Un regard sur son portable, ah vive la nouvelle technologie qui dispense le japonais de porter une montre, il est 18h. L'heure d'arrêter de jouer les surveillants ou plutôt l'heure d'arrêter de menacer les irrespectueux qui se croient tout permis. C'est une longue journée qui prend fin. En plus Hiroji n'a presque pas croisé Kan. Obligé s'il avait eu l'occasion de délirer avec lui la journée n'aurait pas été la même. Pour pas changer. Mais surtout elle serait passée plus vite. Maintenant la question qu'il se pose c'est que va t-il faire de soirée ? Pour une fois pas de sortie de prévue ni de boulot au Millénium. Chose plutôt rare, chose très rare en fait. Alors pas besoin de réfléchir plus longtemps, le japonais sort son portable et envoie un sms à son colocataire. Tenté par une soirée de fou entre supers coloc' ? Depuis l’emménagement d'Aiden, ils ont pas vraiment eu le temps de fêter ça. C'est l'occasion parfaite et en plus son colocataire est d'accord. Je m'occupe de tout ! Alors direction un magasin pas loin de l'appartement pour faire quelques courses. Pack de bière, biscuits d'apéritifs, des sodas. Et tout ce qui va avec pour préparer un bon apéritif. Le temps de traîner un peu à l'université, puis faire les courses et rentrer, c'est à 20h qu'Hiroji arrive chez eux. Son colocataire n'est pas encore là. Le japonais s'occupe de mettre les boissons au frais et tout préparer sur la table. Une bonne chose de faite. En attendant l'arrivée de Duan Jie, Hiroji sort son portable pour commander des pizzas. Puis laisse tomber le portable qui glisse derrière le canapé. Tellement doué. Il attrape un cousin et s'étale sur le canapé. Et aussitôt la télé qui s'allume toute seule, volume au maximum. Monsieur s'est couché sur la télécommande. Et forcément c'est à ce moment que son colocataire arrive. Le brun ne remarque rien trop occupé à insulter la télécommande qui a glissé à son tour derrière le fauteuil quand il se lève. Vraiment top doué. Finalement il opte pour la solution la plus radicale mais la plus efficace, débrancher la télé.  Enfin il aperçoit son colocataire. « L'art d'arriver au bon moment » Plaisante t-il, faut dire qu'à lui tout seul Hiroji serait capable de tout casser.

Aujourd'hui je ne travaille pas, quel bonheur, j'aime ce jour de repos. Je ne suis que surveillant pourtant mais courir après les billets d'absence auprès des professeurs puis surveiller des adolescents, c'est pas évident, surtout quand on est seulement un jeune adulte. J'ai passé la journée à danser sur le balcon de l'appartement, puis je suis allé dans quelques magasins pour repérer quelques magasins sympas. Depuis le temps que je suis ici, je n'ai pas encore eu le temps de m'acheter quoi que ce soit, et faut dire que j'ai dû abandonner bon nombre de mes vêtements à Hong Kong. Pendant que je regarde des jeans dans un magasin de vêtements, je reçois un message de mon colocataire, Hiroji, celui-ci me propose de faire une soirée entre nous ce soir. Quoi de mieux pour clôturer une aussi belle journée ? Je m'empresse d'accepter sa proposition, lui répondant un simple « oui. ». Je comptais lui demander si je devais acheter quoi que ce soit, mais au même moment je reçois une réponse de sa part, me signalant qu'il s'occupera de tout. J'ai un colocataire vraiment chouette. J'aurais pu tomber sur un mec vraiment ennuyeux et agaçant, sur ce coup-là, je suis reconnaissant. Je me doute qu'il n'y a rien à l'appartement pour faire une soirée, il passera sans doute une petite heure au supermarché, donc j'ai le temps de profiter du centre commercial encore un peu. Bâtiment que j'aime déjà énormément, le nombre de jolies femmes ici, franchement, je suis content de vivre en Corée désormais, haha. Dans l'heure qui suit, je rentre à l'appartement. À mon arrivée, je tombe sur Hiroji, en pleine dispute avec la télévision. Je ne peux qu'éclater de rire face à l'aspect comique de la scène, surtout lorsqu'il débranche ainsi la télévision, il est tellement doué ce mec. « Sérieux, t'es un cas. » Je garde un sourire amusé sur les lèvres, je dépose le sac contenant un t-shirt que j'ai acheté sur la table et je retire ma veste, je vais déposer le tout dans ma chambre, je reviens rapidement dans le salon, tapant dans mes deux mains avant de les frotter les unes contre l'autre. « J'espère que tu as commandé des pizzas, je meurs de faim. Et de la bière aussi. » Je suis pire qu'affamé, faire du sport toute l'après-midi ça ouvre l'appétit.

En pleine guerre ouverte contre la télé, Hiroji ne remarque pas son colocataire. Ou du moins jusqu'à ce qu'il gagne la bataille, débrancher sans aucune hésitation, la technologie ne pourra pas répliquer. Le japonais se tourne et lance une petite plaisanterie de bienvenue. Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. Un sourire se forme sur les lèvres du brun, entendant une énième fois qu'il est un cas. Remarque qu'il prend toujours comme un compliment, après tout ça le rends unique en son genre, non ? « Je sais. Mais évite de penser à me faire interner. Je serai triste de plus pouvoir vivre avec toi. » Fausse mine triste sur le visage, pendant quelques secondes mais surtout compliment sous-entendu à ne pas prendre à la légère venant d'Hiroji. Tout ça pour dire qu'il est content de l'avoir comme colocataire. Sa patience et son côté bagarreur remercient Aiden, il aurait tellement pu tomber sur un vrai cas. Raison de plus pour fêter cette colocation comme il se doit. Pendant que Duan Jie va ranger ses affaires, Hiroji en profite pour récupérer les otages – téléphone et télécommande – encore gardés par le canapé. Puis le chinois parle de bière et pizza. C'est qu'ils sont sur la même longueur d'onde. « Évidemment, t'as déjà vu une soirée entre mecs sans bière et pizza ? Moi pas. » Signe non de la tête pour imager le tout. Hiroji se dirige vers le frigo sort quatre bières pour commencer, dépose le tout sur la table basse du salon. Déjà bien garnie. Il attend que son colocataire s'installe pour lui passer une bouteille et se servir à son tour. « Trinquons au mélange de culture ! » Sourire sur ses lèvres. Bah quoi ? Un chinois et un japonais qui vivent ensemble en Corée c'est quand même plutôt comique comme situation. Pas très courant. Les bières choquent et Hiroji lance un Santé  en mandarin. Puis commence à grignoter. « Les pizzas devraient pas tarder et tout ça devrait bien t'aider à patienter. » Dit-il avant – et après – avaler quelques chips. Après une journée avec les nerfs à fleur de peau, la soirée s'annonce joyeuse.

Je me savais qu'il ne prendrait pas ça mal, après tout, ce n'est qu'une plaisanterie, pas de quoi s'alarmer ou se vexer. Sur le même ton que j'ai employé précédemment, je lui réponds : « Personnellement, je ne sais pas trop si je serais être triste de ne plus vivre avec toi. » Un sourire malicieux se forme sur mes lèvres, quand j'y pense, ce serait tout le contraire si c'était le cas, j'en serais triste car je dois avouer que je suis tombé sur un colocataire sympa, j'aurais pu tomber sur pire. Ou même ne pas avoir de colocataire ce qui aurait été un énorme soucis sachant que je n'ai pas les moyens d'avoir un bel appartement seul. Un jour peut-être, mais ce ne sera certainement pas avant plusieurs années.
À mon retour de la chambre, je ne peux m'empêcher de rire à sa réponse, il est parfait ce Hiroji. Il sait comment se faire une bonne soirée entre mecs. Cela m'avait un peu manqué. Je passais quelques soirées avec Ethan, mais depuis qu'il était venu ici en Corée, je me suis retrouvé sans ami proche en Chine. Sans ami proche, c'est-à-dire sans ami digne de m'amuser ou de m'intéresser. Toi ça va, tu as des sujets intéressants, tu es divertissant, cette colocation serait une vraie partie de plaisir. En plus, je me fais des connaissances plus vite comme ça, je pensais que je ne compterais que sur Ethan et Shûji au départ, et il faut dire qu'avec Shûji, les soirées sont d'un autre genre, mais finalement je me socialise bien malgré le problème de la langue et etc.
Je ne prends pas la peine de répondre à Hiroji, je m'installe simplement sur le canapé en attendant l'arrivée de nos boissons qu'il est allé chercher à l'instant. Toujours souriant, je m'empare de ma bière et je la lève vers lui, prêt à trinquer. « Santé ! » lui réponds-je dans ma langue maternelle. Après avoir cogné ma bière avec la sienne, je repense au fait qu'il soit japonais, cela m'était sorti de la tête pendant un instant. C'est une drôle de coïncidence quand même de tomber sur un étranger quand on cherche un appartement. J'aime ça, je découvre un peu plus le Japon grâce à lui, bien que je connaisse déjà le pays à travers Shûji mais ce n'est pas la même chose, il est riche lui.
Je laisse mon corps se tasser contre le dossier du canapé, j'avale deux gorgées deux bière pendant que mon colocataire me donne des nouvelles de mes amours les pizzas. Je pose ma bière contre ma cuisse en faisant mine de râler. « Je meurs de faim... » Je finis par lâcher un long soupir puis je passe une nouvelle fois ma main dans mes cheveux. Sans raison particulière, je me rends compte qu'il m'a dit "santé" en mandarin, j'ai été un peu long à la détente sur ce coup-là, le pire, c'est que je lui ai répondu dans la même langue. « Tu parles couramment le mandarin ou tu connais seulement quelques mots ? »

Pas triste ? Bien que se soit une blague, Hiroji fit mine de le prendre mal. L'air faussement vexé il dévisagea son colocataire. Tsss. Le japonais s'estime heureux, même très heureux d'être tombé sur quelqu'un de pas susceptible. Et surtout qui comprends le second degrés aussi bien qu'il l'utilise. Non parce qu'il aurait pu tomber sur un mec (une fille ?) qui adore faire des plaisanteries sur les autres mais qui déteste qu'on lui en fasse.  La crise totale. Mais ce n'est pas le cas. Bière, pizza, sur le coup les deux se comprennent. Un sourire face à son rire, Hiroji n'en rajoute pas plus et se dirige vers le frigo. Aussitôt les bouteilles dans les mains, aussitôt assis. Pas de perte de temps inutile. Ils trinquent en mandarin alors que l'un est japonais, et le tout en Corée. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? C'est que toute cette histoire de nationalité donne faim. Et c'est pas Aiden qui allait le contredire. « T'as fait quoi pour être aussi affamé ? T'as pas mangé depuis trois jours ou quoi ? » Dit-il en se gavant de chips. Hiroji se souvient que Duan Jie n'a pas travaillé aujourd'hui, il a du bien s'occuper. Puis une question, c'est vrai qu'il n'a jamais eu l'occasion d'en dire plus depuis qu'ils habitent ensemble. « Je le parle couramment. L'anglais aussi d'ailleurs. Et pas de problème en coréen. » Il n'a pas besoin de préciser qu'il adore les langues. « Si jamais t'as des soucis de traduction ou que ta langue natale te manque, fais moi signe. » Deux en un. Il boit une gorgée de bière puis reprend. « La je m'essaye au français. Dur. » Très dur même. Un peu plus tard, l'arrivée des pizzas les coupa dans leur conversation sur les langues. « Bouge pas ! » Direction la porte pour récupérer et payer les pizzas tant attendues. Il remercie le livreur avant de retourner à sa soirée. L'odeur donnait faim et re faim et re re faim. Les boites dans les mains il retourna vers son colocataire, lui tendant le tout. « Il y en a pour tous les goûts. Ton estomac en manque devrait apprécier. » regard taquin. Hiroji boit une gorgée de sa bière et grignote quelques biscuits apéritifs pendant que le chinois choisit la future victime qui finira dans son ventre.

Comment aurais-je pu trouver un meilleur colocataire ? On est sur la même longueur d'onde ça se sent, je vais bien m'amuser pendant notre colocation, je le sens. Jusqu'à ce que l'un de nous deux décide de prendre son envol, m'enfin, on en est bien loin vu le pauvre statut de surveillant que nous avons.
Comment se fait-il que je sois aussi affamé hein...  Hormis le fait que je sois un ventre sur pattes, un glouton, morfale, tout ce que vous voulez, je n'ai pas beaucoup mangé ces temps-ci et c'est la raison pour laquelle je suis affamé. J'étais trop occupé à penser à « mon petit-ami », j'étais aussi préoccupé par le travail, bosser avec des gosses, ce n'est pas facile tous les jours faut dire et enfin, je passe mon temps à danser ces temps-ci donc je n'ai pas le temps de manger. Ou même l'envie. Je résume ma réponse à :  « Je suis juste un éternel affamé, à ta place, je mettrai un verrou sur la porte du frigo. » Je finis ensuite par rire joyeusement, bien qu'au final, je ne suis pas trop d'humeur festive à force de penser à diverses choses.
Je bois plusieurs gorgées de bière, assez pour ne laisser qu'un fond dans ma boisson puis je la pose bruyamment contre la table basse et je m'affale sur le canapé, attrapant au passage le paquet de chips dans les mains de mon colocataire. Je souris à la réponse qu'il me donne, en général, les gens qui parlent couramment plusieurs langues se font rares, mais là c'est déjà la deuxième personne si je ne compte pas Ethan qui parle aussi coréen. Je hoche la tête positivement, sans rien ajouter, jusqu'à ce qu'il reprenne. « Oh, bon courage. » Je ne suis pas très bavard à la base, j'espère pour Hiroji que ça ne lui posera pas de problème, ce n'est pas tous les jours marrant d'être avec quelqu'un de taciturne.
Pendant qu'il va chercher nos pizzas, nos tant attendues pizzas, j'enfonce une poignée de chips dans ma bouche et je pose le paquet sur la table, je déclare, la bouche pleine : « Enfin ! » J'humecte l'odeur aléchante émanant des boites qu'il apporte, je me redresse et je les prends et les pose sur la table, j'ouvre ensuite chacune d'entre elles, poussant un soupir de bien-être rien qu'en les voyant. J'ai un peu l'air d'un psychopathe comme ça, mais j'ai tellement faim, c'est comme si toutes les fois où je n'ai pas mangé la semaine passée venaient me torturer. « Je suis incapable de choisir. Je crois que je vais prendre une part de chaque. » Je commence par une pizza au hasard et je la mange en revenant m'appuyer contre le dossier du canapé. Je jette un œil sur Hiroji qui se contente seulement des appéritifs. « Mh... Tu devrais commencer avant qu'il n'y en ait plus. » Un rire bref accompagne mes derniers mots.

Spoiler:

La petite soirée improvisée ne peux pas mieux s'annoncer. Un colocataire bien sympa avec qui parler et plaisanter, de la bonne - même très bonne - nourriture et des bières. Le petit pécher mignon du japonais. Certains c'est le chocolat et bien lui c'est bières et cigarettes. Faut pas non plus imaginer qu'il passe sa vie à boire et à fumer, non certainement pas. Quoi que pas sûr que se soit vrai pour ce qu'il s'agit de fumer. D'ailleurs il ne sait pas ce que son colocataire pense de sa mauvaise habitude, faudrait qu'il pense à lui demander à l'occasion.
Pour l'instant c'est l'heure de la nourriture et pas de la pause clope. « T'aurai pas pu me prévenir plutôt ? J'aurai acheté un verrou au passage. » petite plaisanterie comme réponse pour pas changer avant de reprendre un ton plus sérieux. « T'es un éternel affamé et moi j'oublie souvent de manger, tu trouves pas qu'on s'est bien trouvé mec ? » Oublier oui tout simplement parce qu'il est trop occupé, toujours à faire quelque chose, toujours à remettre ses repas à plus tard. Les chips aussi se sera pour plus tard, paquet réquisitionné par Aiden. Le japonais remercie d'un signe de tête les encouragements. « Au pire je laisse tomber et j'essaye une autre langue. » A peine sa phrase terminée la sonnerie de l'entrée le détourna du sujet. PIZZA. Duan Jie ne cache pas son impatience, ce qui décroche un petit rire à Hiroji. Le brun lui laisse choisir, les choisir toutes. Pendant qu'Hiroji continue à se gaver d'apéritifs. Aiden lui fait comprendre qu'il vaut mieux abandonner ces petits biscuits avant qu'il ne soit trop tard. « Ton ventre à pas l'air de rire. Je vais commencer alors avant que le mien se mette à pleurer. » Un rire accompagne aussi les mots du japonais. Bonne ambiance. Hiroji attrape une boite au hasard et s'attaque à quelques parts. Il reste un peu silencieux pour savourer sa pizza. Son excellente pizza. « Délicieuse ! » Cette adresse il compte pas l'oublier. Il jette un coup d’œil vers Duan Jie voir s'il est du même avis. Ne pas manger trop vite, Hiroji pose la boite sur ses genoux et tente une question indiscrète. « Dis moi, qu'est ce qui t'amène ici ? Je veux dire en Corée. » Ne pas y voir de la curiosité mal placée, jamais venant d'Hiro. Mais faut bien qu'il apprenne à connaître celui qui vit avec lui ?

Spoiler:

Je souris simplement à sa réponse, je suis un vrai goinfre, mais le truc c'est que je ne grossis quasiment pas en mangeant comme un ogre, alors pourquoi me priver de nourriture ? Je ne réponds pas à sa pique et me contente de lui lancer un regard assassin lui disant : « Fais attention à ce que tu dis. » faussement menaçant. Cependant, je réponds à ce qui suit. « Ouais, la nourriture ne te manquera pas quand j'aurais vidé le frigo, c'est cool. » C'est grave quand même d'oublier de manger, m'enfin, je suis pareil quand je pratique de la danse, mais sinon, c'est la seule chose que je n'oublierai jamais, la nourriture est comme mon paradis j'ai envie de dire.
Je suis des yeux chaque geste que fait le japonais, je crois que je commence vraiment à l'apprécier mon colocataire, nous sommes sur la même longueur d'onde. Je pense que je n'aurais jamais pu trouver meilleur colocataire, sauf Ethan bien sûr. Shûji, non, hors de question, je l'aime ce mec, mais vivre avec lui, h24 … Je ne saurais dire si c'est un rêve ou un cauchemar. C'est horrible dit comme ça, mais il est tellement exigeant, et puis, je ne me sentirais pas à l'aise dans tout ce luxe et à cause de Syuhei aussi, brr, j'en tremble intérieurement. Je me sers une part au hasard, ne sachant laquelle choisir, et pendant que Hiroji y goûte, je dévore ma part sans même prêter attention au goût, j'ai tellement faim, on dirait que je n'ai pas mangé depuis plusieurs jours.
Je compte continuer, voire même entamer une nouvelle tranche de pizza quand ta voix me sort de mon culte à la nourriture. Cette question est tout à fait banale, et je pouvais m'y attendre, mais étrangement, je suis vraiment surpris. Je fixe les boîtes de pizza devant sans répondre dans un premier temps, me mordant la lèvre inférieure, je me redresse, adossant mon dos contre le canapé. « Et bien … » Je mange un morceau de pizza avant de répondre : « J'ai envie de rentrer dans une agence pour devenir danseur. » Il y a beaucoup d'autres raisons pour lesquelles je suis venu, comme Ethan, Shûji, et j'en passe, mais cette réponse devrait te satisfaire, je n'aime pas beaucoup parler, surtout de moi, j'espère que ça ne te dérangera pas à l'avenir. Mais ça ne veut pas dire que je n'aime pas poser des questions, je me permets de te retourner la tienne, et j'entame ma nouvelle part de pizza en attendant ta réponse.

Ouais, la nourriture ne te manquera pas quand j'aurais vidé le frigo, c'est cool. C'est qu'en plus il est drôle comme colocataire, aucune ironie. Hiroji n'ajoute rien trop occupé à rire. Peut être que c'est pas si drôle et que son colocataire va croire que les bières commencent à faire effet mais non. C'est pas non plus le fou rire du siècle alors il reprends facilement son calme. Et puis vaut mieux pour ne pas passer pour un fou devant le livreur, quoi que l'avis du livreur il s'en fiche pas mal. Même s'il risque bien de le revoir parce que les pizza ne sont vraiment pas mauvaises. Tout le contraire même. Après avoir savourer une part Hiroji se permet de jouer les indiscrets. Il n'hésite pas à demander à Aiden ce qui l'emmène en Corée. Le japonais n'est pas le genre de personne qui pose tout plein de questions pour tout savoir. Pas du tout même. Mais quand il se demande quelque chose il ne passe pas part quatre chemins pour demander. Tant qu'il juge qu'il ne manque pas de respect il ne se retient pas de parler. Si ça passe tant mieux et si ça casse tant pis. Il essaye de s'informer mais il n'insistera pas. Sur ce coup ça passe. Le chinois veut devenir danseur. Certains auraient certainement demandé pourquoi ne pas auditionner en Chine, pourquoi changer de pays, mais pas Hiroji. « Tu me fera une dédicace sur une des boites ? Quand tu seras connu je pourrais dire que j'ai bouffé une pizza avec toi. » Une blague foireuse pour montrer qu'il se contente de la réponse. Plus sérieusement « On peut pas dire qu'on se connaît bien mais t'as tout mon soutien. » Il trinque sa bière contre la sienne, façon comme une autre de lui souhaiter bonne chance. Évidemment c'est à son tour de répondre. Quoi que pas si évident. Son colocataire aurait pu changer de sujet. Il aurait pu ne pas être intéressé par la raison de sa présence en Corée. « Pour résumer, quelqu'un m'a demandé de venir en Corée. » Et c'est tellement mal résumé, beaucoup plus compliqué mais pourtant c'est comme ça que ça s'est plus ou moins passé.

Je ne fais que rire à ta demande incongrue, c'est hilarant, je suis tombé sur un bon colocataire en fait, c'est génial ça. Je ne cesserai jamais de le constater. J'agite mon doigt sous ton nez, faisant un signe négatif. « Jamais. Tu devras me payer pour que je signe, non mais, un jour elle vaudra de l'or ma signature ! » Ou probablement jamais, c'est pour ça que je me permets d'en plaisanter. De toute façon, tant que je peux danser, je me fiche du reste, je veux juste pouvoir vivre de ma passion, jamais, ô grand jamais je ne souhaite rester surveillant à vie. C'est trop ennuyeux comme boulot, et en plus je n'arrête pas de me faire harceler par une lycéenne, elle est mignonne, mais c'est une lycéenne quand même.
Je t'adresse un sourire à ce que tu dis ensuite, c'est sympa de me dire ça alors qu'on se connaît à peine, qui plus est, tu ne sais pas si je suis réellement bon en danse, si ça se trouve, je rêve juste un peu trop, bon, heureusement, ce n'est pas le cas, je suis doué dans ce que je fais. Je n'en dis pas plus, je n'ai pas vraiment envie de continuer sur ce sujet. Je croque un bout de ma part de pizza, un gros bout, si gros que j'en ai les joues gonflées. Gourmand un jour, gourmand toujours. Ou goinfre plutôt, haha. Quand tu réponds à ma question, je hausse les sourcils, je me retiens de dire "toi aussi ?" je ne veux pas me faire griller sur l'autre raison de ma venue en Corée du Sud. J'avale rapidement ma bouchée afin de pouvoir répondre : « Ah bon ? Cette personne doit être important pour que tu emménages à l'étranger juste pour elle. »

Du temps où il vivait tout seul, le japonais s'est souvent demandé quel genre de personne répondrait à son annonce. De temps en temps avec des amis et autour d'une bière, il s'imaginait tous les scénarios possibles. Du meilleur en passant par l'acceptable jusqu'au pire de tous. Mais qui aurait pu imaginer qu'il se retrouverait en colocation avec le meilleur ami d'Ethan, venu d'un autre pays et surveillant aussi ? Personne. A part peut être un devin, et encore … Trop de coïncidences, de hasards pour pouvoir prédire une telle chose. Entre deux éclats de rire Hiroji s'empare d'un nouveau morceau de pizza. C'est que les parts commencent à diminuer à vue d’œil ! « Eeh j'ai payé les pizza ! Grâce à moi t'es pas mort de faim ce soir. Ça mérite un autographe avec les intérêts ! » Oui grâce à lui carrément. Hiroji est bien content de pouvoir plaisanter sur ce sujet. Le chinois pourrait croire qu'il ne le prend pas au sérieux avec cette blague sur l'autographe, mais pas du tout. Même qu'il l'encourage et venant d'Hiroji c'est du sérieux. Très sérieux même. Le japonais à l'impression qu'il peut parler de tout et de rien, plaisanter sur tout et n'importe quoi – ou presque – sans malaises. C'est vraiment une bonne chose. A son tour de répondre. Pour résumé il est en Corée parce qu'on lui a demandé et il n'a pas pu dire non. Il n'a pas voulu dire non. A la question suivante, si la personne est importante un silence s'installe. Pas que la question dérange mais plutôt parce que plus rien n'est clair dans la tête du brun. Il n'avait pas imaginé que les choses se passeraient comme ça. Encore une preuve qu'on ne peut rien prévoir. Au début il s'imaginait rejoindre Eien et finalement il s'est senti trahit. « Elle l'est. Je crois. » Je crois. Mauvaise réponse mais difficile d'avoir les bons mots quand on ne sait plus quoi penser. Puis maintenant il y a Liu Nai. Un soupire s'échappe de ses lèvres, depuis quand sa vie est aussi complexe ?. « J'aime pas me prendre la tête avec des trucs inutiles. Il y a plus grave dans la vie. Donc sujet suivant. »  Hiroji lui adresse un sourire qui se veut rassurant. Essayant de se convaincre lui même que c'est inutile parce que c'est pas le genre à se plaindre et à avoir des problèmes d'amour et tous ces trucs là.

Je ne réponds pas, je me contente de sourire simplement, même si ça fait peu de temps qu'on vit ensemble, tu as sans doute dû remarquer que je ne parle pas beaucoup. Au moins ça ne veut pas dire que je manque d'humour. Je n'aime juste pas parler si je n'ai rien à répondre qui soit pertinent, comme maintenant. Je ne tiens pas vraiment à faire dire une plaisanterie foireuse. Quoi qu'il en soit, cette plaisanterie sur mon autographe me fait plutôt plaisir, je ne sais même pas si je vais pouvoir faire de ma passion mon métier, alors entendre ça m'encourage vachement. De toute façon, au pire je peux devenir professeur de danse ? Non ? Arf, ça ne me tente pas trop maintenant que j'y pense concrètement, surtout que je ne sais pas si je serai capable d'enseigner quoi que ce soit, ce n'est vraiment pas mon truc.
Je remarque que mes questions t'éloignent un peu de moi, comme si tu étais perdu dans tes pensées. Peut-être n'aurai-je pas dû demander ? Il est trop tard pour se poser cette question. Je finis ma part de pizza en te laissant le temps de penser à ta réponse, que puis-je faire d'autre en attendant ? J'acquiesce en ayant enfin une réponse, je me pince les lèvres sans répondre. Je ne sais pas quoi vraiment dire en retour, ça m'arrange bien que tu veuilles passer au sujet suivant justement. Parlons travail, c'est une chose que nous avons en commun, nous n'en avons jamais parlé. « Tu aimes le poste de surveillant toi ? » Pour ma part, j'en ai horreur, après la fin de ma scolarité, je n'aurais jamais cru que je remettrais les pieds dans un établissement. Certes, il y a des avantages, je me suis fait une connaissance plutôt sympa là bas, une professeur de danse d'ailleurs, mais quand je me dis que je me fais stalker par des élèves, je désenchante rapidement.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est la première fois qu'Hiroji n'évite pas la question sur sa présence sur le sol coréen. Évidemment durant ses dernières années il n'a pas échappé au pourquoi t'es venu en Corée ? et autres t'as pas envie de retourner au Japon ? mais il a toujours brillamment évité de parler de la principale raison. Il a toujours utilisé les mots qu'il faut pour stopper les gens trop curieux. Mais ce soir c'est différent. Il est peut être temps que les choses changent. Pas sa nature propre en tout cas. Se plaindre ce n'est pas dans sa nature et c'est pas près de changer. Son colocataire n'insiste pas et propose même l'autre sujet. Encore une preuve qu'Aiden est le colocataire idéal. On dit que les apparences sont souvent trompeuses mais pour Hiroji se sont presque toujours les premières apparences qui sont les bonnes. Et même si cerner le chinois en une soirée est impossible jusqu'ici il est bien le colocataire idéal, oui. Et un autre morceau de pizza terminé, certainement un des derniers, monsieur commence à caler, comme on dit. Bière portée à ses lèvres, il en vide le contenu. « J'adore. Bon les méthodes conventionnelles et moi ça fait deux, mais je m'éclate la plupart du temps. Mais faut pas croire que je compte passer ma vie à jouer les surveillants. D'ailleurs j'ai plus de chances de me faire virer que de démissionner. » Un rire s'échappe de ses lèvres après cette remarque. Il ne prend jamais rien au sérieux et ça aussi c'est pas près de changer. Hiroji attrape un morceau de pizza qu'il mange à moitié avant de laisser retomber la part entamée dans la boite. « J'ai carrément plus faim. » Dit-il en s'étirant. « Et toi ? Le boulot de surveillant je veux dire. » Faut réussir à suivre !

Je suis repus, je ne peux plus avalé une part de pizza. Je ne sais même plus combien j'en ai mangé depuis que nous nous sommes fait livrés la nourriture. Quoi qu'il en soit, je ne pourrais plus en manger pendant un très longtemps moment je pense. Je passe un bras derrière ma tête, je suis plutôt surpris par les propos tenus par mon colocataire, je ne savais pas que c'était ainsi de son côté. D'ailleurs, ma curiosité me fait encore défaut, je veux savoir pourquoi il aurait plus de chances de se faire virer, cependant, je ne pense pas que je devrais me mêler de ça. Je pose simplement une seule question moins personnelle : « Qu'est-ce que tu comptes faire après avoir été surveillant ? Tu as déjà une idée ? » Quant à moi, l'idée est déjà bien là, je n'en ai plus aucun doute, je ferai carrière dans la danse, je ne sais ni où, ni comment, mais j'essaierai comme je peux. Je ne sais pas vraiment ce que je pourrais faire en dehors de ça. Mes notes étaient justes au lycée, mais pas excellentes. Je n'ai pas fait d'études supérieures, et je ne sais rien faire d'autre, tout simplement. « Il y a pire comme boulot, donc ça va. C'est assez agaçant d'être entouré de jeunes élèves, surtout quand elles te suivent partout où tu vas ... Je pense que je démissionnerai bientôt, je vais saturer un jour ou l'autre. » dis-je quand même avec un faible sourire, puis je passe une main dans mes cheveux en regardant les boîtes de pizzas.