Je m’étais dit que j’allais passer la journée à étudier, mais ce n’était sans compter sur l’intervention de SuAh. Elle avait la fâcheuse tendance de me tirer dans toutes les activités petalouze ou autre en fait. Cette fois-ci, elle s’était mise en tête de me trainer jusque dans notre fraternité. Pas vraiment un endroit que je fréquente à vrai dire. Une fois arrivé sur place, elle était partit comme une furie, disant qu’elle avait quelque chose à faire, me laissant en plan. Merci SuAh. Me voilà donc à la chercher dans tout le bâtiment, jusqu’au moment où une jeune femme rentre dedans. Sa tête arriva pile sur mon torse. Je bafouillais des excuses avant de m’écarter pour la laisser passer. Mais elle ne m’accorda pas un regard, préférant regarder ses pieds. Elle se décida enfin à me jeter un coup d’œil avant de les rebaisser. Pendant un court instant, je crus reconnaitre ses yeux que je n’avais plus vus depuis des années. Je les avais aimés pendant un temps, sans pour autant les oublier. Je me souviens comme si c’était hier, la petite fille à qui ils appartenaient me regarder à travers eux. C’était impossible. Pourquoi après tant d’années, réapparaitraient-ils juste comme ça, devant moi ? Alors qu’ils m’ont quitté, subitement, juste comme ça, sans un mot. Je secouais la tête, pensant que mon inconscient me jouait des tours. Pourtant, ce fut cette voix qui me rappela des souvenirs cette fois. Celle qui susurrait mon prénom avec amour, parfois hésitante, parfois vexée, parfois fâchée. Cela ne faisait aucun doute. J’attrapais son poignet quand elle me dépassait pour la retenir. La faisant pivoter sur elle-même. « No Kong Mee ? Kong Mee, c’est bien toi ? »

J’observais la jeune femme en silence. Elle avait changé physiquement. Bien entendu, elle avait grandi, mais elle avait aussi un peu maigrit surtout du visage et elle avait les cheveux blonds. Pourquoi les cheveux blonds ? Pas que ca ne lui aille pas. Au contraire, elle était très jolie ainsi, mais j’avais l’impression d’avoir une autre Kong Mee devant moi. Comme si ce n’était plus vraiment elle. Mon cœur ne fit qu’un bond quand elle prononcait mon nom. « Tu t’en souviens ? » J’étais un peu flatté. Je pensais qu’elle m’avait oublié avec toutes ces années où l’on ne s’était pas vue. Surtout à cause de la facon dont tu m’avais quitté à vrai dire… sans un mot… sans rien. Notre relation n’avait jamais été réellement finie vu qu’aucun des deux n’avaient rompu. Il était temps de le faire non ? Bien que maintenant, cela n’avait plus beaucoup d’importance. Tous deux avaient continué notre chemin dans d’autres sens. Enfin, je suppose que ta vie ne s’est pas arrêtée parce que je n’étais plus là. Ce que je trouvais étrange, c’était pourquoi maintenant et pourquoi ici ? On aurait pu se revoir en ville, au cinéma, à la mer … autre part qu’ici non ? Dans ma fraternité dont je suppose que tu en fais partie aussi si tu étais ici. Je te regardais, toujours sans un mot, partir de ma prise. « Pourquoi es-tu désolé ? … » Je le savais pertinemment bien mais je voulais l’entendre sortir de ta bouche. Tu m’avais quitté trop brusquement. On était encore jeune, tu n’étais pas ma première copine, mais la première que j’ai vraiment aimé. Tu m’as brisé le cœur à l’époque, tu sais ? Mais cela, je ne te l’avouerais jamais, car j’ai trop de fierté pour cela. Aujourd’hui, je m’apercevais que je pouvais te voir sans que cela me fasse mal, bien que j’y pense encore. Pourtant, je ne savais pas trop comment réagir vis à vis de toi. Je ne savais pas ce que tu pensais ni ce que tu ressentais. J’essayais donc une autre approche en te servant ce sourire dont tu connaissais tous les secrets à l’époque. « Depuis quand tu es ici ? je ne savais même pas qu’on faisait partie de la même fraternité… »

« Oh, ça… » J’avais dit cela dans un murmure, les yeux regardant partout. Ailleurs que la jeune femme. Était-ce le bon moment pour demander des explications, alors qu’on venait à peine de se retrouver ? Etais-je seulement près à les entendre ? Non, pas encore. Bien que je fusse passé à autre chose, j’avais encore un pincement au cœur en pensant à notre histoire. Elle était inachevée, il manquait quelque chose. La fin, sans doute. Je ne savais pas s’il restait vraiment quelque chose de notre amour, s’il y avait encore des morceaux à recoller ou non. Tu avais été la premier que j’avais aimé, sincèrement, véritablement, pas qu’à moitié. Et la première, on ne l’oublie jamais. Mais pourquoi te revoir maintenant ? Comme si mon passé me rattrapait. Voulait-il me punir ? Je sortais seulement de ma relation avec Soo Ah. Je ne me sentais pas encore prêt à faire face à mon passé, pas maintenant, pas en ce moment. Je me relevais seulement, je ne voulais pas retomber, pas encore. Si ca devait arriver, je n’étais pas sûr de pouvoir me relever aussi vite, pas dans un aussi petit lapse de temps. Malgré l’aide d’Areum et de Sunah pour que j’aille mieux, je pensais toujours à Soo Ah et elle me manquait encore un peu, mais le temps faisait son effet et je pouvais vivre avec. Je fus surpris de ce qu’elle me dit ensuite. Vice-présidente ? Je ris nerveusement. « C’est étrange, je suis dans cette université depuis quatre ans et je n’avais jamais entendu parler de toi. Peut-être parce que l’on t’appelle vice-prez et non pas Kong Mee… » Tentais-je de m’expliquer. Je posais les yeux sur elle, croisant son regard. Ces yeux si magnifiques qui m’avaient fait tant rêver à l’époque. Elle était toujours aussi belle qu’au premier jour. Un instant, je me demandais pourquoi cela c’était passé comme ca. Je ne pus m’empêcher de me demander comment notre histoire aurait évolué si tu étais resté à mes côtés. Tu connaissais tout de mon passé. Me connais-tu encore aujourd’hui ? J’étais curieux. Curieux de savoir si je t’avais manqué, si tu avais pensé à moi. « Ca te dis d’aller boire un verre ? » lachais-je subitement. Je me surpris moi-même. J’avais lâché ces mots sans trop y penser, mais maintenant qu’ils étaient dit, j’en avais envie. Restant plus que son approbation.

Cette seconde où nos regards se sont croisés était si intense. En un instant, j’y revis tous ces moments que l’on avait passés ensemble, ce temps à se tourner autour, nos lèvres se mêlant, nos doigts s’entrelacés… c’est à ce moment-là que je compris qu’elle m’avait manqué. Mon corps et mon esprit se souvenaient des moindres souvenirs avec elle. Tout cela me manque, un peu, beaucoup. Peut-être que ce sentiment était amplifié par ma rupture avec Soo Ah, mais il était pourtant là. Un instant, je fus tenté de caresser sa joue de ma main, chassant ainsi la tristesse qui se lisait dans son visage, mais en avais-je encore le droit ? Je ne devais plus rien être pour elle après tant d’années n’est-ce pas ? Qui étais-je pour décider à sa place ? Je ne fis donc rien, ne faisant que l’observer. Je souris malgré moi quand je vis sa petite panique. Elle était adorable à essayer de se justifier. Elle n’avait pas totalement changé sur certains points. Elle me dit qu’elle me suivait, mais c’était plutôt moi qui la suivis. On emprunta les transports en communs alors que j’avais ma moto garée dans le parking de la fraternité. Je reviendrais la chercher, je n’aimais pas trop la savoir passer la nuit dehors, surtout près de la fraternité. Le lieu n’était pas sur avec toutes les attaques que l’on avait subi ces derniers temps. Le métro. Quel charmant endroit. J’évitais de l’emprunter en général, détestant les endroits où il y avait une trop grande foule. Mais, j’étais avec Kong Mee aujourd’hui, et elle était collée contre moi. Sentir son contact aussi proche, son souffle parfumé, ca faisait si longtemps. Trop longtemps. Ce contact physique inattendu ne dura que quelques minutes après lesquelles on remonta en surface pour prendre un verre dans un bar. Une vodka orange devant moi, je jouais avec la paille faisant tourner les glaçons. Si je vivais toujours la bas ? Je secouais la tête. « Non, je ne vis plus chez mon père… à la mort de ma mère, j’ai hérité de son appartement et de sa bijouterie… » Je m’arrêtais un instant, buvant une gorgée de mon breuvage. « Aujourd’hui, tous deux sont miens… » Je lui souris avant de rebaisser les yeux. J’étais toujours ému quand je parlais de ma mère et sans doute avais-je les yeux qui brillèrent. « Et toi ? Où habites-tu maintenant ?... »