apprendre à marcher sans faire de bruit par la même occasion. Mais ces espoirs retombèrent jusqu'à ce que ce bruit ne soit plus qu'un terrible souvenir dans sa tête.


Le souvenir de cette jeune femme ne lui inspire donc rien de bon. Toutes fois, avoir de l'espoir et se dire qu'un jour elle pourrait venir ici dans le but de faire autre chose de sa vie que dormir revient à la charge... Et retombe face à la nonchalance de la jeune femme. Non mais... Ce qu'il sous entendait par travailler. Comment était-il possible de ruiner le verbe travailler avec des sous entendus hn ? Il préféra ne pas lui poser la question pour le coup. Assis dans son siège à roulette, il la regardait sans se douter du malheur qui allait lui tomber dessus. Face à la question ironique de Ayeong, le jeune homme semble prendre le temps de réfléchir un moment avant de pouvoir lui répondre sur un ton relativement sérieux ;


Yun Su - "Amabilité" ... après tout il y a toujours de l'espoir. Est-ce que tu es en mesure de pouvoir l'écrire cela dit ? un faible sourire en coin se dessine sur les lèvres du jeune homme avant qu'il n'enregistre les retour et n'ajoute rapidement Peu importe, si finalement tu n'es pas en mesure de l'utiliser correctement.


Sur ces paroles, il détourne le regard pour finalement le reposer sur son livre mais cette jeune femme étant étonnamment bruyante, il repose son attention sur elle. Un soupir quitte ses lèvres alors qu'il ne lui indique la petite pancarte sur le comptoir, priant les individus d'être un minimum silencieux, par signe de respect. Ses paroles à elles seule attirent son attention, mais la boîte d'avantage. Alors, relativement frustré, il croise les bras et se permet un bref regard en direction de la jeune femme, dans le but de peut être avoir plus d'informations mais sans succès. Et puis finalement, lorsqu'elle ouvre la paume de sa main, malheur malheur. Prit d'un léger sursaut, le jeune homme s'écarte vivement oubliant de mettre le marque page dans le livre. Il se souvient cela dit du numéro de la page qu'il a regardé une dernière fois avant de donner beaucoup trop d'attention sans doute à cette femme partie de mauvaises intentions. Un léger cri s'échappe des lèvres du jeune homme qu'il recouvre à l'aide de sa main libre avant de lui jeter un regard tant mauvais que de détresse ;


Yun Su - A-Ayeong... Tu... Tu as fais une terrible erreur, il dit en sortant de son poste pour venir de son côté et il ajoute en tentant de maîtriser cette soudaine peur dans sa voix Profaner un tel endroit avec des... Il s'interrompt quelques secondes avant de d'hausser le ton malgré lui et dire relativement inquiet Tu as perdu la tête ?! Voyant que quelques étudiants semblent le regarder, il s'approche de le jeune femme, l'incitant à reculer jusqu'à ce qu'elle soit bloquée par le comptoir avant de murmurer R-remet la dans la boîte... S'il te plait ou je vais-


Des menaces Yun Su ?

Ennuyant, désagréable et incroyablement persistant, il avait tout pour être exaspérant et c’était la première fois qu’elle tombait sur un drôle d’hurluberlu de son genre, dans ces lieux.   « Menteur » rétorqua-t-elle, le sourire en coin.  « C’est écrit sur ton visage. Mais c’est dans l’intérêt général que tu te permets de mentir ? Ou devrais-je dire personnelle car  il n’y a que toi qui est ennuyé, ne généralise pas. Ou bien y aurait-il autre chose, Yun Su…-sshi ? » Elle agite son index, décrivant des petits cercles, bang. Index et majeur collés, telle une arme elle vise le cœur de son interlocuteur. Qui ne connait la petite chansonnette, oh la menteuse elle est amoureuse ?  Des excuses, des mensonges, elle n’avait pas pour souvenir que la bibliothèque universitaire était affiliée à l’armée, même cerbère à côté de lui semblait bien plus sympathique. « narrow-minded » ses lèvres le disaient mais aucun son ne traversait le seuil de sa bouche.
C’était donc lui la raison pour laquelle les étudiants rebroussaient chemin quand ils se rendaient à la bibliothèque préférant les salles d’études à ce temple de savoir.


« Dois-je te présenter les autres ? » lui demanda alors Ayeong le plus naturellement du monde, « Alors, celle avec une petite tâche grise sur le dos s’appelle… » Il bégaie et elle ne peut s’empêcher de rire intérieurement  tout en gardant un visage innocent face à la situation.  

« Tu as perdu la tête ? » le seul qui semble être de perdre la sienne ici, c’est pourtant toi. Elle jubilait intérieurement, le mot victoire ne cessait de résonner en écho dans son esprit car la réaction de Yun Su dépassait ses espérances. Elle trouvait tout ça étrangement fascinant, toutes ses émotions, expressions qui disparaissaient et apparaissait les unes après les autres sur son visage. La Baek se réprimande de rire, mordillant sa lèvre inférieure pour ne pas défaire son expression innocemment surpris. « Chuuut, aurais-tu oublié que dans un intérêt général le bruit est proscrit ? » dit-elle avec un faux air étonné et porte son index contre ses lèvres afin de lui intimer le silence.  Il fait un pas vers elle, et elle fait un pas en arrière, il s’avance et elle recule. Elle ne le quitte pas des yeux, pas même un instant, elle ne voulait pas perdre une goutte du spectacle, et sent le comptoir derrière elle.  Oups, coup de coude malheureux et  la boîte tombe au sol, voilà que les grenouilles captives retrouvent leur liberté, dans un nouvel environnement. « Pourquoi t’es-tu rapproché aussi soudainement ! » lui reprocha-telle d’une voix alarmée, ou pas.  Presque assise sur le bureau, elle sent le regard des deux-trois étudiants présents tournés vers eux.

« La remettre dans la boîte ou tu vas... ? », elle rapproche son visage du sien, plisse légèrement ses yeux aux iris noisettes comme pour essayer de déceler ce qu’il voulait sous-entendre. « Ai-je bien entendu ou est-ce simplement le fruit de mon imagination ? » tu me fais peur, devrais-je partir ?  Elle incline légèrement son visage sur le côté, doucement elle remonte sa main au niveau de leurs deux visages, « bisou ! » et elle colle le visage de l’amphibien contre les lèvres du jeune homme. Et à la vitesse de l’éclair et se retrouve de l’autre côté du comptoir, histoire de lui échapper.

Si la princesse était un prince et que ce dernier embrasse la petite grenouille, que se passe-t-il ?

Des grenouilles. Des grenouilles dans un endroit aussi propre que la bibliothèque qu'il rangeait soit dit en passant. Pas une non non, plusieurs, se permet-elle de préciser. Et c'est à ce moment là que le jeune homme réalise qu'il a le diable en personne dans son périmètre et qu'il ne peut pas fuir tout de suite. Elle se permet de sortir une de ses répliques mais il ne trouve pas ça franchement drôle sur le coup. Son regard mauvais sans doute, lui fait passer le message à défaut de pouvoir dire quoi que ce soit dans l'immédiat. Les mots sont faibles. Alors qu'il croit son cauchemars invivable, la jeune femme a la maladresse de faire tomber la boîte qui contient les autres grenouilles.  S'il y a bien quelque chose qu'il déteste c'est le contact physique sérieusement, alors il s'écarte rapidement pour ne pas avoir un quelconque contact avec l'une d'elle. Mais cependant, la jeune femme comprend sans doute le message corporel et trouve intelligent de faire se rencontrer de force et sans qu'il s'y attende, les lèvres du jeune homme avec le visage de la grenouilles.

Yun Su - NOOOOOOON ! Il ferme les yeux et s'écarte vivement alors que la jeune femme est à l'autre bout du comptoir. Non... Non non non... Bon sang, non...

Il étouffe un cri en posant une main au niveau de ses lèvres et de sa main libre, sort son portable pour composer un numéro dans le but de lui venir en aide ;


Yun Su - Oui, Ha Na... S'il te plait, viens me remplacer quelques minutes... Je dois... Je dois... Je me sens pas bien. Je rattraperait plus tard, il faut vraiment que je parte... Ha Na... Ha Na écoute moi... Il y a des grenouilles dans la bibliothèque, c'est le chaos, elles... Elles...- D'accord d'accord, merci


Il hoche doucement la tête, jetant à nouveau un regard mauvais à la jeune femme avant de raccrocher et presser le pas en direction des toilettes. Finalement à l'intérieur, il se dirige vers les robinets dans le but de se débarbouiller. Mais ce n'est visiblement pas assez pour lui. Il se lave les mains avant de répéter le geste plusieurs fois. Il faut avouer qu'il est tenté d'utiliser le savon mais finalement passe à côté. Il va devenir fou.

Un cri d'agacement. « Putain. Elles sont passées où ces grenouilles.  Elles sont déjà partie… ?» Elle donne un coup de pied dans l’eau vaseuse et s’éclabousse davantage, perd l’équilibre et manque de plonger. Ce qu’elle faisait dans ce marais ? La raison se résumait en un mot, Yun Su. En se renseignant sur le fameux bibliothécaire qui ne cessait de lui casser les pieds avec ses reproches incessants, elle était tombée sur une rumeur le concernant. Une affaire obscure lié à des amphibiens, une faiblesse ou des foutaises, Ayeong avait choisi d’y croire à défaut d’avoir autre choses sous la main. Alors elle avait fait des recherches concernant les grenouilles, où est-ce qu’elle pouvait en trouver et les méthodes pour les attraper. L’une des qualités d’Ayeong, c’était sa persistance. Bornée ou complètement stupide, elle passa  sa soirée et la matinée suivante à se battre contre la vase et le mauvais temps quand enfin la chance lui sourit. « Hallelujah ! » Une grenouille mais la seule et unique résidente du marais déserté. Elle se donna encore une heure mais finit par abandonner bien avant, elle avait retourné tous le marais et commençait à ressentir les courbatures qui à chaque mouvement lui arrachait une grimace. « Il est bientôt l'heure d'aller à la bu. »


Silencieusement et rapidement, elle ramasse et remet dans la boîte les fugitives et s’excusa en s’inclinant maladroitement aux autres étudiants avant de disparaître au même endroit que Yun Su. Les toilettes, ce n’était pas si difficile à deviner, et sans réfléchir, elle entre dans celles destinées aux hommes.  Restant un moment près de la porte, hésitante et surtout pleines de regrets, elle s’avance et vide dans l’évier le contenu de la boîte. « C’est fou comme les jouets de nos jours sont aussi réalistes » se contenta-t-elle de dire en fixant les grenouilles noyées par l’eau, les grenouilles en plastiques. Les avait-il vraiment regardés ? il devait pas en avoir eu vraiment l’occasion, elle retourne la boîte en carton et arrache le petit magnétophone scotché sur un des côtés et appuie dessus, croâ croâ croâ. Elles étaient toutes fausses, mais la seule à ne pas l’être c’était celle qu’elle tenait plus tôt dans le creux de sa main.

Mais avant d’entrer, elle avait préféré finalement de ne pas le lui montrer, et l’avait donc caché pour ne montrer que celles qu’elle avait fini par acheter dans le rayon des jouets au centre commercial. Butée, elle n’ose pas croiser son regard, il devait être furieux et elle s’en doutait bien, et elle en était coupable. « je. Sumimasen. Dui bu qi. Sorry. Tut mir leid. » Bafouilla la brune, le regard rivé vers le carrelage des toilettes. Mais ça ne suffisait pas, elle se sentait toujours un peu frustrée, trop désolée. « Yah. Qui t’a dit d’avoir aussi peur de grenouilles ?! » Elle crie et lui frappe le dos avec la paume de sa main avant de prendre son bras et lui donner une canette de chocolat chaud, et de repartir comme elle était arrivée. Oh, comme elle se détestait.

Elle ouvre la porte opposé par laquelle elle sortait et entrait dans les toilettes de filles, et s’enferma dans une cabine. Elle cacha son visage fiévreux entre ses mains glacées.  Maintenant qu’elle avait bien rit, elle sentait cette soudaine poussée d’adrénaline chuter brutalement, et s’assit sur la cuvette. « Ahh. Comment peux-tu être aussi stupide ? » elle cogne la tête contre le mur derrière elle et par frustration, frappe le sol du pied à plusieurs reprises. Elle ébouriffe ses cheveux courts dont les pointes est encore légèrement humides à cause de la pluie, et frissonne  « Aish. Qui a dit de mettre la clim dans ses toilettes, il fait vraiment froid… » La poisse.

Les mains posées sur le bord du lavabo -qu'il a entre temps nettoyé à l'aide de lingette calées dans sa sacoche en bandoulière- il tente de reprendre ses esprits. Les événements avaient étés beaucoup trop agités à son goût. Il ne prête pas vraiment attention à la présence juste à côté de lui, il reconnait facilement les pas caoutchouteux des bottes jaunes de la jeune femme enfaite. Il ferme les yeux lorsqu'il se rend compte de la supercherie. La blague n'était pas drôle pour lui. Il se voyait mourir à l'idée d'en avoir une sur le dos ou une en contact avec sa peau, tout simplement. Dire qu'il est un brin soulagé serait un euphémisme, mais il ne l'exprime pas forcément sur son visage.

Finalement la jeune femme se met soudainement à parler en japonais, en anglais, en chinois et en allemand et Yun Su ne peut s'empêcher de la regarder d'un air interrogateur, ne comprenant pas tout de suite la situation pour ne pas dire pas du tout. Pour lui, si elle s'excusait, autant le faire en coréen hn. Mais sans doute les tsebe avaient du embrouiller son cerveau de ce côté là. Finalement, sans prévenir, elle prend sa main pour y glisser une canette et Yun Su reste alors immobile, la suivant du regard jusqu'à ce que la porte des toilettes se ferme dans un bruit sourd. Hm. Bizarre cette nana.

Finalement au bout de deux minutes, il se redresse pour sortir d'ici et chercher la jeune femme du regard à l'extérieur. Mais elle ne se trouve dans aucun des deux couloirs. Alors il jette un coup d'oeil à la porte des toilettes des femmes et un long soupir quitte ses lèvres avant qu'il ne finisse par entrer à l'intérieur. Il est soulagé de ne voir personne et, au moment où il s'apprête à repartir, il reconnaît la voix d'Ayeong se plaindre à cause de la climatisation. Passant une main derrière sa nuque, il s'éclaircit la gorge avant de lancer ;


Yun Su - Um... Ayeong ? Juste dans le but d'éclairer ton ignorant cerveau, il n'y a pas de climatisation ici... Mais soit, sors de là, je t'accompagne à l'infirmerie...

La jeune femme se redresse en entendant la voix de Yun Su, surprise de sa présence. Elle se baisse alors pour regarder à travers la fente sous la porte pour voir si elle ne rêvait, mais non il était bien là, juste de l’autre côté. Elle ramena alors ses jambes contre elle et se décida de patienter jusqu’à qu’il fasse demi-tour mais en vain.

Comment pouvait-il être aussi certain qu’elle était ici ? Avait-il été programmé pour être aussi clairvoyant ?  Du moins, aujourd’hui elle avait clarifié un point, monsieur perfection était bel et bien humain avec en plus de ses supers gros défauts de péteux, ses peurs.  « Il n’y a personne, c’est occupé ! » elle s’arrête, ne venait-elle pas de se contredire ? Elle se couvre alors la bouche avec la paume de sa main un brève instant. La brune savait qu'elle ne pouvait plus se cacher, ou du moins le leurer, parfois elle se sentait tellement. bref.  Elle soupire avant de bafouiller avec maladresse « maintenant que tu as éclairé mon cerveau, tu peux partir serein, je dormirais moins stupide ce soir. »  Elle ne voulait pas sortir, en tout cas pas se retrouver nez à nez avec lui plus longtemps. Non pas qu’elle se sentait lâche, mais juste gênée. Sa blague était allée un poil trop loin, elle ne l’avait compris seulement lorsqu’il avait téléphoné à sa collègue pour le remplacer.  

« Je vais bien, au lieu de t’inquiéter pour moi, préoccupe-toi de toi et ça suffira », tout en disant ça, elle gardait dans un coin de sa tête qu’elle irait ou devrait certainement prendre un comprimé du genre doliprane, paracétamol avant d’aller se coucher si elle se sentait mal.  Mais c’était embarrassant, comment diable pouvait-il entrer dans les toilettes des femmes et en plus de cela lui adresser la parole alors qu’elle pouvait être en train de faire sa petite  ou grosse commission. Elle espérait une chose, c’est qu’elle ou plutôt qu’ils étaient seuls.

Par curiosité et pour voir s’il était toujours là, elle monte sur sa petite estrade et se hisse sur la pointe des pieds pour regarder au-dessus de la porte, histoire d’apercevoir à la voleé sa grosse tête de Jimmy Neutron.

Il n'y a personne, c'est occupé ? Le jeune homme incline légèrement la tête sur le côté quelques secondes ; elle vient d'atteindre un niveau de contradiction assez élevé quand même. Il fallait qu'elle lui explique parce qu'il n'était pas sûr de pouvoir suivre sa logique. Un faible sourire amusé se dessine sur ses lèvres alors qu'il secoue doucement la tête. Non mais voila, encore une fois, il avait la preuve devant lui des atroces choses que subissent le cerveau après avoir vécu un certain temps parmi les Tsebe.


Yun Su - Au temps pour moi, je dois juste entendre des voix alors... il dit dans un soupir, sur un ton faussement inquiet


Quand la jeune femme incite Yun Su à sortir d'ici, contre toute attente, il met les mains dans ses poches et marche doucement dans cet espace assez large. D'accord, il était dans les toilettes des femmes mais après, pourquoi il devrait l'écouter hn ? Est-ce qu'elle l'avait écouté lorsqu'il lui avait demandé de ne pas venir dans la bibliothèque sauf pour travailler ? Non ! Justement ! Et puis franchement, comment pouvait-elle dire qu'il partirait serein après la bêtise qu'elle vient de lui sortir hn ?


Yun Su - Serein ? Dormir moins stupide ? Il répète d'un ton légèrement amusé Je pense que tu te surestime un peu trop Ayeong. Il dit avant qu'un faible rire s'échappe de ses lèvres Mais soit... Ce ne sera sans doute pas la dernière bêtise que j'entendrai de la journée, rassure toi... Ou ne sois pas rassurée si ces bêtises viennent toutes de ta bouche.


Quand finalement elle lui dit qu'elle va bien, le jeune homme reste dans la pièce un instant et le regard discrètement jeté par la jeune femme ne lui échappe pas. Cependant il hausse les épaules et pousse un long soupir avant de lui répondre ;


Yun Su - Très bien...


Il sort alors sans plus attendre des toilettes des femmes avant de se rendre d'un pas tranquille à son casier et en prendre sa serviette bleue encre. Il va sans dire qu'il a hésité un moment avant de la prendre. Mais soit. Il revient s'appuyer contre le mur où se trouve la porte des toilettes femme et patiente un moment. Il regarde sa montre une fois, deux fois, trois fois. Et quand finalement la porte s'ouvre, le jeune homme pose la serviette sur la tête de la jeune femme sans ménagement.


Yun Su - Aller, plus vite on sera passés par l'infirmerie et plus vite je serai rentré chez moi... Il dit sur un ton nonchalant.

Le simple fait qu’il puisse rire ne la rassurait pas, il y a des rires sincères, joyeux tout comme il peut y en avoir des sinistres et extrêmement peu rassurant. Et dans cette situation, elle ne savait pas si c’était le rire habituel qu’il avait, moqueur et dédaigneux ou bien si c’était des rires, qui venaient du cœur mais dans tous les cas, cela la mettait mal à l’aise ou en alerte. L’infirmerie ne devait être qu’un paravent pour mieux la duper et ensuite la torturer avec des outils à fin médicaux, il voulait se venger. En plus d’être bibliothécaire, il est aussi  et avant tout un étudiant en médecine, alors il savait très bien les manier ou du moins l’apprenait, elle cobaye ? Il en était hors de question.

Juchée depuis son poste d’observation clandestin, elle l’épie pour voir si par hasard il ne lui dirait pas ses mots avec un sourire des plus inquiétants mais non, il se contente d’hausser les épaules, soupirer, acquiescer et sortir. Pourtant, la brune resta un moment immobile, au cas où il reviendrait fourbement si elle ouvrait la porte naïvement mais ne le voyant pas repointer le bout de son nez, elle se décide finalement à quitter son perchoir et sortir de la cabine, se dirigeant vers un des lavabos pour se laver et main – une habitude qu’elle avait prise dès qu’elle entrait ou sortait de toilettes–.

Rapide coup d’œil à droite, à gauche, ne voyant personne elle sort et voilà que tout s’obscurcit brusquement. « Aller, plus vite on sera passés par l'infirmerie et plus vite je serai rentré chez moi… » et elle se pétrifia à défaut de se liquéfier sur place. Comme c’était fourbe, elle qui pensait s’en être débarrassé. Elle relève la serviette qui lui gêne la vue « mais si tu me laissais tranquille, plus vite on pourrait rentrez chacun de notre côté ! » lui reprocha-t-elle, un sourcil arqué, les lèvres pincées, les joues gonflées.  Était-ce l’effet grenouille ? Au lieu qu’elle se transforme en princesse, elle transforme la personnalité du prince lui faisant prendre un virage de trois-cent-soixante degrés ? Ayeong lui rend sa serviette, bafouillant un petit merci et enfonce ses mains au fond des grandes poches de son manteau et prit les devants non pas pour aller à l’infirmerie mais retourner dans sa chambre.


Elle s’arrête, pivote sur ses talons en caoutchouc, le dévisage et un large sourire se dessine sur ses lèvres et d’une voix enjoué lui dit : « Allons-y, avant que je ne m’évanouisse. » Elle était certaine qu’avec du recul elle trouvera sa réponse bizarre mais à vrai dire, elle était curieuse. Elle voyait ça comme une opportunité, d’en savoir plus sur lui qu’à travers des rumeurs ou des impressions. Un mot la résume : curiosité.

Il a vraiment du mal à comprendre la logique de cette petite. Non mais c'est vrai quoi ; comment est-ce qu'elle pouvait dire qu'il n'y avait personne et en même temps dire que c'était occupé hn ? Et oui, il était toujours là dessus mais quand même, c'était intéressant de chercher à comprendre comment son cerveau fonctionnait, en supposant qu'il fonctionne hn. Mais finalement, il revient bien vite à la réalité lorsqu'elle lui dit de façon détournée qu'elle n'a pas besoin de son aide. Et il en vient à se demander alors, pourquoi est-ce qu'il fait autant d'efforts s'il doit être remercié de cette façon ou même repoussé de cette façon. Ingrate. Éternelle ingrate, il pense en laissant un soupir s'échapper de ses lèvres. Il passe sa main libre derrière sa nuque, détournant quelque peu le regard lorsqu'elle lui rend sa serviette comme si ça allait lui être utile maintenant qu'elle était souillée. D'accord, "souillée" est un bien grand mot mais c'est de Yun Su que l'on parle n'est-ce pas ?


Yun Su - Pardon ? Il demande quand il n'est pas sûr de bien avoir entendu son "merci" mais il sait que c'est perdu d'avance s'il compte lui faire répéter.


Il était prêt à partir de son côté lorsque finalement elle change d'avis. Il lève les yeux au ciel, se tournant vers la jeune femme. Il ne répond pas mais son visage parle à sa place malgré lui, disant quelque chose comme; "il faut savoir ce que tu veux cocote". Finalement, il s'approche de cette dernière avant de reposer la serviette sur sa tête et cette fois si, de sorte à ce qu'elle puisse voir la route ;


Yun Su - Garde ça sur ta tête si tu ne veux pas attraper froid... Et je ne parle pas de ton cerveau hn. Je crois que c'est perdu d'avance.


Il avant alors tranquillement le long du couloir, restant cela dit assez proche de la jeune femme juste au cas ou et... Juste assez loin au cas ou aussi. Le jeune homme la regarde un court instant avant de reporter son regard sur le chemin et lance alors dans un murmure ;


Yun Su - Châtiment divin avec un sourire légèrement amusé.