Aidan ignorait complètement la réelle raison pour laquelle il se trouvait ici, posté devant la grande bâtisse. Il se rappelait que cela venait d’un stupide défi mais quelle était la source de celui-ci ? Là était bien la question. En fait, il savait que c’était à cause de lui « Fais pas genre, j’suis sûr que t’as les pétoches d’y aller. » Il savait aussi que prononcer ces mots n’auraient pas laissé la Jeo indifférente. Quelques jours auparavant, pour ne pas changer, la gaminerie avait pris le dessus. En effet, ces deux-là se chamaillaient encore pour aucune raison valable. Ils s’amusaient juste entre eux, se taquinant et trouvant des idées puériles à faire faire l’un à l’autre. Avec un orgueil comme le leur, il ne faut pas s’étonner du contraire; aucun des deux ne pouvait s’avouer vaincu. Leur relation se résumait à de simples gamineries sans qu’ils ne puissent rien y faire. Toujours à se charrier, c’en était devenu une sorte d’habitude. Tout était normal, à vrai dire. Et lui, il était là, à l’attendre, s’amusant à se dire qu’elle s’était peut-être dégonflée. Elle n’a peut-être pas tant de courage qu’elle disait en avoir. A cette idée, Aidan se mit à doucement rire. Les mains dans les poches, il passait le temps à donner des coups de pied dans les cailloux qui traînaient. Normalement, c’est lui qui est en retard mais, étrangement, ce jour-là, il était même en avance.

Pourtant très peu matinal, ce matin-là, l’Australien s’était levé du bon pied, assez tôt pour pouvoir tranquillement se préparer, il avait été d’une efficacité comme on aurait jamais pu espérer de lui. Mais n’allons pas chercher midi à quatorze heures, ce gamin était juste inconsciemment heureux de rejoindre Ji Na dans la journée. Qui aime bien châtie bien, n’est-ce pas ? En réalité, tout était limpide comme de l’eau de source, sauf pour lui, apparemment. Il était même arrivé dix minutes avant l’heure du rendez-vous. Enfin… rendez-vous, tout est relatif. Une maison délabrée, on s’avoue que ce n’est pas l’idée du siècle mais soit, pourquoi pas. Cette situation amusait Aidan et ce n’était pas sans lui déplaire que rien n’était réellement pris au sérieux entre eux.

Un regard sur son téléphone. Dix minutes de retard. Aucun message. Aucun appel. Il haussa alors les épaules, se disant que si ça continuait, il partirait. Certainement déçu qu’elle n’ait pas tenu sa parole. C’est alors qu’en un geste, remettant ses cheveux en place de sa main en levant le regard sur l’entrée de la propriété abandonnée, qu’il vit la jeune femme arrivée. Un sourire se fendit soudainement sur ses lèvres, plissant doucement ses yeux. « Eh bien, dites-moi, les femmes savent se faire attendre. » Il n’y avait pas vraiment besoin de salutations, ils passaient au-delà de ça. « J’ai limite cru que tu t’étais dégonflée. » Son sourire était maintenant narquois afin d'appuyer sur ses dires. Il pinça tendrement la joue de la brune lorsqu'elle arriva à son niveau et, derrière ses grands airs, il était tout de même soulagé qu’elle se soit enfin montrée. Non pas qu’il se soit inquiété mais… presque.

Ce matin là, elle s’était levée avec un poids sur l’estomac. Elle ignorait parfaitement pourquoi. Elle savait juste deux choses. Elle allait à la maison hantée, vers chez les tsébés. Et elle allait voir Aidan. Et bizarrement, autant la première idée pouvait la foutre en rogne parce qu’elle avait accepté ce défi sans broncher, en soutenant qu’elle pouvait le faire alors qu’au fond d’elle, elle le sentait pas… La seconde idée par contre, faisait naître un sourire sur son visage. Sans qu’elle sache pourquoi, l’idée de le voir la rendait toujours bonne humeur. Et après avoir trainé 10 ans devant son armoire, vidé tout le contenu par terre, essayé une vingtaine de tenues, elle avait déclaré forfait et avait juste sorti un pantalon et un débardeur. Ouais, bizarrement, ce jour là, elle avait eu encore plus de difficultés que d’habitude à trouver une tenue qui lui plaisait. Puis alors qu’elle allait engloutir son petit dejeuner, elle s’était aperçue qu’elle allait être en retard… Et du coup, elle avait embarqué le petit dejeuner en voiture et était partie vers le lieu du rendez vous.
En chemin elle réfléchissait a leur relation, qui n’était basée que sur leur gamineries respectives, et c’était tellement bien de ne pas se prendre la tête sur des choses plus compliquées. Et en pensant a leur journée, elle manqua de peu de rater le feu rouge. 5 minutes de retard… C’était encore gérable. Elle n’était pas loin, et ne se décidant pas a envoyer de message, elle appuya tout bonnement sur l’accélerateur. Et la voilà qui se gare dans la rue au bout de laquelle se trouvait la propriété abandonnée. Quelle idée pour un pari hein ? Elle secoua la tête.  Et la voilà qui s’engouffre dans la propriété. Et avec une mine surprise, elle vit qu’il était déjà arrivé, et qu’il était (encore) en train de remettre ses cheveux en place. Et avec un sourire, il lacha juste que les femmes savaient se faire attendre. Elle lui adressa un grand sourire à cette réflexion, avant de dire avec un air taquin
« Que veux-tu… Les meilleures choses savent se faire attendre hein ? »
Avant qu’il n’ajoute qu’il avait limite cru qu’elle s’était dégonflée. Hein ? Elle fixait son petit air narquois avec une expression faussement blessée, avant de lui dire d’un ton thêatral et bien exagéré.
« Tu me connais mal mon cher…C’est làààààà toute ta confiance en moiiiiiii ? »
Et sans attendre de réponse, elle explosa de rire, avant de dire plus sérieusement
« Alors… C’est ça qu’on appelle la maison hantée ? Hum… Tu parles ouais. Ca a surtout l’air d’être une vieille bicoque. »
Mouais, elle essayait de paraître confiante, mais a l’intérieur elle était pas spécialement confiante. La maison lui inspirait pas confiance et puis… Elle et les histoires de fantôme, ca lui plaisait moyennement. Mais il l’avait mise au défi, et elle, elle avait suivi. Comme une idiote, elle avait envie de se foutre des gifles sur le moment, mais si elle le faisait devant lui, il allait se foutre d’elle un loooooong moment. Elle le savait. Et quelque part, si elle ne le relevait pas ce défi, elle s’en voudrait aussi.  Et sans s’en rendre compte, elle fixait l’espèce de batiment, en se triturant les mains, en fixant les fenêtres de l’étage. Avant d’essayer de se refaire une mine confiante, et de se retourner vers lui et de demander d’un ton qu’elle espérait léger
« Et il faut faire quoi ? Juste rentrer dedans ? »
Elle espérait qu’il n’allait pas lui dire d’aller a l’étage. Très sérieusement.

La demoiselle se trouvait enfin devant lui et il ne s’était même pas rendu compte qu’il la fixait depuis qu’elle avait passé la barrière de la propriété. Sa réponse le fit sourire. Elle n’avait pas tout à fait tort, si on y réfléchissait bien. « Je vois que tu n’as pas oublié de prendre ta modestie. » Un sourire en coin, les sourcils quelque peu levés et il tourna son attention sur cette dite maison hantée. Il riait de nouveau aux dires de la jeune femme. En réalité, il lui fallait peu pour l’amuser à c’t’enfant. Lui, les fantômes ou les esprits, il n’en avait que faire. Il se torchait avec ces histoires sans queue ni tête sans essayer d’en comprendre le sens. Ce sont des histoires à foutre la trouille aux enfants, histoire qu’ils dorment mal en passant qu’un monstre à trois yeux et aux mains poilues dotées de griffes viendraient les manger s’ils n’étaient pas protégés de leur couverture ou de leurs doudous. Les mains enfouies dans les poches de son jeans, il se tourna une nouvelle fois vers Ji Na, venant doucement lui ébouriffer les cheveux en lâchant un «Il semblerait, en effet. » avec un air déridé. Il était intimement persuadé qu’elle faisait semblant; il ne la trouvait pas si crédible que ça mais cela l’amusait, il la trouvait adorable.

Le jeu les poussait à toujours voir au-dessus de leurs réelles capacités et à s’estimer toujours plus afin de prouver… de prouver quoi, d’ailleurs ? Il n’en savait rien lui-même mais là n’était pas la question. Aidan avait pour idée de jouer de son indifférence face à ce défi pour voir si la jeune femme avait autant d’assurance qu’elle proclamait en avoir. Il passait son bras autour des épaules de Ji Na, s’appuyant légèrement sur ces dernières avant d’approcher son visage du sien. Il regardait la vieille bâtisse et en prononçant son dernier mot, il forma un arc de cercle avec ses mains afin d’illustrer ce qu’il disait « On va faire une visite intégrale. » Une part de mystère se faisait entendre dans le timbre de sa voix comme si c’était quelque chose de totalement dingue et périlleux. Il retira ensuite son bras aussi vite que mit et fit le premier pas vers l’entrée de cette maison. Il jeta un œil derrière lui avant d’ajouter « Il paraît qu’une drôle d’histoire habite cette demeure. Ça te dit ? » D’un ton joueur, il entra à l’intérieur, espérant que Ji Na le suive.

Tout était sombre, les volets fermés empêchaient la lumière de pénétrer à l’intérieur. L’humidité et le renfermé se faisaient ressentir mais Aidan trouva cet endroit plus que fascinant. Délabrée et sale, tout était en piteux états. Le jeune homme en était presque tout excité et, s’arrêtant au milieu de la pièce principale, il attendit son amie. Il sentait qu’il allait se délecter de chaque moment si cette dernière prenait peur. Il ne se gênerait pas pour se foutre d’elle, par ailleurs. Il avait bien envie que tout cela devienne très intéressant et que chacune de ses idées se mettent doucement en place.

Elle pouffa de rire en l'entendant lui dire qu'elle n'avait pas oublié sa modestie. Il n'aurait plus manqué que cela n'est ce pas ? C'était une Jeo après tout.... Enfin bref, elle avait tenté de cacher son angoisse par des blagues et des entourloupes. Elle n'avait pas du tout envie de rentrer la dedans. C'était tout vu, mais elle avait encore une fois pris ce foutu défi, et bon... Elle n'avait pas DU TOUT envie de passer pour une poule mouillée. Et lorsqu'il lui avait répondu qu'ils allaient faire une visite intégrale, elle avait senti son dos frissonner. Elle n'avait pas pu s'en empêcher., elle n'aimait pas du tout ça. Elle risqua un regard vers lui, et se lamenta intérieurement, il semblait si.... sur de lui. Elle tentait de se rassurer en se disant, il serait avec elle au pire des cas, mais pourquoi elle avait accepté ce défi hein ? Et en retirant le bras qu'il avait posé, il se dirigea vers la maison, avant de se retourner et de lui dire qu'une drôle d'histoire habitait cette demeure. Elle ne répondit même pas.  Risquant un regard autour elle, elle soupira, en lui emboîtant le pas pendant qu'il se dirigeait dans la maison.
La maison était sombre, et seuls quelques rais de lumiéres passaient a travers les volets fermés. Ca ne sentait pas non plus la rose. Et  elle regardait autour d'elle, se demandant ce qu'elle faisait là encore comme bêtise. Elle fixait les murs, ou tout était abîmé, délabré. Elle voyait du papier arraché par endroit, et des traces sur les murs. Elle n'avait aucune envie de le savoir, d’où ca venait d'ailleurs. Il l'attendait au milieu de la piéce principale. Elle fixait la piéce, sans un mot. Ca ne lui disait rien qui vaille. Elle soupira, avant de dire
« T'es sur ? Y'a pas l'air d'avoir grand chose par ici ... »
En vrtai, elle essayait surtout de sortir de son bourbier sans perdre la face, ou quoi que ce soit d'autre... Et ca avait l'air plus que mal barré. Mais passons, elle essayait, alors que toutes les cellules de son corps lui criaient de sortir d'ici au plus vite. Enfin elle essayait desespérement de rester près de la sortie de la piéce quand un bruit se fit entendre a l'étage . Elle leva un regard a moitié effrayée. Avant de demander d'une voix qu'elle essayait de garder la plus calme et régulière possible
« Hum... C'était quoi ce bruit ? »
Et la voilà qui avec un air encore moins rassuré qu'auparavant, fixe Aidan comme s'il était responsable du bruit. Elle préférait se dire qu'il l'avait fait que penser que quelque chose l'avait fait. Quelque chose qu'elle ignorait. Ouais, elle sentait son dos frissonner, mais elle essayait de garder un minimum contenance. Enfin essayait, parce que pour le coup, elle n'en menait pas large du tout.

Le regard perdu sur les débris de cette maison, si on pouvait appeler ça comme ça, Aidan sentait comme une admiration envers ce lieu. Il n’aurait su expliquer d’où venait ce sentiment mais c’était excitant, comme s’il y avait quelque chose au bout de cette visite, un truc génial, grandiose, un truc qui allait sortir de l’ordinaire et qui allait lui foutre la trouille. Il aimait ce genre de sentiment et se faire peur tout seul. Ouais, c’est un peu con mais bon, faut pas lui en vouloir, la déficience mentale, c’est pas assez rare chez les Tsebes. En tout cas, il espérait que quelque chose se passe lors de leur visite même s’il n’y croyait pas trop. Encore une fois, lui et les histoires surnaturelles… Aidan n’y apportait pas de réelles convictions. En réalité, il voulait voir réagir son amie, qu’elle ait la trouille, qu’elle se chie dans le froc, que ce soit drôle pour qu’il puisse bien se foutre d’elle. Il trouvait ça marrant, lui. Ji Na entra alors à sa suite, sa remarque le fit rire, ce léger rire moqueur qu’on aime souvent pas. « Tu cherches une excuse parce que t’as les chocottes ? » Et il riait de nouveau. Il était content. Il était aussi surtout idiot, mais ça, c’était tout autre chose. Il s’avança alors, voyant que la brune n’avançait pas d’un pas, restant bien près de la "porte". Porte qui n’était plus, d’ailleurs. N’avait-elle pas confiance ?

Un bruit se fit entendre et la réaction de Ji Na eut valu un magistral haussement de sourcils de la part d’Aidan. C’était drôle à voir. Elle avait l’air d’assumer ses défis la demoiselle mais elle devenait complètement parano. Aidan n’avait malheureusement pas entendu ce fameux bruit et voilà qu’il ne rata l’occasion de se foutre d’elle. « De quel bruit tu parles ? Ca y est, à peine rentrée et tu psychotes déjà pour rien. » Elle n’était peut-être pas si rassurée que ça, finalement. Le jeune homme passa devant elle et posa ses lèvres sur sa joue rebondie. Il voulait faire passer ce geste pour de la dérision mais, au fond, c’était pas tant de la taquinerie. Il avait juste eu envie. Même dans un tel endroit, il oubliait pas ses pulsions soudaines d’affection et ce serait dommage, c’était si rare, n’est-ce pas ? Il lui prit ensuite la main, la tirant avec lui dans une autre pièce de la maison, déterminé et sûr de lui. « Allez, viens ! » Ici, tout était encore plus sombre, les volets enfermaient l’odeur d’humidité dans la pièce et la lumière avait davantage de mal à les traverser. En plus de ça, le trou pour la porte n’était plus alors, évidemment, ça réduisait la luminosité. Plus ils s’engouffraient au fond de cette bâtisse complètement détériorée et ruinée et plus il y avait une odeur forte. « Ils ont caché un cadavre ici ou quoi ? C’est immonde. » Aidan tenait toujours la main de la jeune femme, il pouvait alors sentir ses doigts bouger entre les siens quand elle n’était pas tant rassurée.

Suite à ça, il changea de pièce, un semblant de cuisine. Une gazinière abandonnée, moisie, cachant sûrement plein de bestioles derrière, et un frigo enfin… un truc qui ressemblait à un frigo. Cette pièce était beaucoup plus lumineuse, il y avait une sorte de fenêtre au plafond. D’ailleurs, c’était étrange de voir une fenêtre sur un plafond mais soit. Bien que lumineuse, la pièce n’inspirant pas confiance, l’odeur se dissipait mais les murs étaient froids. Un bleu glacial renforcé par le carrelage assorti. Tout pour mettre à l’aise quoi. Aidan se retourna alors face à Ji Na, ne lâchant pas pour autant sa petite main. « Alors, on s’installe quand ? » Il souriait de toutes ses dents, content et presque fière de sa blague pas drôle.

Elle l'avait fixé comme s'il était responsable, avant de voir qu'il semblait éprouver une sort... d'admiration ? C'était... déroutant. Puis elle le fixa droit dans les yeux, avant de détourner vivement le regard, mal à l'aise. Pourquoi elle l'avait suivi hein ? Pfff, il allait avoir sa peau, et le pire dans tout ça c'est qu'elle y était allée de son plein gré. ,Elle ne répliqua même pas quand il lui demandait si elle cherchait une excuse. Elle se contenta de hausser les épaules , puis ce fut le drame. Et après lui avoir dit qu'elle psychotait, elle ne cacha même pas son expression a peine amusée. Venant de sa bouche à lui c'était presque drôle. Avant que la panique ne reprenne le dessus, elle regarda le mur derrière lui d'un air peu rassuré. La fissure qui le séparait ne lui disait rien qui valait. Et alors qu'elle fixait le mur en se demandant si ca allait leur tomber sur la tête, il posa ses lèvres sur sa joue. Elle vira au rouge en l'espace de trois secondes. Avant de baisser la tête. Le truc c'est qu'elle se disait qu'avec de la chance, il était si occupé a essayé de l'entraîner dans cette maison qu'il ne verrait pas ce qui s'était passé. Et pendant qu'elle pensait cela, elle sentit sa main partir, l'entraînant a sa suite. Il avait prit sa main et l’avait emmenée dans une autre pièce a coup de 'allez viens'. Une fois au milieu de la piéce, elle risqua un regard, circulaire et regretta aussi vite. Elle essaya de refréner les tremblements de sa main, vu qu'il pouvait probablement les sentir. Elle grimaça quand il parlait de cadavre. Mais elle préféra ne rien dire encore. Elle ne le sentait pas du tout. Mais alors pas du tout. Et il l'entraîna dans une cuisine. Lumineuse, enfin autant qu'une vieille bicoque aux carreaux crasseux pouvait l'être. La couleur bleue était omniprésente dans cette pièce, et elle avait beau aimer le bleu, là elle avait plus l'impression d'être dans un film d'horreur, et s'attendait presque a voir un boucher sortir pour tuer sa victime. Elle faisait déjà son film dans sa tête, quand elle leva les yeux et se percuta a ceux de Aidan. Et elle vira de nouveau de couleur, avant de l'entendre lui demander quand ils voulaient s'installer. Elle lâcha sa main, et se mit a faire le tour de la piéce, avant de répondre d'un ton qu'elle voulait aussi léger et amusé.
« 'Euh... Je t'aurais bien dis de suite mon cher, mais... Ce bleu est tellement parfait que j'aurais trop peur de l'aimer plus que tout »
Et soudain le bruit recommença a l'étage, sauf que là, c'était plus fort, et plus long sur la durée. Et elle fit la seule chose qui lui semblait censée a ce moment précis. Se jeter sur le bras de Aidan, et s'y agripper comme si il allait empêcher ce qui faisait ce bruit de savoir qu'elle était là. Et lorsque le bruit cessa, elle baissa la tête à la manière des gamins peu fiers d'eux, non sans lâcher le bras d'Aidan. Ne savait-on jamais ce qui pouvait dévaler l'étage et se planter devant eux. Puis après quelques secondes, elle le lâcha, avant de marmonner un vague « humpf ...pas de ma faute, c'te maison,... ». Et avec la chance qu'elle avait, ca serait juste un chat qui ferait tout ce raffut....

Il avait bien remarqué ce changement de couleur qu’elle voulut pourtant cacher sur ses joues arrondies. Aidan souriait encore et toujours. Il l’avait vu mais n’avait pas prêté attention. Peut-être s’en rendra-t-il compte plus tard ou peut-être pas. Aidan était quelqu’un d’observateur et de bons conseils mais lorsqu’il s’agissait de lui, rien n’était évident. Aveuglé malgré lui, il ne se rendait pas toujours compte de ce qui l’entourait et pourtant, ce n’était pas faute d’essayer. En somme, même si la jeune femme avait les joues rosies à ce baiser, il n’aurait même pas cherché plus loin sur la signification et sa naïveté lui jouerait certainement des tours un jour ou l’autre. Si ça n’avait pas été lui, il aurait de suite capté mais sa frivolité sur le sujet était blâmable pour lui seul. Avec Aidan, c’est au pied du mur qu’il voit mieux le mur. Il ne joue pas dans la dentelle, les choses doivent être dites clairement et c’était bien dommageable pour le coup.

La pièce survolée et la froideur des murs ne le mettait pas si à l’aise. Il regardait Ji Na et, de nouveau, il vit ses joues rougir mais il en rit doucement, juste pour la pousser à bout un peu plus. Il se disait qu’elle n’était peut-être pas assurée qu’elle disait l’être et toute cette situation l’amusait. Elle lâcha alors sa main et fit le tour de la pièce. Aidan ne la lâcha pas du regard, ses yeux suivaient chacun de ses mouvements et il n’avait pas honte de penser que son amie était à son goût. En effet, Ji Na était une belle jeune femme, plutôt gâtée par la nature, il fallait le dire. Et ses mots pouvaient bien paraître légers et taquins mais sans même qu’il s’en rende compte, rien n’était dit au hasard. « Mh, tu as peut-être raison, je ne voudrais pas que tu l’aimes plus que moi. » Aidan appréciait Ji Na et il avait beau dire qu’elle était une bonne amie malgré la couleur de sa fraternité, il n’était pas sans l’affectionner particulièrement.

Cette fois, le bruit, il l’avait entendu mais il n’eut même pas le temps d’avoir des doutes qu’il voulait déjà rire de la réaction de la brune. Accrochée à son bras, son visage était apeuré comme si elle venait de croiser un fantôme alors que bon, ce n’était qu’un simple bruit. Dans une vieille maison pareille, ce n’était pas rare d’en entendre sans raison apparente et pourtant, cela avait l’air de la faire flipper. C’était plus efficace que d’aller voir un film d’horreur au cinéma, finalement. Aidan riait alors ouvertement, tournant le regard sur elle. « T’es sérieuse, t’as peur de… ça ? » Il continuait de rire puis haussa les sourcils en voyant l’expression que prenait son amie. Il retira son bras de son emprise et se tourna face à elle. « Je croyais que ce n’était qu’une vieille bicoque ? Mais bon, puisque tu as peur, je vais devoir aller voir ce que c’est là-haut ! » A la fin de ses mots, il bomba le torse pour paraître davantage musclé, tel un super héros sauvant sa dulcinée et partit en direction de l’escalier. Ses âneries étaient pour la faire rire, la rassurer parce que, oui, il aimait l’emmerder, oui, il aimait la voir à son désavantage mais ça ne voulait pas dire qu’il ne voulait pas la protéger.