Je vous avoue que je n'ai pas vraiment compris pourquoi, en me réveillant, ma chambre avait été déplacée dans une disposition étrange. Pourquoi la peinture des murs faisaient de celle-ci une pièce mêlant chic et modernité, quoiqu'un peu petite. Et pourquoi mon sublime lit double venait d'être transformé en lit simple bas de gamme. Et, allez savoir pourquoi, j'me suis pas posé de question. Le plus drôle, c'était quand même quand j'ai voulu prendre ma douche. En bâillant, j'ai ouvert la porte et manqué de trébucher sur une plante verte qui n'avait rien à foutre là. Rien ne me semblait anormal, pas même ma teub toute pixelisée et floutée alors que l'eau coulait. Un intense sentiment de satisfaction m'envahit en me sentant si propre. Puis, prêt à me laver les dents, je contemplais comme toujours ma gueule par le miroir. Et là, j'poussai une sorte de cri d'horreur. Putain. Que j'étais laid ! Ma tronche ressemblait à un amas de petits carrés, sans parler de ce losange vert qui flottait au dessus de ma tête ! Toutefois, bah.. bah j'étais pas apeuré pour autant, comme si tout ceci était normal. Cette maison, j'la connaissais. Ce jardin, aussi. Les aliments dans le frigo également. Je devais être en plein rêve, ou un truc comme ça. Les sims me montaient à la tête. A force d'y jouer je finissais par être obsédé, t'sais! J'étais quand même dans la maison que j'avais construite pour Jin Sang quoi ! Hey mais.. ça voulait aussi dire que notre voisine était genre.. Super sexy ? Le sourire jusqu'aux oreilles, je ressentis comme un besoin d'aller faire remonter ma barre de vie sociale chez les voisins. Puis aussi le souhait de faire crac-crac, héhé !

Mais c'était sans compter sur la sonnette de la porte. Curieux, je suis allé ouvrir après l'avoir déverrouillée et.. Me suis figé d'horreur. C'était un rêve, nan ? Et c'était pas censé être personnel ? Pourquoi Jin Sang, tout pixelisé lui aussi, tel que Liu Nai et moi l'avions créé, venait de frapper à ma porte ?! Rectification.. à sa porte. Néanmoins, s'il était là, moi aussi, et qu'il découvrait à qui appartenait ce décors, j'allais y passer. Il fallait juste qu'aucune de ses amantes ne désire le voir. Du moins.. En même temps.. Ni en même temps que sa femme et que.. Et qu'il ne désire pas aller travailler ou.. Airg, je donnais pas cher de ma peau ! « Hey Jin Sang ! Aaah tu voyais t'as tronche ! » Détendre l'atmosphère, c'était le meilleur à faire ! Mais c'était visiblement pas trop réussi, à voir la façon dont mon losange vert venait de virer à l'orange. Oh et.. Fallait pas non plus qu'il veuille pêcher.. ni jardiner.. Parce que je pense qu'il serait totalement enragé de découvrir pourquoi il savait si bien faire ces choses-là. MAIS FUCKING GOD, POURQUOI JINSANG VENAIT DE DÉBARQUER DANS SA MAISON DE SIMS, ET POURQUOI J’ÉTAIS LA, MOI AUSSI ?!

Je me réveillai avec l'étrange impression d'avoir très peu dormi, ce qui était franchement bizarre parce que j'étais certain d'être allé au lit très tôt la veille. Une fois que mes yeux furent habitués à la lumière du jour, je réalisai qu'il était déjà sept heures. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais encore aussi exténué. Je ne me souvenais pas avoir eu une nuit agitée, pourtant... quelque chose me poussa à me lever et une fois que je me trouvai à côté du lit, je vis la silhouette d'une personne qui y dormait encore. « C'est quoi ce bordel... » Pire encore, ce n'était même pas mon lit. Pris d'un soudain élan de panique, je reculai de quelques pas et mes yeux inspectèrent les alentours. La chambre était plutôt grande, peu meublée, et le papier-peint était de très mauvais goût, mais ça ne me donnait aucune information utile. Cet endroit ne m'était aucunement familier. Je m'apprêtais à prendre mes jambes à mon cou lorsque je réalisai que j'étais encore à moitié nu. J'étais encore endormi et tout me semblait confus, j'étais peut-être en danger, mais je n'y pensais pas encore. Je voulais juste sortir pour évaluer la situation. J'avais peut-être bu et je ne m'en souvenais pas, ou tout ceci était un cauchemar. Pris d'une envie soudaine de fouiller dans l'armoire de bois juste derrière moi, je l'ouvris brusquement et tout commença à devenir flou. C'était comme si je m'étais mis à tourner sur moi-même à une vitesse folle et lorsque je m'arrêtai enfin... j'étais habillée. « Salut toi... » Je passai près de tomber à la renverse tellement la voix féminine qui s'élève me fit sursauter. Une jeune femme aux longs cheveux bruns s'était redressée dans le lit et me fit un clin d'oeil coquin. « PUTAIN, T'AS VU TA TÊTE? ET C'EST QUOI ÇA? » Je pointais le losange vert au dessus de sa tête d'un air accusateur. Cette fille n'avait rien d'un être humain normal! Je n'aurais pas su expliquer ce que je voyais, c'était irréel. Je devenais fou. Elle ne répondit rien et se leva simplement... pour ma part, je me mis à marcher très vite vers la porte parce que pour une raison qui m'était inconnue, je n'arrivais tout simplement pas à courir.

En sortant dehors, je me pinçai pour être certain d'être bien éveillé. C'était comme si j'avais été aspiré dans un univers parallèle. Ce n'était définitivement pas Suwon. La ville avait beau être gigantesque, j'en connaissais ses moindres recoins après avoir vécu ici depuis plus d'une vingtaine d'années. Ça ressemblait à une banlieue américaine, avec de grandes maisons et une pelouse verdoyante à l'avant. Je n'avais cependant pas le temps de m'attarder aux détails, parce que j'étais trop occupée à me rendre à une maison. Laquelle? Je n'en avais pas la moindre idée, mais mon instinct semblait s'être décuplé depuis mon arrivée dans cet endroit étrange. J'avais l'impression de toujours savoir quoi faire et où aller. Lorsque je trouvai enfin la bonne, je m'engageai dans l'entrée et appuyai sur la sonnette. Je n'étais plus paniqué, ni même énervé... juste agacé. Agacé que tout échappe à mon contrôle. Agacé par les vêtements affreux que j'avais sur le dos. Ce n'était certainement pas moi qui avait choisi un tel ensemble. La voix de Tao Jun résonna dans mes oreilles et lorsque mes yeux tentèrent de détailler son visage, le mien se figea dans une expression horrifiée. Il était tout déformé, c'était franchement étrange, on aurait dit... on aurait dit un jeu vidéo, voilà. « Qu'est-ce que tu fiches dans cette maison? On est où? Putain, Tao, t'es comme eux! T'as ce... ce truc! » J'ignorais encore que je l'avais aussi, mais c'était un simple détail. J'avais besoin d'explications, pas qu'il se moque de ma tronche. « Si tu te fous encore une fois de ma gueule j'vais... » Je m'arrêtai net de parler et entrai à l'intérieur, comme si j'étais propriétaire de la maison. « Te crier dessus me déprime. J'ai besoin de regarder la télé. » Qu'est-ce que...

Face à sa tête, j'avais eu ce stupide réflexe que de mettre ma main devant ma bouche pour rire, puis de glousser un « Soï sow ! » dont j'ignorais totalement le sens. Arg.. Le jeu me montait clairement à la tête, ou alors j'étais en train de péter un plomb sévère. Est-ce que j'avais fumé quelque chose de spécial avant de dormir, dont les effets se seraient prolongés ? Je glissai ma main sur ma nuque dans le but de la remonter lentement vers mes cheveux afin de les dresser, mais j'abandonnais en ne rencontrant qu'une sorte de solide cubique. Quoi, j'étais comme eux ? Si Jin Sang avait eu un peu plus de critique et de goût, il aurait clairement vu la différence. Esquissant une moue boudeuse, je soupirai : « T'es con ou quoi ? Mate ta tronche et on en reparle.. » Manquer de politesse à notre vice-président ? Je m'estimais assez proche de ce dernier pour ne pas avoir à lui lécher les bottes à la moindre occasion. J'étais quand même le plus beau de Montsimpa. Ou.. Ou le moins moche, d'un point de vue réaliste. Un petit - - s'afficha au dessus de nos têtes, signes que je chassai d'un signe de mains. Je sens que cette journée allait se révéler longue. Très longue. Les menaces, toujours les menaces.  Je m'y attendais, m'y préparai, mais rien ne vint et le plus étonnant fut que, justement,  je ne m'étonnais même pas de sa réponse. Comme si ce fut la chose la plus normale du monde, venant de Jin Sang. Je me sentais à la fois totalement différent, comme venu d'ailleurs, mais à la fois si intégré et si habitué aux habitudes du quartier que c'en était désappointant..

« Qu'est-ce que tu fais là ? » La question me brûlait la langue. S'il s'agissait d'un rêve, j'aurais au moins voulu savoir pourquoi le jaune intervenait. Si, par le plus hilarant et désespérant des hasards, il se trouvait que j'avais réellement été transformé en sims, je priai pour qu'il ai une réponse à m'apporter sur le pourquoi et le comment des choses. Mais comme toujours, il y a un élément perturbateur. J'avais une fierté. Mal placée, énorme et ridicule, mais une fierté inébranlable sous peine de mort. Mais pouvait-on tuer une force supérieure et invisible ? Mes jambes se plièrent d'elles-mêmes, mes genoux se retournèrent pour se faire face et mes mains se placèrent devant la braguette d'un vieux jean uniforme et unicolore. J'crois que j'étais à deux doigts d'me pisser dessus, et fallait que je l'annonce au monde entier d'un mouvement de bras. Humiliant. Qui plus est devant une personne comme Jin Sang. « Putain oh ! J'crois que y'a urgence là. » Commentais-je en grognant tandis que je me sentais comme dans l'rouge. Abandonnant mon vice-président pour gravir les escaliers quatre à quatre, c'est après m'être assuré d'avoir vidé ma vessie et d'être toujours au summum de ma propreté que je revins. Et, avec le sourire le plus idiot dont je puisse être affabulé, je rejoignis mon comparse captivé par la télévision. « C'est quoi, ton signe astrologique ? » C'était inutile, mais j'avais eu ce désir de savoir.. allez comprendre.

Ma tête et mon instinct semblaient en constante tension. J'avais un urgent besoin de comprendre, mais d'un autre côté, c'était comme si je vivais là depuis toujours. Mon corps savait exactement où aller, quoi faire, comment réagir... c'était de loin l'expérience la plus bizarre que j'avais vécue de toute ma vie. La drogue, à côté de ça, c'était presque banal. Ou peut-être que j'étais dans un gros trip et que j'étais tellement pété que je ne m'en rendais pas compte. C'était l'option qui me paraissait la moins absurde, sinon comment expliquer tout ça? Je remarquai le petit signe négatif rouge qui s'affichait au-dessus de la tête de Tao Jun. Rendu au point où j'en étais, je ne sursautai même pas, je devinai même pour quelle raison il était là. Il n'appréciait pas la façon dont je m'adressais à lui, et moi non plus. En temps normal j'aurais eu vite fait de le remettre à sa place, mais pour une raison qui m'échappait, cette discussion me rendait lasse. J'avais un énorme besoin de me distraire et regarder la télévision m'apparut comme étant la solution toute indiquée pour régler ce léger problème. Je ne bronchai même pas lorsque Tao se précipita vers ce que je devinai être la salle de bain. J'ignorais qu'il avait des problèmes de vessie aussi intenses.

M'asseoir pour regarder la chaîne sportive me fit le plus grand bien. Les images étaient vraiment très floues et je doutais même être en train de regarder du sport, mais pourtant, c'était l'impression que j'avais. Détendu et très satisfait, la question du plus jeune ne me fit même pas grincer des dents, je me retournai avec le sourire après m'être levé et avoir fermé la télé, ne me préoccupant même pas du fait qu'il la regardait lui aussi. Mon signe astrologique? Je l'ignorais. On ne s'intéressait pas au zodiaque en Corée, je savais par contre que j'étais de l'année du serpent. « Cancer. Pourquoi? » J'écarquillai soudainement les yeux, abasourdi d'avoir donné une réponse aussi facilement alors que je n'en avais pas la moindre idée cinq secondes auparavant. « Tao, sur une échelle de un à dix, dix étant le trip psychédélique qu'on vit présentement, à combien t'évalues les effets de la drogue qu'on a prise? » Ma question était tout à fait sérieuse. Je ne me droguais pas en tant normal, mais je ne voyais que cela. « Damn... t'as un p'tit creux? Je meurs de faim. Pourquoi je sais où est le frigo? D'ailleurs qu'est-ce que tu fous dans cette maison? T'habites ici? » Je continuais de débiter mon flot de questions à une vitesse effarante tout en me dirigeant d'un pas vif vers la cuisine.