Plus jamais je bois. Plus jamais, jamais, jamais je bois. Ma tête me fait un mal de chien, alors que mon estomac me fait la morale. Soudain, des bruits m'interpellent. La porte de mon appartement qui s'ouvre et se referme, des bruits de pas ... non, c'est d'office mon imagination. Je rabats ma couverture sur mon visage. Sérieusement, si c'est un violeur, me voila bien. Mais ça m'est égal, je suis prête à mourir du moment que c'est rapide. Et propre. J'avais pas trop envie qu'on retrouve mes tripes étales partout dans mon appart. Finalement, ce n'est pas un psychopathe, juste un cachalot qui s'échoue sur mon lit. Je me retrouve avec Tao allongé sur moi, sa tête dans mon cou. Un... cheveu ... blanc ? Tao, tu me réveilles pour un putain de cheveux blanc ? Je poussai un soupir, avant de m'extirper de son emprise et de le pousser en bas de mon lit. Finalement, j'aurai réussi à me réveiller avec un mec dans mon lit, moi qui était fière d'y avoir échapper T'as qu'à te les teindre, comme ça on le verra plus. Et comme ça moi je pourrai reprendre ma nuit là où le brun l'avait interrompue.

Pitié, que quelqu'un fasse quelque chose. Par exemple, que des extraterrestres débarquent et l'emmène loin de moi. Enfin, pas trop longtemps hein. Je l'aimais bien Tao, mais pas avant huit heures. Et surtout pas quand j'avais une putain de gueule de bois. Une fois Tao en bas du lit, j'eus l'audace d'espérer qu'il s'en aille. Bien sûr, et la marmotte elle peut le chocolat dans le papier alu. Alors là t'es injuste Tao ! C'est juste un cheveux blanc, tu vas survivre Et le revoilà sur mon lit. Je maudis le jour où je lui avais passé un double de mes clés, quelle idée stupide vraiment. Continue à gueuler comme ça, et tu mourras effectivement dans les minutes à venir ... Je poussai un soupir las, je ne pouvais pas réellement le laisser dans une situation pareille Sans aspirine, je ne te suis d'aucune utilité. Tout au plus, je pourrai abréger tes souffrances traduction "t'as gagné, laisse-moi juste faire semblant d'aller bien".

Il était sérieux là ? Il n'avait que deux ans en plus que moi ! Enfin, je pense. En plus, niveau égoïsme, il en tenait une couche. Bon, pas avec moi, mais je le connaissais suffisamment bien que pour savoir que j'avais de la chance par rapport aux personnes qu'ils fréquentaient d'habitude. Puis c'était quoi cette tête de boxer là ? Manquait plus que le filet de bave pour rendre le tableau convaincant. C'est moi qui vais finir avec des cheveux blancs... grommelais-je pendant qu'il se lança à la recherche d'aspirine. Je le vis aller dans la cuisine, je retins un "pas par là imbécile". Cependant, chaque minute perdue à chercher ce médoc, était une minute de gagnée dans mon lit. Je gardai donc le silence. Jusqu'à ce qu'il revienne avec le graal, que je pris aussitôt qu'il me l'eut proposé. Kirby. Je t'avoue que j'ai toujours eu envie de le récupérer. Surtout que j'adorais les peluches, c'était mon péché mignon. Je déglutis, m'efforçant de ne pas recracher le médicament quand j'entendis sa dernière question. Je posai sur lui un regard perplexe, avant de hausser les épaules Tout ce que je sais, c'est que j'ai pas mes règles. Tu permets que je m'habille où t'as envie de me mater pendant que je sors du lit ? J'étais pas d'humeur joyeuse, et encore moins d'humeur à faire des chichis. Tao pouvait bien me voir en sous-vêtement - enfin, en culotte en l'occurrence, mon soutient étant passé je ne sais où - que ça m'était complètement égal.

Ce n'était quand même pas croyable d'exagérer à ce point ... Moi-même j'étais moins préoccupée par mon physique, si j'avais un cheveux blanc je me contenterais d'aller chez le coiffeur puis on en parlerait plus. Je sortis donc des couvertures pour attraper mon t-shirt qui traînait sur le sol, histoire de ne pas rester topless pendant que j'examinai ses cheveux. Un bébé cheveux blanc. Un tout petit riquiqui bébé cheveux blanc. T'es pire que Shûji toi en fait ... je pense que même ce dernier n'aurait pas piqué une crise pareille ... Ou plutôt, il aurait gardé ça confidentiel et aurait arrangé les choses lui-même. Bon sang Tao, ils en voient tous les jours des cheveux blancs ! Mais je savais déjà que cela ne suffirait pas à le convaincre. Je réfléchissais à une solution... Je vais te les teindre. Mais m'faut de la teinture pour ça..

Je soupirais, pourquoi j'avais parlé de Shûji moi ? C'était juste une façon moins dure de dire qu'il était pire qu'une fille, étant donné l'attention que le jeo portait à son physique. Non, et ça prouve bien que tu es pire que lui ! Lui au moins aurait arrangé ça tout seul... je reposai mon regard sur Tao, finalement la situation était assez amusante quand on y pensait. Enfin, pas le fait qu'il me réveille pour ça, mais ça m'amusait suffisamment que pour l'enfoncer un peu plus En plus, vu le soucis que tu te fais, ça m'étonnerait pas que demain t'en trouves d'autres des cheveux blancs !. C'était pas très sympa de me moquer de son malheur, je l'avouais... Mais il n'avait pas eu de compassion pour mon sommeil après tout. Rouge ? Je le regardai attentivement, avant de hocher la tête Ouais, rouge ça peut le faire ! Par contre je te préviens, j'ai jamais fait ça de ma vie hein ... ça devait pas être bien compliqué, et Tao n'était visiblement pas prêt à aller chez quelqu'un de plus qualifié, mais autant me décharger de toute responsabilité.

Il me fait rire, il est vrai que je trouve qu'il exagère. Enfin, je dis ça, mais je n'ai pas encore vécu ce genre de moment, la morale voudrait donc que je ne m'en moque pas néanmoins si ça m'arrive un jour, je savais que je n'aurais pas à aller chez Tao, il se moquerait de moi. Et ce serait bien fait pour ma poire. Aigooo Tao chéri ... Détend-toi, ce ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir ! Va donc pour le jour. Je ne voulais pas l'admettre mais je stressais quand même un peu. D'autant plus que si je le ratais, il allait me haïr pour le restant de mes jours, et je n'en avais pas pleinement envie. J'y vais j'y vais, me brusque pas .... J'avais toujours mal la tête, et mon estomac m'alertait d'un danger imminent si je me pressais. J'vais me doucher. Je sais pas si t'as mangé, mais fais comme chez toi. comme si j'avais besoin de le lui dire pour qu'il le fasse. Je filai dans la salle de bain, prenant un jeans et un pull au passage. Une fois prête, c'est-à-dire une heure plus tard - fallait pas abuser non plus -, je retrouvai Tao Tu viens avec moi au moins ? il était capable de se terrer dans mon appart jusqu'à ce qu'il soit débarrassé de ce stupide cheveux.

Que croyait-il ? Que j'allais me dépêcher ? Et puis quoi encore ? J'étais pas à ses ordres non plus. Bon, peut-être un peu, mais soit. Je ne relevai même pas, me contentant de pousser un soupire. Pourquoi grand dieu m'aviez-vous envoyé un pote aussi chiant ? Je ne méritais pas ça ... Tao ... il faut une loupe pour le voir ton cheveux blanc ! comme si j'allais réussir à le convaincre ... Ce garçon me désespérait. Bon, très bien, je file dans ce cas. Tu rangeras tes crasses s'il te plait. Je n'étais pas maniaque, mais quand même un peu. Je sortis de l'appartement pour me rendre dans le garage. Une fois la clé dans le contact, une question me vint à l'esprit ... ça s'achetait où de la teinture ? Aigoo... On allait tester le magasin de cosmétiques hein. Bingo. Je prends des photos de teinture rouges que je vois, je prends également conseil auprès de la vendeuse. Ah, il faut du décolorant aussi, mais ne pas le laisser trop longtemps. Elle me prévient, le rouge est une couleur capricieuse, tant mieux, ça ira parfaitement. Je finis par rentrer avec la couleur qu'il avait choisi, déjà lassée de toute cette histoire Si c'est raté tu ne devras t'en prendre qu'à toi même hein. j'avais un mauvais pressentiment, je ne m'en cachais pas.

J'avais beau râler, lui faire la tête, froncer les sourcils, soupirer puis encore râler, ça ne me dérangeait pas de me bouger pour Tao. Enfin, certes je trouvais ses réactions excessives, mais d'un autre côté il en allait de même pour la majorité des jeopardize. Nous ne vivions que pour les apparences, ce n'était dès lors pas surprenant de voir des crises au premier cheveu blanc. Je compte pas te rater ... je marquai une pause tout m'appuyant contre lui et en le regardant dans les yeux J'ai pas envie de te rater, je tiens trop à ma vie. Mais je préfère prendre mes précautions, et préparer ma défense au cas où ça arriverait quand même. Tu vois ? Non parce qu'il y avait fort à parier qu'à la moindre erreur, je finisse au tribunal pour crime contre l'humanité - personnifiée par Tao qui demanderait réclusion à vie. Va t'asseoir à la table pendant que je lise les instructions. J'installai tout ce dont j'avais besoin sur la table, remarquant au passage que Tao avait bien rangé comme je le lui avais demandé - ordonné même. Je posai un essuie sur ses épaule, fit une prière et me lança Go alors.

Pour être franche, je stressais. Je n'avais jamais fait de teinture, et ça me paraissait très facile à rater. Ne me provoque pas alors que j'ai ton destin capillaire en main, l'rongeur. je mis sa tête en place, prête à tenter cette nouvelle expérience. Je commençai - comme me l'avait dit la vendeuse - par le décolorant. Je le laissai poser vingt minutes, comme spécifié sur la notice d'utilisation. Un rinçage plus tard, je m'attaquai à la teinture. Tout ça est bien long et fastidieux, ça m'a toujours l'air plus rapide quand je suis chez le coiffeur, sans doute parce que je m'occupe en même temps. Mais là, je n'avais droit qu'à faire une seule et unique chose : me concentrer. Voilà. Plus qu'à rincer et sécher ! Go dans la salle de bain. Une fois dans la salle de bain, je rinçai donc les cheveux, puis commençai à les sécher. J'avais commencé par l'arrière du crâne, histoire de voir avant lui ce que ça donnait ... Mon visa était-il encore valide ? Oui, il me semblait que oui. Ma voiture était dans le garage, et je n'avais pas d'animal de compagnie. Vers où fuir ? J'en sais rien, premier avion destination nowhere Tao ... Oh puis merde, je l'avais prévenu c'est grave si c'est pas tout à fait la couleur que tu voulais ? Si c'était grave ? Il m'avait sortie de ma torpeur post-soirée-arrosée pour un cheveux blanc qu'on ne voyait pas ! Et puis ... C'était rose ! Ma vie était finie. Tao allait m'assassiner.

C'était pas pour rien que j'avais prévenu Tao, c'était précisément le genre de situation que je craignais. Je me mordis la lèvre inférieure, faisant fonctionner mes neurones à plein régime. Son calme n'était qui plus est pas de nature à me rassurer, j'aurais préféré qu'il éclate directement, là il était imprévisible, ça me faisait flipper. Noir. Mais oui, du noir ! Je reviens tout de suite, je te promets, dans trois minutes je suis là ! je me précipitai hors de la salle de bain, attrapai mon trousseau de clés qui traînait sur la table avant de filer ma voiture. Non, je ne fuyais pas. Et je connaissais suffisamment Tao pour savoir qu'il ne sortirait pas de chez moi en ayant les cheveux roses. Je fonçai dans le magasin où j'avais été chercher la teinture rouge, retombai sur la même vendeuse. Je lui expliquai brièvement mon problème, elle me conseilla ce à quoi j'avais penser : de la teinture noir pour rattraper le tout. Deux procès verbaux plus tard pour excès de vitesse plus tard, je franchissais à nouveau la porte de mon appartement, à bout de souffle. Je rejoignis Tao et lui donnai la nouvelle boite de teinture Tu veux t'en occuper ? Tu pourras pas faire pire que moi de toute façon puis moi j'étais morte, sur les rotules, j'avais juste envie de retourner pioncer - même si je ne pouvais décemment pas lui faire ça.

Il veut que je le fasse. Il est suicidaire. Enfin, c'est du noir, je ne peux pas me rater, si ? Non. On va se dire que non. J'emmène à nouveau Tao à table, et je lui fais sa teinture. Je me sens particulièrement mal, mal de l'avoir raté. C'est con pourtant, c'est que des cheveux, c'est pas quelque chose de grave, mais Tao m'avait fait confiance et je m'étais ramassée. Je suis vraiment désolée... murmurai-je tandis que je me risquai à nouveau à jongler avec la teinture. J'appliquai soigneusement, respectant toutes les étapes scrupuleusement. Une fois le produit sur ses cheveux j'enclenchai la minuterie de mon téléphone avant de venir m'asseoir face à Tao en attendant qu'il puisse aller se rincer. Tu m'en veux pas hein ? je faisais la moue, des yeux de chiot abandonné pour l'amadouer, j'avais pas envie qu'il m'en veuille, vraiment pas. Je me relevai pour aller manger un bout, étant donné que je n'avais pas encore petit déjeuné. J'avais la bouche pleine quand mon téléphone sonna pour indiquer que Tao pouvait aller se laver les cheveux Je te laisse faire, je termine ça et j'arrive. À peine Tao dans la salle de bain, que son téléphone - oublié sur la table se mit à vibrer. Ma curiosité l'emporta. C'était Nam Kyu Bok, un type que je ne connaissais que de réputation. Il parlait d'une fille ? Je déverrouillai le portable pour lire la conversation, m'assurant que Tao était bien occupé. Mon sourire s'effaça bien vite quand je sus ce dont il était question... Ma gorge se noua, tandis que j'avais l'impression de me faire aspirer dans un trou noir. "Je peux pas te dire qu'elle est pucelle, mais elle est fraiche et sexy". Putain, c'était de moi qu'il était question. De moi. "J'ai rien vu qui déconne gros, j'pense que tu survivras". Jamais je ne m'étais sentie aussi mal. Des horreurs, j'en entendais souvent, mais jamais de mes amis. Pas du gars qui m'avait permis d'être celle que je suis. Là, j'avais l'impression d'être un bout de viande, au mieux un gadget qu'on conseille à ses potes. Les larmes me montèrent aux yeux, je n'y croyais pas.

J'avais toujours eu une confiance aveugle en Tao. Même le matin où l'on s'était réveillé dans cette chambre d'hôtel alors qu'on avait failli faire bien des choses la veille, ma confiance n'avait jamais été ébranlée. C'en était trop, je ne pouvais pas y croire. Comment Tao avait-il pu me faire une chose pareille ? Bien sûr, je n'étais pas censée le découvrir un jour, et pourtant ... Ce Kyu Bok, qu'il reste loin de moi, qu'il ne m'approche jamais. Quant à mon invité ... Lâche-moi Tao. crachai-je, luttant contre les larmes. Les mots employés me revinrent en tête quand bien même il avait repris son portable. J'avais plus que jamais l'impression de n'être rien d'autre qu'un objet, un objet qu'on se refile entre potes. Au fait, t'aurais pas pu penser à m'en parler avant d'aller balancer ma photo à ton pote ? Mon regard donnait le ton presque autant que ma voix : j'étais en colère, pleine de reproches à son égard. Du respect, c'était tout ce que je demandais. Rien de plus. Putain de merde. les larmes de rage coulèrent, plus fortes que ma volonté. Pourquoi avait-il fallu que ça arrive ?