Encore une journée banale pour YeongHee. Le mercredi était le jour pendant lequel elle s'ennuyait le plus. Elle ne l'aimait pas, et il ne l'aimait pas aussi. Trop monotone. Trop normal. Voilà les mots justes. Elle jeta un coup d'oeil sur son bureau dans lequel ses affaires étaient éparpillées un peu partout. Des crayons et un carnet de dessins principalement. Il y avait même un t-shirt dessus. Bordélique, la jeune fille, non? Tout à coup, elle se leva, comme frappée par un éclair. Elle se rua vers sa penderie, qui, pour ne pas changer, était sans dessus dessous. T-shirts, pantalons, soutien-gorge, vêtements d'été, vêtements d'hiver étaient tous mélangés, comme si une tornade était passée.
"Alors...marmonna YeongHee en prenant de ses deux mains un gros tas de vêtements.Un peu de renouveau ne fait de mal à personne, non?"
Sauf que son renouveau se faisait quasiment chaque semaine. Ca, c'est lorsqu'on est styliste et que le fric coule à flot. Elle leva ses bras à l'air puis tournoya sur elle-même en criant comme une hystérique.On doit avouer qu'elle est légèèèèrement timbrée. Bon d'accord. Elle est totalement folle, cette meuf. L'hystérique prit...Quoi? On va l'appeler l'hystérique d'accord? D'accord. Bon. L'hystérique prit à la volée son sac à main clouté fétiche et y mit tout ce qui allait servir à quelque chose. Ses écouteurs, son smartphone, ses lunettes de soleil, sa carte de crédit et une trousse de maquillage. Elle s'habilla, chaussa ses Adidas puis appela son chauffeur.
**
La rue était, comme elle s'y attendait, pleine de gens de la haute société. Ils étalaient, comme elle s'y attendait, tout le luxe des gens aisés. Il y avait même des petits groupes de lycéens, principalement féminins. Elle était sûrement la seule qui était habillée sobrement, et ça lui plaisait. Elle voulait bien venir en sweat et en baggy, mais elle ne voulait pas passer pour un sac poubelles devant tous ces gens qui allaient sûrement la juger. Sa gorge se noua à cette pensée. Elle secoua sa tête avant de la relever et de regarder à droite et à gauche. Sa bouche forma un "o" de surprise à la vue de cette personne. Tout en souriant, elle courut en essayant de faire le moins de bruit possible.
"HAMTAROOOOOOOO! Cria-t-elle en prenant tout le soin du monde à lui percer les oreilles. Taro. reprit-elle plus doucement."
Elle le serra amicalement par les épaules avant de dire:
"Alors, on sort sans sa styliste perso maintenant?"

Yeong Hee remarqua tout de suite le soupir blasé de son ami. Je l'avais dit que cette fille fatiguait les gens, non?Bon, voilà. Elle vient de se faire fusiller par des dizaines -voire vingtaine- de regards. Surtout les filles qui étaient jalouses d'elle et qui crevaient d'envie d'être à sa place. On est pas tout le temps serrée par un beau gosse, hein. Si leurs regards étaient des mitraillettes, elle aurait été tuée il y a longtemps.Aha.Mais, tête brûlée et fière comme elle l'est, elle leva son magnifique doigt du milieu vernis de noir.TÊTE BRÛLÉE AWARDS 2014 LES GENS.APPLAUDISSEZ KWON YEONG HEE DE SON AUDACE A DEUX BALLES S'IL VOUS PLAIT. RENDEZ LUI HOMMAGE LORSQU'ELLE MOURRA S'IL VOUS PLAIT.Un jour, elle se fera haïr de tous, avec sa franchise et sa connerie sans pareils, c'est sûr.
"Maaan, tu m'déranges jamais, tu dois le savoir" sourit elle en ignorant les cris d'indignation du reste de la 'populace'.
Elle jeta un regard rapide vers un magasin de vêtements masculins avant de lâcher un petit oh, j'avais rien à foutre, et j'suis venue...et toi?

-j'écrirais à la première personne cette fois, pour voir ce que ça donne x) -
LE MONDE NOUS APPARTIENT LES GENS. Mettez vous ça dans le crâne: on est intouchables ok? ok. On avançait comme des champions, montrant aux passants à quel point on est les meilleurs. On regardait les autres d'un regard méprisant. De toute façon, ils nous arriveraient jamais à la cheville. Même s'ils essayaient.Je ris de sa réponse. Le mec, il me ressemble, quoi. On a plein de truc à boucler, mais, comme on est des flemmards, bah, on fout rien. Haha.  Je l'adore, tout simplement.
"Je vois le genre. T'inquiète, moi aussi, je suis venue pour une petite réinitialisation. Moi et mes mots de geeks, une longue histoire d'amour. Cherche pas."Une belle jeune fille passa à côté de nous. Il n'hésita pas à lui envoyer un clin d’œil et un sourire.
"Mais bien sûr, Don Juan. Mais d'abord...Je lui pinçai les hanches pour qu'il me lâche. ATTRAPE MOI D'ABORD!"
Et je me mis à courir comme si ma vie en dépendait, tout en riant de toutes mes forces.

Je courais comme une malade, comme si ma vie en dépendait. Mais avec mon rire de conne et mes "DEGAGEZ LE PASSAGE BANDE DE DEMI-COUILLES QUI SERVENT A RIEN", on savait que c'était pour déconner. Et sans oublier les insultes que je recevais et auxquelles je répondais par des insultes tout aussi variées les unes que les autres.Je me tournais souvent pour voir s'il me rattrapait. Mais non. Voilà qu'est ce qu'on récolte lorsqu'on bouge pas ses fe-fesses! Regardez qui parle? La flemmarde #1 au monde! Bon ok, j'me la ferme. Je commençais à perdre mon souffle tandis que lui, il se rapprochait de plus en plus. Il finit par me rattraper. "Meuuuh, fis-je en croisant les bras et en arborant une mine boudeuse, je t'ai laissé me rattraper, tu me faisais trop pitié, spèce de toi". Après avoir repris notre souffle,je pris son bras que je plaçai autour de mes épaules, puis lui dit en souriant: "Tu veux faire quoi, maintenant? C'est la maison qui offre, parce que t'as gagné." Je lui tirai la langue.

Moi je vous le dis, ce mec, c'est le narcissique number one de l'histoire. Mais je l'adore pour ça, voyons! Il me reprit dans ses bras. On reprit notre démarche de kings. Je voyais les regards frustrés des passants, ce qui me fit encore plus marrer. Je regardais défiler les restaurants et les cafés, sans m'arrêter. Je voulais choisir le meilleur. Celui qui irait à merveille avec deux personnes de notre genre. Finalement, je trouvais l'endroit parfait: un café avec terrasse qui donnait une vue sur toute la rue. Je souris avant d'entremêler mes doigts avec ceux de Taro et de me mettre à courir. J'ai failli tomber et l'entraîner dans ma chute. Je dis bien failli. Parce que sinon, on se serait tapés la honte et ça, ce mot, on ne le connaît pas. Pas dans notre vocabulaire. Nous nous installâmes confortablement sur deux fauteuils. La serveuse vint nous demander ce que nous voulions. "Un grand chocolat chaud avec trois fourrés aux amandes, et une crème glacée royale, s'il vous plait." commandais-je, les yeux brillants, comme ceux des mioches le jour de l'ouverture des cadeaux de Noel. Je remarquai rapidement le regard amusé que me jetait mon compagnon. Lorsqu'elle partit, la première chose que je fis, c'était de le regarder dans les yeux."Alors, toi et ta fiancée?"fis-je en regardant le verre d'eau qu'elle avait posé.

Ah. Sa réponse m'était arrivée à la puissance d'une flèche que l'on lance. Je baissais directement les yeux, en guise d'excuse. Je n'aimais pas changer l'humeur des gens, surtout lorsque je parle de sujets assez sensible. C'est un de mes grands défauts: Lorsque j'essaie de trouver un sujet de discussion, je finis toujours par plomber l'ambiance. Je soupirais légèrement avant de passer une main dans mes cheveux. Il faut vraiment que je pense à recolorer mes mèches, moi. "Taro..Tu sais, tu comptes vraiment pour moi, réussis-je à dire. Si tu te sens mal, tu m'appelles" Souris-je. C'est vrai. Moi, j'essaie d'être la plus franche possible. Parce que oui, quand quelqu'un compte pour moi, je le lui dis directement. Sans essayer de me cacher ou quoi que ce soit. La serveuse était de retour, tenant nos commandes. Et voilà que j'étais redevenue la petite fille que j'étais. "OH MON DIEU PAR QUOI JE VAIS COMMENCER. OH MON DIEU CE FOURRE DFBGBJKKJGGB. OH PUTAIN TARO LA MOUSSE SUR TON CAFE. OH PUTAIN OH PUTAIN OH PUTAIIIIN.". Génial. Maintenant, tout le monde me regarde en mode "wtf la meuf elle ressort direct d'une asile ou quoi?" . BAH PASKE YOLO LES GENS. J'PROFITE D'MA LIFEUH MOUAAAA. Juste pour rire, je pris mon petit pain et le mis, sans discuter, directement droit dans la bouche de mon poto-faux-husband-tout ce que vous voulez. "ALLEZ MANGEUH MON P'TIT BEBE"

Je pense que je devrais mieux contrôler mes sentiments, si je voulais que les gens ne se sentent plus aussi gênés que ça. Et surtout, je devrais mieux tourner la langue sept fois avant de parler, parce que j'ai touché une corde sensible. Câlin? Lui demandais-je, tout doucement, en mode gamine, en faisant un aegyo, avant de le prendre dans mes bras comme s'il allait partir. Et c'est là que....OH PUTAIN HAM TAO JUN TU CHERCHES MA MORT PUTAIIIIN. J'étais là, étendue par terre, en mode Patrick l'étoile de Mer dans Bob L'éponge, J'arrivais plus à respirer, tellement je riais comme pas possible. Je chialais, même. Putain.ORGAAAAASME.Oh putain, oh putain, oh putain. Je me demande combien de jurons j'ai sorti, aujourd'huiaaaaaaaaaah.J'essaie de m'accrocher à quelque chose, et la seule chose que je trouve, c'est Taro.Bordel, je retombe. Enfin, je l'entraîne avec moi, en fait. Et me revoilà, le sol. Je t'ai manquée, non? T'as vu, tu m'aimes tellement. Je suis une bonasse t'as vu? Et je suis une trop douée de la life, tout ce que je fais est parfait. Je suis perfection, je suis Aphrodite. Bordel, je suis devenue comme toi, Taro. Schizophréiniiiie. Moi aussi,je t'aime tellement, Taro.
Et je repartis dans un autre fou-rire incontrôlable.