Il avait réussi à faire de Shûji le responsable de ses actes. Si Shûji lui avait interdit de boire, ou de s’éloigner de lui, il n’aurait pas fait ce qu’il a fait. Syuhei arrête les drogues dures, il s’en détache, il s’en éloigne enfin, mais, par conséquent, son corps réagit plus férocement aux autres substances qu’il pourrait consommer ; comme l’alcool. Il ne s’y était pas préparé, et s’en trouvait stupide. Lui qui sait tout, lui qui n’oublie rien, il a réussi à omettre ce détail physionomique. Au milieu du salon, la transpiration coulant le long de sa mâchoire, ses bras, humidifiant son large t-shirt trois-quarts, son menton posé sur la mentonnière de son précieux violon, il en frottait les cordes sans relâche. Une mélodie furieuse et agressive se dégageait de l’instrument. C’était son moyen d’exclure le temps qui passait. C’était son moyen de dissiper la migraine qui le martelait comme tous les jours. C’était surtout son moyen de cesser de penser à ce qu’il avait fait à cette foutue fête de Teubés. Et c’était le mot. Shûji avait dit que ce n’était pas grave, que cela serait arrivé à un moment ou à un autre parce que ça devait arriver. Monsieur Long a une mémoire absolue, mais, les choses futiles comme les sentiments, il a du mal à les cerner. Il se souvient parfaitement de la scène. De l’envie si pressante qu’il avait de le retrouver, de l’envie si forte qu’il avait d’être avec lui à ce moment là, quand il en avait fini avec le verre qu’il avait à la main. De l’envie si étouffante, qu’il l’avait comblée. Cette pensée le fit serrer le manche de l’instrument plus fort encore, enchaînant d’avantage de notes. Pourquoi l’avait-il embrassé ? Il disait ne pas savoir. Mais, entre dire et croire, il y a un monde. Il se mentait, il se cherchait des excuses, parce que, dans le fond, on a tous peur de quelque chose. Le jeune homme bougeait dans la pièce, marchait, courait parfois, sans jamais cesser de jouer. Il se sentait stupide, ridicule, penaud. Il n’avait pas répondu à Hui Liang. Pas à un message, pas à un appel, il n’avait même pas voulu écouter les messages sur son répondeur par crainte de leur contenu. Et si son meilleur ami avait trouvé ça totalement déplacé ? La sonnette retentit alors. Et, avec la surprise, il en rompit une corde. Pauvre violon. Syuhei fixa la porte. Shûji avait ses clés. Lui il n’attendait personne. Qui était-ce à cette heure ? Reprenant sa respiration, le vice président des bluings attrapa sa bouteille de thé froid, pour se désaltérer. Il faillit tout recracher en entendant la voix de Hui Liang. Son chiot, un peu trop grand pour un chiot d’ailleurs, courut aussitôt à la porte, aboyant content. Il faut l’ouvrir cette porte Syuhei, tu ne peux pas fuir plus longtemps. D’un pas hésitant, passant une main dans ses cheveux humides par l’effort, essuyant sans grand succès sa mâchoire du revers de la main, il finit par fermer ses doigts sur la poignée de la porte. Rappelle toi de ce que ton frère t’a dit ; que tu le veuilles ou pas, tu devras en parler avec lui. Ses yeux se fermèrent, il prit une longue inspiration, et souffla lourdement, ouvrant la porte. Celle-ci laissant passer son meilleur ami, il fit un pas en arrière alors que le chiot gigotait autour du jeune chinois. Syuhei n’arrivait pas à le regarder de face, lui qui était si arrogant d’habitude. Syuhei n’arrivait pas à le regarder dans les yeux, lui qui était si fier d’habitude. « Ne reste pas là figé, entre… »

En espagnol, lorsque l’on se retrouve dans une situation embarrassante, compromettante, on utilise une expression qui, littéralement peut se traduire par « Terre, avale moi ». C’était exactement le ressenti que Syuhei avait à ce moment précis en voyant Hui Liang. Il avait envie de disparaître, que la terre l’avale et l’emprisonne sans laisser de trace de lui. Il avait envie de se cacher, de fuir. Syuhei avait la fâcheuse tendance de fuir lorsqu’il ne maîtrisait plus la situation, il n’aimait pas être au dépourvu, démuni, aucunement maître des évènements. Cela ne lui arrivait que peu, hormis à cause de l’effort, mais Long sentait ses joues brûler à nouveau. Il ne voulait pas ça. Il ne voulait pas être confronté à ça. Pourtant, il devait. Pour se rassurer un peu, pour prendre un peu de confiance, il se mit à fixer Ryuu, le chiot, qui, toujours aussi joyeux, ne donnait pas de moment de répit à Liang. Son chiot, ou plutôt, son énorme chiot adorait Liang, il ne pouvait pas y faire grande chose, et puis, il le comprenait ; comment pouvait-on ne pas l’adorer ? Syuhei maintenait le regard dans le vide, ailleurs. Il n’y arrivait pas, à soutenir son regard. A sa question, il répondit simplement en hochant la tête. Oui, ça va, ça pouvait aller. Il a juste fait le con, mais mis à part ça, mis à part foutre en l’air moult années d’amitié, tout allait bien non ? Le taiwanais fit un pas en arrière encore une fois. Acquiesçant, encore une fois. Bien entendu qu’il connaissait la raison de sa venue. Pourquoi je l’ai embrassé ? Se demandait-il alors. Syuhei, tu en connais la raison, pourquoi ne l’assumes-tu pas ? Pourquoi tu ne veux pas voir la vérité, la réalité telle qu’elle est ?

Il allait répondre, sincèrement, à la question suivante il allait répondre. Mais à « laisse tomber », tout son courage s’en était envolé. Syu commença à se gratter l’intérieur de l’avant bras. Nerveux. Extrêmement nerveux. Malgré la merde dans laquelle il s’est foutu tout seul comme un grand, il se rendait compte, qu’il ne regrettait pas son geste. Et que s’il le pouvait : il recommencerait. Seulement, avait-il le droit de penser ça ? Il n’en savait rien, et il haïssait l’ignorance. Les paroles de Liang lui firent mal tout à coup, vraiment mal. Il avait envie de passer sa main sur son cœur et de le masser. Alors il sourit tristement, ne regardant toujours pas Liang assis sur le canapé. « Ca y est… Je t’ai embrassé et tu as peur que je te saute dessus ? Je veux bien être stupide, mais tu l’es bien plus de penser ça de moi… » Syuhei s’avança pour ranger son violon dans son étui, le prenant en se dirigeant vers les escaliers. « Fais comme chez toi, je vais me changer, je reviens. » Il monta alors les escaliers, il était déçu. Il n’était absolument pas du genre à se jeter sur le ou la première venu, même si Liang est loin de faire partie de cette catégorie. Il se sentait poisseux, déprimé. Il avait besoin d’une douche froide, et d’une solution.

Le silence de ma chambre me fait étrangement du bien tout à coup. J’entre dans ma salle de bains, et regarde mon reflet dans le miroir. J’ai envie de pleurer. Et c’est pas si courant que ça. Je suis émotif, mais pas forcément démonstratif. Le Japon a laissé des traces en moi, et même si j’ai de l’empathie, même si mes sentiments et émotions me sont incontrôlables, mes réactions elles, le sont. Je ne montre pas, je n’extériorise qu’en cas de colère ; en l’occurrence, j’étais juste déçu. Je me déshabille et jette mes vêtements dans le panier de linge sale. J’ouvre le robinet, et je me place dessous. L’eau tiède frappe ma nuque et je ferme les yeux. Je n’arrive pas à me calmer, je n’arrive pas à faire taire cette déception en moi. J’ai fait une erreur. J’ai fait une grosse erreur. J’aurais pas dû faire ça. Je n’aurais jamais dû faire ça. Mais putain Syuhei, pourquoi est-ce que t’as fait ça ? L’alcool n’est pas une excuse, ça ne l’a jamais été, pourquoi tu t’en sers maintenant idiot ?

Je soupire, le savon coulant le long de mon corps. J’ignore combien de temps j’ai passé sous le jet d’eau, mais je me décide enfin à l’arrêter. Glissant sur le carrelage, je manque de me casser la gueule dans cette douche italienne. Je jure, j’attrape mon peignoir et m’enroule dedans, prenant une autre serviette pour essorer mes cheveux en jurant toujours. Je ne m’en rends pas compte, mais, le sentiment a changé, je suis en colère, et je finis par crier dans la serviette humide pour étouffer le son. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais vraiment pas quoi faire. J’en ai tant sur le cœur, mais les mots refusent de se mettre en place pour que ma bouche puisse les prononcer. Je fais coulisser la porte du dressing et choisis un bermuda noir, ainsi qu’un long t-shirt blanc et ample, attrapant mon sous vêtement au passage. Je jette mon peignoir sur le lit, et enfile mon boxer. Une jambe dans le bermuda, je tourne alors la tête. Je lève les sourcils, avant de les froncer. C’est quoi cette réaction tout à coup ? Ce n’est pas comme s’il ne m’avait jamais vu ainsi. Ce n’est pas comme s’il ne m’avait jamais vu en boxer. Il me pense dégoûtant ? Repoussant ? Pourtant, à ma connaissance, c’est lui qui s’est fait le plus de garçons, pas moi. C’est lui qui a un penchant bien marqué pour eux, alors pourquoi se tourne-t-il comme ça ? Je sens ma colère m’étouffer tout à coup, et je finis d’enfiler mon bermuda, bouclant ma ceinture, ne prenant pas la peine de finir de m’habiller. Je ne réfléchis pas, j’agis. J’avance vers lui et pose ma main sur son épaule et en tire violemment pour qu’il me fasse face, mes cheveux humides retombant sur mes yeux, mes muscles tendus. « Le minimum que tu pourrais faire c’est de me regarder en face, je ne pensais pas être repoussant soudainement ! » criai-je presque sans m’entendre parler. Ca a toujours été comme ça : lui la maladresse et le calme, moi l’impulsivité et la colère. « T’as quelque chose à dire non ? Alors crache le morceau, je suis toute ouïe, je t’en prie ! » je passe ma main sur mon torse pour le gratter un peu trop fort, y laissant une trace rougeâtre. Qu’est-ce qu’il a mon corps soudainement qu’il ne veut pas me regarder ? Je suis mince, mais je suis musclé. Tout comme lui. Et puis, non, simplement, suis-je vraiment déroutant ?

Ses paroles n’ont pas atteint mes oreilles. Je n’ai pas entendu ses mots. Du moins mon cerveau a préféré laisser tomber l’information. Il ne l’a pas assimilée. A quoi bon ? La suite était bien plus intéressante pour lui. Pour mon cœur surtout. Je crois que ce dernier a manqué un battement. Je ne comprends pas tout. Je ne saisis pas tout. Tout ce que je vois est son visage collé au mien. Tout ce que je puis ressentir ce sont ses lèvres contre les miennes. Je ne réagis pas. Pas tout de suite au moins. Mes yeux sont restés ouverts et mon corps s’est figé.

Comment a-t-il fait pour pour évacuer aussi vite ma colère de mon corps ? C’est une question que je me pose depuis des années. Parce que ça a toujours été lui la voix de la raison en moi. Parce que c’est lui seul qui a une quelconque autorité sur moi. Mon frère ce n’est pas pareil, ce sont des conseils qu’il me donne, une certaine lucidité aussi. Hui Liang ne me donne pas ça, il saisit le contrôle, il m’empêche de fauter, de franchir les limites et de rétrograder. Liang c’est la perle rare que j’ai trouvée un jour à Nanjing. Une perle rare à laquelle je reste accrochée. De laquelle je ne veux pas me défaire. Il est tout ce que je ne suis pas, et c’est peut-être pour cela que je m’appuie sur lui. Je le sais, je l’ai compris ce soir là dans sa ville natale, qu’il était bien plus fort que moi. Je ne parle pas de physique, mais de mental. Puisque lui sait prendre le temps de réfléchir, il sait aussi mesurer le danger. Est-ce ce qu’il a fait pendant si longtemps avant de se résoudre à m’embrasser ?

Mes paupières réagissent enfin et couvrent mes yeux. Mon corps se réveille à son tour et mes mains se lèvent. Elles hésitent. Elles finissent par se poser sur les bras de cet homme qui m’embrasse. Tremblant presque, elles ferment leur prise sur ses avant-bras. Mes lèvres se meuvent aussi. Elles répondent à ce baiser qui a le don de m’apaiser. Me faire douter aussi. Mais je suis calme maintenant. Je me sens mieux. Je me sens serein. Je me sens empli. Et plus mes lèvres épousent les siennes, et plus mon cœur enfle dans ma poitrine. C’était donc ça que je voulais. C’était donc ça que j’attendais. C’est donc pour ça que l’autre soir, je l’ai embrassé.


Etrangement, les mots de mon grand frère reviennent dans mon esprit. J’ai peur de perdre mon ami, mon confident, j’ai peur de le perdre, ou plutôt, j’ai eu peur de le perdre. Mais, Shûji a raison, je ne perds rien, j’y gagne. Le lien qui nous unit, Hui Liang et moi, c’est un peu plus que de l’amitié. Depuis tant d’années, on a essayé de s’y faire alors ? On a essayé de faire comme si cela n’existait pas ? C’était donc ça ? Mais maintenant, maintenant on est sur le fait accompli, non ? S’il y a bien une chose que je ne veux pas, c’est le voir disparaître de ma vie. Je ne le supporterais pas. Je ne m’y tiendrais pas. Mais succomber, est-ce vraiment la bonne décision ? Est-ce vraiment le bon choix ? Je ne sais pas, encore une fois je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que j’apprécie ce baiser, et que la rougeur de mes joues me brûle dans l’immédiat.

Mes mains continuent leur ascension, un peu plus sûres d’elles cette fois. Elles glissent sur ses épaules, et se mêlent derrière sa nuque, mes bras levés, pour le serrer un peu plus contre moi. Je romps le baiser. Juste un instant. J’ai besoin de respirer. J’ai besoin de calmer le tambour qui tape encore et encore contre ma poitrine. J’inspire, sans jamais ouvrir les yeux, mon front contre le sien. « Qu’est-ce que nous sommes en train de faire Liang… ? » ma voix n’est qu’un chuchotement contre sa bouche. Je n’attends pas de réponse. Je ne veux pas de réponse. Et puis, mon corps a parlé à ma place. Ma bouche s’est encore scellée à la sienne, avec un peu plus d’envie, entre ouverte, ma langue caressant ses lèvres. C’est lui que je veux, et ça, je le sais à présent très bien.

It’s so cold, for me here. J’ai froid, j’ai froid, j’ai terriblement froid et j’ignore pourquoi. Je me colle à lui, et j’ai chaud, j’ai terriblement chaud. Pourquoi cet effet ? Même si les questions s’enchaînent dans ma tête, je ne puis penser. Je ne les entends pas. Je ne veux pas les entendre. Je sais juste que j’aime qu’il m’embrasse, que j’aime ce baiser. Que j’aime cet homme. Tant d’années passées côte à côte, tant d’années à utiliser mon temps libre pour aller le voir. Tant de fois jaloux en silence. Tant de fois protecteur. Et tant encore en colère. Quand je me retrouvais avec lui, j’ai toujours été obligé d’étouffer mes émotions. Quel droit avais-je pour me mêler de sa vie de toute manière ? J’étais son ami, j’étais son confident, j’étais là pour écouter et conseiller, pour le réconforter, mais je n’avais pas l’autorisation d’intervenir. Même si je l’ai déjà prise.. Mais maintenant ? Maintenant je suis quoi ? Je deviens quoi ? Quels sont mes droits ? La réponse viendra certainement d’elle-même. Tout ce que je veux maintenant, c’est qu’il continue de m’embrasser et de me tenir contre lui. Touch my neck and I’ll touch yours. Ses bras autour de moi, mes mains se mêlent à ses cheveux, mon torse nu se collant au sien, encore et encore. J’ai presque envie de pleurer à nouveau. Et je commence à en avoir marre de me demander « pourquoi ». Il faut que je déconnecte, que je me laisse simplement aller. Ses cheveux deviennent humides sous mes doigts. J’entends sa respiration déréglée se heurter à mes lèvres. Je sens ses bras me lâcher, et je fronce les sourcils, les yeux toujours clos, en désapprobation. Lentement, très lentement je m’aventure à ouvrir les yeux, et je lui rends son regard. Je suis à bout de souffle. J’ai les joues en feu. J’ai les mains moites. Et lui. Lui, il est en pire état. Il fait chaud maintenant. La température de la chambre est brûlante, contrairement au froid que j’avais auparavant. Je me mords l’intérieur de la lèvre, l’envie de lui retirer ce t-shirt humide me démangeant les doigts. Je n’ai pas besoin de suivre son regard. Pertinemment, j’imagine la trajectoire de ses yeux, il regarde le lit. Si on fait ça, il n’y aura pas de retour en arrière. Si on fait ça, il serait possible que rien ne soit plus comme avant. Mais, si on fait ça, on en finira avec cette ambiance pesante à mes épaules. On brisera les non-dits. On assumera les silences. Mon prénom à ses lèvres semble une invitation. Je n’entends plus que lui. All I am, is a man. Avant de m’en rendre compte, mes mains se sont glissées sous son haut, et mes lèvres se sont à nouveau emparées des siennes. J’ai besoin de lui. J’ai envie de lui. Céder une fois ne fait pas de cela une erreur. La première fois c’est une erreur, la seconde c’en est plus une, c’est un choix. Alors on décidera de ceux là plus tard, après, demain, ou même le surlendemain. Mon souffle cherche le sien, et ma langue valse avec la sienne. Mes doigts caressent sa peau moite, et je me sens reculer. Je m’en fiche. Je veux juste un torrent de fraîcheur que ses mains sur mon corps semblent laisser. Et puis, ça brûle à nouveau, alors je m’y accroche, comme s’il pouvait soulager ma peine, comme s’il pouvait soulager tout chez moi. No shirt, no blouse. Son haut rejoint le sol. Et mon visage se niche dans le creux de son cou, m’enivrant de son odeur, avant d’embrasser tendrement sa peau. Un peu de calme. Juste un peu. Un peu de retenue. Juste un peu après tant de fougue. Sometimes the silence guides our minds. Son bassin contre le mien, je sens sa virilité enflée contre ma cuisse. J’ai encore plus chaud. Encore et encore. J’étouffe. Je n’arrive plus à respirer. Juste à le toucher, à l’embrasser ; à le sentir. Dans un instant de lucidité, je relève la tête, posant mon front contre le sien, le regardant droit dans les yeux alors que mes mains parcourent son dos, jusque la chute de ses reins. J’acquiesce. A sa demande tue. J’acquiesce, j’approuve, j’en veux. One love, two mouths.

So bad. La vision qui m’était offerte me rendait fou. Je ne pouvais voir que lui, son corps sur le mien, son corps autour de moi. Je lui étais soumis, et j’aimais ça. Je ferme les yeux alors que je sens ses lèvres sur mon torse, un soupir d’aise m’échappe lorsque je sens sa langue parcourir ma peau. Mon corps, mon corps entier est parcouru de frissons qui me font oublier l’endroit dans lequel nous nous trouvons. Mes sens ne réagissent plus qu’à ses gestes. Uniquement à lui. Je soulève mon bassin automatiquement lorsqu’il défait mon bas. Je sens chaque poil sur ma peau se hérisser. Et mes mains viennent se mêler à ses cheveux, les agrippant, alors que je me mords la lèvre pour atténuer mes douces plaintes. Ça fait longtemps que je n’ai pas été intime avec quelqu’un, trop longtemps, j’ai l’impression d’être très sensible, voire même trop. Mais j’en veux plus, j’en veux bien plus. Hui Liang et moi sommes affamés, lui et moi sommes avides, lui et moi ne pouvons plus attendre. Et puis, il revient à mon niveau, il revient à moi. Ses lèvres ont laissé encore un chemin frais sur ma peau, et je fonds. Je suis fiévreux, je suis malade. Et pourtant, jamais je ne me suis sentie aussi à l’aise, à ma place, là où j’appartiens ; entre ses bras. Je réponds à son baiser avec passion, geignant contre ses lèvres, tenant toujours ses cheveux dans ma main, caressant son dos, plaquant mes cuisses aux siennes.

You keep me alive. J’ouvre alors les yeux, et la bouche, cherchant de l’air. Mes poumons semblent vides, et je sens ma virilité grandir davantage entre ses doigts. Son souffle contre mon cou, sa chaleur contre mon cou, lui contre mon cou ; je ne contrôle plus rien. Il semble stimuler tous les points qui me mènent à la folie. Mon bassin se soulève à temps régulier, s’ajustant à la cadence de ses caresses autour de mon membre. Je le serre contre moi, je m’agrippe à lui, je l’emprisonne. Je veux toujours plus de contact, j’en veux toujours plus de lui. Ce serait mentir que de dire que je n’ai pas rêvé de cette scène avant. Ce serait mentir que d’affirmer que je n’ai voulu de lui. Ce serait mentir que de raconter que c’est sur un coup de tête que nous en sommes là. Tout ce que je sais, c’est que je l’aime, et c’est tout ce dont j’ai besoin de savoir.

Sa voix. Sa voix résonne. Ses mots résonnent. Le temps s’est arrêté. Je n’entends que son « je t’aime ». Il se répète dans mon esprit. Sa voix se répète dans ma tête. Et soudainement, la lucidité s’envole, ou alors elle s’amplifie, je ne sais pas. Mes mains prennent son visage, et mes lèvres pêchent les siennes avec fougue. Entre baisers, je le regarde. « Je t’aime Hui Liang. » Je m’entends le redire entre les baisers, et ses vêtements rejoignent les miens au sol. Mon bassin bouge plus vite contre sa main. J’en veux plus, j’en veux toujours plus. I’m finding refuge in your eyes. La réponse était là, depuis toujours elle était là. Mon bonheur c’est lui et lui seul. C’est pour ça que j’étais triste à chaque fois que je quittais la Chine, heureux à chaque fois que je partais du Japon, euphorique lorsqu’il est venu à Suwon. C’était lui, toujours lui, c’est lui. It’s nothing I wouldn’t do right now to be sure I don’t lose you this time. Mes mains se ferment sur ses fesses désormais nues, et mon visage se niche contre son épaule où je m’empresse de laisser une marque de mon passage. « Fais moi tien… » Je ne peux plus attendre, je le veux, je le veux en moi.

I need you so bad.

I feel alive as the moment goes on. Tout ceci me rend simplement vivant. J’avais oublié ce que cela signifiait, j’avais réussi à oublier ce sentiment, cette essence même. Les mots. Il avait trouvé les mots justes. Si tout cela devait être une explication au départ, maintenant c’est une sorte de révélation. Hui Liang avait encore une fois trouvé les mots justes. Et cette fois, ils étaient devenus cruciaux. Une succession de gestes qui me rendaient fou. Trois mots, trois mots qui me faisaient respirer. J’ai perdu toute notion désormais. Il est mon souffle et marque le tempo de ma respiration. J’ai chaud, j’ai extrêmement chaud. J’en veux plus. Je veux l’excès, je désire tout, je veux tout, j’aurais tout. Je suis capricieux, je veux être rassasié, et ma faim de lui semble soudainement immense. Je l’ai dit. Je l’aime. Je l’ai dit. Je suis sien. Slowly sinking into my head. Beaucoup de choses vont changer. Mais je serai avec lui. Alors peu m’importe. Sa langue me tire de mes réflexions, mes yeux se ferment avec force et mon bassin bouge à nouveau. Il me mène à bout. Il me mène simplement et facilement à bout. Surprise. Je hoquetais une fois à cause de la surprise.  Je n’ai pas le temps d’en faire d’avantage, ses lèvres sont venues attaquer les miennes, et je ne puis qu’enrouler mes bras autour de son cou une nouvelle fois pour ne plus le laisser partir. I love you so much, even if it seems so rough. La douleur est bien là. Mais j’en fais abstraction. Je me concentre sur son baiser. Je me concentre sur sa respiration. Tous mes sens répondent aux siens, à ses actes, à son amour. Le plaisir envahit mon corps, mes lèvres manquent les siennes à plusieurs reprises, et reviennent aussitôt à la charge, lui volant son souffle et étouffant mes râles de plaisir de la sorte. Mes mains parcourent son corps un nombre incalculable de fois. Son dos musclé. Ses épaules. Ses bras. Sa nuque. Ses côtes. Ses fesses fermes. Le haut de ses cuisses. Et recommencent. Mes jambes se plaquent aux siennes. Mon corps encaisse la cadence avec faim. Je ne vois plus le temps passer. Je ne sais plus ce qu’il y a autour. Mais c’est intense. Ma peau colle à la sienne. Je refuse de le voir loin. Et puis. Et puis je sens une boule de plaisir se former dans mon bas ventre. Il me fait approcher de la jouissance. Ma respiration ne suit plus aucune partition. Je plonge mon visage dans le creux de son cou et je marque sa peau. Violemment. Je le mords. Je ferme mes mains en poings pour éviter de griffer sa peau. I’ve been working day and night… Du répit. Il s’arrête. Et mon corps se détend un court instant. Je m’aventure à ouvrir les yeux, et je tombe directement dans les siens. Ses joues rouges. Son souffle se heurtant au mien. Ses yeux emplis de luxure. Ses lèvres usées. Je suis amoureux. Bêtement amoureux. Il est magnifique. Et, j’ignore pour quelle raison, un sourire se dessine sur mes lèvres. Je caresse ses joues, avant d’embrasser aisément ses lèvres à plusieurs reprises. Je l’aime. Dieu seigneur, je l’aime. Il m’aime. J’appuie sur la chute de ses reins, souriant narquois. La boule dans mon ventre a beaucoup enflé, on dirait qu'elle va exploser bientôt. Je n’y vois plus. J’ai fermé les yeux alors que je m’entends gémir de plaisir. J’ai l’impression que tout le monde pourrait nous entendre. Et je m’en fous. J'en casse ma voix, elle devient rauque et incosciente, Liang me remplit et j'en ai le vertige, la tête qui tourne, j'en suis déboussolé. La boule explose alors, en un inexplicable feu d'artifice. Point de non retour. J’ouvre les yeux alors que l’orgasme me traverse entier. Mes ongles se plantent dans son dos, et ma bouche ouverte ne laisse plus passer aucun son. Mes membres se détendent soudainement, et je retombe sur le matelas, un bras autour de ses épaules pour le garder contre moi. Il est à moi. Reprendre mon souffle devient compliqué, et il me faut de nouvelles longues minutes pour y parvenir. « oui.. je t’aime… » dis-je d’une voix rauque avant de rire tout bas contre sa joue. …to keep your heart satisfied.