trois mois aujourd'hui. trois longs mois que j'avais quitté mon pays, ma famille, mon frère et mon petit ami pour suivre un inconnu, un étranger, mais une question d'honneur m'empêchais de me remettre toujours en question. cela faisait trois mois que je n'avais pas osé envoyer un texto, écris sur instagram, regarder son facebook plus de cinq minutes. tout ce que j'avais fais, c'était lui laisser des messages en anonymes sur son ask. j'assumais mes choix mais, qu'est ce que ça faisait mal.

mes pas sont légers dans les rues de suwon, alors que dans mes mains, des paquets de pâtisseries, mon sac à main dans le creux de mon bras gauche, et mes pas résonnant contre les murs des immeubles du quartiers. Dans les oreilles, queen b chante halo alors que mes pensées vont tout droit à oxnard, dans notre maison familiale, puis dans cet appartement cosy et mignon ou dans mon esprit rejouait sans cesse des scènes heureuses de ma première vie.

son sourire, son torse dénudé et le chien sur ses genoux en train de lui lécher le visage. moi, eva, à côté, accoudée au canapé avec un livre dans les bras, riant aux éclats en regardant la scène. ses cheveux en bataille, son rire, ses mains se posant sur mes hanches pour me tirer vers lui. mon cri, mon sursaut et mon rire.

un cri, mais cette fois bien réel, car je viens de percuté de pleins fouet quelqu'un dans la rue. Mes pâtisseries tombent et je me penche immédiatement pour les ramasser. je suis vraiment désolée, je n'ai pas regardé ou j'allais réussis-je à balbutier, dans un coréen plus qu'approximatif mélangé à de l'anglais. c'est quand mon regard entre en contact avec les mains de ma cible que je bloque. je ne les quitte plus des yeux, et san m'en rendre compte, chuchote adam...

Je sais même pas où je vais. Tout est indiqué en coréen, tout ces signes qui se ressemblent ont fini par me refiler la migraine. Qu'est-ce que je fous ici au juste ? Eva. C'était la seule raison. Celle qui me gardait à Suwon. Je devais être devenu fou pour avoir traversé la terre juste pour la retrouver. Mais je l'aimais. Cela justifiait toutes les folies. Je revoyais son visage flotter devant mes yeux partout où j'allais. Chaque chose insignifiante me rappelait son absence, me hurlait qu'elle n'était plus là. Les premiers jours, ceux que j'avais passé terré au fond de mon appartement, je les avais passé à haïr le jour de notre rencontre. Une fois passé cette étape d'égarement, je m'étais mis en tête de la retrouver coûte que coûte. J'aurais aimé pouvoir la convaincre de refuser ces fiançailles, de rentrer avec moi, de vivre avec moi, de n'aimer que moi. Ne serait-ce pas égoïste de la forcer à choisir entre son petit ami et sa famille ? Je savais que ses parents lui avaient choisi un avenir différent de ce que je pouvais lui offrir. J'avais toujours su que jamais je ne pourrais suffire, avec mes bonnes intentions et mon porte-feuille maigrichon. Pourtant, j'avais espéré que notre amour soit suffisamment fort que pour convaincre les Moore que je la méritais.

Je m'étais résigné à me servir du gps que j'avais installé sur mon téléphone pour retrouver mon chemin. J'avais la tête trop explosée que pour demander mon chemin en Coréen. Je poussai un soupir las, passant une main dans mes cheveux. Peut-être aurais-je dû rester à Oxnard au fond ? Car j'allais faire quoi, si je la voyais ? Je ne voulais pas la forcer à quoique ce soit, mais il était hors de question que je l'oublie. Je voulais retrouver cette fille un peu bizarre, son rire cristallin, ses yeux envoûtant. Je voulais retrouver cette fille dont j'étais tombé follement amoureux. Mais pour lui dire quoi ? Ne t'en fais pas je vais bien ? Oui, c'est probablement ce que je dirais. Le regard rivé sur mon téléphone, je ne m'attendais pas à me faire percuter par une passante. Je ne réalise pas tout de suite ce qu'il se passe, et mon premier réflexe est de l'aider à ramasser les pâtisseries. Tout à coup, je m'immobilise. Cette voix, ces cheveux bruns et blonds, et même cette odeur ... Mon nom qui franchit la barrière de ses lèvres, et le rêve qui se prolonge Eva .... J'attrape son menton entre mes doigts et relève son visage vers moi. Je veux croiser son regard, s'assurer que ce n'est pas une chimère. Ce n'en est pas une. Sans trop réfléchir, je me redresse tout en l'entraînant avec moi pour la serrer doucement dans mes bras. Rien ne compte. Pas pour l'instant. C'est bien toi ....

impossible, c'était pas lui, pas ses mains, pas sa voix, pas sa main qui touche mon menton pour me le relever. Nos regard se fixent, s'enlacent, s’enchaînent pour ne plus se quitter. trois mois comme une éternité. trois mois sans lui, sans ça. ce geste, ce moment assourdissant, attendrissant, incandescent ou nous nous relevons, ou il m'attire contre lui et ou, par automatisme, par envie, par total abandon de mes pensées, de mes obligations et tout autre chose, j'enroule mes bras autour de sa nuque et sert, sert si fort qu'il ne pourras plus respirer. Je me hisse sur la pointe des pieds et resserre encore mon étreinte alors que ma tête, enfouis contre lui, respire l'odeur qui m'as tant manqué. oh adam, c'est pas possible.... doucement, je relâche mon étreinte mais joue de mes doigts dans ses cheveux courts. toujours sur la pointe des pieds, mes lèvres touchent es siennes dans un chaste baisers. un baiser d'habitude retrouvés, un baiser d'amour, un baiser de pardon. j'aurais aimé que ce moment dure toute l'éternité, mais mes pensées me rattrapent bien trop vite, et le passant qui nous bouscule me ramène dans la réalité.

très vite, je le relâche alors, me mordillant la lèvre inférieur en le regardant, les joues rouges, je me baisse pour ramasser ce qu'il reste des pâtisseries et refermer la boite, reprendre mon sac. tout ça ne dure qu'un instant parce que le moment d'après, alors que je me relève, je me surprend à avoir les larmes aux yeux, et mon poing viens frapper le torse d'adam. mon adam. pourquoi t'es là, qu'est ce que tu fais ici? t'es pas censé être ici! et je le frappe de mes petits poings en bafouillant des mots en anglais, en coréen, surtout en anglais. mes yeux se baissent sur la boite de pâtisseries. trouver une excuse alors que je renifle comme une enfant, la tête basse et les joues rouges mes gateaux sont tout cassés... ne pas dire pour qui elle les apportait, surtout pas.

Bien sûr, j'étais venu ici pour elle. Rien que pour elle. Et pourtant, de sentir son corps contre le mien, de sentir ses bras passer autour de ma nuque, d'entendre sa voix résonner à mes oreilles, cela avait quelque chose de tellement irréel. Comme si elle était un ange tombée du ciel. Oui, c'était cela. Plus qu'un ange encore, elle était mon ange. J'avais tellement rêvé de ces retrouvailles, de ce que je pourrais dire, ou faire, et voilà que je me retrouvais dépourvu. Les mots ne voulaient pas sortir de ma gorge, ils étaient superflus de toute façon. Je ferme les yeux un instant, le nez dans ses cheveux. Elle avait toujours le même shampoing. Une fraction de seconde, j'avais l'impression d'être trois mois plus tôt, à Oxnard, avant que nos vies ne soient chamboulées. Ce baiser ne fait que renforcement cette impression, comme pour mieux la briser lorsqu'un passant ne semble pas nous voir. Je déglutis.

Je me sens mal. J'ai le coeur déchiré de voir Eva se reculer, avoir l'air gênée de ce qu'il vient de se passer. Depuis quand sommes-nous des inconnus ? Le pire, c'est de voir ses yeux au bord des larmes quand elle relève les yeux vers moi. Est-ce moi qui la fait pleurer ? Dites-moi que non, je ne le supporterais pas ... Son poing qui s'acharne sur sa poitrine ne me fait pas le moindre mal, pas physique en tout cas. Je la laisse faire, impuissant, ignorant comment me comporter. Si ça ne tenait qu'à moi, je l'embrasserai jusqu'à manquer de souffle, mais pouvais-je lui faire cela ? Alors je me contente de la regarder, la gorge nouée et les yeux embués Je ... je suis désolé Eva ... tu me manquais Que pouvais-je dire d'autre, sinon la vérité. Elle me parle alors de ses gâteaux, et je baisse les yeux comme un idiot, remarquant les miettes qui jonchaient le sol. J'essaie de prendre sur moi, me dire que c'est pas en jouant les gars tétanisé que j'arriverai à retrouver la Eva que je connais Tu comptais manger tout ça ? La mode est aux bourrelets à Suwon ? Non parce que tu vas t'en chopper de fameux si tu te goinfres comme ça ! Je la taquine, parce que c'est probablement ce que je fais de mieux quand je suis avec elle. Je ris légèrement, pour marquer mon manque de sérieux, pour ignorer le fait - aussi - que ces gâteaux elle ne comptait probablement pas les manger seule.