Pas grand chose à faire aujourd'hui. Mes cours, je les connais par coeur, les réviser une nouvelles ne serait que m'imposer supplice et surtout inutile. Glander? C'est pas mon truc ça, la glande c'est pour les faibles. Je n'aime pas flemmarder, ou alors faut que j'ai une bonne raison, une belle jeune fille quoi à mater quoi. Mais bon, là, dans ma piaule, j'ai pas ça de ranger dans un placard. Finalement, vers midi, je reçois un sms de Seong Hee. Je l'aime bien cette petite, elle est mignonne. Je sais pas pourquoi en fait, depuis que je l'ai rencontré, je me dois de la protéger, j'ai l'impression que quelque chose nous lie. Enfin bref, elle veut que j'aille chez elle, pour... nager dans la piscine? Drôle de façon d'inviter un homme chez elle mais de toutes manières, il me semble évident qu'il ne se passera rien entre nous. Quelque chose cloche, elle a beau être très belle, elle ne m'attire pas comme une femme normale m'attire.

14h pétantes, je suis devant sa villa. C'est énorme. Mon père a toujours été modeste et avait simplement opté pour une petite maison sans prétention aucune. Là, ça en met plein la vue, je suis pas très fan. J'aime bien le sobre. Un majordome me fait rentrer, je l'observe. Je l'aime pas. Il a l'air de croire qu'en un simple regard il peut me connaître. Essaye et je te défonce. Je le remercie d'un signe de tête et m'avance à l'intérieur, faisant fi du décor, je m'en fous comme la carotte de ma grand-mère. J'arrive à la piscine, elle n'est pas là. Le majordome me dit qu'elle arrive et de me mettre en mayo de bain. Je hausse les épaules et commence à me dévêtir sans complexe. J'enfile rapidos mon short de bain et m'asseois au bord de la piscine. Je soupire.<< Elle m'invite et elle n'est même pas là pour m'accueillir, qu'elle s'attende pas à que je lui souris>>. Marmonné-je assez fortement pour qu'on m'entende, quelque peu intentionnellement.

Finalement, le preux mécréant que je suis sursaute lorsque j'entends une voix féminine me menacer. Je me retourne, un peu penaud et cherche mes mots. Je n'aime pas parler, j'en ai pas l'habitude et je suis d'autant plus maladroit lorsque l'on me prend de court. Et c'est bien ce que Seong Hee a fait.  Je me relève et m'approche d'elle, les sourcils froncés. « Essaye donc, t'en sortiras pas vainqueur. » Je me masse la nuque, toujours aussi embarrassé et leva le regard vers le ciel. « Tu fais toujours ça quand t'invites des gens? Les faire poireauter pendant des siècles? J'ai pris racine carrément. » Wow! Je me surprends moi-même, elle doit sûrement rire en voyant ma tête choquée. J'ai prononcé trois phrases à la suite, avec plusieurs groupes nominaux. Décidément, cette fille a vraiment ce dont de me mettre en confiance, ça n'est pas avec tout le monde que ça arrive. Je sais même pas pourquoi, j'ai envie de chahuter avec elle. Je vois qu'elle est déjà en maillot de bain et soudainement mes lèvres s'arquent pour former un sourire espiègle. Subitement, je la porte et la pose sur mon épaule comme on porte un lourd sac de patates. Et avec une joie enfantine je la jette à l'eau. « L'attente est vengée. » annoncé-je bien content de moi.

« Elle a l'air bien chiante madame Cho. » Sans savoir réellement pourquoi, je ne l'aime pas, je ne l'apprécie pas du tout. Je ne la connais pas, je ne l'ai jamais vu et pourtant je ressens ce fort sentiment haineux envers elle. Quelque chose me dit que je ne veux jamais la rencontrer, que si un jour l'on se croise, cela se passera mal. De plus, elle emmerde une amie qui compte pour moi, ça n'aide pas à adoucir ma rage. La pauvre tout de même, subir la haine d'un jeune homme qu'elle ne connaît pas. Puis à vrai dire je n'aime pas entre son nom de famille, mon coeur se serre sans raison, et bien sûr, ne pas savoir pourquoi quelque chose se passe, cela me met hors de moi. Néanmoins, je me rappelle d'une des phrases de Seong Hee et cela ne me laisse pas de marbre, un petit sourire se dessine même sur mon visage. Elle veut me garder auprès d'elle? Encore une fois, j'ignore la raison, mais cela me donne encore plus envie de la protéger. J'ai l'impression que si elle disparait de mon entourage, je perds quelque chose de crucial, d'indispensable à ma vie.

Par la suite, la voilà portée sur mon épaule tel un vulgaire sac à patates balancé allègrement à l'eau. Un rire amusé franchit la barrière de mes lèvres alors qu'elle remonte à la surface pour m'engueuler. Je la regarde se "rhabiller" correctement et finalement, me laisse surprendre par cette attaque soudaine qui me fait tomber à l'eau. Taquin, je remonte à la surface, fous mes cheveux en arrière histoire que je puisse y voir quelque chose et m'attaque à elle en la coulant gentiment. On s'attaque pas à moi sans qu'il n'y ait pas vengeance. « C'est la guerre. »

C'est étrange ce genre de moment. Je n'ai jamais vraiment vécu ça, vous savez. M'éclater comme un gamin, me foutre de l'âge que j'ai et faire le bambin. Me chahuter, me disputer enfantinement, rire. J'ai l'impression qu'on m'a ôté ce droit et qu'avec Seong Hee, je le récupère. Ca me fait du bien, c'est étrange cette sensation d'euphorie. Je n'y suis pas habitué, j'avoue que ça me fait un peu peur. Je crois que je n'aime pas être heureux, tout simplement parce que je sais que je ne le serai que pendant une durée éphémère. Mais je crois que je ne vais pas cracher dessus, c'est grâce à Seong Hee que je peux goûter à tout ça, je devrais plutôt la remercier.

Finalement, elle me contre et réussit même à me grimper sur le dos. Elle pose ses mains sur mes yeux et moi je grogne, en bon grognon que je suis. Puis je n'aime pas trop perdre, mais là j'avoue que notre position est un peu drôle, voire beaucoup. je lui retire ses mains de mes yeux et les garde dans les miennes. Et j'avance tant bien que mal. Finalement je décide de lui lâcher les mains et commence à nager allègrement, allant parfois sous l'eau, elle sur mon dos, remontant rapidement à la surface, faisant des pirouettes par-ci, par-là, c'est amusant, je me lâche. « Je suis un cheval de course! Mais pataclop c'est moche...» Faut bien que je râle un peu, sinon ça serait pas moi, voyons.

Je m'amuse donc à trimballer cette jeune fille que je considère comme une soeur dans la piscine. Parfois, je bois la tasse et je vous assure que ça, ça n'est pas très plaisant. Néanmoins, je n'ai pas du tout que cet instant se termine. D'un côté, désormais je peux comprendre tous ceux qui souffrent du syndrome de Peter Pan. D'un autre, j'aime quand même être adulte. Cruel dilemme. « Je choisi Makoto, c'est très bien.» Par la suite, je haussai les épaules. Pourquoi pas? Venir plus souvent est une bonne idée pour que l'on se rapproche encore plus elle et moi. Y a rien d'amoureux et encore moins de sexuel entre Seong Hee et moi. Et pourtant, je le sens, quelque chose de fort nous lie, et je compte bien ne jamais briser ça. Alors si je dois me libérer pour elle, je suis bien capable de faire quelques efforts. « Je te préviens, si tu veux vraiment faire du jamais vu, tu devras t'entraîner à fond!» Je suis un maniaque, un perfectionniste et rire de ça ne me dérange pas. Tout le monde dit que je m'épanche trop lorsque je travaille, que j'y met trop de coeur et que je devrais pas autant m'en faire. Mais, ça n'est pas dans ma philosophie, de faire tout à moitié. Quand je me lance dans un truc c'est pour le finir, comme il se doit qui plus est. Puis finalement, je décide de faire l'anguille et de me dandiner de telle sorte que je me faufile sous l'eau et que Seong Hee n'ait plus son emprise sur moi. Je ressors derrière elle, la prend dans mes bras et la jette une nouvelle fois dans l'eau. «Tu vas morfler aujourd'hui.» Ajouté-je, taquin.

Cette fille me fait rire. J'apprécie beaucoup son sens de l'humour. Alors comme ça elle marchera sur l'eau plus tard? Franchement, si je n'étais pas si taciturne, j'aurais sûrement piqué un fou-rire. Mais non, je me contente de rire légèrement, c'est suffisant. Aussi perfectionniste que moi, je sais que Seong Hee n'est pas du genre à abandonner facilement alors finalement, si elle en arrive à marcher sur l'eau, je ne serai même pas surpris. «Je te mets au défi?» demandé-je, toujours aussi taquin. Par la suite, je m'amuse à la délaisser pour enfin la couler une nouvelle fois. Elle râle et je la trouve incroyablement mignonne à ce moment là. Je ne suis pas le seul à être grognon, je me sens moins seul. Je n'ai pas le temps de répondre quoique ce soit qu'elle se jette sur moi. Je me débat comme je le peux, mais pris sur le coup, je crois bien que je suis vaincu. Je me redresse alors, la faisant tomber dans l'eau par la même occasion et frotte mes cheveux malmenés par ses petits poings. Je la prends contre moi et lui passe un savon sur les cheveux pour me venger. «Quelle gravité? Tu vas me foutre en prison princesse?» Je rigole d'un air enfantin et la lâche pour aller éternuer dans un autre coin. Je me retourne. «Sinon tu m'offres quoi à boire petite? t'as vraiment pas le sens de l'hospitalité...» fais-je semblant de critiquer.

Il me mettait au défi ? Très bien, j'allais soudoyer tous les prestidigitateurs du pays pour savoir comment on faisait ! Je ris, on rit tous les deux, on se chahute comme des enfants. Je râle quand il essaie de me couler ou quand il me passe un savon, mais je le lui rends bien. Je profite de ces instants comme s'ils étaient les derniers que j'ai à passer sur terre. Cela me fait du bien de revivre, même si c'est éphémère, les rires qui raisonnent à mes oreilles ont le son d'une douce mélodie. Pour abus de pouvoir sur plus faible que soi ! Je suis sûre que je peux trouver un truc du genre dans le code pénal ! ou au moins un truc qui y ressemble de très loin, je n'étais pas fondamentalement sûre que le chahut entre deux personnes étaient répréhensibles par la loi, et Makoto n'était pas suffisamment idiot que pour y croire. Mais ça m'amusait de lui lancer des balivernes à la figure. Comment ça je t'offre pas à boire ? Je t'offre une piscine à boire et c'est pas suffisant pour toi ? j'échappais à mes responsabilité, me munissant de mon plus beau sourire, avant de sortir de la piscine et de prendre le bippeur sur l'étagère près de la sortie. En temps normal, je me déplaçais moi-même, mais j'étais trempée, et je donnerais de l'ouvrage supplémentaire aux femmes de ménage si elles devaient nettoyer derrière moi Qu'est-ce que tu veux boire ? Sebastian devrait être là dans moins de cinq minutes. Je comprenais bien que pour quelqu'un qui n'en avait pas l'habitude, tout cela devait paraître exagéré, mais personnellement je n'y faisais même plus attention. Je vins m'asseoir au bord de la piscine, laissant mes jambes barboter. Et à part tes tentatives d'homicides sur ma personne, du nouveau dans ta vie ?

Je me demande ce qu'elle mijote dans sa petite tête alors que je viens de lui lancer le défi de marcher sur l'eau, défi qu'elle, normalement, ne devrait jamais réussir. C'est étrange toute cette sensation qui me fait penser que j'ai raté un truc énorme dans ma vie, une chose qui aurait pu changer toute ma personne, qui aurait fait que je n'aurais pas été le même Makoto. J'ai l'impression qu'on m'a volé quelque chose et parfois alors, je repense à ce bébé et ses cris qui berçaient mes nuits lorsque j'étais petit. Mon père n'a jamais voulu m'en parler et avant je m'y étais fais, seulement, depuis quelques temps, cela me revient bien trop souvent en tête. «Abus de pouvoir? On sait tous que c'est ceux qui connaissent la loi qui en profite en cachette!» lui rétorqué-je bien fier de ma répartie. Par la suite, je me mets à rire à cause de sa blague. Bien trouvé, je me retrouve sans rien à ajouter, comme un con, mais amusé. «J'ai un trou à la place de l'estomac, comme Gargantua, je bois sans jamais m'arrêter.» Je hausse un sourcil et la regarde faire. C'est vrai que je n'y suis pas habitué. Même si j'ai déjà côtoyé des riches, même faire acte présent à des galas et donc supporté l'extravagance des bourgeois, je ne peux toujours pas m'habituer à toute cette richesse, tous ces employés qui travaillent pour une famille. Mon père, même foutrement riche, ne m'a jamais élevé de la sorte et je crois bien que d'un côté, je lui en suis reconnaissant. Et oui, ça arrive que je trouve des bons côtés à mon père. «Un jus de fruit m'ira. Merci.» Je m'approche de Seong Hee en nageant, croisant alors mes bras sur les rebords de la piscine et déposant ma tête dessus. «Que veux-tu qu'il se passe dans une vie d'un pétalous associable hein? Mise à part que j'ai rencontré une très belle mannequin et que je suis toujours bon en cours. Et toi? »

Je me demandais ce qu'aurait été ma vie si j'avais eu un grand frère comme Makoto, aurais-je mieux tenu le coup face au malheur qui m'a brisée il y a quatre ans de cela ? Su Nah avait tenté de me soutenir, mais je l'avais repoussée. Je continuais à le faire. Cependant, n'aurait-ce pas été différent si j'avais eu une personne sous mon propre toit pour me redresser ? Sans doute. Encore plus si cette personne avait été Makoto. Faut bien qu'il y ait des avantages à faire ces études ! Car en dehors de pouvoir faire des blagues à mes amis, je n'y trouvais aucun plaisir. Il fallait absolument que je trouve une solution d'y échapper, mais il fallait avant tout que je me ressaisisse. Je ne pus m'empêcher de rire en l'entendant dire qu'il avait un trou dans l'estomac, mais je n'y réponds rien. En attendant Sebastian, j'écoutai sa réponse. Une belle mannequin ? Aish, elle n'avait pas intérêt à être une garce, ni une nympho, et encore moins à se servir de Makoto, je ne le permettrais pas. Je n'étais pas jalouse, juste possessive. Je ne voulais pas qui lui arrive le moindre mal, voila tout. Je tenais à lui, énormément. Hn. Tu me la présenteras si tu sors avec hein ? je ne lui laisserai pas le choix de toute façon. Aw, euh ... rien de spécial ... Pour le moment je suis préoccupée par mes fiançailles avec Shûji, et comment on va se sortir de là ... Un bruit attira mon attention, je me tus automatiquement. J'évitais de parler de Shûji devant les domestiques, afin qu'ils ne rapportent rien à ma mère. Heureusement pour moi, ce n'était que Sebastian. Je m'apprêtais à lui demander de nous ramener à boire, mais il me devança « Mademoiselle, votre mère est rentrée de son voyage » Oups. Elle n'était pas censée rentrer avant demain. Dites-lui que je suis ici, avec un ami. Et pourriez-vous nous ramener un verre d'eau et un verre de jus d'orange s'il vous plait ? Il acquiesça et partit sans demander son reste. Je râlais, je n'avais pas envie de voir Madame Cho. Je ne m'y attendais pas. D'autant plus qu'elle m'avait téléphoné il n'y a pas une heure de cela. En gros, elle m'avait tendu un piège. J'étais censée être avec mon fiancé, à la place j'étais avec un autre homme en train de me baigner. Si tu as envie de partir Makoto, je comprendrais. Mère n'est pas... d'une excellente compagnie. je grimaçai. Il fallait vraiment qu'elle vienne toujours tout détruire.

« Certainement. » Elle a raison, le droit c'est pas commode alors autant en rire. Je n'aurais pas pu choisir cette voix. Tout simplement car je ne peux défendre autre chose que mes idéologie à moi. Je ne pourrai pas réussir à faire plaider innocent un psychopathe juste parce que j'aurais été appelé en tant que son avocat ou parce qu'il n'y aurait pas assez de preuves pour l'inculper. Quand je n'aime pas quelqu'un, je ne peux rester impartial. Ensuite, on dérive sur un sujet quelque peu épineux pour moi. Que je lui présente Hee Mi si je sors avec elle? Mais je ne suis même pas certain de le vouloir. Enfin, elle me plait, je lui plais, on joue et un jour l'un d'entre nous finira par craquer mais est-ce que ça marchera? C'est bien la première fois que je doute quant au fait de sortir avec une fille ou non. D'habitude j'accepte, si elles sont à mon goût bien sûr, et dès qu'elles me lassent, je romps. Mais avec Hee Mi je ne veux pas de ça, cependant, je ne sais même pas ce que je veux. « Si j'avais dû te présenter toutes les filles avec qui je suis sorti, on en aurait même pas encore fini en ce moment même! » plaisanté-je en me vantant. D'un côté, ça n'est pas totalement faux, j'ai un sacré palmarès de connard, d'après mes exs. Seong Hee me parle de Shûji et je me rappelle qu'il est vrai que ces deux là ne sont pas dans une situation plaisante. Je les admire, à devoir supporter toute cette pression familiale. Encore une fois, je suis bien heureux d'être le fils d'un père idéaliste qui pense que l'ont doit trouver l'amour soit-même. Pour une fois même, je suis d'accord avec lui. «J'espère que ça se passera bien et si jamais t'as besoin d'aide, ne m'oublie pas. » Toujours là pour un pote, c'est l'un de mes crédos. Par la suite Sebastian - qui a perdu le ciel, bon d'accord je sors - arrive en annonçant que la mère Cho est de visite chez sa fille. Après tout ce que j'ai entendu quant à son caractère, j'ai très peu envie de la croiser. Mais quand je vois l'embarras de mon amie, je crois que je préfère rester afin de la soutenir moralement et physiquement, sa mère n'est pas un cadeau du ciel. Je sors de l'eau alors et entoure une serviette que l'un des domestiques avait déposé un peu plus tôt sur une chaise longue, sur mon corps afin de me sécher, être un peu plus présentable quoi. Je me sèche rapidement et repose le tissu. « Je peux très bien rester, comme ça t'auras pas à la supporter ... seule... » Je la vois arriver et mon sang se glace. Son visage me perturbe et me rend haineux. Lorsqu'elle arrive elle me dévisage comme si je n'étais rien qu'une sous-merde, j'ai envie de la baffer. Je la salue donc poliment afin de ne pas faire honte à Seong Hee, en m'inclinant respectueusement. « Bonjour... » Il y a quelque chose dans tout ça qui me perturbe. Cette femme m'énerve.

Je n'avais pas envie de lui présenter ma mère, vraiment pas. Vraiment, vraiment pas. En même temps, quel intérêt y avait-il à rencontrer un requin ? Aucun. Je haïssais cette femme et tout ce qu'elle représentait à mes yeux. Je haïssais son sang qui coulait dans mes veines. Je haïssais son entreprise qui faisait notre fortune. Je haïssais sa fortune qui faisait de moi son héritière. Je haïssais sa façon de se servir de moi, de me traiter comme un jouet pour arriver à ses fins. Je haïssais cette façon de symboliser tout ce que j'avais perdu. Mes rêves. Mes espoirs. Ma force. Ma joie. Ma vie. Elle n'était pas responsable de mon malheur, mais n'avait jamais rien fait pour m'en sortir, alors que c'est ce qu'on attend d'une mère. Elle ne venait pas à l'hôpital, m'y a laissé pourrir pendant quasi deux années. Oh, elle s'était assuré que je sois entourée par les meilleurs praticiens, il ne fallait pas que sa fille unique finisse en chaise roulante, ça ne rendrait pas bien aux réceptions. Merci Makoto... Malgré le fait que je n'ai pas envie de lui présenter ma mère, je suis heureuse qu'il reste. J'ai besoin de lui, je ne suis pas sûre d'être suffisamment forte pour tenir encore longtemps le coup seule. Pas face à cette femme qui m'inspire tout ce qui me brise. Je vais m'essuyer rapidement, réajuste mon paréo, mon regard se darde sur mes cicatrices et je déglutis. J'ai envie de me réfugier dans les bras de Makoto, je ne veux pas la voir, pitié, tenez-la éloignée de moi. Trop tard, j'entends le claquement de ses talons sur le sol. Mère... je la salue à peine. Là tout de suite, je réfléchissais à une excuse pour expliquer la présence de Makoto et l'absence de Shûji qui était censé vivre avec moi. Elle calcule à peine Makoto, et s'adresse directement à moi Je m'attendais à te voir avec ton fiancé. Vite, il me fallait quelque chose Il s'est absenté peu après ton appel, il a dû aller aider son frère à propos de Heartless Diva. Génial. C'était crédible. Elle hoche brièvement la tête, je ne suis même pas sûre qu'elle sache ce qu'est Heartless Diva, tant pis, elle ne prendra pas le risque de passer pour une mauvaise belle-mère aux yeux d'un étranger. Béni soit Makoto. D'ailleurs, elle finit par poser son regard sur ce dernier, le jugeant. Je hais quand elle fait cela, encore plus quand il s'agit de personne qui me sont chères Tu restes combien de temps ? j'essaie d'attirer son attention avant qu'elle ne mette Makoto mal à l'aise Une semaine. Tout ça ? C'est sorti tout seul. D'habitude elle ne reste jamais plus de deux heures, c'était pour le moins pratique Cache ta joie. De toute façon, je logerai dans un hôtel où seront données diverses réceptions. Tu es attendue mercredi prochain d'ailleurs. Je soupire, rendez-moi ma vie pitié. Elle repose son regard sur Makoto Que fait-il ici ? Je répondis tout aussi vite Il est venu me tenir compagnie. et c'était la vérité Qui êtes-vous ? Qu'attendez-vous de ma fille ? le manque de tact de ma mère et ses questions me laissent sans voix. Je regarde Makoto, je le plains, et mon visage exprime mes excuses les plus sincères. "Fuis, pauvre fou", avais-je envie de lui dire, mais trop tard.

Avant, je sentais bien que Seong Hee ne portais pas sa mère dans son coeur. Maintenant, je peux le voir. Ses yeux sont plus sombres et son visage bien moins joli, plus coléreux. Cela me peine, car je n'aime pas la voir en proie à des sentiments inverses à la joie. Je sens un froid s'installer entre les deux femmes alors que la mère Cho arrive. Pas de bonjour, pas de comment vas-tu ma chérie? Décidément, cette femme est un glaçon. Je me demande si cette mégère a déjà vu Shûji, enfin, je veux dire si elle l'apprécie. Je ne porte pas de jugement sur ce mec, il a l'air extravagant, expressif tout l'opposé de se glaçon sur pattes. Sont-ils capables de s'entendre? D'ailleurs, quelqu'un dans ce monde est-il capable de s'entendre avec cette femme? J'écoute Seong Hee sortir une ânerie à sa mère, une ânerie ma foi très crédible. Elle est vraiment faite pour étudier le droit dis donc. La vielle me regarde, d'un air mauvais et j'ai envie d'utiliser mes doigts pour lui crever les yeux. Je me retiens de rire lorsque Seong Hee semble surprise par la longueur de la durée du séjour de sa mère. Et bien, elle a l'air heureuse la petite. En fait, cette madame ne parle pas, elle crache, pire qu'un chat noire enragé, on dirait un des monstres d'Alien vs Predator. Désolée Seong Hee, mais ta mère me saoule et fort heureusement, j'ai l'impression que tu n'as rien d'elle, donc sûrement que tu as tout de ton père. Ca y est, l'attention de la vilaine Zira - quoique non, j'aime Zira moi, donc la vilaine Cruela - voilà qui lui correspond mieux d'ailleurs - se reporte sur moi. Je ne cède pas, qu'elle ne croit pas me soumettre avec son arrogance, je sais aussi l'être. Ces questions me font sourire, quelques courtes secondes, mais elle a quand même dû remarquer mes lèvres arquées. « Aoki makoto. Et ce que j'attends de votre fille est du l'ordre de l'intime. Je ne me risquerai pas à vous l'avouer. » En d'autres termes, madame, je me fous de votre gueule et je vais même me permettre d'ajouter « Et vous, vous êtes? » Je la défie, je ne l'aime pas.

Pour qui se prend-elle au juste ? Je fulminais. Seulement, comme toujours, je ne disais rien. Je ne craignais pas les petites piques, mais jamais je ne la défiais réellement. Avais-je peur de ce que je pourrais perdre ? Sans doute. Alors je fulmine encore plus, contre moi-même, contre ma faiblesse. Néanmoins, Makoto ne se laisse pas démonter. Je l'observe, et mon cœur s'autorise un répit. Je voyais dans sa façon de lui répondre cette force que j'avais un jour eu. Paradoxalement, ça ne me blesse pas, ça m'insuffle un peu de courage : un jour, moi aussi j'avais été comme ça. Il se moque d'elle, ouvertement, et je souris. Le nippon n'avait jamais nourri d'intimes intentions - pour reprendre son terme - à mon égard, et je le savais pertinemment bien. Le voir se jouer d'elle m'amuse, je devais le reconnaître. Cependant, je ne pus remarquer le visage de ma mère virer au blanc en entendant son nom. Je ne l'avais encore jamais vue déstabilisée, et pourtant à cet instant précis je savais qu'elle l'était. Mon sourire disparut, mes sourcils se froncèrent. Pourquoi ? Sa mâchoire crispée, elle tenta pourtant de continuer comme si de rien était Sortez d'ici Non ! Les mots avaient été plus vite que ma pensée, mon refus me surpris. Cependant, une fois l'étonnement passé, j'insistai Non. Makoto ne part pas. Pas sans qu'il l'ait décidé. Je ne suis pas énervée, je suis même calme. Je ne suis pas en train de faire un caprice, je lui fais juste comprendre qu'elle ne gagnera pas ce coups-là, que pour une fois, elle ne cèdera pas. Il part, Seong Hee. Et je te conseille de ne pas t'en mêler. Je plonge mon regard dans le sien, me grandi sans m'en rendre compte Et bien, je m'en mêle malgré tout. Je me tourne alors vers Makoto Je ne veux pas t'obliger à rester Mako, mais tu n'as pas à partir si tu ne veux pas. Je voulais qu'il reste. Et je voulais comprendre les soudaines réactions de ma mère.

Il est rare que l'envie de frapper me gagne lorsque je m'énerve contre une femme, pourtant, j'ai l'impression que cette envie coule directement dans mes veines, qu'elle me vient de mes gènes et que je ne peux même pas l'éviter ou la noyer dans un sentiment plus doux. Non, je hais cette femme, c'est viscérale et ne pas connaître la véritable raison me rend fou. Car le fait qu'elle est simplement une mauvaise mère avec mon amie devrait m'énerver certes, mais surtout me peiné et ne pas me rendre aussi haineux que je ne le suis en ce moment. Elle me rappelle quelque chose de mauvais, elle me rappelle mon père en lambeaux, mon père devenu si faible. Mais pourquoi? Elle me demande de me présenter et je le fais. Pourquoi mon patronyme semble tellement la perturber? Me connait-elle? Mais moi je ne la connais pas. Je ne comprends pas tout et j'avoue avoir mal au coeur. Je me sens rejeter et venant d'une personne qui ne m'est pas familière, je ne devrais pas ressentir cela aussi violemment. De quoi Seong Hee ne doit pas se mêler? Cette femme devient étrange, elle nous cache quelque chose, j'en suis certain et j'ai peur des idées qui me viennent en tête, j'ai peur de me faire de fausses idées. J'ai envie de lui poser une question, une question qui pourra atténuer tous mes doutes mais je deviens lâche, j'ai trop peur de ce qu'elle pourrait me répondre. Je regarde Seong Hee, quelque peu perdu. Partir? Je n'en ai pas envie. Alors je tourne mon regard vers cette mégère et fronce les sourcils. « Je ne partirai pas avant de savoir de quoi Seong Hee ne doit pas se mêler. C'est bien beau de dire ça, mais si je suis fourré dans une histoire, j'aimerais bien en connaître les lignes directrices. Qui êtes-vous pour me dire de partir? Je viens visiter mon amie et non vous. Vous êtes impolies et je vous dis sincèrement que vous êtes énervante. » Je suis énervé, je pense que cela se voit et encore, je me suis retenu de prononcer certains mots peu jolis.

Il se passe quelque chose, j'ignore quoi, mais la tension est à son comble. Je n'avais jamais vu Makoto aussi haineux, je n'avais jamais vu ma mère aussi peu sûre d'elle. Je me rapprochai des deux, de la vipère et de l'ami, me rangeant aux côté de celui-ci. Ma mère était prise au dépourvu, mais ne lâchait rien pour autant Vous êtes dans ma maison et je vous sommes de partir, peu importe ce que Seonghee en dira elle avait dit ces derniers mots en se tournant vers moi. Je fronçai mes sourcils, crispai ma mâchoire Bordel, il se passe quoi là ? je n'avais pas répondu, mais ma question était comme l'écho de ce que Makoto avait dit plus tôt. Je voulais savoir ce qu'il se passait, cette fois-ci mère ne s'en sortirait pas. Répond-moi Min Ra. Pourquoi t'es si mal à l'aise tout à coup ? ça ne te ressemble pas. Elle cachait quelque chose, je pouvais le sentir. J'avais beau ne pas la voir souvent, ma mère était une personne tellement prévisible. Sa lèvre inférieur tremblait sous la colère, la situation lui échappait, elle n'en avait pas l'habitude. Moi ? Moi j'étais calme. En apparence en tout cas, car à l'intérieur je sentais mon sang bouillonner dans mes veines. Soudain, le regard de ma mère s'assombrit, tout comme son visage. Si je m'étais attendue à ce genre de situation ... elle parlait d'un ton mauvais, et soudain, je crains le pire. J'étais partagée entre le désir de savoir, et d'ignorer, fuir loin. Je ne pouvais pas, il était trop tard, j'avais besoin de savoir. Min Ra posa son regard plein sur moi, un regard que j'aurais dit plein de reproche. Elle me reprochait d'avoir amené Makoto chez nous Puisque tu tiens tellement à savoir, ton père n'est pas mort Seong Hee, et Makoto est ton frère elle avait craché ces mots comme si elle en était dégoûtée. De mon côté, la colère s'évapora tout aussi vite, laissant place à une profonde incompréhension T'es devenue folle ou quoi ? Père est mort quand j'avais un an ... Elle reposa alors ses yeux de rat sur Makoto Non, je l'ai quitté, il me faisait honte. Et je lui ai laissé notre fils, je ne t'ai emmenée qu'à toi. Non. C'était impossible, c'était une mascarade. Je lançais un regard désespéré à Makoto. Mon frère ? Il y a quelques minutes seulement, j'aurais aimé être sa soeur, mais là ... Je ne voulais pas y croire. Pas croire qu'elle avait été à détruire jusqu'à mon enfance, non. Elle avait eu honte de mon père, comme elle avait eu honte de moi. Ce qu'elle disait était crédible, mais je n'arrivais tout simplement pas à comprendre ses paroles. Sa cruauté était-elle à ce point sans bornes que pour me priver de l'homme qui était à l'origine de ma naissance ? Et pourquoi celui-ci aurait accepté de m'abandonner ? Je me trouvais toutes les excuses pour ne pas accepter ce qui semblait pourtant être la vérité.

Plus les secondes, plus mes doutes deviennent certitudes. Quelque chose nous lie et même si c'est ce sentiment haineux, cela me suffit à confirmer mon intuition. J'anticipe déjà ce que je vais entendre. Ma mère a quitté mon père, elle était influente. Et ce bébé, je ne l'ai sûrement pas rêvé. le fait que mon père ait voulu emménagé spécialement à Suwon n'était sûrement pas parce qu'il l'avait décidé comme l'époux de Lucette. Non ça n'est pas le jeux ma pauvre Lucette. Mon père savait très bien ce qu'il faisait. Mais pourquoi ne m'en avoir jamais parlé? Cette femme hésite. Mais à faire quoi? Fuir ou encore cracher? Ou bien les deux en même temps. La sentence tombe et je crois bien que je me vide. Encore il y a quelques heures, je rêvassais, me disant qu'avoir réellement une petite soeur comme Seong Hee serait un cadeau tombé du ciel, je me disais qu'avec elle à mes côtés, c'est comme si je retrouvais une partie de mon enfance volée. Je souhaitais qu'elle soit ma soeur. Et maintenant que je l'apprends, je ne sais plus quoi faire, quoi dire. Mon regard croise celui de celle que j'ai toujours appelé "génitrice", mon coeur se serre et ses paroles blessent ma fierté. Elle avait honte de mon père? Et moi toutes ces années, j'ai dû lui rappeler pourquoi elle l'a quitté, moi qui avait aussi honte de lui, je me sens coupable, mal pour lui. « Donc vous êtes la salope qui nous a lâchement abandonné? Et pour faire quoi? Pour finalement abandonner votre fille comme vous l'avez fait avec nous deux. Pourquoi? Pourquoi nous avoir séparé si ce n'était pour ne pas bien vous occuper de Seong Hee? » Pourquoi ma... soeur et moi avions à trinquer de son idiotie? « C'est mon père qui devrait avoir honte de vous. » Et de moi par la même...

Encore une fois, tout ce sur quoi ma vie était basée volait en éclat. Je me retrouvais à nouveau dépourvue de tout repère. Pourtant, pour la première fois, quelque chose au fond de moi tentait de me rassurer, tentait de me convaincre que c'était pour un mieu. Une larme roula, une et une seule. Cette fois c'en était trop. Je relevai la tête, regardai ma mère, la mère de Makoto, notre mère, une seule et même personne. Les paroles de Makoto me vont droit au cœur, elles me calment et m'apaisent. Cette fois, je sais que je ne suis pas seule. Je te demande pardon ? J'avais prévenu ton père que je voulais qu'il arrête. Et je m'occupe parfaitement de ma fille. Soudain, un éclair de lucidité traversa mon esprit. Bien t'occuper de moi ? La blague ... j'avais dit cela dans un souffle, je commençais à réaliser, je commençais à comprendre La seule chose dont tu te sois jamais préoccupée c'est de ta petite vie, tu ne t'es jamais souciée de la mienne. J'étais calme, ma voix était presque douce, et je vis ma mère s'inquiéter. Pourquoi ? Parce que pour la première fois depuis quatre ans, elle revoyait en moi la fille qui n'avait jamais plié devant elle. Qu'Est-ce que tu racontes ? Tu me dois la vie ! j'eus un faible sourire, ce genre de sourire qu'on affiche quand on est triste, mais qu'on sait que ce n'est pas la fin Non, je ne te dois rien, à part des larmes et de la souffrance. Tu t'es servi de moi, tu n'as jamais arrêté de le faire. Tu as cru que je deviendrais comme mon père ? Tu avais raison. Pauvre Makoto, pour le coup il ne devait rien comprendre. Je prendrai le temps de lui expliquer. Après tout, il avait le droit de tout savoir de moi. Je peux savoir ce que cela signifie ? Ce que ça signifiait ? c'était pourtant clair à mes yeux, plus clair que ça ne l'avais jamais été. Que c'est terminé mère. Cette fois-ci, vous avez été bien trop loin. Quelque part je devrais la remercier, car j'allais enfin pouvoir me relever. Je n'étais plus seule, j'en étais persuadée, et cela suffisait à me gonfler à bloc. Je me tournai vers Makoto et lui souris, comme si de rien était Allons nous en Makoto Mère ne semble pas dans son assiette, tant mieux. Oh, un dernier détail Avant que je n'oublier : Ne t'en fais pas pour mes fiançailles, je resterai fiancée à Shûji tant qu'il n'aura pas d'autres solutions pour échapper aux fiançailles. Je ne voulais pas que mon fiancé pâtisse de la situation. Il n'avait rien fait pour mériter cela. Cela laissait à ma mère un moyen de pression, mais je savais d'avance qu'elle ne prendrait pas le risque de l'utiliser. J'attrapai ma serviette, ainsi que les vêtements de Makoto que je lui rendis avant de me diriger vers ma chambre, m'assurant que mon frère suive. J'étais triste, c'est vrai, mais en même temps soulagée. Comme si ce qui m'avait été enlevée pendant si longtemps venait de m'être rendue, et je ne parlais pas seulement de mon frère. Je venais de retrouver ma force, mon courage, mon envie de me battre. Tout ce que ma mère m'avait pris, je venais de le reprendre.

Je ne trouve même pas quoi répondre aux propos de cette mégère. Je ne supporte pas qu'elle dénigre mon paternel. Il a beau être faible et trop doux à mon goût, il s'est toujours très bien occupé de moi, il a fait de son mieux. Et elle? Comment peut-être défendre le fait qu'elle s'occupait très bien de ma soeur. Sa fierté la tuera, et j'espère rapidement. Finalement, je n'ai même pas besoin de lui cracher dessus en retour, Seong Hee s'en occupe, et très bien. Encore une fois, la réponse de la mère me fit mal. Seong Hee lui devait la vie? Et dans ce cas, de mon côté je lui devais le fait d'avoir baisé ma vie? Seong Hee lui devait la même chose. Alors que doit-on lui rendre au final? Doit-on lui briser une jambe pour qu'on lui rende la pareille? Doit-on l'écarter de sa famille? A ba tien, ça, elle le fait elle-même. Devenir comme son père soit mon père? Que veut-elle dire par là? Je commence à me sentir hors-sujet, je ne comprends rien. Je hoche la tête lorsque Seong Hee demande à ce qu'on parte. Je prends les vêtements qu'elle me tend et je lance un dernier regard foudroyant à la génitrice. Sale pute. Je suis ma soeur. Je n'y reviens toujours pas, la fille qui marche devant moi est ma petite soeur. La pièce du puzzle manquante. Ma soeur à moi. Je crois que plus d'être affublé par cette retrouvaille avec la génitrice, je suis heureux de rencontrer ma soeur. On arrive dans sa chambre, je ferme la porte et reste appuyé contre. Je ne sais pas quoi dire, pas quoi faire. Je regarde Seong Hee et hésite quelques instants. « S... Semblerait qu'on ait du temps à rattraper... » Tellement de temps...

C'était une sacré baffe que je venais de me prendre, une baffe à laquelle j'étais loin d'être préparée. En même temps, qui l'aurait été ? Sans doute personne. J'avais besoin de réconfort là tout de suite, aussi, une fois qu'on fut dans la chambre, je me jetai presque dans ses bras. Oui, on avait du temps à rattraper, beaucoup de temps ... Je hochai la tête, ma joue collée contre son torse. Je ne parvenais pas à décrire le sentiment qui m'animait. J'étais à la fois triste d'apprendre que ma mère m'avait menti, et heureuse d'apprendre que j'avais un frère. D'autant plus qu'il s'agissait de Makoto. Heureusement qu'il n'y avait jamais rien eu de sexuel entre nous maintenant que j'y pense. Je fronçai les sourcils à cette idée, non, mieux valait ne pas penser à ça. Après quelques minutes à rester silencieuse, je finis par reprendre la parole, me décollant légèrement de Makoto Excuse-moi... t'as dû décroché tout à l'heure quand j'ai dit à ma... notre mère qu'elle avait peur que je devienne comme notre père ... je poussai un soupir avant de baisser un peu la tête. Je ne lui avais jamais parlé de mon accident, je n'en avais jamais parlé à personne à vrai dire, même pas à Hea Jung, alors qu'elle était mieux placée que quiconque pour me comprendre. Disons que je ne m'étais jamais sentie suffisamment proche de quelqu'un que pour me confier, mais à présent que j'avais un frère - de sang - c'était différent n'est-ce pas ? Parle-moi de lui s'il te plait ! Parle-moi de vous j'avais envie de savoir, d'apprendre la vie qu'ils avaient eu au Japon. J'étais curieuse certes, mais surtout, à présent j'avais la chance de pouvoir faire partie d'une famille, c'était quelque chose que je n'avais jamais eu.

Spoiler:

A peine ai-je prononcé une phrase que je sens Seong Hee... Ma soeur se plonger dans mes bras et je ne peux la repousser. D'ailleurs, loin en moi l'envie de le faire. Je ressers l'étreinte autour de son dos tandis que l'une de mes mains s'en va cajoler sa chevelure encore humide. On reste ainsi quelques temps, je ne sais combien de minutes je me fiche de cela. A vrai dire, je profite. Je ne suis pas tactile d'habitude mais là, j'en ai besoin. Peut-être aurais-je été un tout autre Makoto si j'avais toujours eu ma soeur à mes côtés, si j'avais eu une vie de famille normale. Je n'aurais peut-être pas été aussi dur avec mon père et ne l'aurait pas tant fait souffrir. Quand j'y repense, j'ai pas été le plus sympa des fils.  « Raconte-moi... Qu'est-ce qu'est "devenu" notre père... Et pourquoi tu ferais comme lui. » En effet, je n'ai rien compris. Toute cette histoire me perturbe. Déjà les retrouvailles avec ma mère, la découverte de ma soeur et maintenant il se passe aussi quelque chose avec mon père? Je lui prends la main et la tire jusque sur son lit, pour qu'on s'y assoit. Je soupire. Je n'aime pas parler mais ais-je le choix? Dois-je refuser à ma soeur de connaitre son père?  « Et bien, il est doux, serviable, passionné. C'est un homme gentil. J'ai jamais été un bon fils. Je l'ai toujours considéré comme un homme trop faible un mon goût. Pas digne d'être un homme tout court, ni mon père. Je l'ai rejeté. Maintenant ça va mieux, on se laisse tranquille, on se laisse vivre mais je ne l'ai pas revu depuis quelques mois. Parfois y a un petit sms et ça nous suffit. » Je soupire avant de reprendre.  « Non, ça me suffisait. A vrai dire je m'en veux.» Honteux de m'être déclaré ainsi, je tente un petit sourire à ma soeur et lui tapote la tête.  « On devrait aller le voir. Il serait heureux. »