Tu joues avec les cheveux de ta petite amie en la fixant. Elle est concentrée, absorbée par le film. Tu es absorbée par elle. Visiblement, le film est plus intéressant que toi. Ou peu être l'acteur qui y joue. Ou les deux, tu ne sais pas vraiment. Tu te sens jalouse. Tu as raté le début et tu n'as aucune idée de ce qui se passe. Et tant pis, d'ailleurs. Vous êtes assises par terre, Eunjung et toi, avec du pop-corn et des bouteilles d'alcool qui jonchent le sol. Elle est installée sur toi. Apparemment, tu es un bon fauteuil. Tu ne t'en plains pas. Tu finis mon bol et tu bois de sa bouteille, vu que la tienne est déjà vide. Le film est fini. Tu regardes le nom des acteurs défiler sur l'écran. Au moins, là, elle fera attention à toi, tu crois. “Eunnie ?” Tu déposes un bisou sur sa joue. “Ça te dirait qu'on s'installe ensemble ? Genre officiellement ?” Chez elle ou chez moi, ça t'importes peu. Tu as envie que vous soyez constamment ensemble. Ça vient de te passer par la tête, l'idée d'emménager avec elle. C'est un peu brusque, peut être. Mais à force de squatter son appartement, tu penses qu'il faudrait que vous vous décidiez. Tu te sens chez toi. Avec elle. Tu ne peux pas être mieux. Tu en as marre d'être aussi accro à elle. Elle, elle, elle. Il n'y a limite personne d'autre dans ta tête. A part elle. Tu as l'impression que vos destins sont liés, quelque chose comme ça. Tu asde la chance de l'avoir. A toi, rien qu'à toi. Ta Eunjung.

Il faisait nuit. Nous avons décidé de nous taper un bon film, en couple. Personne n’est là pour nous déranger, et c’est ça, la meilleure chose. Toutes seules. Personne n’aura à nous écouter. Ni à nous juger. Elle joue avec mes cheveux. Heureusement que je venais de me laver, hein. Je veux pas me taper la honte devant ma petite amie. Je suis concentrée sur le film. Ou plutôt je ne fais que fixer le héros. Il est plutôt beau. Et surtout musclé. Je souris. En fait, j’essaye de ne pas croiser le regard d’Ava. Elle, elle me fixe. Longuement. Intensément. Je le sais, mais je fais exprès de ne rien remarquer. De toute façon, je suis assise sur elle, je vois pas comment je pourrais faire pour lui jeter quelques regards. Se tourner littéralement, c’est bien, aussi. Le film prend fin. Malgré tout, je n’ai rien pigé au film. Oh et je m’en fiche carrément. Mon cœur fait un flip 360°. Eunnie. Elle est la seule à pouvoir m'appeler comme ça. La seule et unique. Il bat à toute vitesse. Il bat à tout rompre. Sa voix. Juste sa voix. Juste à l’entendre, je me remets à stresser et à bafouiller comme une pauvre novice. J’en deviens accro. Je me suis trop attachée à elle. OUI VAVA ? Je souris encore une fois. Je prends une bouteille de bière à moitié pleine que je finis cul-sec.  Combien de bouteilles j’ai bu ? Je n’en sais rien. Oh et puis de toutes les façons, c’est bien de se faire passer pour une saoule, parce que l’on pense que l’on est inconscients. Je me relève puis me cale sur elle. Je suis dos à la télé, mais face à elle. Je colle nos fronts pour bien la regarder. Dès qu’elle prononce "cette" phrase, mon sourire s’efface. Mon rythme cardiaque s’accélère encore plus et je me remets à stresser. Je me relève. J’ai froid. N’empêche, m’être un petit short en pleine nuit, les fenêtres ouvertes, c’est pas vraiment une bonne idée. Je pars vers la cuisine rapidement chercher deux autres canettes de bière, et surtout, pour me rafraichir les idées. Je reviens puis m’allonge sur ses jambes. OUAIS POURQUOI PAS. CA SERAIT SYMPA. TU T’INSTALLES CHEZ MOI ?

C’est à moi de prendre soin d’elle. Je me demande combien je souris en une discussion, avec elle. C’est elle et elle seule qui fait mon bonheur. Comment elle a fait pour avoir une si grande place dans mon cœur. Elle seule en a le secret.TU VEUX REGARDER QUOI ?SI TU VEUX, TU SAIS QUE JE SUIS UNE GRANDE FAN DES FILMS D’HORREURS COMME…SAW TIENS ! Je sais qu’elle aime pas ça. Elle déteste, même. Mais j’aimerais tellement la voir se réfugier dans mes bras. J’aimerais tellement que l’on reste toutes les deux collées l’une à l’autre.

elle se retourne vers toi. tu lui as peut être fait peur vava ? c'est quoi ce surnom ? tu souris. doucement, la bouteille, sinon on en aura pas assez pour la soirée, et ne compte pas sur moi pour aller en acheter. parce qu'il fait tellement chaud ici que dehors, tu paries que ça caille. et pas question de sortir vu que tu as tout ce que dont tu as besoin, en l’occurrence, eunjung. d'ailleurs, elle se relève en t'écrasant à moitié. merci bébé, je t'aime aussi. mon chauffage personnel va où ? j'ai limite froid là. tu as juste envie qu'elle revienne, vu qu'elle a laissé ta question en suspens, (et j'ai froid). et c'est ce qu'elle fait après avoir cherché deux canettes de bière, elle s'allonge sur tes jambes. honnêtement, tu crois que deux, c'est pas assez. mais de toutes façons vous finirez bourrées d'ici la fin de la nuit. heureusement qu'on tient bien. j'avais pensé à un carton, mais chez toi c'est bien aussi. sourire de débile. tu es trop marrante. tu devrais devenir comédienne. elle propose de regarder un film d'horreur. SAW. SÉRIEUSEMENT. TU VEUX QUE JE MEURE D'UNE CRISE CARDIAQUE C'EST CA ? je hais ces trucs. mon dieu. ma fierté va prendre cher. t'as pas mieux, comme films ? c'est pas censé être dépassé ce film, ou quelque chose comme ça ... ? pf, que du faux sang tout ça ...

Je l'aime. Pas de doutes sur ce point. Mais je  me demande surtout si on va bien ensemble. C'est connu, on se trompe. Et c'est carrément normal. On est loin d'être fidèles, même si les sentiments sont présents. Je sais bien, très bien même qu'un couple comme ça n'ira jamais loin. Mais bon, quatre ans ensemble sans presque aucune dispute, c'est vraiment quelque chose. On pouvait même commencer à parler mariage - sans passer par la case fiançailles - , adoption, future maison et toutes ces conneries. Dans nos têtes, on est encore des gamines, des enfants qui s'amusent et profitent de leur vie sans se soucier du reste du monde. Malgré les nombreux comptes en banque et leur stabilité de nos mères ( qui sont d'ailleurs meilleures amies depuis leur enfance , dire que c'est héréditaire chez nous ) on avait besoin de nos études. Surtout moi qui tient à montrer à l'autre que je ne suis pas une incapable. Je lui jette un sourire TU VEUX QUE JE T'APPELLE BÉBÉ OU CHÉRIE? TOUT C'QUE TU AIMES. je lui demande, ironiquement. Je sais très bien que ces surnoms sont ce qu'elle hait le plus. Je commence à avoir froid. Elle aussi, elle est d'accord avec moi. MOI AUSSI J'AI FROID.  Je marque un temps de pause. ON SE CHAUFFE MUTUELLEMENT. IF YOU KNOW WHAT I MEAAAAAAAN. Je lui lance un clin d'œil plein de sens et m'étire encore une fois. C'est la seule personne avec qui je peux être totalement naturelle. C'est fou à quel point une simple personne arrive à vous changer complètement. Shin .... Je secoue la tête. Pourquoi je pense à lui, à un moment pareil? je ne suis rien pour lui. Et il n'est rien pour moi. Ava est ma petite amie. Voilà. Stop les tromperies. Aidan? On joue le jeu, on passe le temps, quand on s'ennuie, mais c'est tout. Ni plus  , ni moins. J'AI SOIF PUTAIN, TU VEUX QUE J'ME TAPE DE LA MERDE QUI SERT DE JUS D'ORANGE?Je la reprends dans les bras et lui embrasse le cuir chevelu AU PIRE, ON Y IRA TOUTES LES DEUX. ENSEMBLE.  Je me tais. Je prends la télécommande et me mets à zapper de chaîne en chaîne. Y'A RIEN À BRANLER PUTAIN. Et j'ai faim, surtout. Je lui tends mon téléphone. T'AS FAIM, NON? Façon détournée de lui demander d'appeler Pizza Hut. Y'A LE RÉGULIER QUI A LE BÉGUIN POUR TOI. Pour ton charme exotique surtout. Mais ça, je le garde pour moi. Parce que je le connais assez bien et je suis pas conne pour ne pas remarquer les regards remplis d'amour, de désir et de tendresse qu'il lui jette. Elle peut lui demander de se jeter par la fenêtre, il le ferait. Ça m'énerve qu'il s'intéresse  à ma propriété. Je dis qu'elle est assez possessive comme fille, mais j'oublie que je le suis autant qu'elle. IL PEUT  NOUS FAIRE UNE RÉDUC' OU UN TRUC DU GENRE On peut clairement  distinguer une pointe de jalousie dans ma voix.  

"oui, oui ! même si je préfère baby cake, sweet heart ou buttercup. tss." t'essayes d'être un peu ironique, mais merde, elle sait que t'aimes pas ces surnom. ew. c'est trop ... cruche. pas ton genre. ton prénom est assez court, pas besoin de te chercher des surnoms, quoi. tu fais semblant de vomir. tu cherches un coussin à tâtons et tu lui fous dans la gueule en rigolant " me chauffer en jouant au mots croisés ?" c'est facile de faire semblant d'être conne en l'étant déjà. "JAMAIS" t'as pas la foi de sortir, mais alors pas du tout. même toutes les deux. "et puis je suis sûre que le jus d'orange est bien, c'est bio, plein de fibres et de vitamine c !" enfin, c'est ce que te racontais ta mère. t'aimes pas le jus d'orange. le seul jus que t'arrives à boire sans être dégoûtée, c'est le jus d'ananas. tu prends le téléphone qu'elle te tend en te "taquinant en sous-entend, enfin, te disant que le livreur est amoureux de toi. bon, on en connait une qui va commander ailleurs. t'as pas envie de manger, honnêtement. tu as toujours l'impression que rien qu'une tranche de pizza te fera gagner deux tailles de plus. NON MERCI. "attends, lequel ? le brun ou l'autre, le grand de taille ?" en fait, t'en connais aucun d'eux, aucun n'a attiré ton attention, en fait. tu veux juste la rendre jalouse, parce que déjà, ça se voit qu'elle n'aime pas savoir que quelqu'un est amoureux de toi, sa jalousie se sent à dix kilomètre à la ronde. c'est la faute à mon charme euro-américain, pas la tienne. c'est drôle comment tous les coréens adorent les étrangères. elle sait bien que je l'aime. limite, c'est la seule personne que j'ai aimée. "j'parie que je pourrais l'avoir gratos, notre pizza. j'le récompenserais en nature" sourire triomphal. tu es allée trop loin, elle va faire une crise de jalousie, peut être toi aussi. mais c'est bon, c'est dit, t'as pas réfléchi avant de parler. grosse conne. tu sens la soirée ruinée d'ici. elle est trop prévisible, tu la connais trop bien. bande de jalouses.

ava. conseil.arrête l'ironie. ça ne te va que trop mal. je sais très bien qu'elle a horreur de ce genre de surnoms. d'ailleurs, je la comprends. je m'imagine pas trop lui parler comme ça. et bam. je reçois un coussin à la gueule. avec le temps elle devait être habituée aux remarques pas très saintes que je n'hésitais pas à sortir.eh! je m'exclame, offusquée. je n'hésite pas à la remercier à ma façon, c'est ça dire en prenant tout le soin du monde à la frapper avec de façon pas très féminine.essaye de t'en prendre encore une fois à eden pour voir je souris et lève les bras haut, comme si je portais un trophée imaginaire. bon ok. je suis conne. elle est conne. un joli couple de pauvres connes. mais qui assument.tu crois toujours aux conneries qu'on raconte aux gamins pour les forcer à boire ça? je sais très bien que c'est sa mère qui l'oblige à boire tout ça. tellement qu'elle est devenue très -ou trop - influente sur ses habitudes alimentaires et ses régimes drastiques. d'ailleurs, l'idée de la pizza ne semble pas l'emballer tant que ça. à part me rendre jalouse. ...le premier meuf. à force de squatter chez moi il va penser que c'est toi la meuf qui habite ici... sens caché: le jour où il viendra sonner à ma porte, il regrettera sa vie tellement il en ressortira amoché. avec tout l'amour du monde. en plus. ah et en plus tu comptes le remercier? allez viens appelle le il n'en sera qu'heureux. si tu veux, j'vous laisse le lit pour que vous fassiez vos affaires tranquille. j'vous achète des préservatifs hein. c'est fou à quel point j'arrive à passer de fille heureuse et épanouie à fille jalouse, renfermée et méchante. si ça continue comme ça, ça va finir en une bonne vielle dispute de couple.