15h37, gymnase.” Cela ne faisait même pas une vingtaine de minutes qu'il était arrivé, et il était déjà tout transpirant. Comme on le lui avait appris lorsqu'il vivait en Chine, la transpiration et la fatigue était signe d'amélioration et de travail fortifiant. Il ne fallait donc pas qu'il s'arrête, ou sinon il perdrait toute sa dextérité acquise. Alors il continuait sans relache, avec toujours un peu plus de force, et toujours un peu plus de courage pour ne pas abandonner sous la difficulté. Mais Tian n'était pas comme ça; il aimait ce qu'il faisait, et il voulait qu'on soit toujours un peu plus fier de lui dans les arts martiaux. Et puis, c'était comme ça qu'il oubliait In Ho, aussi. Alors il en faisait à chaque fois qu'il avait du temps et que sortir ne lui disait rien. C'est à dire, assez souvent ces temps-ci.
Comme souvent, des gens s'étaient agglutinés à la porte. Pas seulement pour le regarder lui, il n'était pas là depuis assez longtemps pour être connu d'après lui, mais tous ceux qui se trouvaient en ce moment dans le gymnase, que ce soit pour faire des arts martiaux en attendant que le tatami soit remis en place dans le dojo, ou pour faire de la gymnastique assez impressionnante aux yeux du coréano-chinois, tout le monde travaillait dur. Alors chacun d'entre eux devait posséder une sorte de fanclub, se disait Tian.
Finalement, il fit une petite pause de cinq minutes pour boire un coup et se préparer mentalement à faire quelque chose qu'il aimait faire mais qu'il ne faisait que rarement pour ne pas se blesser bêtement: le wushu. Il n'était pas le meilleur, et il n'en faisait que depuis peu de temps, mais il adorait cet art martial. Il mélangeait souplesse, rapidité, beauté et force, et Tian aimait vraiment ça. Mais son maître lui avait interdis de trop pratiquer, et de laisser tomber le taekwondo, c'était tout simplement hors de question. Alors il n'en faisait que rarement, et au bahut, pour ne pas énerver son maître... Comme maintenant. Il pris une longue inspiration, se concentra sur un point qu'il choisi au hasard face à lui, et commença avec un bâton qu'il avait emprunté aux filles de la gymnastique rythmique. Visiblement il n'avait pas perdu le coup, et cette idée le fit sourire bêtement, bizarrement. Il se permis donc de s'entraîner encore un peu ainsi, et au bout d'une demi-heure, il s'arrêta: c'était bien de s'amuser, mais il ne pouvait pas se permettre de le faire trop longtemps.
En allant chercher une serviette pour éponger son front, il tomba sur César. Cette vision lui fit froncer un peu les sourcils: pas qu'il le détestait, il n'était pas comme ça... Mais le voir le faisait penser à In Ho, et ça ne lui faisait vraiment pas plaisir. Il était vraiment jaloux de cet anglais, il n'appréciait pas sa proximité avec son In Ho, et sa naïveté pour le coup l'agaçait. Il voyait bien que c'était son caractère d'être ainsi avec les gens, mais il n'avait pas le droit de l'être avec In Ho. Il ne pouvait pas. « Qu'est-ce que tu fais ici? C'est interdis pour ceux qui ne font pas de sport. » Il n'en savait rien, à vrai dire, si César faisait du sport ou non. Mais il ne voulait pas le voir. Il ne voulait pas penser à In Ho alors qu'il avait réussi à l'enlever de sa tête pendant cette heure. Le sport l'aidait à oublier, alors pourquoi venait-il ici comme pour le forcer à y penser? ”

© charney