Je cherche où me réfugier. Je cherche où être tranquille, où être à l’abri des regards. Et je ne sais comment j’ai fini par atterrir à la fraternité. C’est vide. Il n’y a personne. Que se passe-t-il ? Une soirée mondaine doit avoir lieu dans le quartier Samsung de la ville, pour que tous aient disparu, pour que tous aient préféré se pavaner là bas devant les caméras et les journalistes. Je monte les escaliers, une clope allumée entre mes lèvres. Traînant des pieds, j’entre dans la première pièce d’ouverte. C’est le bureau de Jin Sang je crois. Je m’en fous. Je veux juste être seule. Prenant place dans le fauteuil, je finis ma cigarette. Je ferme les yeux, je passe mes mains sur mon visage, et les y laisse.

Il s’est passé beaucoup trop de choses en si peu de temps. Rio n’était pas une bonne idée. J’y ai revu Jae Duk. Et, je sais qu’on s’est embrassé sur ce foutu toit, tous les deux défoncés. Je sais que pour la première fois, lui et moi avons eu une conversation. Un dialogue. Un échange où on ne crie pas, on ne s’insulte pas, et se frappe pas. J’ai vu aussi, que je n’avais rien en commun avec le reste des Jeopardize, et que la seule sur laquelle je pouvais compter c’était Areum. Et puis, le voyage à Tokyo. Je regarde mes mains. Elles sont propres. Pourtant je me sens si sale. Mon cauchemar est enfin fini, je l’ai détruit pour de bon, mais à quel prix ?

Une poussée de colère, je frappe sur la table de mes poings et fais tomber tout ce qui se trouve dessus avec violence. Je me lève, je vais à la fenêtre, puis je vais fermer la porte, puis reviens encore à la fenêtre et me rallume une clope. J’ai envie de me défoncer, comme j’ai pu faire à Rio, comme j’ai pu faire en rentrant du Japon. Retour à la case départ. Perséphone qu’est-ce que tu fous encore ? Plus je tente de réparer mes erreurs, et plus j’en commets. Pourtant j’en ai fait du chemin, j’ai quitté le Lucky Luke, je travaille dans un cinéma, j’ai été repérée par une agence de divertissement, j’ai rompu avec Jae Duk, je me suis calmée sur la drogue, j’arrive à m’ouvrir aux gens. Mais, dans mon esprit, rien ne semble trouver d’ordre. Je crie. Comme ça à la fenêtre, je crie. J’ai besoin d’exploser à nouveau.

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Une heure et demi du matin. Les effets de l'alcool commençait à s’atténuer. Je sortais tout juste d'un bar accompagné d'une jeune demoiselle .. sauf que ce soir, je n'en avais pas envie .. vraiment pas. Du moins, pas avec elle. Je m'en faisais plus pour ma mère qui avait été admise à l'hôpital. D'après mon père, elle venait de faire une nouvelle crise d'épilepsie. De mieux en mieux. A chaque fois qu'il lui arrive quelques choses, je ne peux m'empêcher de me mettre dans cet état là. Pourtant, elle était sortie d'affaire .. et c'était devenue une routine. Mais bon, ça reste ma mère et l'on n'en a qu'une. J'avais pris la décision d'aller lui rendre visite dans les prochains jours à venir.

Alors que je m’apprêtais à rentrer, je reçu un message de Boo Yung. Qu'est-ce qu'elle me veut encore, celle là ?

« Passe au bureau morveux, y a une pile de dossier que tu dois prendre d'urgence ! »  

Morveux ? Une pile de dossier ? A une heure et demi du matin ? Elle mériterait des baffes, sérieux ! Mais sans me poser de question, je me dirigeai vers la fraternité. Je n'avais même pas pris la peine de lui répondre, je n'avais ni l'envie, ni la force. Me garant devant le bâtiment, je montai les escaliers jusqu'à arriver à mon bureau. La porte était entre-ouverte. Une légère odeur de cigarette se faisait sentir. Je la connaissais cette odeur .. mieux que quiconque. Sans même allumer la lumière, je me dirigeai vers le centre de la pièce. Ce n'était rien d'autre que Persé, assise sur l'un des fauteuils. M'avançant vers elle, je vins déposer mes mains sur ses épaules pour ensuite la masser doucement .. Elle qui était légèrement crisper, je parvenais petit à petit à la détendre.

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Je me rassois, je ramène mes genoux contre ma poitrine, en restant bien face à la fenêtre. J’ai mal à la gorge d’avoir crié, et malgré ça je continue de fumer. Je commence à sentir mon corps trembler, et ça me met en colère. Calme, j’aimerais être calme et ne pas me laisser atteindre par tout ce qui arrive, comme lorsque je venais d’arriver en Corée. Je me manque, cette personne qui ne se laissait pas influencer par ses émotions me manque. Mais Shûji prône le contraire, que ressentir est une façon de se sentir vivant. Comment puis-je prétendre à la vie, alors que j’ai déjà éteint celle d’autres ?

Gardant le bâton de nicotine entre mes lèvres, j’attache mes cheveux en un chignon haut grossier, quelques mèches blondes retombant sur mes yeux. Mon garde du corps doit être en train de me chercher dans la ville, parce que je me suis encore enfouie comme une voleuse. Mon téléphone sonne et je peux reconnaître le numéro de mon père, il clignote, et à la couleur que mon portable affiche je sais que c’est Areum qui m’envoie des messages. Je vais finir par rentrer, ne vous en faites pas, laissez moi juste faire passer cette pilule qui est coincée dans ma gorge depuis des semaines déjà.

Lançant le mégot par la fenêtre, je passe à nouveau mes mains sur mon visage. Qu’est-ce que je suis censée faire ? Qu’est-ce que je dois faire maintenant ? Pourquoi mon grand frère n’est pas là pour m’aider ? Parce qu’il est mort pauvre conne, tout ça à cause de toi.

Je ne l’ai pas entendu arriver, trop plongée dans mes interrogations. Mais, ses mains sur mes épaules, qui me font me crisper aussitôt, m’indiquent que ça ne peut être que le maître de ce bureau qui est rentré. En tant normal je déteste que l’on me touche. Cependant, le toucher de Jin Sang, je l’ai déjà connu plus appuyé qu’un simple massage, et il me fait sentir unique. Je suis une petit imbécile de penser cela. « Désolée… je ne devrais pas être… ici… » Dis-je d’une voix rauque, tournant la tête vers lui, les yeux troubles. « Tu sens l’alcool… Tu as passé une bonne… soirée au moins ? »

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Un courant d'air frais parcourait cette pièce, dissipant ainsi l'odeur de la cigarette. Il faisait bon ce soir … c'était une soirée d'été. Le genre de soir où l'on part loin de la ville pour se poser dans l'herbe et discuter autour d'une bonne bière. Le genre de soir où l'on se sent libre. En parlant de ça .. cela fait longtemps que je ne me suis pas sentis libre. Comme si le fait d'être Vice président et petit ami de l'autre garce m'avait enlever cette liberté. D'ailleurs, je n'en pouvais plus d'elle .. mais je devais me montrer patient.

En attendant, ma seule liberté se résumait à Perséphone. Je pouvais lui parler tout en sachant que j'étais écouté, être moi même sans faire semblant .. Elle faisait parti des rares personnes qui avaient compris qu'avec Boo Yung, tout n'était que mensonge et supercherie. Nous avions tenu un pacte, je suis à elle et en échange, elle ne dit rien. Ce pacte ne me dérange pas, bien au contraire .. La voir ici, assise sur ce fauteuil .. seule et dans le noir signifiait qu'elle n'allait pas bien. J'entrai donc dans cette salle qui n'était rien d'autre que mon bureau, déposant délicatement mes mains sur ses épaules pour la masser. Elle savait que c'était moi, connaissait mon toucher ..

Tout d'abord, je sentis qu'elle se crispait pour ensuite se laisser faire et se détendre. Après quelques secondes, elle se tourna vers moi disant qu'elle était désolée et qu'elle ne devait pas être ici. Ce n'était pas faux .. imaginez que je sois venu accompagné d'une charmante jeune femme ce qui était fort probable après une soirée bien arrosée. D'ailleurs, elle mit peu de temps pour savoir ce que j'avais fais de ma soirée. Lui adressant un doux sourire qui voulait tout dire, je me dirigeai vers mon bureau pour préparer deux verres de Vodka. Je lui tendis l'un des deux verres pour ensuite m'asseoir près d'elle.

« Qu'est-ce qui ne va pas ? »  

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Plusieurs fois je me suis demandé, pourquoi avait-il accepté mon marché. Je veux dire, des femmes il peut en avoir autant qu’il en veut. Moi j’avais juste énuméré cela, parce que je ne supporte pas Boyung, parce qu’il me semblait être le total opposé de mon petit ami de l’époque, Jae Duk. Je peux encore me souvenir de toutes les fois où Jin Sang a pu m’interpeler, au détour d’un couloir vide, à la fin d’un cours. J’ai cédé, j’ai cédé à son offre de rejoindre sa fraternité, parce que j’avais besoin de me libérer du cauchemar que je vivais sous l’emprise de Jaeduk.

Aller jusque dire qu’il me maltraitait serait fort. Mais, à cette époque, j’étais encore en phase de me reconstruire. D’apprendre à vivre une nouvelle fois. Je ne devais pas me battre constamment, donner mon corps, me dénigrer, et recommencer chaque jour. Je me détruisais littéralement. Parce que j’avais peur de tout, inclus moi-même.

Venir chez les jeos, était pour moi une lueur d’espoir ? Cependant, j’avais tort. Ce n’est pas venir ici qui a contribué à mon bienêtre, c’est juste le fait de grandir et apprendre. Et puis… maintenant mon cauchemar au Japon a définitivement pris fin. Les cicatrices resteront dans mon âme, mais je n’aurais plus rien à craindre de mes ravisseurs ; ils ont disparu de la surface de la planète désormais.

Mes doigts se referment autour du verre qu’il me tend, et je le vide rapidement, d’une seule traite. Je le repose sur le bureau, et soupire, grimaçant légèrement. Ça brûle ma gorge déjà blessée. « je ne sais pas… si rester est… une bonne idée… » Je ne sais pas mentir, je ne sais pas tourner autour du pot non plus. Je le regarde, souriant tristement. Je dois tout reconstruire encore une fois. Et tout cela, sans que personne ne découvre ma réelle identité.

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