Si j'avais vu ? Evidemment que j'avais vu. J'avais toujours vu. Pire, j'avais lu. Noooon, j'ai rien vu t'inquiète, tu peux continuer ton petit commerce si tu veux car pour moi c'était de cela dont il était question. Le sang pulsait si fort contre mes tempes que j'en avais la vue brouillée. J'essayais de respirer calmement, mais j'étais tellement blessée, mon coeur me faisait tellement mal. Oh, c'était pas méchant du coup je suppose que je suis censée te remercier ? putain... je pleurais pour de bon, je sanglotais même, et ça m'énervait d'autant plus. Je pensais qu'en devenait celle que j'étais aujourd'hui, je gagnerais en force. Je me rendais compte que ça n'avait été qu'une illusion. La vie que je m'étais construite en Corée était comme le colosse aux pieds, que Tao venait de balayer. Bien sûr qu'il ne pensait pas à mal, et une partie de mon être s'en rendait bien compte, elle essayait de me calmer, mais je ne parvenais pas à l'écouter. Ce n'était qu'une bruit de fond, un parasite que ma rage essayait d'annihiler. Mais contre qui au juste cette rage était dirigée ? Contre Tao et sa maladresse ? Ou contre moi et la femme que j'étais devenue, celle qui avait piétiner tous les principes que j'avais un jour eu ? J'étais perdue. Je pris la fuite en direction du canapé. Je n'avais pas chassé Tao, pour la simple et bonne raison que là tout de suite, j'avais besoin de lui plus que de n'importe qui.

Je n'avais pas envie de le repousser encore, je n'en avais pas la force non plus. Alors je restai là, dans les bras de Tao, à pleurnicher comme je ne l'avais plus fait depuis longtemps. Il me fallut dès lors plusieurs minutes pour me calmer, je ne sais pas combien de temps exactement. Sans même m'en rendre compte, je m'étais agrippée à lui, un peu comme si j'avais crains qu'il ne s'en aille, lassée par mes pleurs. Sacré paradoxe non ? Comme un peu tout ce qui m'animait en ce moment. Je finis par me mordre la lèvre inférieure, les yeux rivés sur l'accoudoir du canapé Pardon, je n'aurais pas dû m'énerver comme ça ... soufflai-je si bas que c'était à peine audible. Reconnaître mes torts n'avait jamais été ma spécialité, mais j'avais été à deux doigts d'égorger Tao, alors que je savais pertinemment bien qu'il avait fait ça pour moi en quelque sorte. Ce n'est pas ta faute... finis-je par lâcher tout en fermant les yeux et en me blottissant un peu plus contre lui. J'avais besoin de mettre de l'ordre dans mes idées, mais concrètement, par où commencer ? je poussai un léger soupir, complètement perdue dans le dédale de ma propre âme.