Ma tête tourne légèrement et l'impression d'être loin de tout est omniprésente autour de moi. Un sourire de con bien heureux est encré sur mes lèvres tandis que je me fais passer les menottes aux poignets. Ça par contre c'est mauvais plans. Enfin, dans l'état dans lequel je me trouve actuellement ça me passe au dessus de la tête. Combien de verres j'avais bien pu m'enfiler ? Aucune idée, mais beaucoup c'était certain. La fraîcheur de ce soir me fait du bien alors qu'une fine douleur commence à ce faire sentir sur mes mains. C'est trop serré. Une foule de curieux c'est attroupé autour de nous, en quête de divertissement. Je leur lance des grands sourires, prouvant à quel point je pouvait être touché. Mon regard voilé se détourne de l'agent de police pour se poser finalement sur une jeune fille non loin de moi, elle aussi dans de beaux draps par ma faute. Qu'est ce qu'on avait pu faire comme connerie mon dieu. Pourtant il n'était pas rare que l'on s'adonne ensemble à ce genre de truc fou, boire à outrance et partir sans payer comme des voleurs. A l'origine on ne se faisait pas attraper mais ce soir dérogeait à la règle. La voir ainsi, les bras dans le dos me fit rire doucement. La situation n'avait très clairement rien de marrante pourtant je ne peux m’empêcher de penser qu'on l'avait bien cherché. Autant elle que moi n'étions pas des imbéciles, on savait pertinemment qu'on ne s'en sortirait pas toujours. C'était donc le moment venu.

L'euphorie me gagne doucement tandis qu'un flic m’appuie sur la tête pour me faire monter dans la voiture banalisée. Je suppose qu'ils vont nous emmener au poste, ça pour le coup c'est beaucoup moins drôle aussi seulement je ne suis pas sûr de m'en rendre très bien compte. Tout est rose tout est beau, et même l'homme en uniforme qui monte au volant de la caisse me semble appréciable. Personne ne s'installe à mes cotés donc je suppose que Namsoo se trouve dans une autre voiture. Mon visage va se coller contre la vitre et je regarde la route défiler. Ce soir fût encore une bonne soirée, comme toujours lorsque je suis avec elle. Je ne pouvais que m'amuser lorsqu'elle me faisait l'honneur de sa présence. J'oubliai tout l'espace d'un instant et seule la façon dont on allait s’enfuir sans donner aucun sous me trottait en tête. Ouais la bluing doit être comme un échappatoire, une source de bonheur et de dérision à l'état pur, conditionnée en une seule personne. Tout avait commencé avec ça, un Bar Basket comme elle aimait appeler cette pratique. Enfaîte non, j'avais dans un premier temps tenté de la faire succomber à mes charmes, j'avais bien entendu échoué comme un minable et la soirée c'était terminé sur beaucoup de consommations impayées. Puis avec le temps on avait recommencé encore et toujours. C'était peut-être ça qu'il manquait à ma vie avant que je ne fasse sa connaissance il y'a de ça un moment maintenant. Une touche de folie. Elle est le piment qu'il manquait à ma vie.

La voiture s'arrête au bout d'un moment, on m'ouvre la porte et me traîne dehors. Un vertige me prend, plus violent que les autres et je me fige sur place pour me pas m'effondrer au sol. Le policier, aussi musclé peut-il être, à beau tirer de toute ses forces pour me faire avancer, je reste sur place le visage penché vers le sol et les yeux fermé fortement. J'inspire profondément et tente d'ouvrir à nouveau mes paupières. La lumière d'un lampadaire m'agresse, ma vision est floutée, il faut que je me pose. Reprenant brusquement mes esprits, je m'affole quelque peu essayant de me dégager de l'emprise exercé sur moi. Très vite je suis maîtrisé et je cesse ma résistance à deux franc. «  Où est-elle ? » Demandais-je faussement menaçant. Je n'ai pas besoin d'en dire plus, je sais très bien qu'ils comprennent. Je l'ai entends railler mais aucune d'eux ne me répond. Ca m'énerve. Connards. Le pas traînant, je pénètre dans le commissariat et seul les mots ' cellule ' et ' dégrisement ' font tiltes dans ma tête. Je suis bon à passer la nuit ici je crois. Sans vraiment comprendre, je me retrouve enfermé entre quatre murs, deux lits sont présents devant moi et je vais m'affaler sur l'un, lançant mes bras recouvrir mon visage. J'espère vraiment qu'ils vont la mettre avec moi, Namsoo ne pouvait simplement pas aller ailleurs, ou pire, avec quelqu'un d'autre. Si dans les 5 minutes elle n'avait pas passé cette porte, ils allaient m'entendre hurler.

J’étais remplie de la plus grande euphorie ce soir-là. Je me sentais si bien et bien que le taux d’alcool que j’avais dans le sang y était pour beaucoup, j’étais heureuse et complètement insouciante. A chaque fois que je passais la soirée avec lui, de toute façon, je savais pertinemment que je passerais un bon moment. Pourtant, ce soir-là, tout a basculé. Il fallait s’y attendre mais je ne m’y attendais pas. Je pensais que nous pourrions toujours faire nos conneries ensemble sans répercutions car je me sentais en sécurité avec Dewei et je n’aurais pu imaginer que la soirée ait une tournure pareille. Ma joie me quitta d’un coup, la douleur sur mes poignets me rappelant que tout avait un prix. Je levai des yeux apeurés sur le jeune homme qui avait passé la soirée à mes côtés et qui était maintenant dans la même situation que moi. J’avais les yeux voilés par l’alcool mais j’étais encore lucide et le problème était sûrement bien là. Je le savais que tout ça allait nous porter préjudice un jour ou l’autre mais je m’étais toujours dit qu’il fallait en profiter, qu’il ne fallait pas s’inquiéter et quelle erreur j’avais commise ! Ce côté immature me jouerait certainement plus d’un tour et c’était dans un de ces moments-là que je m’en rendais compte.

Je n’en voulais pas à Dewei, loin de là. Je savais très bien que j’étais tout autant fautive que lui mais je n’étais plus dans mon état normal et la seule chose que j’aurais voulu faire était de lui crier dessus ou même le frapper. Il fallait que je passe tout mon stress, toute ma frustration sur lui. J’avais si peur dans cette voiture de police, j’avais froid, les mains menottées et j’étais seule. J’aurais bien voulu taper la discut au policier qui conduisait ou à sa charmante collègue mais je supposais que ce n’était certainement pas le moment de leur demander un peu de compassion et d’assurance. Je n’étais pas fière, je m’enfonçais dans le siège arrière et j’aurais voulu me cacher. Creuser ma tombe et ne plus jamais en sortir. Les gens dehors avaient vu mon visage peut-être que certains me connaissaient, ils avaient l’air jeune, ils étaient peut-être à la fac. Je savais déjà que cette histoire allait vite tourner et le plus déplorable était que je n’étais pas du tout en état pour me défendre ou pour prendre les choses en mains. Là, de suite, j’avais juste besoin que Dewei me prenne dans ses bras et qu’il me dise que tout allait bien se passer. Je me souviens encore de notre première rencontre, il avait voulu me draguer en me proposant un verre. Et ce soir-là, j’avais pris le verre sans l’option du relou qui vous colle pour vous foutre dans son lit. Pourtant, il m’avait bien plu ce garçon, il m’avait amusée mais, bien entendu, il n’avait rien pour payer et voilà d’où est partie notre fâcheuse tendance à se bourrer la gueule puis partir en courant. N’empêche que c’était bien drôle et que j’avais presque hâte qu’on recommence mais d’abord, je voulais que cette soirée se finisse et vite.

Les larmes me montaient bientôt aux yeux mais je me mordis fortement la lèvre pour qu’aucune ne roule sur ma joue. Je me devais d’être forte et de garder ma fierté. La dame assise à côté de moi sortit et ouvrit ma portière pour que je sorte à mon tour. Nonchalamment, elle tira sur mon bras et m’emmena dans le commissariat. Je n’étais pas du genre à causer de troubles, je n’étais pas du genre à vouloir me rebeller contre les forces de l’ordre, je me laissais alors faire comme un chiot docile et je crus rêver où la demoiselle m’a presque lancé un sourire de compassion ? Je fermai les yeux, devant reprendre mes esprits mais ce que c’était dur quand ça vous tambourine là-haut. J’avais des vertiges et j’avançais doucement vers la cellule que l’on nous avait attribuée. On, oui. Dewei était sûrement arrivé bien avant moi et un ascenseur émotionnel fit un tour de manège en moi. J’étais perdue entre le fait d’être heureuse de le voir et mon envie de lui sauter dessus pour l’abattre. Lorsqu’on me libéra enfin des menottes, je ne pris même pas le temps de souffler que dans un élan de colère, je vins frapper sur le torse de mon compagnon de cellule. Je savais très bien que ma force ne faisait pas le poids contre la sienne mais ma haine était bien là. « AAAH JE TE DETESTE ! Pourquoi il a fallu que je te suive encore là-dedans, hein ? C’est de ta faute si on est là ! » En réalité, je ne pensais pas un mot de ce que je disais mais j’avais juste besoin de me défouler, de faire sortir toute cette pression qu’il y avait en moi. L’alcool en moi n’arrangeait pas les choses, je ne tenais presque plus debout et pourtant, je m’obstinais à vouloir frapper celui dont les bras faisaient le double des miens. Et c’est dans les bras de Dewei que je me mis enfin à pleurer, n’essayant même pas de comprendre mes émotions à ce moment, je savais juste qu'il allait comprendre.