Il est là, il te touche, tes bras, tes jambes, ton corps d’enfant, de bébé. Tu te tournes, tu te retournes dans ton lit, gémissant, griffant le drap house. Ta couette est déjà par terre, expulsée tu ne sais plus trop quand. Non. Il ne peut pas te toucher. Il n’a pas le droit. C’est ton corps, il ne peut pas le toucher, c’est le tien putain. Sa main se pose sur ce qui semble être ton sexe de gosse de deux/trois ans. Et tu hurles, te réveillant en sursaut, assis droit comme un piquet sur ton lit. Tu respires, ton souffle saccadé te brûle la gorge. Merde. Calme. Contrôle. Tu dois reprendre le contrôle avant qu’Il n’arrive, qu’Il ne se réveille. Tu remontes tes genoux contre ta poitrine, entourant tes jambes de tes bras. Non, non, non. Tu murmures, essayant de calmer ta respiration mais tu sais qu’Il est là, qu’Il veut que tu lui laisses le contrôle, qu’Il veut sortir. Non, non, laisse-moi tranquille. Va-t’en. Ton traitement. Tu dois le prendre. Maintenant. Tu te traines jusqu’à la porte de ta chambre, titubant jusqu’à la salle de bain en quête de ton traitement. Il est dans le placard, au-dessus du lavabo. Oui. Tu allumes la lumière et elle t’aveugle, te faisant fermer les yeux quelques instants. Mais ça ne t’empêche pas de continuer à marcher. Et tu butes dans le bac de linge sale, gémissant de douleur alors que tes orteils brûlent. Merde. Tu tâtonnes à la recherche du lavabo. Et une fois que tu l’atteins, tu ouvres progressivement les yeux. Ton reflet dans le miroir te fait peur. Ce ne sont pas tes yeux. Non, ce sont les Siens. Non, non, non. Tu tentes d’ouvrir le placard à pharmacie mais tes bras ne répondent plus. Laisse-moi. Laisse-moi par- Mais avant que tu ne termines ta phrase, il est trop tard. Tu n’es plus que simple spectateur dans ton propre corps. Tu es trop faible pour prendre le dessus. Il est plus fort. Il éteint la lumière de la salle de bain. Et tu sens tes propres ongles à même la peau de tes bras dénudés et tu hurles. Mais quand est-ce qu’il arrêtera de te faire du mal comme ça. Quand ?

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La lumière éteinte, repliée sur toi-même, tes jambes contre ta poitrine. Tu te balances, d’avant en arrière, retenant tes larmes. Tes cheveux sont en batailles et tu pues. Oui, tu pues. Tu pues ce qu’il a laissé sur toi, ce qu’il a laissé en toi. Ce mec. Celui qui revient. Souvent. Celui qui te détruit un peu plus chaque fois qu’il pose ses mains sur ton corps frêle. Ce batard. Tu frissonnes, attendant, comme toujours, que ton ‘’père’’ vienne t’apporter cette bassine d’eau pour que tu te nettoies et attende le prochain. Le prochain. Encore un. Un de plus.

Assis par terre dans la salle de bain, tes ongles arrachent petit à petit la peau de tes bras. Il te mutile avec tes propres ongles, à défaut d’avoir autre chose sous la main. Il fut un temps où ta pharmacie était dans la cuisine. Mais c’était maintenant un endroit trop risqué. Trop d’objet pouvant te blesser. Pouvant te tuer. Alors tu l’avais déplacé vers la salle de bain. Là où tu ne risquais ‘’rien’’ à priori. Mais Il trouve toujours quelque chose. Il a toujours des idées. Toujours. Tes ongles. Tes propres ongles. Pour te détruire. Toi-même. Bien fait. Tu l’entends dans ta tête. Il te le chuchote, au creux de l’oreille. Et Il griffe ton visage. Ca brûle. Ca pique. Il n’a pourtant pas griffé si fort. Il ne veut pas qu’on apprenne Son existence. Il ne veut pas. Il n’a pas envie d’être expulser de ton corps à coup de cachet rempli de tu-ne-sais-quoi. Il préfère te torturer. Te faire souffrir. Et puis la porte s’ouvre. Imguk. Non. Non. Non. Il n’a pas besoin de subir ça une nouvelle fois. Il a déjà assez donné de sa personne pour t’aider. Il n’y est pour rien. Et pourtant, sans lui, tu ne peux pas faire grand-chose. Tu es trop faible pour Le repousser. Et Il serait capable de lui faire du mal, aussi. Tu hurles dans ton esprit que tu as besoin d’aide mais Il t’empêche d’ouvrir la bouche. Le seul bruit que ton corps produit est un gémissement étranglé qu’Il essaie de masquer. Ce sont tes cachets qu’il te faut. Il n’y a que ça qui puisse le repousser. Et à la seconde où tu y penses, Il te griffe à nouveau, enfonçant plus fort tes ongles dans tes bras, faisant perler le sang sur ta peau, doucement. Je ne t’ai pas appelé. gronde-t-il avec une voix rauque, caverneuse, bien loin de la tienne. Non. Tu ne veux pas qu’Il dise ça. Il n’a pas le droit de parler en ton nom. En votre nom. Il ne peut pas. C’est TON corps. Il ne peut pas en disposer comme il veut.

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Ta peau est blanche. Parsemée de perles rouges et de longues traces assez disparates. Des traces qui font taches. Des taches que tu caches. Que tu n’aimes pas. Que tu détestes. Que tu voudrais voir disparaitre immédiatement et pourtant, ces traces ne sont que la réouverture d’anciennes, difficiles à faire partir. Chaque fois que tu penses pouvoir exposer de nouveau tes bras, Il revient à l’attaque, les détruisant un peu plus encore. Remarque, ça pourrait être pire, ça pourrait être ton visage. Beaucoup plus compliqué à masquer, à camoufler. Déjà que t’es obligé de mettre du fond de teins et tout un tas de crème pour masquer le fait que tu es pâle comme un cadavre, que tu dors mal et que tu cumules ça à une vie de fêtard. Replié dans un coin de la pièce, Il continue de meurtrir ton corps d’une manière abominable. T’empêchant de l’en empêcher. T’empêchant de réagir. Tu ne peux qu’observer et avoir envie de pleurer. Ça pique, ça tire, ça fait mal. Et demain, tu te réveilleras et tu n’auras aucun souvenir de tout ça. Juste les marques. Juste l’idée que Imguk t’aura une nouvelle aidée. Il referme la porte derrière lui, faisant jouer le verrou pour vous y enfermer. Astucieux. C’est ce que tu penses vraiment. Batard, c’est ce qu’Il souffle dans ton esprit. Tu soupires intérieurement, las de ce manège auquel il joue avec toi. Las de devoir le supporter. Ca ne finira donc jamais, ce combat. Ses yeux sombres sont ancrés dans ceux de Imguk, ne le quittant pas une seule seconde du regard, comme s’il pouvait disparaitre et venir s’en prendre à Lui. ‘’Dès que t’arrives, moi je débarque’’. Ton cœur s’accélère. Il va te sauver. Il va le faire partir. Tu vas revenir, reprendre possession de ce corps déjà tremblant sous la douleur. Te laisser tranquille. Si seulement cela suffisait. Qu’Il quitte ton corps, définitivement. Qu’Il aille hanter quelqu’un d’autre avec des souvenirs atroces, ailleurs, dans une autre ville, un autre pays, un autre continent, une autre planète même s’il veut. Il griffe frénétiquement tes bras, comme si Sa vie en dépendait, comme s’Il n’avait plus que ça pour survivre, pour vivre. Mais les mains de ton colocataire attrapèrent tes poignets pour Le stopper. Lâche-moi, bâtard. lui crache-t-Il au visage de sa voix caverneuse. Non. Pourquoi est-Il toujours méchant comme ça. Pourquoi ne peut-Il seulement pas se taire. Rien qu’une seule fois. Essaie seulement. répondit-Il agressivement alors qu’Il se débat brutalement, voulant échapper à l’emprise de ton ami. Et Dieu qu’Il est fort, contrairement à ce que ton corps pourrait laisser penser. Comme si votre force était doublée, multipliée miraculeusement. Comme si ce n’était pas ton corps. Comme si c’était le Sien, entièrement. Et c’est ça qui te faisait le plus peur.

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Les mots avaient franchi ta bouche sans que tu ne puisses les contrôler, comme toujours. Spectateur impuissant de ton propre corps. Et tu ne peux t’empêcher de penser que heureusement qu’il est là, qu’Imguk est là. Il a l’habitude, si tu peux dire ça de cette manière. Il connait ce double qui t’habite. Il a déjà eu affaire à Lui, plusieurs fois. Si tu avais été devant quelqu’un d’autre, tu n’aurais eu que des regards outrés et au final une porte qui claque. Personne ne Le connaissait en dehors de lui. Et d’ailleurs, personne d’autre que lui n’était au courant pour ta maladie. Par contre, il ne sait pas d’où elle vient. Ce qui a fait jaillir ce monstre en toi. Ce qui l’a amené à la surface, juste en dessous de ta peau. Comment veux-tu approcher quelqu’un quand une chose aussi mauvaise habite ton corps. Comment veux-tu espérer pouvoir un jour avoir une relation amoureuse avec quelqu’un sachant qu’Il serait prêt à te faire du mal sous ses yeux et à faire du mal à la personne si elle essaie de t’aider. Tu ne peux pas prendre ce risque. Tu ne peux compter sur personne pour te sauver de Lui, personne d’autre qu’Imguk. Il se débat dans ton corps, usant de sa force que tu avais déjà eu la chance d’évaluer. Il était fort. Beaucoup plus que toi. Et encore, tu n’avais rien à envier à ce niveau-là, mais en étant toi, tu n’aurais jamais pu tenir bien longtemps en combat face à ton colocataire. Tu sens qu’il maintient fermement tes poignets mais Il est astucieux, Il réussit à libérer votre main droite pour continuer à griffer. Pourtant Imguk a une prise ferme, ça fait mal, mais c’est le prix à payer pour qu’Il arrête de mutiler ton corps. Tu préfères encore que ton ami te fasse des bleus qui disparaitront d’ici quelques jours plutôt que de supporter la vie de ces sillons rougies qui te sauteront au visage chaque fois que tu poseras les yeux sur tes bras. Je ne lui fais pas mal, il aime ça. souffle-t-Il en levant les yeux pour croiser ceux d’Imguk. Il ne s’aime pas. Il n’aime pas son corps. Je suis lui. poursuivit-Il, comme un air de défi dans sa voix grave et sonore. Non. Il n’a pas le droit de dire ça. C’est faux. Pourtant, c’est la première fois qu’Il dit un truc pareil. Et ça te… perturbe. Tu n’aimes pas ton corps. C’est faux. C’est le fait que ton corps ait été le jouet de pervers que tu détestes. Le fait qu’ils aient pu le toucher comme ils le voulaient que tu détestes. Mais en aucun cas tu détestes ton corps. Et c’est faux. Tu ne te détestes pas. Tu le détestes lui. Pourtant, une petite voix, Sa voix, te souffles que le détester revient à te détester. Vous n’êtes qu’un. Non. C’est impossible. Tu as envie de lui hurler que non, Il n’est pas toi, tu n’es pas Lui. Vous êtes différents. Il est mauvais. Mauvais.  

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