J'avais enfilé des vêtements propres après une longue, très longue douche. L'eau sur mes plaies étaient douloureuses, et me rappelait les heures qui venaient de s'écouler. D'y repenser, la rage, la colère et l'amertume me faisaient serrer les dents. On m'avait conseillé d'aller à l'hôpital, mais j'avais refusé. Les victimes allaient à l'hôpital, moi pas. J'avais donné mon témoignage à la police, et j'étais rentrée aussi vite que possible. Maudits tsebe. J'avais alors serré ma fille contre moi, de toutes mes forces, sous l'air inquiet de la nourrice. "mademoiselle Kang, vous allez bien ? voulez-vous que je reste ?" je l'avais renvoyée chez elle, je ne voulais voir personne. Je ne voulais pas qu'on me voie dans cet état. Je voulais pas qu'on me voit tomber au sol et me mettre à pleurer comme une idiote. Je voulais pas qu'on me voit briser. J'étais Kang Soo Ah, j'étais forte, cela faisait longtemps que j'avais ravalé mes larmes au profit de la froideur et de la classe. C'était tout ce que les autres avaient à savoir. Le reste restait secret. Seulement, les minutes passant, l'eau bouillante ruisselant sur mon corps meurtri, j'avais fini par comprendre que je pouvais pas faire face seule. J'avais besoin des bras, du réconfort, de la douceur de quelqu'un que je connaissais. Mais de qui ? Y avait-il quelqu'un dans ce monde dont j'étais assez proche ? Nous avions rompu avec Hyo Jin, et Tao Jun avait bien assez de problèmes pour que je lui rajoute les miens. Son nom me parut alors comme une évidencce : Min Ho. Pouvais-je réellement demander son aide après notre dernière discussion ? Il aurait toutes les raisons du monde de me refermer la porte au nez ... Recroquevillée dans ma douche je m'y étais pourtant résignée. Nous y voilà donc, enfilant des vêtements propres pour me rendre chez ce frère qui m'avait renié. J'avais envie de me noyer dans une sweat shirt, et de cacher les morsures sur mes jambes dans un jeans trop large, mais je refusais de me laisser aller. J'avais donc opté pour un slim délavé et déchiré, un t-shirt blanc et un gilet à capuche gris. Je portais ladite capuche par dessus une casquette rouge. En revanche, j'avais abandonné l'idée de mettre des talons haut, et à la place avait enfilé des nike blanches, et avait caché mes yeux rouges derrière une épaisse paire de lunettes. J'avais également préparé Shanna, il était hors de question que je la laisse encore seule. Plus jamais.

Je me tenais là, fasse à la porte, stupide, hésitante. Finalement, je pose mon doigt sur la sonnette, et attend. Les minutes qui passent sont une lente agonie. Finalement, la porte s'ouvre sur mon frère, et les larmes se remettent à couler sans que je puisse y faire quoique ce soit. Je sers Shanna un peu plus contre moi Min Ho ... Les ecchymoses apparentes sur mon cou et ma mâchoire le convaincront-ils à me laisser rentrer ? Je l'espérais.

Il fallait croire que ma vie ne faisait que merder ces derniers temps. Depuis que j’étais arrivé en Corée, elle n’avait pas été clémente avec moi. Youn Ja m’avait accueilli avec plaisir dans son appartement, il y a quelques temps. Une colloc assez sexy qui se baladait sans aucun complex en sous-vêtements. Un régal pour les yeux. Bien que je ne niais pas les quelques nuits que nous avions passés ensemble. Vous voyez le genre ? Je tenais beaucoup à elle, elle avait été mon soutien après le départ de Soo Ah et inversement. Sauf que récemment, elle m’avait annoncé qu’elle me laissait l’appartement, et qu’elle se cassait avec son nouveau mec pour retourner en Amérique. Elle m’avait planté du jour au lendemain. Depuis, je vivais seul dans une habitation avec trois chambres et deux salle de bain. J’avais beau être riche et aimait la grandeur, mais là, c’était trop pour moi. Surtout en ce moment, rester seul n’était pas le meilleur remède. Entre temps, j’avais rencontré bo bae. Une charmante rencontre qui m’avait réappris à aimer. Ma rupture avec Hara à Los Angeles m’avait profondément blessé, bien que j’en étais sorti muri. Pourtant, Bobae était un vrai petit rayon de soleil, qui m’avait permis d’avoir quelques moments de pur bonheur. Mais jusqu’à quand ? Jusqu’à ce que ma soit disant fiancée décide de me suivre en Corée. Elle était gentille, adorable, tout ce que l’on voulait, mais je ne l’aimais pas comme mes parents le voudraient. Bobae avait donc dû quitter l’appartement dans lequel elle avait vécu deux mois à mes côtés, avant qu’Eva s’y installe à son tour. Les parents n’ayant rien arrangé, Bobae m’avait simplement quitté. En plus, d’une seconde peine de cœur, ma propre sœur m’avait renié à son tour, ne voulant plus me voir, me crachant que ma tête lui rappelait tous ses malheurs. S’il n’y avait que cela, je pourrais toujours l’aimer et veiller sur elle, même de loin. Elle aurait dû s’arrêter là, mais non ! Il avait fallu qu’elle mette à exécution sa vengeance d’être l’actionnaire principal de l’entreprise des parents et de me déshériter au passage. Elle m’avait bien dit qu’il resterait une place dans l’entreprise si je le souhaitais, mais comment travailler avec une sœur qui vous hait ? Je savais que j’avais merdé lors de notre adolescence, que j’avais fait le con, mais je le regrettais. Sincèrement. Sauf que pour le coup, j’étais sur le point d’en arriver à la haïr à mon tour, au point de vouloir changer de fraternité et d’aller chez les tsebes qu’elle déteste tant. J’étais bien décidé et pourtant, j’hésitais encore.

J’avais dit ce matin à Eva que je désirais être seul pour une journée, du coup elle était sortie, me laissant et depuis, je ne faisais que ruminer, retournant la question dans tous les sens. J’allais aller me chercher à boire dans le frigo quand la sonnette retentit. Je pestais avant de refermer la porte du frigo et d’ouvrir celle de l’entrée sans même regarder de qui il s’agissait. « Oui, c’est pourquoi ? » lâchais-je sèchement. J’avais perdu mon sourire enjôleur ces deux dernières semaines. Ne fut pas ma surprise quand je tombais nez à nez avec ma très chère sœur en pleure. En pleure ? Et avec son gosse ? des ecchymoses sur le visage ? Je levais un sourcil interrogateur. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Je ne pris pas la peine de lui demander. Je me contentais de m’écarter de l’entrée pour lui laisser assez d’espace pour la laisser passer. « Restes pas là. Entre. »