J'avais remis ma veste dont la capuche en fourrure chatouillait ma nuque. Il faisait froid, et ça expliquait aussi, sans doute, la présence de gants sur mes mains, qui m'avaient été prêtés par l'établissement. J'avais payé pour nous deux les patins à glace, les gants, les deux heures sur la piste mais.. J'avais pas trop confiance, j'étais pas trop en équilibre sur ces machins, c'était dur pour marcher. Sauf que j'avais promis à Hara de l'emmener faire du patin, et que j'allais tenir promesse quoi qu'il m'en coûte. Finissant de lasser mes chaussures, je frémissais une fois de plus et tirai sur mes manches. Le gel artificiel créé spécialement pour l'endroit était des plus désagréable, et je déglutis face à l'aisance de certain sur la piste gelés. Okay, personnellement, j'pense qu'on ressemblera à rien. Je soupirai, mais me parai ensuite d'un sourire que j'adressai à la bluing : « J'espère que tu te débrouilles, parce que je suis pas vraiment un as. » La dernière fois j'avais failli me péter les rotules.

Je n'étais pas sûr de moi. Un sourire en coin perplexe déformait mon visage en une moue songeuse. Chaque pas était lourd, difficile, et si mon regard ne s'encrait pas sur le visage de la Boo, c'est sur mes drôles de chaussures qu'il se posait parfois. Visiblement, tout était dans l'apparence, puisque la jeune Hara -n'était-ce pas un nom de perroquet, par ailleurs ? Cela n'avait rien d'étonnant, la femme avait tout d'exotique à sa façon d'exister- ne semblait pas en mener plus large que moi. Cependant, elle eut l'audace de faire un pas sur la glace et, derrière elle, je posai mes mains sur sa taille pour lui assurer un appui plus conséquent. Je ne voulais pas qu'Areum me tue si sa cousine venait à finir à l’hôpital. Cela ne devait pas être bien difficile ? Alors, elle n'en avait jamais fait.. Je ris, discrètement. « Méfie toi des apparences, c'est traître ! Au moindre faux pas, tu finis par te casser quelque chose. Tiens toi à la barre si tu veux, le temps que j'arrive..  » Je n'étais pas encore réellement décidé, et je ne cessai de tâter le sol de mon unique pied posé sur la surface gelée.

Lorsqu'elle me laissa la place suffisante pour passer, j'attendis encore quelques secondes afin de m'assurer qu'elle tenait debout. Voyez-vous, j'avais beau la trouver mignonne et sympathique, c'était plus par égocentrisme que je patientais : si elle se cassait la gueule, c'est que le terrain n'était pas stable. Et s'il ne l'était pas, ne comptez pas sur moi pour y mettre les pieds. Tout simplement. M'enfin. Pour les quelques fois où je suis allé à la patinoire, j'ai eus le temps d'assimiler les déplacements et, à mon plus grand étonnement, c'est sans mal que m'engouffrai dans l’enclos de glace. Si la grâce et la vitesse n'y étaient guère, l'habileté et l'assurance se valaient. « T'as vu un peu ? ça déchire, hein ? » Qu'il disait, le gars pessimiste du début. Je ris, et, lorsqu'elle tomba sur les fesses, m'approchait aussi vite que je le pus. Tenant la barre d'une main, je lui tendis l'autre en lui adressant un regard compatissant. « Bah alors mini-Boo, déjà au sol ? Visiblement, Areum est bien plus douée de son corps que toi.. » Conscient que ma phrase pouvait avoir un sens non désiré, je me mordis la lèvre. La hissant sur ses patins à nouveau, je pris appui contre cette rembarre sans cesser de rire. Toute cette affaire, au final, m'avait mis de bonne humeur. « Tu sais que tu ressembles pas du tout à ta cousine ? Elle est du même sang que toi ? »


(j'ai lu les dernières pages de ton rp avec Areum et je me suis dis qu'il fallait que Tao sorte un truc qui aurait réellement pu mettre le doute à Hara quant à sa relation avec la jaune )

J'le savais, j'avais dis une bêtise. Je voulais pas sous-entendre un tel truc de base, tout ce que je voulais dire, c'est qu'Areum était adroite et, bonne danseuse, habile, elle ne serait sans doute pas tombée si tôt sur les fesses. Voilà tout. Aish, ça allait me poursuivre ça, si ça remontait jusqu'aux oreilles de la douce et délicieuse -ironie bonjour- Areum. Aie.. J'avais vexé la petite ? Cessant de rire, je me massai la nuque en osant lâcher la barre quelques secondes. « Du tout. Tout ce que je voulais dire, c'est que vous avez même pas un air de famille. Je te l'ai déjà dit, ça vous empêche pas d'être vraiment belles toutes les deux. » Depuis quand je faisais des compliments à foison ? Depuis quand je me souciais de blesser ou non une jeune femme ? « Oh, et .. Tu dis rien pour Areum, hein ? » Je tentai de la convaincre d'un sourire de ne parler de ma petite erreur linguistique. Si j'avais su, j'aurais appliqué l'expression au pied de la lettre, et tourné sept fois ma langue dans ma bouche ! Finalement, je saisis l'une des mains d'Hara afin de l'aider à se déplacer, lâchant la barre. « T'as qu'à te tenir à moi, si tu veux. »

A faire le compte, elle me devait une fière chandelle pour aujourd'hui. Je lui avais sauvé la vie, au sens propre du terme au vue des capacités destructives de Jung Dae. Je l'avais aidé à fuir, prenant le risque de me faire zigouiller avec elle, et je lui avais même offert un repas, bien qu'il en exista de plus romantiques. Et voilà que je l'emmenais à la patinoire, afin de faire en sorte que sa journée ne soit pas des plus traumatisantes de sa vie -quoique je doutai qu'elle ai saisi la gravité de la situation de tantôt -. La laissant s'accrocher à ma veste à la façon d'un chaton, je passai un bras autour de sa taille pour consolider cette position, ne cessant d'avancer. Finalement, je ne me débrouillai pas si mal, tout au contraire même ! Je remerciai silencieusement l'une de mes amies et mon ex pour m'y avoir emmené quelques fois, sans quoi j'aurais déjà fini sur les fesses. Glissant aussi habilement que me le permettais la bleue accrochée, j'effectuai le premier tour de piste en riant : « Donc vous êtes de vraies cousines.. C'est marrant, j'ai vraiment jamais entendu parler de toi. Ceci dit, j'ai jamais entendu parler de la famille d'Areum, donc ça n'a rien d'étonnant. » C'était vrai, je ne savais rien d'elle, de plus que ce qu'elle voulait bien me dire, et ce malgré l'année complète passée à habiter sous le même toit et les fois récurrentes où je venais chez elle. Ou elle venait chez moi.

« Quoi, j'ai pas le corps d'un danseur ? » Je me moquais de moi-même en alternant mon regard entre elle et la surface gelée. Je n'étais pas taillé comme un danseur en effet, et c'est parce que je le savais que je me permettais de rire de moi-même ; je n'avais rien à leur envier pour autant, si ce n'est leur souplesse. Continuant d'avancer en laissant sur mon chemin les traces de mon passage, je pris en compte sa remarque et me dépêchai d'avancer jusqu'à la sortie pour ensuite m'y engouffrer. Je perdis l'équilibre lors du changement de surface, et me rattrapai de justesse à la rembarre.  « Vient, si tu veux je te paye un chocolat chaud, hm ? » Ma gentillesse me perdra, m'étouffera. Je l'entraînai vers le premier rang des gradins et m'assis. « Je suis arrivé à la Jeopardize fraternity en même temps qu'Areum. vraiment en même temps. Et dès le premier regard, on a su qu'on allait pas pouvoir se séparer tu vois, le genre de truc qui te tombe dessus sans prévision. » J'étouffai un rire dans ma barbe invisible à ce doux souvenir. Ironie. « On a occupé les chambres face à face pendant presque une année. Et on a jamais pu s'empêcher de s'engueuler quasi tous les jours, héhé. » J'étais presque fier de cette anecdote. Rares étaient ceux qui tenaient tête à la belle Areum. Un sourire suffisant pris place au coin de mes lèvres. J'avais beau décharger toute ma colère sur Areum, elle restait une amie sans qui je n'en serais pas là aujourd'hui.

Tout en racontant la façon dont j'avais rencontré Ari, je tâtais les poches de ma veste afin de sortir mon portefeuille. Après cette journée, je pouvais aisément imaginer la reconversion dans le métier de nourrice, tient. Lorsqu'elle affirme sa préférence quant à la réalité des choses, je me mets à rire à mon tour. Il est vrai que je n'imagine pas Areum entretenir des relations basiques et normales avec les gens. Cette fille est une véritable tigresse. « Je suis d'accord ! Ta cousine est trop sauvage pour que l'on puisse se voir tous les jours aujourd'hui, mais il n'en reste pas moins que je l'aime beaucoup. » Je lui offris un clin d’œil taquin avant d'étudier sérieusement sa proposition. Les Boo au carré et moi ? Ah, autant mourir ! Non merci, pour être pris en grippe, faire la nounou et l'esclave à la fois, subir leurs assauts ? J'étais peut-être irréfléchi dans certaines situations, mais pas celle-ci, croyez moi. Tapotant la tête d'Hara en affichant un sourire compatissant, je soufflai. « Au lieu de dire des bêtises, attend moi là. » Peut-être que je lui parlais comme une enfant, mais il fallait voir les choses en face : elle avait l'air d'une enfant. M'eclipsant pour lui ramener ce que je lui avais promis, c'est après cinq minutes au fond de la pièce que je revins, les mains occupées par deux tasses fumantes. « Fait gaffe, c'est chaud. » Je lui en tendis une, avant de souffler sur ma main pour la refroidir lorsqu'elle fut libérée.

Je venais de la mettre en garde, soufflant moi-même sur mon chocolat d'où s'élevait de la vapeur. Une main sur la anse, l'autre en dessous quoique recouverte par ma manche afin de ne pas me brûler, je repris place à côté d'Hara. Descendant la boisson de deux gorgées, je poussai enfin un soupire lorsque mon corps se mit à se réchauffer doucement. Malheureusement, la jeune femme à côté de moi avait visiblement décidé de pousser l'audace jusqu'à quérir mon aide encore une fois. Sans doute un faux mouvement, voilà qu'elle se renverse le liquide brûlant dessus. Je serrais les dents afin de me contrôler, ne rien dire, ne pas crier. « Je t'avais dit de faire attention. » Ce fut tout ce que je fus capable de prononcer. Et le pire dans tout ça, c'est que ma colère retombait en même temps qu'elle palissait, et que son air toute gênée annihila mon envie de l'étrangler. Aigoo, elle avait tant la tête d'un enfant que c'était carrément impossible. Je soupirai donc, encore, posai la tasse à côté, et retirai ma veste. « Il vaudrait mieux que tu changes de veste avant que vraiment tout ne soit mouillé. » J'étais galant aujourd'hui, c'était anormal. J'attrapai sa tasse des mains pour qu'elle puisse suivre mes ordres, pour ne pas qu'elle se brûle encore. « Dis moi, c'est pas ton jour, ou tu es naturellement une vraie catastrophe ? » Sourcils froncés, c'était tout de même un sourire que je lui accordais, agrémenté d'un ton moqueur.

Vraiment, Hara n'est pas une jeune femme comme toutes celles que l'on peut croiser en meute dans les couloirs. Elle donne cette impression de fraîcheur, mais aussi de naïveté. En vérité, elle me fait penser à une enfant que l'on aurait emprisonné dans un corps d'adulte, et ce côté me fait rire autant qu'il m'intrigue. Je ne suis pas du genre à m'abaisser à prendre sous mon aile la première personne qui passe, mais la jeune Boo est si différente de sa cousine que quelque chose en elle me pousse à la curiosité. J'en viens à me demander, futilement, si elle est du genre à attirer les autres et être sans cesse entourée ou si, au contraire, sa différence la met à l'écart. En tous les cas, je n'arrivais pas à rester dans un état de pseudo-colère contre elle. Sa bêtise me fait sourire, et je tends mon bras derrière moi en me penchant légèrement en arrière pour prendre appui contre le banc. « Sérieux, une journée normale ? Tu manques de te faire kidnapper, un inconnu vient t'aider et te payes à manger pour ensuite t'emmener à la patinoire, et tu trouves que c'est une journée normale ? » Je chuchotais, afin que personne ne nous entende et ne nous juge. Imaginons un instant que je n'ai pas été animé que par de valeureuses pensées, où serait-elle à l'instant ? Au fond de ma Porsche Panamera ? Elle ne semblait pas décidée à profiter des bienfaits de la fourrure intérieure de ma veste, aussi je me vis forcé de me pencher vers elle pour la poser sur ses épaules de sortes qu'elle n'ai pas à craindre le froid de la grande pièce, quand bien même je me sacrifiai pour ça. « Ah non, désolé, pour ça il va falloir demander à quelqu'un d'autre! » Un bisou magique ? Puis quoi encore ? Absurde. Pourtant, j'en ris, et je poussai même la plaisanterie jusqu'à prendre sa main dans la mienne pour la porter à mes lèvres, déposant un simple baiser sur la brûlure. « Ah, vous les Boo, vous savez comment me faire marcher à la baguette en fait ! C'est ça, vous m'hypnotisez. Il suffit d'un regard et je suis tout à vous. » Soupirais-je. Je parlais surtout pour Areum en fait. Une dingue, cette fille. En un regard je savais que c'était l'obéissance ou la mort.

Elle n'avait plus mal ? Je pouffai, moqueur, en secouant lentement la tête. Pouvait-on sérieusement se complaire à vivre aussi simplement ? J'avais du mal à les imaginer ensemble, Areum et elle. Elles étaient bien trop différentes. Alors peut-être, oui, qu'une journée à trois serait aussi dans mon intérêt, qu'elle rassasierait l'appétit féroce de ma curiosité. Je me penchai vers elle, nos visages proches, et esquissai un sourire plein de sous-entendus. « Faut-il aussi que j'embrasse tes fesses, dans ce cas ? » Je ne savais même pas si elle avait compris à quel niveau se situait la plaisanterie. Je me redressai, et portai encore ma tasse à mes lèvres en me repaissant de la chaleur de la boisson. « Toi, mignonne ? Ne te méprends pas jeune fille, je n'ai dis ça que par politesse.. » J'haussai les épaules avec indifférence tandis que je la surveillais du coin de l’œil. Elle était bien mignonne, il était vrai. Mais Tao Jun, s'abaisser à confirmer les propos de la jeune femme ? Certainement pas. Je vidai ma tasse en me brûlant la langue et la gorge, et la posai à côté de moi tout en tendant une nouvelle fois celle d'Hara à sa propriétaire. « Tu peux arrêter ça, c'est gênant.. » Je parlais de ses poses absurdes. Certains nous fixaient, et j'aimais jouer la carte de l'embarras quand bien même je n'étais guère atteint en réalité. Je me relevai, et écartai les bras pour tenter de trouver un équilibre, instable sur mes patins. « Après la patinoire, je te raccompagne chez toi, d'accord ? J'ai du boulot pour demain. »