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Finalement, après un vol interminable, mon avion avait fini par se poser. Mon coeur battait la chamade, un peu comme la première fois que j'étais venue en Corée. Cela faisait un mois que j'avais quitté le pays du matin calme, et pour la première fois, je considérais cette terre comme "ma maison". Jamais les états-unis ne m'avaient autant manqué que la Corée ne l'avait fait. Plus exactement, c'était les gens que j'aimais qui m'avaient manqué, horriblement. J'avais bien sûr passé un très agréable moment en Afrique, c'était un séjour mémorable. J'avais rencontré des gens géniaux et puis... il y avait Shanna. Elle n'était pas rentrée avec moi, pas encore, la lenteur administrative habituelle. Du coup j'avais décidé de rentrer avant elle pour préparer sa chambre. Ma petite Shanna... qu'allaient dire mes proches quand ils sauraient que j'ai adopté ? Vingt-et-un ans et déjà maman... Une adoption en plus ! Mais ça avait été plus fort que moi, mon corps l'avait adoptée au moment où je la vis pour la première fois.

Une fois mes bagages en main, je me dirigeai à l'instar des autres passagers du vol vers la sortie. J'avais prévenu Areum et Perséphone que je rentrais, et que j'avais des milliards de choses à leur raconter. C'était vrai. Jamais je ne saurais par où commencer ! Arrivée dans le hall de l'aéroport, je les cherchai du regard. Les voilà, mes deux blondes préférées. Sephie ! Ari ! je me lançai vers elle, ma valise à ma suite - j'avais pris soin d'envoyer le reste directement à mon appartement. Cela faisait tellement du bien de les revoir. Pour la première fois de ma vie, je me sentais à ma place, auprès des miens.

fashion▬ J’ai du mal à tenir en place. Oui, il est rare de me voir excitée, mais, j’avoue aussi que ce voyage à l’autre bout du monde m’a fait beaucoup de bien. Comme convenu, je suis passée chercher Ari en voiture. Enfin, ce n’est pas moi qui conduis, je n’ai pas de permis pour conduire de voiture, je ne l’ai que pour ma moto, cependant, mon fidèle garde lui, est plus que qualifié pour me conduire partout où je le veux. Assise à l’arrière avec Areum, je regarde par la fenêtre du véhicule en espérant voir l’aéroport à chaque fois. Ai-je déjà dit que je ne suis pas la personne la plus patiente au monde ? Je tiens la main de mon amie dans la mienne. Oui, ce voyage nous a aussi beaucoup rapprochées. Et ça fait du bien. Ça fait sincèrement du bien de voir se créer autour de soi un cercle d’amis. De véritables amis.

Sortant de la voiture, je mets ma veste sur mes épaules. Le soleil ne fait pas que du bien à ma peau. Certes, nous avons bronzé, surtout Ari d’ailleurs, puisque moi, j’ai passé et je passe le plus clair de mon temps à couvrir mes bras et mon buste, mais, mes cicatrices ont assez pris le soleil comme ça, je ne tiens pas à ce qu’elles se fassent plus visibles. Devant les écrans affichant les arrivées, j’interroge mon amie du regard pour savoir si elle voit l’annonce de l’avion de Soo Ah. On dirait qu’il est déjà là. « Unnie, tu penses que Soo va être toute black en sortant du terminal ? » Ce n’est pas un secret que j’ai beaucoup de mal avec les peaux autres que jaunes, mais je dis cela sur le ton de la plaisanterie, tenant toujours la main de l’autre Jeo dans la mienne, sautillant presque sur place.

Je me mets sur la pointe des pieds pour essayer de voir la petite tête de Soo Ah, et un sourire sincère se dessine sur mes lèvres. Je lève le bras pour l’agiter et lui faire signe d’approcher. A notre niveau, je prends l’initiative de la serrer dans mes bras. Oui, elle m’a manqué pendant un mois. C’est long un mois.

Mes deux blondes préférées ... Je ne savais même pas comment j'avais fait pour tenir sans elles, ni même sans Tao Jun et sans Shûji. Ils étaient ma famille, la seule véritable famille que je connaisse, et je savais à présent ce que c'était d'en être séparé. Je ne voulais plus jamais me retrouver dans pareille situation. Même si j'allais encore devoir retourner en Afrique, je n'y resterais plus aussi longtemps. Et pas sans savoir prendre de leurs nouvelles. Je voulais tout savoir, tout sur leur vie, sur ce qu'il s'était passé pendant mon absence. Une larme de joie roula sur la joue tandis que nous étions dans les bras l'une de l'autre Vous m'avez tellement manquée aussi... vous n'avez pas idée après quelques instants, je finis par me libérer de leur étreinte, quelque peu à contre-cœur, et je les regarde, émue : elles étaient comme dans mes souvenirs, peut-être plus belles encore. La prochaine fois je vous embarque dans mes valises ! j'en avais tellement par ailleurs que ça aurait été parfaitement possible de les fourrer quelque part.

Finalement, après m'être un peu remise de mes émotions, je me rappelai de quelque chose d'important. J'attrapai mon sac à main et en sorti deux petits sachets, identiques Avant que j'oublie, cadeau ! ils contenaient chacun un bracelet. Pas de Prada, ni de Chanel, ni même de McQueen, juste deux bracelets achetés dans un boutique local. Le vendeur me les avait vanté comme étant des "bracelets d'amitié", et j'avais bien entendu pensé à Perséphone et à Areum. L'un était bleu turquoise, l'autre fushia. J'en avais moi aussi un, identique au leur, mais jaune. Sur chacun d'eux se trouvait une breloque "infinity". C'était un peu bête comme cadeau, et ça faisait très "adolescent", mais ça m'était parfaitement égal. Adolescente, je n'avais jamais eu d'amies avec qui partager ce genre de niaiseries, et j'étais certaine qu'elle ne m'en tiendraient pas rigueur.

Un léger sourire moqueur se lit sur mes lèvres, alors que je tourne la tête vers Areum. « Oui, elle doit être super foncée de peau maintenant, c’tout. » Mon humour, quand il n’est pas noir ou sarcastique, il est vraiment, vraiment nul. Mais, je me permets de faire des tentatives de blagues avec mon acolyte, parce que, c’est à force de s’entraîner que l’on s’améliore, non ?

Mon sourire ne s’estompe pas, il devient de plus en plus grand alors que je serre mes amies dans mes bras. Je ris aussi. « Sinon, au lieu de nous plier pour nous mettre dans ta valise, on peut aussi prendre un billet et t’accompagner… J’ai tout de même une préférence pour la première classe Unnie… » De mon doigt j’essuie la larme sur son visage, glissant ensuite mes mains dans les poches de mon pantalon.

Soo Ah semblait plus sereine maintenant, elle semblait plus calme, elle semblait être beaucoup plus à l’aise en somme. Alors que j’allais proposer que l’on s’installe ailleurs, Soo nous tend son cadeau. J’ouvre rapidement le mien, oui, j’aime les cadeaux, j’adore ça, parce qu’avant de venir en Corée, je n’en avais que très peu eu. Mes doigts se fermant autour du bracelet turquoise, je ne peux m’empêcher de trépigner un peu sur place, l’accrochant aussitôt à mon poignet. « Merci ! Merci beaucoup ! » Oui, je suis une gamine, une gamine qui aime ses amies.