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Minh & Felix
 
 

Un chat sort de son appartement, tôt le matin, avec ce qu’on pourrait communément appeler la gueule enfarinée. Il se frotte les yeux, grogne d’ennui et ferme la porte de son appartement à clé. Se lever aussi tôt le matin devrait être interdit. Et demander à quelqu’un, à votre ami, de vous lever si tôt le matin devrait être passible d’emprisonnement. Ou de la peine de mort. Felix le chat a encore les cheveux en bataille de la nuit trop courte qu’il a eu. C’est sûr que se coucher à quatre heures du matin pour se lever de force à sept heures du matin et se dire « mais quel con j’ai été de me coucher si tard » ou « mais quel con d’avoir accepté ». La raison pour laquelle le jeune homme — non, ce n’est pas vraiment un chat, même s’il aurait parfois préféré — a dû se lever si tôt un lundi matin n’est pas pour aller en cours, il n’y va plus depuis un moment. Ce n’est pas non plus pour faire ses courses, il n’est pas psychopathe au point de se lever si tôt pour ça. Non. C’est uniquement pour aller voir un de ses amis les plus chers. Et les plus casse-couilles. Le petit Minh étant encore à l’école, il n’a apparemment que peu de temps pour voir Felix. Ce dernier tournant en général dans la soirée, il ne peut pas se permettre de perdre de temps. Donc il a accepté de le retrouver à un café pour qu’ils prennent un petit déjeuner ensemble. Paraîtrait-il également que le jeune homme a quelque chose à lui montrer.

Felix sort dans le froid matinal. Il frissonne et enfonce son nez dans l’écharpe très large qu’il a enroulé autour de son cou. Il marche à grands pas dans la rue, arrangeant de temps à autres ses cheveux pour qu’ils couvrent ses oreilles. Finalement, il approche du bar qui n’est pas si loin que ça. Mais c’est déjà une torture pour Felix qui déteste le froid et se lever tôt. Il pousse la porte du bar en ronchonnant, cherchant Minh des yeux. Celui-ci est déjà assis à une table. Felix fonce vers lui, fait un bruit insensé en tirant la chaise vers lui pour s’assoir. Il grommelle.

« Je te promets, la prochaine fois que tu me fais me lever si tôt, j’te fais bouffer tes gencives. Bonjour ! Tu vas bien ? »

Ou comment passer pour un psychopathe en dix leçons, un best-seller écrit et jamais publié par Yokokawa Felix.
 
 

Je pourrais te raconter des tas de choses pour justifier ma mauvaise foi, mais au fond tout ne serait qu'un ramassis de conneries. C'est pas que j'ai raison ni même tord, en fait je sais pas, tout ce que je sais c'est qu'aucun de nous n'a raison, mais comme je suis un enfant, je te laisse en définir la conclusion. Minh & Felix  

Si tu penses t'en tirer ainsi petite garce, pense le jeune homme en posant le pied à terre ce matin, tu t'en tireras pas comme ça. Minh n'est pas du genre à se venger, mais là ses oreilles se souviennent encore de la façon dont Felix lui a tiré les oreilles pour le punir... Et le punir de quoi ? D'avoir dit à sa stupide petite soeur de la fermer au mauvais moment. Le fin mot de l'histoire, c'est que cette fille, ce démon ambulant, cette sale petite peste manipulatrice comme pense l'adolescent, eh bien cette chose contrôle mentalement Felix. Il n'est pas question d'un sort particulier des prêtres dans World of Warcraft ici, simplement de manipulation pure et simple. Avec toute la bonne volonté du monde, Minh n'arrive pas à faire semblant de ne pas entendre surtout quand elle le provoque ouvertement devant ses copains et surtout devant son frère.

Comme Felix ne le croit jamais et qu'il donne toujours raison à cette petite garce prétentieuse et pourrie gâtée, Minh avait mis au point une nouvelle stratégie de contre-attaque et l'avait mis en place la veille en invitant - imposant même - un petit déjeuner au cyber-animateur. Tu ne sera pas déçu qu'il lui dit, c't'important.   La veille, il jubile donc, s'endort difficilement et donc, le voilà ce matin, agité comme une pile qui se prépare étrangement assez vite contrairement à d'habitude. Une demie heure après, Minh sort de la salle de bain, attrape son sac qu'il ne prend même pas le temps de vérifier mais prend tout de même soin d'emporter son téléphone portable. Précieux téléphone portable actuellement, il détient TOUT. Une fois l'appareil en main et le sac sur l'épaule, l'adolescent descend en trombe les marches sans se soucier ou non des parents qui peuvent dormir et quitte la maison en trottinant une fois ses chaussures au pieds.

Il est en avance, c'est une première. Lorsqu'il arrive au bar, il s'installe au fond sur la banquette de manière à pouvoir voir la porte d'entrée qu'il fixe avec attention voir même, avec une attention plutôt particulière, tel un faucon guettant sa proie. Dix minutes plus tard, il se prépare à se lever pour saluer son aîné, mais son expression cadavérique le retient. Ce matin, s'il rate son coup, ce n'est pas que ses oreilles que cet américain va tirer. Il s'assoit, Minh déglutit. Bouffer ses gencives, menaces, c'est bel et bien Felix tel qu'il le connaît. Son sourire hésitant fini par illuminer son air de prédateur douteux. Un bref moment de réflexion sur la manière dont il doit s'exprimer, le vietnamien se souvient que Felix ne parle presque pas coréen, il opte donc pour l'anglais.

Je suis content de te voir. Lance t-il avec son petit sourire malicieux.Je t'attendais pour commander quelque chose~~~J'ai tellement mais TELLEMENT faim, Felix, ça me rend malheureux.... Et toi ça va ? De là, il pose ses mains sur son ventre avant de laisser tomber sa joue sur la table en signe de désespoir. Une chose est sure, Minh ne deviendra jamais acteur. Dans un soupire, il murmure cette fois. Tu as été assez long à venir... Aigo. Tu ne m'aimes donc pas ? Minh et son état dramatique d'adolescent affamé et ses fichus aegyos. Une chose est sure : la Corée du sud c'est bel et bien un pays pour lui lorsqu'il est question d'agir de façon exagérée considéré comme "mignonne".
 
 

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Minh & Felix

Felix a fait tellement de bruit en tirant la chaise pour s’assoir et en la tirant dans l’autre sens que plusieurs personnes se sont retournées sur lui, l’air outré. Comment peut-on faire tant de bruit dans un endroit public à cette heure-ci ? Comment peut-on faire autant de bruit en ressemblant à un chat mouillé tout maigrichon ? Mais lui, il s’en fout. Intérieurement, il sait pertinemment pourquoi Minh l’a invité si tôt avec une gentillesse douteuse. Ou du moins, il imagine que c’est pour lui parler de son insupportable soeur. Felix ne comprend pas pourquoi ces deux-là ne peuvent pas s’entendre et se comporter en adultes responsables. Ce n’est pourtant pas bien compliqué. La dernière fois qu’ils se sont vus tous les trois, il a fallu que Felix arrache les oreilles de Minh pour avoir mal parlé à sa soeur. Personne ne parle mal à sa soeur. Il en est le gardien fidèle et quiconque osera s’en prendre à elle aura affaire à lui. Autrement dit, son pied dans le cul du méchant.

Il fixe Minh d’un air à la fois atterré, désespéré et énervé. La position dans laquelle il est idéale pour mettre un coup de pied dans la jambe de la chaise et de la pousser assez loin pour le mettre par terre. Lui et son ventre gargouillant. Quel mauvais acteur. L’américain soupire, les mains toujours dans les poches de son jean. Il hésite. Lui claquer la tête contre la table ou appeler un serveur pour commander. Finalement, il se décide et se retourne, attrapant un serveur à la volée.

« Ce sera un café long, un chocolat chaud et… quatre pains au chocolat. M’rci. »

Il lui a parlé en anglais mais le type semble comprendre car il écrit furieusement sur son petit carnet. C’est à peine s’il ne congédie pas le serveur d’un geste dédaigneux de la main. Va t’en, gueux. A nouveau, il soutient son menton de ses deux mains et fixe Minh. Il est assez dérangeant quand il agit de la sorte car la victime a toujours l’impression d’être détaillée, scannée et classifiée. Malgré son énervement, il ne peut pas décemment en vouloir à Minh. Mais là, il sait très bien qu’il est en train de se foutre de lui. De jouer les mal aimés. Soudainement, Felix lève une main vers lui, faisant mine de l’abattre violemment sur sa tête pour simplement lui tapoter le haut du crâne. Il a un petit sourire à la fois niais et goguenard aux coins des lèvres, si bien qu’on ne sait pas s’il se moque ou se trouve attendri.

« C’est ça. Je te déteste. Bon, tu voulais me dire quoi ? T’as cours bientôt, non ? Si tu veux, j’t’accompagne. Tu pourras dire que papa t’as amené à l’école. Quel chanceux, aujourd’hui. »

Felix ricane de plaisir. Ça lui apprendra, à ce foutu môme de le faire se lever si tôt pour trois fois rien. C’est à ce moment-là que le serveur arrive avec son plateau. Il dépose le café devant Minh et le chocolat chaud devant Felix qui fronce le nez. Les pains au chocolat au milieu. Dès qu’il est parti, il inverse les tasses et plonge le nez dans le café brûlant, avalant une longue gorgée qui ne l’atteint même pas. Le liquide chaud coule dans sa gorge et ça n’a pas pour effet premier de le réveiller, bien au contraire. La chaleur l’endort encore plus. Il se frotte les yeux.

« Aller, parle, manant. Tu veux quoi ? »

Je pourrais te raconter des tas de choses pour justifier ma mauvaise foi, mais au fond tout ne serait qu'un ramassis de conneries. C'est pas que j'ai raison ni même tord, en fait je sais pas, tout ce que je sais c'est qu'aucun de nous n'a raison, mais comme je suis un enfant, je te laisse en définir la conclusion. Minh & Felix  

Un café et un chocolat. Un instant, Minh se demande pour qui est ce café et puis il se souvient que Felix est un adulte et comme tous les adultes, il boit du café. C't'assez étrange remarquez, le fait que Minh ait du mal à considérer Felix comme un adulte. Peut-être que le fait qu'il joue aux jeux-vidéos rajeuni le cyber-man ? Ce n'est pas tous les jours qu'on peut parler avec un ancêtre de passions de jeunes !  L'adolescent ne redresse la tête que quand son nez vient taper doucement la table quand le matou dépose sa main sur le sommet de son crane... Ce qui explique pourquoi Minh frotte son nez. La grimace ? C'est probablement la remarque du jeune homme. Tu vas voir si tu m'suis jusqu'à l'école vieux croûton. Peut-être devrait-il lui dire ça en chinois ou vietnamien, au moins Minh est sur qu'il ne comprendra pas... Mais par contre, Felix fera bien le rapprochement avec sa mauvaise foi.

Chaque chose en son temps, padawan. Dit-il sur un ton faussement sage en croisant les mains sur la table. Si Felix pense que Minh balancera l'information avant d'avoir rempli son ventre, il se met le doigt dans l’œil jusqu'à la moelle même !  Le serveur arrive et dépose les tasses devant les deux clients, arrachant un petit sourire à Minh afin de remercier l'employé... Beh quoi, ce môme est tout de même poli et bien élevé ! Un bref coup d’œil au matou qui change les tasse arrache une grimace à l'adolescent. Son nez se retrousse et sa bouche s'entrouvre (cf mon gif xD). Est-il en train de boire SON chocolat ? Bien sur, il n'a pas vu que c'était du café, pensant que l'employé avait bien fait son travail...  C'est difficile de croire en l'humanité.

Voilà que Felix lui demande encore une fois ce qu'il y a. Sa grimace ne le quitte pas. Sérieusement ? il garde sa bouche entrouverte. Ya, Yokokawa Felix a.k.a TheGreatGATSBY, t'as intérêt de me rendre mon chocolat avant que je te fasse sortir de ce café la tête la première. Si seulement il pouvait être un peu crédible dans ses menaces...
 

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Minh & Felix

Si Minh a le malheur de l’appeler encore une fois padawan alors qu’il a la tête là où il ne faut pas et est de mauvaise humeur, il risque vite de se retrouver avec les yeux enfoncés dans sa bouche à la petite cuillère. Et pour le principe, Felix risquerait d’y mettre du sel. En attendant, tout ce qu’il est capable de penser raisonnablement est que ce café a vraiment un goût ignoble. Il baisse les yeux sur la tasse. En plus il a la couleur d’un café au lait et il déteste le café au lait. Ça doit sûrement être ça, qui le dérange. Néanmoins, c’est mieux que rien et puis ça finira bien par le réveiller. Pour le moment, ce qui l’intéresse le plus, c’est de savoir pourquoi son meilleur ami — il ne faut pas se leurrer, même si Felix lui mène un peu la vie dure et réciproquement, ils s’entendent en réalité à merveille — l’a fait se lever si tôt. Ça doit être important. Peut-être qu’il est malade. Gravement malade. Intérieurement, il se gifle plusieurs fois. Si c’est le cas et que Minh est malade, quelle idée de le menacer de mort ? Felix se ravise.

« Oui, sérieusement. »

Non, non, je me suis cassé le cul à venir ici juste pour t’entendre me raconter des conneries, pense-t-il. Ironiquement, ça ne l’aurait pas dérangé le moins du monde, allez savoir pourquoi. Il lève la tasse à ses lèvres, avalant une petite gorgée de café. Ce n’est qu’en entendant la remarque de son ami sur le contenu du récipient qu’il s’interrompt. Recracher le liquide dans la tasse ou ne pas le recracher ? Il pourrait. Mais Minh réclame sa tasse alors ça n’est probablement pas une bonne idée. Avec une grimace de pur dégoût, il s’efforce d’avaler le liquide et pose la tasse sur son socle, la poussant lentement vers le cadet. C’était donc pour cela que le café avait un goût imbuvable. De la même main, il tire la tasse de café vers lui. Un frisson le secoue. Bon dieu, ce qu’il peut détester être mal réveillé. Il faut toujours que ça tombe sur lui. Et dans le même temps, fourbe comme il est, il tire le panier de pâtisserie vers lui, un petit sourire malicieux sur les lèvres.

« Tant que tu ne m’auras pas dit pourquoi tu m’as appelé, je te laisse crever de faim. Capiche ? »

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Il n’y a plus rien à comprendre à cette situation. Même les auteurs eux-mêmes sont complètement perdus. Minh n’a rien compris a la situation, en fait il ne comprend pas vraiment grand chose quand il est avec Felix. Il y a toujours des situations bizarres qui se produisent quand ils sont ensemble, parfois des situations plus embarrassantes que d’autres. Felix est sérieux dans on intention de nuire à Minh et Minh est sérieux dans son intention de ne pas céder. C’est un combat de regard qui se lance tandis que la grimace de l’adolescent ne le quitte qu’une fois « sa » tasse devant lui. Il ne bronche pas si Felix a pris une gorgée, ça ne le tuera pas d’avoir une simple gorgée en moins. Merci. bredouille t-il en tendant la main vers le panier qui se téléporte doucement loin de lui. Sa grimace le reprend. Comment. Comment ose t-il l’empêcher de manger, tout ça pour obtenir des informations ? Si c’est la guerre que Felix veut, il l’aura.

D’accord d’accord, je vais te donner l’information. Le vietnamien retient son sourire malicieux et ôte cette horrible grimace qui habillait jusque là son visage. Oh tu crois que tu vas gagner comme ça ? Il pose ses mains autour de la tasse de café qu’il soulève doucement sans vraiment y faire attention. L’odeur de café et chocolat plane autour d’eux. Il inspire profondément, prêt à faire sa révélation. Optant pour sa langue maternelle, le vietnamien, il lache donc d’une traite : C’est Alice. J’ai la preuve que je ne suis qu’une de ses victimes.  Hier, elle est venu m’embêter comme toujours, mais comme je suis plus malin qu’elle sur ce coup, je l’ai enregistré. C’est pas joli-joli mais soit. J’espère que tu vas lui foutre une bonne raclée parce que ce n’est que ce qu’elle mérite cette petite peste. Sur ce, a bout de souffle,  il inspire profondément avant de prendre une gorgée de sa boisson.

:oo:SACRILÈGE ! Il recrache aussitôt dans la tasse, toussant comme un demeuré et se frottant aussitôt la langue avec sa serviette en papier. Pourquoi diable a t-il du café ? Malgré que des clients se retournent pour fixer la scène, Minh n’y prete pas attention et continue de se débattre en jetant un regard assassin à Felix. TOI - !!! Tu - …. POURQUOI ? POURQUOI TU…. MON CHOCOLAT ! Cette fois il se jete en avant pour attraper la corbeille afin de mettre un pain au chocolat sous sa dent pour oublier le goût du café… Si Felix le laisse en attraper un.

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Minh & Felix

Ah, enfin. Le moment de vérité semble être venu. Minh va enfin lui révéler la mystérieuse raison pour laquelle il lui a demandé de se lever si tôt en lui faisant faire tant d’efforts et lui donnant envie de lui mettre des coups de pieds dans le derrière jusqu’à ce qu’il le supplie d’arrêter. Felix se cramponne mentalement à sa chaise. Il ne sait pas exactement à quoi s’attendre mais autant attendre le pire, avec ce gamin. En réalité, il se cramponne à sa tasse de café. Et cette fois-ci, il en est sûr, c’est bien du café, foutre merde. Et à vrai dire, il ne sait pas vraiment pourquoi il attendait quoi que ce soit de Minh car quand il commence à parler, l’américain se rend très vite compte que soit, premièrement, le cerveau du petit a fait trois tours dans son crâne, ou deuxièmement, il se fout de sa gueule. Felix a envie de pleurer, de lui hurler dessus, de le frapper, de lui envoyer le nez à l’arrière du crâne. Mais tout ce qui s’affiche sur son visage est une grimace de désappointement. Evidemment, le chat ne comprend rien. Déjà qu’il ne comprend pas le coréen — mais sait au moins le reconnaître — mais alors la langue que Minh lui parle. Qu’est-ce que c’est déjà ? Felix sait qu’il est vietnamien, donc ça doit être ça. A quand le jour où on inventera des traducteurs directs ?

Et puis, le vietnamien fait une chose qui paraît complètement insensée, même à Felix. Recracher son chocolat chaud dans la tasse. Qu’est-ce qui lui prend encore, à ce sale gosse ? Le cri de… le cri particulièrement aigu qu’il pousse laisse le plus âgé, ainsi que plusieurs clients du bar, sans voix. En voyant l’espèce de tigresse se ruer sur lui, Felix manque de lui jeter le panier à la figure.

« QUOI TON CHOCOLAT !? MAIS ÇA VA PAS, NON ? »

Profitant que ce sale gamin mâche son pain au chocolat comme un gosse qui boude, il en profite pour prendre la tasse dans laquelle il a craché. Maintenant, il n’ose plus trop goûter. Mais il est vrai que son chocolat à l’air bien foncé… Felix fronce les sourcils et baisse ses yeux sur sa propre tasse. Pourquoi… En un instant, il s’effondre de rire sur la table. Entre un qui a hurlé et qui boude maintenant avec une pâtisserie dans la gueule et l’autre qui se paie un fou rire sur la table, ils doivent avoir l’air intelligent. Dans la panique, le serveur avait inversé les tasses puis, Felix les avait remises dans le bon ordre sans se rendre compte, et enfin, ils les avaient encore inversées.

« Ça va, c’est bon, calme-toi. Le voilà, ton chocolat. Couillon. Moi, au moins, j’ai eu la décence de ne pas cracher dedans. »

Felix rigole malgré tout et rappelle le serveur pour avoir un autre café. Pur café, si possible, pas de la bave de bébé dedans. Il tire un coup de pied sous la table à son ami.

« Aller, fini la déconnade. Crache le morceau. »

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Choper le pain au chocolat, choper un truc a se mettre sous la dent, oublier ce goût amer et infecte, survivre à l'attaque du café. Les pensées de Minh se bousculent, ce n'est pas pour rien qu'il adore les bonbons ! Le temps de sa crise digne d'une comédie américaine, l'adolescent ne porte même pas attention à Felix, trop occupé a croquer dans le pain qu'il vient d'attraper tel une hyène affamé. C'est ça. Minh est une hyène, cela explique le cri aiguë qu'il a poussé plus tôt. Non Felix, ça ne va pas, Minh vient de vivre la pire expérience de sa vie, comme la fois ou il a voulu fumer une cigarette et qu'il a manqué de s'étouffer. Non, ça ne va vraiment pas.

Ses yeux se ferment tandis qu'il mâche son bien avec férocité, sans même fermer la bouche, aspirant brutalement l'air comme si cela allait faire passer la pilule. Que neni. Pfoufois f'as fait fa ?! murmure t-il à bout d'énergie, accusant son ami de tentative de meurtre, littéralement. Tandis que le matou se fend la poire, Minh en profite pour le fusiller du regard. Couillon. Wow. Deuxième coup de feu des pupilles. La bouche entrouverte avec des bouts de pains encore visible, le vietnamien boude carrément. La décence de ne pas cracher dedans mh ?  Il retrousse ses narines le temps de répliquer avec son insolente désinvolture (chai pas si ça existe cette expression, m'enfin je l'invente) Comme si tu aurais fait différemment à ma place.

Minh fini sa bouche et commence a siroter son chocolat avant qu'un éléphant ne pousse sa chaise, manquant de renverser sur son beau pull le contenu intégral de la tasse.  Troisième coup de feu des pupilles suivi d'un grognement de l'adolescent. Recommence encore une fois et tu vas regretter d'avoir fait ça une première fois. Bien sur qu'il évite le sujet, d'ailleurs quand le serveur dépose la nouvelle tasse devant Felix, celui-ci lui demande d'apporter un cookie avant de reprendre son bout de pain au chocolat en bouche. Une idée le frappe. Il a trouvé sa réplique. Qu'est-ce que tu veux savoir de plus? This is not Sparta, but this is Minh... Dans toute sa splendeur. AOU AOU AOU.

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Minh & Felix

Les adolescents de nos jours, pense Felix, n’ont plus aucune retenue. Minh se jette sur sa pâtisserie comme s’il était un requin se jetant sur une otarie à moitié morte et dégoulinante de sang. Miam. A cette pensée, le ventre de l’américain cesse immédiatement de gargouiller. Il ignore royalement le marmonnement de son ami, espérant uniquement ne pas recevoir un bon gros postillon mélangé à du pain mâché. Autrement il risquerait de hurler et de lui tirer la table à la tête. Pourquoi a-t-il fait ça ? Parce qu’il ne s’en est pas rendu compte, probablement ? Felix lève les yeux au ciel. Oui, oui, ce gosse est un couillon. Un couillon à qui il botterait bien le cul mais qu’il aime malgré tout.

« Bah j’en ai bu, de ton chocolat et j’ai pas craché dedans. »

Après avoir interpelé le serveur qui les regardait en faisant les gros yeux et avoir commandé un autre café propre, Felix se reconcentre sur son vis-à-vis. Peu lui importe les regards fous du petit. Il a affronté pire. Surtout avec sa mèche rose qui lui donne un air tout sauf agressif. Il a un petit sourire goguenard en coin. C’est ça, prend-le pour un con. Comme si Felix n’avait pas compris que le vietnamien venait juste de lui expliquer la situation dans sa langue, juste pour le faire tourner en bourrique. Alors que son café n’est pas encore arrivé mais que les autres clients ont détourné leurs regards d’eux, Felix abat sa main à plat sur la table.

« Je veux que tu me craches le morceau dans ma langue si possible, histoire que je comprenne pourquoi tu m’as fait me lever aussi tôt et que je réfléchisse à t’épargner au lieu de te casser la gueule. »

Nonchalamment, Felix s’empare du deuxième pain au chocolat et mord dedans avec la tranquillité d’un vieux sage. Autrement dit, la tranquillité de Rafiki. Plus fou que sage. Lui au moins, il mange poliment, pas comme l’autre qui a l’air poursuivi par une bande d’affamés à la poursuite de son pain au chocolat tellement il mange vite. Felix rigole un peu et s’adosse à sa chaise. Il s’est calmé immédiatement. Bizarre comme toujours. Il s’accoude à la table, pose son menton dans sa main et lui sourit.

« Je t’écoute, mon petit. »

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C'est la guerre mondiale de 78. Boire dans un chocolat, c'est comme cracher dedans, on y met nos microbes, voilà le point de vu de Minh. L'argument de Felix est donc irrecevable, raison pour laquelle il a ce sourcil haussé en signe d'incompréhension. Son sourire reste néanmoins affiché, parce que c'est la seule arme dont il dispose autour de cette table...

Un sourire s'efface quand Minh remarque le regard du matou sur ses cheveux. Quoi ? Quoiii ? Il a quelque chose dans ses cheveux ? Aussitôt, il pose son pain au chocolat pour venir remettre en place sa mèche avec ses deux mains. Minh et sa coupe, une longue histoire qui prend une bonne dizaines de minutes chaque matin. S'il manque bien quelque chose à ce moment, c'est un miroir, raison pour laquelle l'adolescent sort son téléphone pour regarder son reflet dans l'écran.

Petit sursaut lorsque le chat fait ses griffes sur la table. Que Minh crache le morceau. Comme si Minh n'avait pas assez craché pour aujourd'hui. Même si je te le dis de manière à ce que tu comprennes, tu me casseras la gueule. C'est une bonne ouverture pour annoncer la couleur pendant le le matou se sert du pain au chocolat. Mince, Minh pensait sérieusement qu'il serait pour lui, en plus du cookie que le serveur vient d'apporter avec le café de Felix. Une chose est sûre, Minh ne pourra pas échapper à son explication maintenant, il va bien devoir aborder le sujet avant que le youtubeur ne perde patience.

Inspirant profondément, il prend une gorgée de chocolat chaud.  C'est au sujet d'Alice, ta soeur. Il se sent presque obligé de préciser qu'il parle de sa soeur, bien que Minh doute qu'il y ait des centaines d'Alices dans leurs entourage ici, à Suwon. Le vietnamien guette désormais tout geste suspect, prêt à se prendre une soufflante. Ce n'est pas nouveau qu'ils se font la guerre tous les deux, mais Minh évite toujours de la mentionner à ce chat toujours prêt à sortir les griffes quand il est question de sa soeur. J'ai quelque chose à te faire écouter, mais ça ne va pas te plaire. Oh non, ça ne va pas lui plaire d'admettre que sa soeur n'est qu'une sale petite peste et que Minh est un pauvre innocent.

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Le matou fait preuve d’un calme remarquable. Minh a presque envie de l’applaudir mais craint désormais que cela soit interprété comme une moquerie. Non, c’est un exploit malgré tout. Avant, Felix était parfaitement capable de l’attraper pour lui foutre la tête dans l’eau comme dans les films de yakuza… A moins que ce soit des films de mafia ? Enfin, Mafia et Yakuza ça se vaut, non ? Cette réflexion fait décrocher Minh quelque instant du réel problème. Alice.

Si Minh doit parler d’Alice à Felix, il doit faire très attention aux mots qu’il emploi. Dire qu’Alice est une sale garce égocentrique et perverse… Non. Bon certes, c’est le fond de sa pensée, mais cela lui vaudra un aller sans retour au cimetière. Nerveusement, l’adolescent tire son téléphone de sa poche pour regarder l’heure. Il est temps de temporiser la situation, au cas ou celle-ci dégénère. Malheureusement, il sait parfaitement que Felix va remarquer cette « magouille » et lui demandera des explications. Au pire des cas, le matou va même s’imaginer que le vietnamien lui fera le coup du « to be continued ».

Il prend une nouvelle gorgée de chocolat chaud et déglutit difficilement. Pourquoi a t-il peur tout à coup ? Il n’y a rien à craindre ici, le café est un peu peuplé. Si Félix tente de l’étrangler, Minh peut compter sur des témoins pour le soutenir. Haussement d’épaules, soupir, le vietnamien se lance. « Ok. Vu que tu ne m’as jamais cru, hier ta sœur est venue me cass… M’embêter. Par chance, j’avais mon téléphone dans les mains et j’ai eu le temps de prendre ça. » Son récit se coupe, tout comme son souffle. Il va se prendre une soufflante si ce n’est pas convaincant, mais soit. Minh tire son téléphone et ouvre la galerie photo de celui-ci pour en tirer une vidéo. L’écran affiche une image noire, mais le son est clairement audible pour les deux garçons malgré le brouhaha présent dans le café.

« Quoi ?! » La voix de Minh retenti a travers le combiné. On entend mal ce qui le pousse à poser cette question, mais l’adolescent se rappelle très bien le coup qu’il s’est pris sur le sommet du crâne. La voix d’Alice est beaucoup plus basse en arrière plan. Minh grimace quand il réalise qu’elle parle en coréen et que Félix ne comprend pas. Ce n’est que la voix de la sœur du matou qu’on entend, Minh ayant préféré rester silencieux par la suite, jubilant de son plan improvisé pour la piéger. On l’entend s’éloigner après 5 minutes de monologue, puis le rire sadique de Minh suivi d’un petit commentaire de l’adolescent « Aujourd’hui, j’ai réussi à renverser la sorcière. Long live king Minh. » . Son visage se décompose un court instant, par peur de voir Felix le démolir mais finalement, s’entendre dire une telle bêtise, en anglais qui plus est, probablement euphorique de la situation.. Eh bien ça le fait rire. Il rigole, manquant de s’étouffer avec son fichu chocolat une seconde fois.

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