« Une soirée, où ? Je ramène mon boule illico ! ». Je ne prends pas le temps d'y réfléchir, de poser le pour et le contre, de me dire que demain j'ai tout de même un test à passer, que ce n'est pas raisonnable, que je devrais calmer le rythme, mais ... je résiste difficilement aux sons d'une bonne soirée. Et là, il se trouve qu'on vient de m'en proposer une bonne. Quelques potos s'y trouvent déjà, donc je n'ai plus qu'à grimper dans un taxi bien crasseux et de me rendre sur place. En dix minutes, à peine, j'y suis. Je suis fringué façon mi-débrailler, mi-fashion, mais c'est tout un art et un style de pouvoir mélanger les genres. De toute façon, dans le club il fait à moitié noir et on doit se contenter des multiples vaisseaux de lumières qui jaillissent des quatre coins de la boite pour mettre un nom sur un visage. Je commence ma soirée tranquille avec mes amis, on boit, mais avec modération, ou pas, bref je m'éclate. Il fallut que l'autre vienne me chercher des noises en milieu de soirée pour me mettre les nerfs à vifs. Avec elle, je ne sais jamais sur quel pied danser. À nous deux, nous sommes des girouettes. Donc oui il y a une heure je me suis, encore, pris la tête avec celle-ci pour une histoire bidon, comme quoi je lui aurais tiré la langue, alors que non, je me léchais simplement les lèvres. Fin le genre de prise de tête qu'on a souvent entre plusieurs fous rires. C'est le yo-yo notre relation. Et pour ce soir, ça sera tu me boudes, je te boude. D'ailleurs depuis notre brise de bec, je l'ignore totalement, je l'évite, je fais ma tête de boudin. Il ne fallait pas venir m'agacer. Du coup je tente de rattraper le coup, de reprendre ma soirée et de m'éclater. Je m'amuse avec mes amis, mais du coin de l'oeil, je vois la demoiselle se faire aborder par quatre molosses. À sa tête, ça ne lui plaît pas. De plus, ils se montrent insistant et je vois qu'elle s'agace, mais elle semble aussi impuissante face à l'attitude des types. Dans ma tête, je me dis qu'il faut que je la laisse, ce soir on ne se parle pas. Mais d'un autre côté, j'ai cette folle envie de voler à son secours. C'est ça le problème de ce genre d'amitié qui divague et balance, même lorsqu'on se fait la tête, j'ai quand même envie de l'aider. Stupide attitude de gentleman, je me sens obligé d'y aller et ni une, ni deux, je rejoins la jeune femme. L'air robuste, je remonte les épaules, je m'incruste et entoure sa taille de mon bras. Juste histoire de monter aux autres que je suis là, alors dégage. Puis sur un ton style que je suis un dangereux, je réplique. « Un problème avec ma copine les gars ? ». Je lance un regard de tueur et je rempile. « Maintenant zou les moustiques, que je vous vois plus traîner autour d'ma nana, sinon ... sinon chaud aux fesses ! ». Bon il y a mieux pour effrayer quatre mecs costauds, mais ils semblent avoir compris le message et s'éloignent. Piouf ! « Tu peux me remercier, je viens quand même de te sauver .. » Dis-je à l'intention de JayLyn. C'est qui le meilleur ? C'est Bokal.

J'ai été trop gentil. Arf, j'aurais dû la laisser dans sa m****. Maintenant je passe pour un faible. Mais je n'y peux rien, j'suis comme ça, un gentleman. Quoi que, non, même pas. Je suis sûre d'une chose, c'est que pour le coup, j'ai été trop gentil. « Je te remercierais quand tu enlèveras ton bras ! ». Puis j'hallucine, elle ne compte pas me remercier ? J'ai quand même risqué la peau de mes jolies petites fesses pour sauver la sienne. Je n'aurais jamais fait le poids si les quatre molosses se seraient retournés contre moi. Ou alors, si. Ils ont tellement eu la frousse que je les humilie en public, qu'ils ont préféré fuir. Ça doit être ça. Je suis intimidant, un vrai dur à cuir. Je m'emporte. Mais j'attends tout de même tes remerciements de sa part. « Merci ! » . Un faible petit merci, mais ça fera l'affaire. Je laisse donc mon bras tomber et relâche la demoiselle. Et celle-ci me regarde toujours comme si j'avais le visage recouvert de pustules. Si elle le veut, je peux rappeler les mecs et la laisser tranquille. Oui je suis vexé sur le fait qu'elle n'ait pas plus de considérations face à mon sauvetage de haut risque. Elle pourrait être plus complaisante et arrêter de tirer la tronche. Surtout que pour l'histoire de tout à l'heure, c'est elle la fautive. Yah, comme des gamins de cinq ans on se bat pour savoir qui a commencé. Mais pas d'ma faute si elle est susceptible. Je compte m'éloigner d'elle histoire qu'elle reprenne sa soirée, mais soudain elle se colle à moi. Telle une moule à son rocher. Finalement c'est uniquement pour m'emporter sur la piste. Et de mon avis, elle en fait quoi ? Elle a l'air de s'en moquer et en rajouter une couche vis-à-vis de la dispute. « Il est évident que ce t'as fait n'est pas considéré comme une excuse. Donc j'attends tes excuses vu que c'était de ta faute pour tout à l'heure. ». Je tire une tronche, genre « elle s'fout de ma gueule ? ». Elle rigole, ça doit être une boutade. Déjà que je viens à son secours, elle ose en plus quémander des excuses ? Je fais ma tête d'homme vener. Bon en fait, je fronce juste les sourcils et mets ma bouche en forme de cul de poule, pour faire style je suis indigné et outré. « Non, mais, non mais ... quoi ? Tu rigoles j'espère ! Tu devrais me baiser les pieds pour t'avoir sauvé, tseuh ... ». Oui je suis vexé. D'ailleurs je le lui fais bien comprendre. « Je te ramène vers les mecs qui t'entouraient si tu veux ... ». Dis-je en lui empoignant le bras et en feignant de la traîner jusqu'à eux à nouveau. Si ça peut lui faire comprendre que je n'ai pas d'excuses à donner, car je n'ai rien fait de mal, je le ferais. Je la jetterais dans la gueule du loup. Ou pas.