You won't regret it

Je n'avais vraiment pas l'habitude de traîner dans ce bâtiment. Il était rempli de gens un peu trop barges à mon goût, même si rien ne pouvait surpasser les étudiants en philosophie. J'étais malheureusement coincé avec tout ce beau petit monde, parce que j'avais choisi la psychologie. Je me demandais encore pourquoi après six années à me faire chier, mais mieux valait passer le temps et récolter un diplôme d'un quelconque prestige plutôt que d'attendre que papa me fasse vivre. J'allais hériter de sa compagnie, mais il n'accepterait pas que je reste assis sur mon cul d'ici là. J'ignorais pour quelle raison les arts du spectacles étaient enseignés à l'université, ils ne servaient pas à grand chose hormis mettre l'ambiance lors des événements spéciaux organisés par l'établissement. Si je rôdais près de leurs casiers, ce jour là, c'était avec une idée derrière la tête. Je ne connaissais pas l'horaire de Perséphone, cela dit je l'avais déjà attrapée au détour d'un couloir vers la même heure il y avait deux semaines de cela. Je n'étais pas désespéré au point de m'informer auprès de quelqu'un et je n'avais pas nécessairement envie de dénicher son numéro de téléphone pour qu'elle me tienne au courant de ses allées et venues à Inshinae. Je voulais juste lui glisser quelques mots, comme ça, en espérant que mes messages subliminaux finissent par porter leurs fruits. J'ignorais encore jusqu'où j'étais prêt à aller pour la recruter dans ma fraternité, mais je ne doutais de toute façon pas de mes talents de persuasion. Elle craquerait, ce n'était qu'une question de temps.

Je venais tout juste de terminer ma pratique de football lorsque je m'étais dirigé vers le bâtiment c. Je m'étais changé après avoir pris une douche, enfilant vite fait un pantalon de sport et un t-shirt noir ajusté. Il était rare de me voir les cheveux encore mouillés et habillé un peu simplement, parce que je prenais toujours soin d'être présentable en toutes circonstances, mais je faisais une exception pour en finir au plus vite avec cette foutue Tsebe. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien ficher dans cette fraternité, il m'était impossible de répondre à cette question. Ça me dépassait complètement. J'étais venu trop peu souvent pour me rappeler avec certitude de l'endroit exact de son casier, mais comme si les planètes s'étaient soudainement alignées pour moi, je la vis au loin qui était sur le point de l'ouvrir. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire satisfait et je marchai tranquillement la distance qui nous séparait. « Pile à l'heure... c'est nouveau. » Le couloir est presque désert, ce qui m'arrange pas mal. Ce serait mal vu de traîner avec une tsebe, mais ça ne serait bientôt plus un problème. « Surtout qu'on n'avait pas rendez-vous. » Je m'adossai contre le casier juste à côté du sien, fixant le mur devant moi. « J'crois qu'on peut cesser de tourner autour du pot, hm? Qu'est-ce que tu veux en échange d'un oui? »

You won't regret it

Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'elle me photographie. C'était un inconvénient avec lequel je devrais vivre et je jugeai bon de ne pas la vexer, ça aurait pu nuire à mon objectif. Mon visage resta neutre lorsqu'elle s'adressa à moi, démontrant ainsi verbalement son intérêt depuis la toute première fois. J'étais revenu à la charge deux ou trois fois avant aujourd'hui, mais elle m'avait répondu avec un silence ingrat qui n'avait fait qu'intensifier mon envie de la voir rejoindre les jeopardize. Ma patience avait beau avoir ses limites, je n'appréciais pas d'être pris à la légère, surtout par une fille ayant élu domicile dans la fraternité de Paek Jae Duk. Mon estime des tsebe était à son plus bas, mais je pouvais convenir - en écrasant un peu ma fierté - que certaines personnes n'atterrissaient pas toujours au bon endroit. Il m'avait moi-même fallu mettre à la porte plusieurs de mes recrues depuis que j'étais vice-président. Je savais que j'avais éveillé son attention chaque fois que j'étais passé la voir, même si elle prétendait le contraire. Elle n'était pas la seule personne dans ce couloir à savoir jouer les indifférentes. Je n'étudiais pas en psychologie pour rien et ma foi, j'étais moi aussi plutôt doué pour masquer mes véritables intentions derrière un sourire enjôleur. Sa réponse m'agaça, elle était trop vague et ne m'apportait rien de nouveau. Je comprenais que Perséphone semblait intéressée par une sorte de marché, je l'étais moi-même, mais ça importait peu ce que je voulais moi. C'est ce qu'elle désirait qui était important parce que si elle acceptait de changer de fraternité, mon but serait atteint et je n'avais besoin de rien de plus que cela. « Je crois que tu as mal saisi la question, Perséphone. » Je détestais dire son nom. J'avais toujours l'impression d'en détruire la prononciation, malgré une certaine connaissance du français. Plus facile à écrire qu'à prononcer... « Ça dépend de ce que tu veux et de jusqu'où tu es prête à me faire aller. » Je me redressai pour venir me glisser entre son casier et elle, un sourire amusé aux lèvres et soutenant son regard sans la moindre difficulté. J'avais l'impression d'arrêter enfin de tourner en rond, mais si elle ne se bougeait pas maintenant, j'allais lâcher l'affaire. Elle avait beau avoir capté mon intérêt, je n'aimais pas perdre mon temps. Je savais que Shûji serait on ne pouvait plus satisfait qu'elle débarque chez nous, mais rendu là je m'en moquais un peu. Le plus important, c'était ce qui me profitait à moi. « Dans tous les cas j'obtiendrai ce que je désire alors c'est à toi d'imposer tes conditions. Ça va, j'suis capable d'en prendre. »

You won't regret it

J'avais conscience que le fait de recruter Perséphone dans ma fraternité pouvait paraître étrange. Plusieurs penseraient qu'il s'agissait là d'un choix douteux et on me reprocherait sûrement d'avoir été dirigé par Shûji. J'avais déjà suivi bon nombre de ses conseils auparavant, mais seulement ceux qui me semblaient avantageux pour nous, pour moi. J'avais apparemment su effectuer de bons choix, puisque les jeopardize étaient sans conteste la fraternité la plus influente sur le campus. L'argent y était probablement pour quelque chose, mais j'aimais prendre le mérite qui me revenait. Selon moi, Perséphone n'était pas un caprice. Elle serait un bon atout, malgré son impulsivité, malgré son arrogance. Je ne doutais pas une seconde qu'elle aurait tôt fait d'en remettre certains à leur place et sans vraiment l'avouer, j'attendais ce moment avec impatience. Elle était un agréable défi à relever, j'allais bien m'amuser avec elle. Elle serait aussi la preuve vivante que nous nous placions au-dessus des autres. Jae Duk allait rager, et le simple fait d'y penser m'arracha un sourire victorieux. Lorsqu'elle se mit à s'approcher de moi, mon expression resta de glace, j'aurais été mal placé pour réagir de quelque façon que ce soit. Son corps si près du mien ne me laissait pas indifférent, mais ne me déstabilisait pas non plus. Elle n'était pas la première et ne serait certainement pas la dernière. Cela dit, je m'étais abstenu de tout écart de conduite depuis un bon moment déjà. Bo Yung et moi avions de plus en plus de mal à nous supporter, si bien que pour éviter que les gens commencent à se poser des questions, nous ne devions donner aucune raison supplémentaire de douter de nous. C'était agaçant de jouer les hommes parfaits et encore plus lorsqu'une femme intéressante se mettait à l'aguicher.

Ma tête et mon coeur avaient beau ne pas être ébranlés par de telles avances, mon corps en avait décidé autrement. Elle n'avait peut-être pas complètement tort. Une fille comme Bo Yung n'était pas faite pour moi... du moins, pas véritablement, mais de là à dire que Perséphone aurait été plus convenable, c'était exagéré. Elle n'avait pas prétendu le contraire, mais j'ignorais si c'était une bonne idée d'être impliqué avec elle. Sa main quitta enfin mon bras et je la regardai d'un air amusé. Je me sentais d'attaque pour répliquer, mais ici, il en était hors de question. Le simple fait de continuer cette conversation dans ce couloir pouvait s'avérer être une catastrophe. C'est pourquoi je me penchai légèrement vers elle après m'être assuré que l'endroit était désert. « Je croyais que tu serais plus exigeante. J'ai cependant une condition, moi aussi. » Je me relevai ensuite et m'éloignai légèrement d'elle. « Ça te va si on continue cette discussion dans un endroit plus... intime? » Je n'avais pas nécessairement envie qu'on nous surprenne, pas seulement parce que j'aurais l'air de manigancé avec une fille, mais aussi parce qu'elle faisait encore partie des tsebe et que j'aurais franchement honte d'être associé avec eux.

You won't regret it

Ce n'était pas Perséphone qui posait problème, mais plutôt ceux qui composaient sa fraternité. Contrairement à la grande majorité des tsebe, elle avait sa place parmi nous et j'avais bien hâte de la savoir loin de l'emprise de cet enfoiré de Jae Duk. J'avais tellement la rage contre ce mec que ma haine envers les verts était montée en flèche. Il fallait donc prendre mes réactions avec un grain de sel, parce que même si j'avais toujours légèrement sous-estimé les tsebe, j'en avais tout de même accueilli chez les jeopardize. Ce serait le cas de la jolie dame en face de moi, mais ça avait aussi été le cas de Hwan Baek. J'étais plutôt dur envers lui ces derniers temps, je savais que je devais reprendre le contrôle sur mes émotions, ce n'était pas mon genre de m'emporter, mais Jae Duk tenait quelque chose et n'en démordait pas. C'était évidemment le simili-scandale le plus ridicule qui soit, mais il me mettrait quand même dans une mauvaise posture.

J'avais hâte de me retrouver complètement seul avec elle. J'allais pouvoir laisser tomber un de mes masques, c'était déjà ça. L'entendre mentionner Hwan Baek me fit grincer des dents, mais je répliquai par un rire amusé et des sourcils haussés, comme si je doutais fortement qu'elle le fasse. Ce pauvre type ne m'arrivait pas à cheville et si elle se rabattait sur lui... je m'étais forgé une bien trop fausse opinion d'elle. Je décidai de ne rien dire, je pensai que c'était inutile puisque mon regard avait répondu à ma place. « Je te suis. » Le chemin à parcourir était minime et nous ne risquions de rencontrer personne à cette heure. Une fois que la porte du local fut fermée, je pris place sur l'un des bureaux, légèrement plus détendu même si rien ne semblait avoir changé chez moi. « Je crois que n'ai pas besoin de répondre en ce qui concerne mon couple avec Bo Yung. Disons qu'il y a toujours une raison derrière mes choix. Tu ne fais évidemment pas exception, même si... » Je m'arrête un instant, laissant mes yeux la détailler à leur guise. « J'aurais avantage à avoir quelqu'un comme toi. Sache que je suis prêt à me plier à ta condition, si tu te plies à la seule que j'ai. »

Je marquai une nouvelle pose, mais cette fois pour signifier que je m'apprêtais à dire quelque chose d'important. Libre à elle de refuser, mais je ne perdrais plus mon temps à partir de maintenant. « Ça ne va pas te surprendre. Personne ne doit le savoir, surtout pas Bo Yung. » Je laissai tomber mes airs sérieux, faisant revenir ce sourire charmeur qui m'allait beaucoup mieux. « Je sais que la grande majorité des membres de ma fraternité sont insupportables, mais ils sont tous là pour une raison. Puis bon, tu sais comme moi que certains sont tout à fait fréquentables. » Je pensais notamment à Shûji et Tao Jun, mes bras droits, ceux qui représentaient parfois le seul élément qui m'empêchait de me tirer une balle dans le crâne tellement j'en avais marre d'entendre les jeo se plaindre pour un rien. « Alors, c'est un oui, ou... »

You won't regret it

Je préférais rester vague quand à mes véritables intentions. Que ça concerne ma petite-amie ou le désir de voir Perséphone se ranger de mon côté, je n'aimais pas dévoiler ce qui se cachait derrière mes décisions. J'avais évité de répondre clairement à sa question, bien que sachant pertinemment qu'elle voyait clair dans mon jeu. Ça ne me troublait pas, j'étais confortable dans le rôle que je me donnais et après tant d'années, le Jin Sang que je projetais était devenu une seconde nature, une deuxième peau que j'enfilais avec tellement d'aisance et de facilité qu'il me devenait de plus en plus difficile de le distinguer du vrai. Cela dit, il existait certaines personnes qui réussissaient à me rappeler qui j'étais réellement. Bo Yung trônait tout en haut de la liste parce qu'elle faisait ressortir ce qu'il y avait de plus vil en moi, mais Perséphone ne faisait pas exception non plus.

J'aimais son assurance, c'était carrément sexy. Je n'éprouvais aucune honte à laisser paraître qu'elle m'allumait, parce que je n'avais absolument rien à perdre. J'assumais pleinement mon attirance, il n'y avait rien de pire qu'un homme qui n'arrivait pas à admettre se laisser séduire par une femme. Avec tous les efforts qu'elles déployaient, autant leur montrer que ça fonctionnait. Il était de toute façon évident que c'était réciproque. Soit. Je hochai brièvement la tête pour signifier mon accord. J'ignorais totalement pourquoi, mais j'avais confiance en Shûji. Il ne m'avait encore jamais prouvé que j'avais tort de lui accorder une telle faveur, tout comme je m'étais moi aussi montré loyal. Il était un allié non négligeable, mais ça aurait été un mensonge de prétendre qu'il me faisait le moindrement peur. Je trouvais préférable de l'avoir à mes côtés plutôt que de constamment vivre avec l'impression qu'il s'apprêtait à me planter un couteau dans le dos. Ça, c'était ma spécialité.

Je ris légèrement, hochant la tête une nouvelle fois. Perséphone avait une force de caractère et pour ça, je lui levais volontiers mon chapeau. Cela dit, je ne la craignais pas. J'étais conscient qu'elle ne passerait pas inaperçue au sein de ma fraternité, j'entendais déjà des dizaines de jeopardize geindre comme des fillettes. C'était justement ça qui me plaisait dans le fait de l'intégrer parmi nous. Elle dégageait quelque chose de différent, de nouveau, ça apporterait une dynamique intéressante aux jeopardize qui se complaisaient beaucoup trop dans leur paresse. Je n'étais pas devenu vice-président pour les regarder tous rester assis sur leurs petits culs bien nourris à se plaindre constamment. Un sourire victorieux au coin des lèvres, je pris sa main et la serrai avec conviction, scellant ainsi notre marché. « Je le supporterai. Pour ce qui est des autres... ils suivront, c'est la seule option que je leur donne. » Si quelqu'un osait s'opposer à me décision, quelle qu'elle soit... il allait vite se rasseoir. « T'es libre ce soir? » J'étais sans obligations ce soir là, j'avais prévu étudier un peu, mais si de meilleurs plans s'offraient à moi, j'allais volontiers reporter ce moment à plus tard. C'était l'occasion de célébrer un accord qui nous serait profitable à tous les deux. Je descendis du bureau et allai appuyer mon dos contre la porte en la fixant patiemment du regard.