Il laisse pourrir ici, à l'appart. In Ho est trop pris par le boulot, ils se parlent peu en ce moment. Mais sérieusement, ce n'est pas l'envie qui manque à Mei. Il soupire, sa cousine lui a envoyé plusieurs messages dont un où elle lui demandait s'il voulait manger un truc en ville. Il n'a répondu qu'à celui-ci par un "je n'ai pas faim merci." Elle ne doit pas avoir l'habitude d'une telle froideur de la part de Mei. Il est toujours chaleureux, souriant, dans sa bulle. Mais en ce moment, il est tout autre. Il n'a plus goût à rien. Sérieusement, il aurait pu tenir juste avec la rupture de Jeona, mais le fait qu'on lui ait enlevé son fils, il ne le supporte pas. Mais pas du tout. Il se lève sans ambition, sans force aucune et se dirige vers le frigo d'où il sort une canette de bière qu'il s'enfile presque d'une traite. Il s'allume un bon petit joint et regarde par la fenêtre, le regard vide. Dehors il fait frais et il pleut comme vache qui pisse. Soudainement, ça sonne à la porte d'entrée. Mei regarde par le juda qui cela peut bien être. Qui d'autre que sa cousine? Il ne lui a pas répondu, sûrement qu'elle se retrouve frustrée. Il lui ouvre la porte et la laisse entrer. Il va chercher une serviette de bain parce qu'elle est trempée et la lui donne. « Qu'est-ce qui t'amène cousine? En plus par ce temps...» Il ne va pas bien, il ne lui cache pas. Il en a marre de se cacher...

J’envoyais des messages à mon très cher cousin depuis ce matin. Pourtant, il ne répondit à aucun d’entre eux, alors que d’habitude, j’avais l’honneur d’avoir une réponse dans la minute qui suivait. Je finis par lui demander s’il ne voulait pas aller manger quelque chose en ville avec moi. « Je n’ai pas faim, merci. » C’était quoi cette réponse-là ? Pas une explication, rien. Me doutant que quelque chose clochait, je décidais d’aller voir directement chez lui. Evidemment, il fallait qu’il drache. N’ayant pas de voiture, je dus m’y rendre en vélo. Une fois arrivé là-bas, même avec mon manteau et ma capuche, j’étais trempé jusqu’aux os. Je sonnais à l’appartement de mon cousin, espérant qu’il vienne m’ouvrir. Quand il m’ouvrit, il avait l’air d’une humeur exécrable. Ce qui se confirma par la suite. Pas de bonjour, rien. J’attrapais la serviette qui me jeta tout en entrant, refermant la porte et entrepris de me sécher les cheveux. « Qu’est ce qui m’amène ? Toi, béta ! » Je fis une pause, essayant me visage avec l’essuie avant de reporter mon regard sur Mei. « J’aimerais bien savoir ce qui se passe pour que j’ai droit à des vents par messages. » Voyant que le jeune homme fumait un joint, je m’approchais de lui et lui arrachais de la bouche. Je tirais un bouffée avant de l’écraser dans un cendrier qui trainait. « On avait dit qu’on arrêtait cette saloperie ! » Cela faisait longtemps que je n’avais pas touché à la drogue. J’avais décidé d’arrêter en même temps qu’en commençant ma nouvelle vie.

Il l'observe minutieusement. Elle ne doit pas rester vêtue ainsi, elle tombera malade. Il se rend dans chambre et lui ramène un pull en laine large ainsi qu'un jogging. Cela devrait lui aller. Il lui tend les vêtements. « Va à la salle de bain. » Il hausse un sourcil quand il la voit fumer de son joint avant de l'écraser sans aucune douceur contre le cendrier. Alors, ça c'est pas cool du tout! « J'arrêterai quand j'en aurais envie pardi! » Il soupire et la pousse vers la salle de bain pour qu'elle se change. Malgré le fait qu'il soit de mauvaise humeur, il ne désire tout de même pas que sa cousine tombe malade par sa faute. « Puis je t'ai pas foutu de vent, je t'ai répondu. » Il attend qu'elle se change en s'asseyant sur le canapé. Il la laisse s'assoir à ses côtés. « Tu veux boire quelque chose? » Il laisse un blanc s'installer entre eux d'eux tandis qu'il ramène la boisson à la jeune femme. « Cousine... Ça va vraiment pas... » Il soupire et se laisse tomber sur le canapé, sa tête s'échouant sur l'épaule gracile de Young Im. Non, il n'en peut plus.

Je regardais Mei m’observer minutieusement. Que lui prenait-il ? Je le suivis du regard quand il partit dans la chambre. Je crus un instant qu’il m’ignorait, mais je changeais vite d’avis quand il revint avec des vêtements et qu’il me les tendit.  Je ne compris pas tout de suite pourquoi il faisait cela avant de voir que j’étais trempé. Logique. Je me dirigeais sous obligation à la salle de bain pour me changer. Je les enfilais vivement, faisant la grimace. Ces fringues ne me mettaient pas du tout en valeur, beaucoup trop grand pour moi. Enfin, peu importe. J’installais mes autres vêtements sur le radiateur pour les faire sécher plus vite, puis retournais m’assoir à ses côtés. « N’importe. Ce que tu as, cousin. » Il donna mon verre que je portais à mes lèvres avant de le poser sur la table basse. Quand Mei m’annonça que ca n’allait pas,  j’eu un faible sourire. Je le connaissais trop bien. Mon intuition m’avait dit que quelque chose n’allait pas quand il n’avait pas répondu à mes messages, et j’avais eu raison de le suivre. Caressant les cheveux de mon cousin, mon regard s’adoucit. « Que se passe-t-il Mei ? » Je m’inquiétais vraiment pour mon cousin et le voir ainsi, m’enchantait guère.

Le voilà qui laisse sa tête s'échouer contre la douce épaule de sa cousine après lui avoir amené sa boisson. Il soupire. A vrai dire, en ce moment, il hait le monde. Lui qui est d'un naturel joyeux et optimiste, en ce moment il broie du noir, il n'est plus lui-même, il n'est simplement plus que son ombre. Mei a beaucoup de mal à faire semblant d'être heureux et quiconque le croise dans la rue peut se rendre compte de son état mal en point. Sa gorge se serre, son ventre se contracte et des perles humides et piquantes menacent de déborder de ses yeux. Mei n'aime pas pleurer, il est toujours celui qui console et jamais celui qu'on console. C'est faible de sa part, mais il n'a plus vraiment de force. Il soupire et se lance. « A Rio... la femme que j'aime a pas voulu de moi. Tu sais, ça encore j'aurais pu le supporter, j'aurais pu faire avec. Mais en rentrant j'ai lu une lettre de Ming Zhu. Y a plus rien. Elle est partie, sans me demander, avec Jun. Mon fils. Elle me l'a prit encore une fois. Je sais plus à quoi me raccrocher. » Il se recule et se recroqueville, ses genoux se posant contre son torse, sa tête contre ses genoux, ses bras entourant ses jambes. « En ce moment j'ai plus goût à rien, même la musique ne m'aide pas. » Et tout le monde sait à quel point la musique est importante aux yeux du hippie, il se pense cause perdue.

Si on se comprenait si bien Mei et moi et c’était avant tout à nos caractères se ressemblant. On était tous deux d’un naturel joyeux et optimiste à un seul détail près était que lui ne pouvait cacher sa mauvaise humeur derrière un sourire alors que moi si. Quand je vis la première larme couler le long de la joue du jeune homme, mon cœur se serra. Je n’aimais pas le voir pleurer. Qui aimait voir un homme pleurer d’ailleurs ? Cela me brisait le cœur de le voir ainsi. Je l’écoutais en silence, le berçant doucement. Je soupirais calmement malgré que je bouillonne à l’intérieur. « Cette femme ne sait pas ce qu’elle rate … Et puis l’autre garce là ! Elle se prend pour qui de partir comme ça ? Je savais qu’il y avait une raison pour que je ne l’aime pas dès le premier regard…. » J’étais d’un calme glacial quand je dis cela. Je secouais la tête lentement. « Avec Jun en plus … » Je regardais mon cousin se recroqueviller sur lui-même. Cette femme était une véritable sorcière pour mettre un si adorable garçon dans cet état. Il était en train de toucher le fond. Je ne pouvais pas rester là sans rien faire, mais c’était cela le problème. Comment faire pour lui rendre le sourire ? Je me rapprochais de lui, prenant sa main dans la mienne et commençais à faire des ronds avec mon index sur sa paume. « Tu sais que je serais toujours là, moi, n’est-ce pas ? Surtout maintenant. Je sais que ça ne remplacera jamais ces deux femmes que tu as aimé, cousin, mais si je peux faire quoi que ce soit, hésite pas ! Demande-moi et je le ferais pour toi ! » J'étais déterminée à faire n'importe quo pour qu'il redevienne lui même et plus seulement une ombre.