Valar Morghulis

Voilà maintenant plus d'une heure que je suis installée dans les bras de Liang à regarder cette fichue série américaine qui me rend dingue. « Game of Thrones » comme dit le Chinois avec son merveilleux accent anglais. Cette série est géniale et la regarder en mangeant des pop corn accompagnée d'un bon ami, il n'y a rien de mieux. A l'écran, voilà qu'un blond ayant des faux airs de Dicaprio et un brun s’apprêtent à faire des choses pas très catholique dans un lit. « Tsss...Pourquoi Loras couche avec Renly franchement...il est si moche ! Au fait Liang...t'as jamais répondu à mon message sur ce mec que t'as embrassé là...T'es quoi au juste ? Bisexuel ? » demandais-je en avalant une énième poignée de pop-corn. Bah quoi ? Moi maintenant quand je voyais des gays ça me faisait penser à Liang. Et c'est peut-être pour ça que je me suis autant rapproché de lui sans craindre qu'il puisse se passer quelque chose. Allez savoir.

Mais soit. Je me détache du pétalous pour m'installer à quelques centimètres de lui sur le canapé. Je l'observe du coin de l'oeil attendant qu'il réponde à ma question en attrapant une des bières posées par terre. Adieu les régimes. Aujourd'hui c'est soirée détente. Je bois une gorgée puis tend la bouteille à mon ami. «Au fait...Makoto t'aurais pas parlé de moi par hasard ? » dis-je, un sourire sournois sur les lèvres. Je sais qu'ils sont amis. Et vu ce qu'il s'est passé avec le doctorant il y a plusieurs jours de ça...peut-être qu'il aurait pu avoir des nouvelles à me donner. « Il t'a parlé de moi hein ?? » m'exclamais-je, attendant une réponse rapide de sa part. Mais monsieur était toujours obnubilé par la télé. Je veux savoir. Je veux savoir ce qu'il a dit. S'ils sont vraiment potes ils ont du en parler. Les filles font pareil non ? Elles sont au courant de tout. Je me suis même retenu de pas envoyer un message groupé à tous mes contacts avec le message « IL M'A EMBRASSE » écrit dessus. Mais je l'ai pas fait. J'ai juste envoyé un message à Son Ah pour lui dire que ouais, j'étais littéralement amoureuse du nippon. Quoi qu'il en soit, Liang avait intérêt à me répondre.

Valar Morghulis

Comme convenu, Hee Mi était venue pour passer la soirée à le convertir à Game of Thrones.  Il avait passé toute sa journée sur un devoir important qu’il devait rendre dans quelques jours et se détendre allait lui faire le plus grand bien. A vrai dire, cela le relaxait vraiment de regarder ce truc. Il trouvait ça plutôt pas mal et en oublia presque la présence de la coréenne. Enfin il aurait pu si elle n’était pas aussi bavarde. Il fit claquer sa langue sur son palais lorsqu’elle évoqua le fameux message qu’elle lui avait envoyé et auquel il n’avait jamais répondu dans l’espoir qu’elle finisse par tout oublier. Il aurait dû se douter qu’elle ne pouvait pas zapper quelque chose comme ça. « Je préfère les femmes. » Se contenta-t-il de dire dans l’espoir qu’elle lui lâche la grappe. Il profita du mouvement de la demoiselle pour lui aussi s’emparer d’une autre cannette de bière. « Et si t’as le malheur de le répéter, crois-moi que tu le regretteras. » Il ne plaisantait pas du tout. Il se vengerait si elle osait le balancer. Il pourrait la pourrir au près de Makoto ou n’importe quoi mais il trouverait. Intelligent comme il est, il lui ferait un tel sale coup que ça briserait leur amitié naissante. C’était que cette histoire ne le faisait pas rire et qu’il tenait vraiment à sa réputation.

Liang se réinstalla confortablement sur le canapé en gardant sa canette en main et se replongea complètement dans l’épisode. Il valait mieux pour elle qu’ils se remettent à regarder la série ou qu’elle change de sujet. C’est d’ailleurs ce qu’elle fit et Liang retint un sourire moqueur. Comme s’il parlait de ça avec le japonais. Ils avaient d’autres choses à faire que de débattre sur leurs conquêtes respectives. « Franchement ? » Il marqua une pause pour attiser exprès sa curiosité avant d’hausser les épaules. «  Non. » Et il reporta son attention sur la télévision un petit sourire en coin qui montrait clairement qu’il se moquait un peu d’elle. Ces filles alors, toutes les mêmes. En tout cas, elle semblait véritablement accroc au japonais. Liang ignorait si cela était réciproque mais il l’espérait pour elle. Après tout, il l’appréciait. Elle était gentille, mignonne. Bon elle parlait un peu trop et cela risquait de déranger son colocataire mais si lui arrivait à la supporter il ne voyait pas pourquoi Makoto n’y parviendrait pas. « On n’est pas comme vous. On se fait pas un mini rapport à chaque rendez-vous qu’on a. » Il imagina quelques secondes qu’est-ce que ce serait s’il devait, comme les filles, tout raconter à chaque fois à ses potes. Il ne se voyait pas du tout dire quelles positions il pouvait avoir essayé avec Hea Jung ni même expliquer pourquoi il s’était encore disputé avec Son Ah. Il secoua la tête en pouffant de rire mais se figea d’un coup en entendant le bruit des clés dans la serrure de la porte d’entrée. Il n’y avait pas quinze solutions possibles. L’unique personne à avoir les doubles n’était autre que son colocataire. Que faisait-il déjà là ? Heureusement ils ne faisaient rien de mal et Liang estima que la situation n’avait rien d’étrange. Enfin jusqu’à ce qu’il aperçoive également Son Ah dans le couloir. Il fronça les sourcils. Qu’est-ce qu’ils faisaient ensemble ces deux là ? « Déjà rentré ? » Cria-t-il à l’adresse de son colocataire.

Valar Morghulis

Je ne sais pas ce qu'il se passe aujourd'hui. Je dois être maudit. Entre cette horde de collégienne qui m'a suivie toute l'après-midi, cette fille qui m'ait rentrée dedans et m'a insultée parce que j'ai soit-disant tâché sa chemise, mon doigt de pied qui s'est lamentablement crashé contre l'un des casiers du vestiaires du gymnase, ma jambe qui glisse sous la douche et maintenant, Son Ah assise à côté de moi dans ma voiture. Je crois qu'aujourd'hui est mon jour de poisse. Comment s'est-on retrouvé dans cette situation? Tout d'abord, il ne restait plus qu'une place dans la bibliothèque et il fallait à tout prix que je révise. Je demande si je peux m'asseoir et comme par hasard je tombe sur qui? Son Ah. Je peux vous assurer que lorsque nos regard se sont croisé, ce n'est pas des éclairs de gentillesse que nous nous sommes envoyés. Elle m'agaçait à triturer son stylo, elle faisait trop de bruit alors à force j'ai râlé, elle a râlé, on a râlé et on s'est disputé. Comme à notre très chère habitude. On a été renvoyé de la bibliothèque et nous voilà à attendre sous le porche du bâtiment que cette énorme averse daigne s'arrêter afin que nous puissions rentrer chacun de notre côté. Enfin, c'est ce que je croyais. La demoiselle a finalement décidé de me suivre et d'entrer dans ma voiture. Bon, bien évidemment, elle m'a quand même demandé si elle pouvait entrer parce qu'elle devait emprunter je ne sais quoi à Liang - tu parles, c'est juste un prétexte pour le voir et faire chier son monde, mais elle n'a pas attendu ma réponse. A peine, une fois assise dans la voiture que la pluie s'est remise à faire des siennes. En bon monsieur que je suis, j'ai soupiré et finalement, j'ai laissé faire. Bref, voilà pourquoi Son Ah est dans ma voiture alors que je rentre à la maison. « Je te prierai de pas faire un foin à la baraque parce que je suis crever alors tu te tiendras tranquille, s'il te plait. » Ouais je sais, qu'elle mec aimable je fais. Nous voilà arrivé, je presse le pas afin de rentrer le plus vite possible. J'ouvre la porte et surprise, Hee Mi est là! Je sens une petite pointe de jalousie - euphémisme - remonter le long de ma gorge. Pourquoi est-elle devant la télé avec Liang? Je tente de rester impassible mais c'est un peu dur, j'ai juste envie de crier un bon coup là. Je pose mon sac sur une chaise et vais me servir une bière, oubliant complètement d'être polie avec Son Ah. Je reviens, bois plusieurs gorgées et fixe mon regard vers Hee Mi avant de détourner mon regard vers Son Ah et d'enfin répondre à la question de mon colocataire. « On s'est fait viré de la bibliothèque. » Parce qu'elle ne sait pas se tenir en société.