Le cattleyas' garden ... Pour je ne sais quelle raison, cet endroit avait un drôle de pouvoir sur moi. Quand je m'y trouvais, je m'y sentais merveilleusement bien et, à part la danse et le bénévolat, me balader en ce lieu était la seule activité qui m'aidait à me vider l'esprit, à oublier... C'est donc confiant que, au volant de ma voiture, j'avais pris la direction de ce jardin botanique. Il s'était passé tellement de choses ces dernières semaines. Tellement de choses auxquelles je ne voulais plus penser, au moins l'espace de quelques heures... Et, pour y parvenir, je comptais bien évidemment sur cet endroit que j'appréciais tant et sa tranquillité. Enfin, tranquillité... Tout était relatif. Arrivée à destination, je me dirigeai d'un pas rapide, lunettes de soleil sur les yeux, vers un endroit que j'avais presque établi comme étant mon coin à moi. Un endroit légèrement éloigné de toute l'agitation engendrée par les enfants qui s'amusaient mais pas trop non plus. Un endroit où j'aimais me poser et piquer un somme le temps de quelques minutes. Et c'est d'ailleurs ce que je m’apprêtais à faire. M'installant au pied de l'un des arbres qui avaient pris racine dans ce petit coin propice à la détente, je m'allongeai et fermai les yeux, bien décidé à faire l'impasse sur toutes les mésaventures qui étaient venues animer ma vie ô combien sereine jusque là... Mais c'était sans compter sur l'arrivée d'une personne dont la présence ne m'enchantait pas vraiment et constituait un obstacle à mon désir d'oublie... Entendant des bruits de pas se diriger vers moi, j'ouvris les yeux et observai la jeune femme à travers mes lunettes de soleil, avant de soupirer. « Et merde. Pas elle... » m'exclamais-je alors, pour moi-même. Non mais, franchement... Qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça ? Le hasard ne pouvait pas être de mon côté, pour une fois ?

Jinou ? Elle était sérieuse, elle ? « Il irait bien mieux si… Je ne sais pas moi... Tu décidais de tracer ta route et de ne surtout pas lui adresser la parole, par exemple. » répondis-je, sur un ton las, malgré que je savais très bien que la jeune femme n'attendait aucune réponse de ma part et ne tiendrait de toute façon pas compte de ma demande, en faisant tout le contraire. Sérieusement... Comment vouliez-vous tenter d’oublier quelqu’un si la cousine de la personne en question se pointait à chaque coin de rue ? Et comment vouliez-vous faire le vide dans votre tête alors que cette même cousine vous harcelait sans cesse pour vous faire regretter d’agir de la sorte avec l’une des personnes qui comptait le plus à ses yeux ? C’était impossible… Sans compter qu’en plus d’être une harceleuse professionnelle, Boo Hara avait la particularité d’être la pire des sangsues. Le jackpot… « Ta cousine n'est pas assez grande pour régler ses problèmes toute seule ? Du coup, tu te sens obligée de le faire à sa place ? » Plaçant mes avant-bras sous ma tête pour m'en servir d'oreiller, je fermai de nouveau les yeux avec la ferme intention de reprendre mon activité initiale. Cependant, je continuai de sentir la présence de la jeune femme à mes côtés et cela avait le don de m'agacer au plus au point... Sans prendre la peine de ré-ouvrir les yeux pour la regarder, j'ajoutai... « Sérieusement, retourne jouer avec tes poupées, gamine, et lâche moi les baskets ! »

Moi un lâche ? Elle en avait de bonnes elle... Elle ne me connaissait pas et ne connaissait pas non plus toute l'histoire, à part la version que semblait lui avoir raconté sa cousine. Alors ses leçons de morale, elle pouvait se les garder. Ce n'était certainement pas une gamine de son genre qui me ferait regretter mes actes. Et qu'elle me pense lâche ou non, je n'en avais strictement rien à faire. Cela ne m'empêcherait pas de fermer l’œil cette nuit. Soupirant ainsi d’agacement, je me gardai bien de lui répondre et préférai retourner à mon activité. Je n'avais aucunement envie et ne ressentais pas non plus le besoin de me justifier, de toute façon. Surtout pas devant elle... Et puis quoi encore ? Cependant, alors que je tentai de faire abstraction de sa présence pour le moins désagréable, je fus quelque peu dérangé par la lumière d'un flash et finis par ré-ouvrir les yeux, la dévisageant, avant d'esquisser un léger rictus. « C'est une bonne idée, ça !  Tant que ça me débarrasse de ta présence, tu peux appeler qui tu veux, ça m'est complètement égal ! » Alors quoi ? Elle pensait que cela me dérangerait ? Que le fait de voir Areum me ferait perdre tous mes moyens ? Quelle bonne blague. Encore une preuve qui montrait que la bleu ne me connaissait absolument pas. « Non mais franchement... Tu n'as vraiment rien de plus intelligent à faire ? » m'exclamais-je alors, légèrement aveuglé par le flash de l'appareil photo, avant d'ajouter sur un ton évident. « Quoique, tu me diras... C'est bien votre genre à toi et ta cousine de faire chier les autres, histoire de rajouter un peu de piment dans vos vies si... ennuyeuses. Vous n'êtes bonnes qu'à ça... Emmerder le monde. Mais débarrasse moi d'un doute... Boo signifie chieuse ? » Bon okay... Peut-être qu'il était temps que je commence à creuser ma propre tombe, hm ?

Tournant la tête vers la jeune femme, j'haussai légèrement les sourcils. Qu'elle était mignonne, dis donc... Faire dans la charité... On aura vraiment tout entendu. « Wow~ Tant de bonté en toi... Non, franchement... Je suis touché ! C'est trop d'honneur que tu me fais, là... » commençais-je ironiquement, avant de me redresser. Je portai ensuite ma main droite à mon cœur et fis mine d'être ému. « Mais tu n'es vraiment pas obligée, tu sais... Je ne suis pas sûr de le mériter. Puis, imagine à quel point les jolies fleurs de ce jardin seraient attristées de savoir qu'elles devront se priver de ta présence. » J'esquissai une mine faussement triste, avant d'ajouter en hochant brièvement la tête en signe de refus. « Oh non, vraiment... Je ne peux pas accepter un tel privilège. » Je lui adressai un sourire quelque peu hypocrite et me contentai ensuite d'hausser les épaules à sa question. Moi chieur ? Bien sûr que je l'étais. Et je l'assumais pleinement...

Reprenant ma position initiale, j'esquissai finalement un sourire en coin quand la Bluing se mit à m'accuser de détruire les gens. Cependant, ce sourire finit rapidement par laisser place à une légère grimace, suite à ses paroles concernant Areum. « Oh arrête. Tu me ferais presque pleurer... » m'exclamais-je alors, sur un ton sec, quelque peu agacé, avant  de reporter mon attention sur la jeune femme. « Franchement, qu'est-ce que tu veux que ça me fasse, hein ? Et si je suis un déchet, pourquoi perds-tu ton temps à venir me dire tout ça ? » Je la dévisageai une nouvelle fois et poursuivis sur un ton des plus froids. « Sérieusement... Dégage ! »

Déchet, pourriture... Elle croyait vraiment m'atteindre en me qualifiant à l'aide de ces quelques termes ? Si c'était le cas, elle pouvait d'ores et déjà aller se rhabiller. Ces mots, je les avais entendu tellement de fois, qu'ils ne me faisaient plus rien. Nada. En admettant qu'ils aient pu me faire quelque chose un jour, bien évidemment... Non mais, franchement, elle était ridicule. J'avais l'impression d'avoir, en face de moi, une petite gamine de huit ans que l'on venait de contrarier en lui volant son jouet préféré et qui cherchait à tout prix à le récupérer. Le jouet en question, là, c'était visiblement des excuses qu'elle souhaitait que je fasse à sa cousine. Des excuses... Des excuses pourquoi ? Pour avoir choisi de poursuivre ma vie comme si de rien n'était. J'avais agi de la sorte pendant douze longues années et, de son côté, Areum en avait fait de même. Alors où était le problème ? Jusqu'à maintenant mon absence ne l'avait pas empêché de vivre sa vie pleinement, que je sache. Au contraire, elle avait même l'air de plutôt bien se porter avant ces... révélations... Mais soit. Faisant complètement abstraction des paroles de la jeune femme, je lui adressai un sourire des plus hypocrites, avant de m'exclamer sur un ton faussement triste en la voyant feindre de partir pour finalement se rasseoir... « J'ai vraiment failli y croire, tu sais... » Je me stoppai ensuite l'espace de quelques millièmes de secondes, m'accordant ainsi une courte pause et ajoutai... « Bon, écoute... C'est pas que tu m'ennuies mais... Continue de déblatérer des propos incohérents toute seule, si cela te fait plaisir.  » Je refermai ensuite les yeux et affichai un léger sourire en coin. Qu'elle continue de parler... De toute façon, tout ce qu'elle disait, ça entrait par une oreille et ça ressortait par l'autre. Enfin, je crois...

Jusqu'à maintenant, je pensais vraiment m'être préparé à toutes les éventualités. Même l'idée qu'elle puisse utiliser la violence contre moi m'avait effleuré l'esprit. Qu'elle me gifle ou tente de m'étrangler, j'y avais pensé, oui. Mais dire que je m'attendais à ça... Ce serait mentir. Elle venait de me balancer son appareil photo dans la gueule, cette garce. Elle était sérieuse ? Envahi d'un seul coup par la colère, je n'ouvris cependant pas tout de suite les yeux et serrai les poings. Je n'étais vraiment pas du genre à lever la main sur une femme - ou une gamine, devrais-je dire - et en cela elle était très chanceuse. Oui, elle avait beaucoup de chance de ne pas être un mec. Mais cela ne voulait absolument pas dire que je ne réagirai pas. Alors là non... Portant ma main au niveau de ma tête, près de laquelle se trouvait l'objet, j'attrapai ce dernier et le balançai un peu plus loin, avant de finalement ouvrir les yeux. « Je peux savoir pour qui tu te prends ? » Ne lui laissant pas le temps de répondre, je me redressai alors et la dévisageai une nouvelle fois, le regard mauvais, avant de l'empoigner par le bras. « Tu crois que c'est par la force que tu vas obtenir des excuses ? » Je la lâchai finalement et laissai échapper un léger sifflement, signe de ma frustration. « Ta cousine aurait peut-être mieux fait de t'éduquer au lieu de perdre son temps à pleurnicher... » commençais-je, sur un ton sec. J'haussai ensuite légèrement les épaules et laissai échapper un rire forcé peu audible, avant de poursuivre sur le même ton... « Et, à défaut de ne pas l'avoir fait, elle pourrait au moins te tenir en laisse. Espèce de dérangée ! » Énervé, je décidai de me lever, avec la ferme intention de lui fausser compagnie. Si elle pensait que c'était en agissant de la sorte qu'elle m'inciterait à aller voir sa cousine, elle se trompait complètement. Au contraire... Son comportement ne faisait qu'accentuer le fait que je ne veuille plus les fréquenter, ni elle, ni Areum...

Avait-elle conscience qu'elle aggravait les choses, là ? Avait-elle conscience que son comportement ne m'agaçait pas mais... C'était pire que ça, en fait ? Il me dégoûtait... Oui, c'était le mot. Il me dégoûtait. Et que, pour cette raison, je n'avais aucunement envie de les comprendre, elle ou sa cousine ? Était-elle seulement consciente que tout ce qu'elle était en train de faire c'était creuser le fossé qui existait déjà entre Areum et moi ? Fallait croire que non... Elle n'en avait pas conscience. Ainsi, debout et sur le point de m'en aller, je reportai tout de même mon attention sur la jeune femme. Puis, avec un calme des plus déconcertants, je m'exclamai alors... « Au fait... Ce n'est pas vraiment une question de conscience. Il suffit juste d'être un minimum perspicace pour deviner que c'est ce que tu attends de moi... Pourquoi me parlerais-tu sans cesse de ta cousine si ce n'est pas pour que je lui fasse des excuses ? Excuses dont je ne vois pas l'utilité, soit dit en passant... » Je me stoppai l'espace de quelques secondes, m'accordant une courte pause, puis finalement, sans lui laisser le temps de me répondre, j'ajoutai... « Je n'ai rien à me reprocher, Hara... Et rien de ce que tu pourras me dire ou faire, me fera croire le contraire. » Je glissai mes mains dans les poches de mon pantalon et, toujours sur ce ton calme, laissai échapper ces quelques mots... « Entre nous... Tu crois vraiment que c'est en agissant de la sorte que tu me décideras à aller la voir ? Laisse moi rire... J'en ai encore moins envie à présent. En admettant que j'en ai eu l'envie, à un quelconque moment, en fait. » Je levai les yeux au ciel, complètement las. « T'es encore plus idiote que je le pensais... Tu penses aider ta cousine mais crois moi, c'est tout le contraire qui est en train de se produire... » Je lui tournai finalement le dos, souhaitant mettre fin à cette discussion. De toute façon, elle ne nous menait à rien...