☥ NOM COMPLET - Kim Narong, rebaptisé Kunpimook par mes parents adoptifs. ☥ SURNOM - Ils varient en général en fonction des personnes, si bien qu'il est impossible d'en citer un en particulier. ☥ ÂGE, DATE ET LIEU DE NAISSANCE - Né un 23 juin 1992, à Nonthaburi, en Thaïlande. J'ai donc 22 ans, soit deux ans de moins que ma soeur environ. ☥ SITUATION AMOUREUSE - Célibataire, sortant tout juste d'une relation compliquée et ambiguë. ☥ ORIENTATION SEXUELLE - Bisexuel, pour laisser sa chance à tout le monde, voyez-vous ? Toutefois, j'ai tendance à préférer les femmes plus jeunes que moi en la matière. ☥ ETUDES OU METIER - Etudiant en médecine à l'Inshinae le début de l'année dernière. ☥ CLASSE SOCIALE - Aisée grâce aux parents adoptifs, mais ça n'est pas non plus le luxe. Fort heureusement, ça me lasserait, je crois. ☥ ORIGINES : Coréano-thaïlandais biologiquement. La famille qui m'a adopté est purement thaïlandaise quant à elle.  ☥ MOT REPRÉSENTATIF - Yin & Yang ☥ JE SUIS UN - Bluing forcément, il n'y a pas de meilleur choix à mes yeux. ☥ T'ES QUOI ? personnage prédéfini.

Cette journée où tout semblait prémédité et écrit d'avance. Si mon anniversaire n'était pas passé depuis une poignée de jours à ce moment là de ma vie, cette année maudite, les choses auraient-elles été les mêmes aujourd'hui ? M'en serais-je simplement sorti, serais-je interné en psychiatrie aujourd'hui ? Une main dans la mienne pour m'entraîner loin du lieu, une heure douze avant le crime. Un enfant de trois ans peut-il sincèrement reconstituer cette scène de laquelle il a été absent devant un inspecteur froid comme le marbre ? Mon parrain m'ayant entraîné en centre-ville pour que nous choisissions ensemble mon cadeau d'anniversaire m'a permis d'être l'un des deux uniques rescapés de cette affaire sombre de Thaïlande. Du sang, les yeux vides de parents aimants et aimés, leur peau froide, les banderoles délimitant la scène, et une sœur choquée sont aujourd'hui les seuls souvenirs qu'il me reste de cette vie passée. J'en ai crié à m'en briser la voix, j'en ai pleuré à en tarir mes larmes. Kim Narong a accompagné sa famille dans la tombe.

Kunpimook Narong fut alors ma seconde appellation. Le juge a été ferme et mon placement au sein d'une famille thaïlandaise malgré les réticences légitimes de l'enfant que j'étais  fut le moyen pour moi de m'en sortir. J'ai perdu de vue ma sœur depuis lors, et je l'ai jalousée longtemps. Pourquoi me retrouvais-je parmi des inconnus tandis qu'elle vivait auprès de notre oncle ? N'étais-je qu'un petit tas fait de morceaux de nos parents, indigne d'intérêt et d'affection ? Et pourtant, j'ai dompté mes faux parents autant qu'ils m'ont apprivoisé, et ils devinrent ma réelle famille, mon échappatoire et mon idéal. Ils étaient bien différents des souvenirs qu'il me restaient de mon ancienne vie, que ce soit dans leurs manières de vivres, leurs buts, leurs pratiques mais aussi leurs croyances. La maladie qui me rongeait n'a eu pour résultat que le rapprochement et des liens d'autant plus soudés, aucunement de la répulsion et de la crainte autre que celle de me perdre. Je devins un réel fils, un artiste et un bouddhiste atypique, et les souvenirs malheureux furent capturés dans une bulle rangée au placard, oubliés peu à peu.

J'aurais pu vivre longtemps ainsi, dans le déni total et loin de meurtrissants souvenirs. Je suppose même que je n'en aurais été que plus heureux. Toutefois, l'amer goût d'une absence s'est fait ressentir au quotidien. Un éclat de voix qui manquait à l'appel, un visage non présent sur les photos. Dès lors que j'ai eu l'âge de me déplacer par moi-même et d’entamer les démarches seul, je me suis mis activement à la recherche de ma sœur. Seulement, peut-on réussir une tâche si ardue avec les seuls souvenirs d'un visage d'enfant ? Rien ne se passe réellement comme dans les films, il ne suffit pas de bonne volonté pour parvenir à son but. J'ai mis deux ans à localiser Kim Hansa en Corée du Sud. Ma surprise n'était pas aux abonnés absents, forcément. Une grande sœur disparue retrouvée en dehors du pays me laissait autant de chances de la retrouver que la peur de quitter mon nid. D'autant plus qu'il existe cette marge d'erreur, celle qui dit que tout n'est peut-être que coïncidence, que les photos et les papiers de cette jeune femme sont inexistants dans les archives. Ai-je pris le risque de foutre ma vie posée et heureuse en l'air pour si peu ? Ai-je pris le risque de tout sacrifier pour un fantôme ? Oui.

Une année prise à l'étranger m'a permis de me poser un peu et me détendre. Je ne cache pas le fait qu'il est plutôt dur de survivre à vingt ans dans un pays où l'on ne parle qu'à moitié la langue, et encore. Pourtant, grâce à ça, j'ai pu à la fois perfectionner mon oral et poursuivre mes recherches. J'ai fini, avec grand mal, par localiser la fameuse Kim Hansa dans un bâtiment scolaire ; l'Inshinae School. Malgré la réputation miteuse du lieu et sa récente réouverture, je me suis alors dit que je n'avais rien à perdre malgré tout, et qu'il valait mieux poursuivre ses études en classe plutôt que par correspondance. J'ai intégré l'école en début d'année, en Mars, mon logement et mes études financés en partie par ma famille, me permettant de jouir d'un milieu social plutôt correct. J'espère que la femme que je poursuis est bien celle désirée, que ma sœur est à portée de main, ou bien j'aurais sacrifié en vain quelques années de ma vie.

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