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Peut être bien que les autres gens sur la plage les prenaient pour une petit couple. Un mignon petit couple d’homosexuels plutôt atypique avec un mec bizarre aux cheveux blonds platine si ce n’est blancs. Charlie ne se préoccupait pas du regard des autres. Il s’en fichait. Ils pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient. L’essentiel était qu’il soit en accord avec lui-même et actuellement il l’était. Il se sentait bien dans les bras de Ko An et cette tendresse le réconfortait, rendait son cœur moins lourd. Il lui demanda ce qui l’avait amené à faire ce voyage et écouta sa réponse attentivement. C’est vrai que Charlie avait vu beaucoup de choses déjà. Il avait vécu au Japon pendant quatre ans avant de passer un an en Angleterre et cela ne faisait que quelques mois qu’il avait cessé de parcourir le monde. Avant il ne dormait jamais chez lui. Il passait toutes ses nuits dans des hôtels ; Paris, Barcelone, Rome, Berlin, New York, etc. « Tu veux venir avec moi la prochaine fois que je pars ? » Il avait rarement le temps de visiter pendant ses voyages. Il passait en général son temps à donner des expositions, à se rendre à d’autres ou à faire des conférences pour les universitaires. « Bon, ce n’est pas très excitant mais tu pourrais partir de ton côté visiter pendant que je bosse. » Il haussa les épaules. C’était une proposition comme une autre. Surtout que souvent il se sentait bien seul quand il partait comme ça. Un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal. Déstabilisé par la remarque de Ko An qui le comparait à une fille amoureuse il baissa les yeux avant de carrément les fermer en sentant ses lèvres si proches des siennes. « Je suis pas une fille. » Murmura-t-il un peu vexé. Cela le fatiguait parfois qu’on le prenne pour une petite nature. Il refusait d’être fragile. Malade ou pas. Il se pencha un peu en avant pour pouvoir jouer avec le sable. Il le faisait passer d’une main à une autre, le laissait glisser entre ses longs doigts. « Pourquoi est-ce que tout le monde pense que je suis un gamin ? » Il se posait réellement la question.

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Cela ne le dérangerait vraiment pas de partir avec quelqu’un. Bien sur quand il voyageait c’était presque toujours pour son boulot. Il aimait ça évidemment. Il ne vivait que pour ces moments où il pouvait partager sa passion avec d’autres gens comme lui mais quand il rentrait le soir à l’hôtel il se retrouvait toujours seul. Il haussa les épaules à sa réponse. Il ne comptait pas le forcer. Cela lui était juste passé par la tête et il se disait que l’un comme l’autre aurait quelqu’un chose à y gagner. « Mais tu ne t’imposes pas. Je me sens seul pendant ces longs voyages et puis ce serait tout frais payé pour toi. L’Europe en jet privé et dans un hôtel cinq étoiles, ça ne te donne pas envie ? » D’accord, il essayait un peu de l’attraper dans ses filets. Il pouvait peut être y arriver s’il continuait à battre des cils et à sourire comme ça. Mais au bout d’un moment il arrêta en se mettant à rire. « J’aime bien ça. Mes expos, mes conférences mais quand je rentre le soir je suis juste… seul. » Il s’était fait une raison. Son agent l’emmenait parfois au restaurant mais ce n’était pas la même chose puisqu’ils ne faisaient alors que parler boulot toute la soirée. Un minuscule sourire passa sur ses lèvres. Ah bah ça, bien sur qu’il était bien placé pour savoir que ce qu’il avait entre les jambes n’avait rien de féminin. Il avait bien conscience qu’il ne faisait pas très homme. Il était très loin d’être aussi viril que Ko An. Il n’y pouvait rien si ses traits étaient aussi fins. Puis il avait toujours été mince aussi. Il soupira et se tourna un peu pour pouvoir regarder Ko An qui s’était allongé. « Est-ce que je suis juste mignon ? » Il pouvait être lourd quelques fois avec ses questions mais c’était plus fort que lui.

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Charlie hocha la tête plus que ravi que le coréen accepte sa proposition. Il se dit qu’en plus ça allait le motiver à reprendre de l’activité même s’il était déjà très actif en Corée ça faisait un moment qu’il n’avait pas mis les pieds ailleurs. Ce voyage au Brésil était le premier depuis de longs mois. Mais il en avait assez de se reposer. Il trouvait ça trop ennuyant. Il faut dire aussi que pour quelqu’un comme lui rester au calme demandait beaucoup d’efforts de sa part. « Bientôt alors. » Il était heureux. Cela le motivait. Ko An, l’air de rien, prenait de plus en plus d’importance dans sa vie et bizarrement il ne le repoussait pas. Il avait pourtant tendance à garder ses distances avec les autres mais il ne voyait pas pourquoi il le ferait avec Ko An. Peut être parce qu’il n’envisageait rien entre eux. C’était sans doute pour ça qu’il baissait la garde et était moins méfiant. Il l’appréciait. Il tenait à sa compagnie. Il espérait passer encore beaucoup d’autres moments de ce genre là avec lui parce que ça l’apaisait. Il se mordit la lèvre inférieure en entendant sa réponse. Qui ne voudrait pas entendre ça et surtout venant d’un aussi bel homme que Ko An ? Puis il n’était pas si innocent que ça le Charlie. Il avait pleinement conscience qu’il plaisait. Il aimait quand même qu’on lui rappelle qu’il était plus qu’un physique. Il secoua ses mains pour se débarrasser du sable et lorsque Ko An prit la sienne il se retourna carrément pour venir prendre place sur son bassin, ses jambes de chaque côté de ses hanches. « Toi ? Toi, tu es un brillant élève en archéologie qui me fait beaucoup d’effet. » Il fit ensuite mine de réfléchir. « Donc je pense que tu es plus qu’un corps d’apollon. » Il marqua une pause en affichant un petit sourire malicieux et posa ses mains sur son torse. « Mais ton corps me plait beaucoup aussi. » Et pas qu’un peu.

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Il était une personne totalement différente avec Ko An. Loin du petit diable Charlie, il avait plutôt l’air d’un ange. Il ne mettait pas de barrières entre eux. Il ne pensait pas en mettre en tout cas. Il s’était dévoilé une fois et depuis quelque chose s’était débloqué chez lui. Attention, il n’accordait pas sa confiance rapidement et parlait difficilement de ses sentiments. Il préférait garder tout pour lui, se cacher derrière sa méchanceté gratuite et rejeter les autres le plus loin possible pour être certain qu’ils ne s’intéressent pas trop à lui. Car il se méfiait des gens qui lui accordaient de l’importance. Il n’osait pas les croire. On l’avait déçu une fois et il était persuadé que ça allait se reproduire s’il ne faisait pas un peu gaffe. Et malheureusement cela voulait dire pour lui être méchant avec les autres pour ne surtout pas leur donner envie d’aller plus loin. C’est pour ça qu’il se retrouvait seul maintenant. A force de vouloir éloigner les autres et bien ils partent sans prendre la peine de s’accrocher, d’essayer de gratter la carapace. Il comprenait et n’était pas rancunier sur ça. Mais le coréen, oui lui, il avait droit à un Charlie bien différent des autres. Un Charlie moins froid, plus ouvert, plus tendre, plus affectueux. Il ne devait pas se rendre compte de l’honneur qu’il lui faisait. Charlie était si heureux de voir dans ses yeux autre chose qu’un simple désir qui serait purement charnel. Ko An le regardait autrement et ça lui plaisait. Il lui plaisait. Il pinça ses lèvres lorsqu’il sentit ses doigts sur sa peau. Hm, il n’avait pas eu d’arrière-pensée mais il ne lui en fallait pas plus pour en avoir. « J’ai toujours envie de toi. » Souffla-t-il en se penchant en avant. Leurs visages désormais si proches qu’il pouvait sentir sa respiration heurter ses fines lèvres. La suite le freina légèrement dans le sens où ça lui fit se poser des questions. Est-ce qu’ils étaient juste amis ? Oui, évidemment. Qu’est-ce qu’ils pourraient être d’autre ? « Que ça ? » Demanda-t-il dans l’espoir de trouver des réponses à ses propres questions.

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Charlie était quelqu’un de curieux. Il posait et se posait toujours des questions. Aujourd’hui, l’alcool aidant, il se demandait ce qu’ils étaient. Pas forcément parce qu’il souhaitait mettre des mots sur leur relation un peu spéciale mais beaucoup plus parce qu’il sentait qu’il y avait quelque chose de différent. Il n’était pas idiot. Il savait que c’était dangereux, qu’à être aussi proche de quelqu’un on finissait forcément par s’attacher et que quand on s’attache on s’en mord les doigts après. Voilà comment il réfléchissait depuis qu’un imbécile avait osé le trahir. Il ne se méfiait pas de Ko An pourtant il commençait à se dire qu’il le devrait. Il l’écoutait d’une oreille attentive. Il enregistrait les informations. Il ouvrit même la bouche, prêt à lui répondre. Il allait le prévenir, le mettre en garde. Il ne devait rien attendre de lui. Il n’était pas prêt pour ça. Il ne savait plus comment faire. Il ne voulait plus rien ressentir. Seulement lorsqu’il sentit ses doigts sur sa peau il se radoucit et ferma même les yeux. Il ne pouvait pas mentir. Il aimait ça. Il appréciait qu’il soit aussi tendre avec lui. Cela comblait un vide en lui. Il se sentait moins seul. Il répondit avec la même tendresse à son baiser alors que ses mains venaient se faufiler derrière la nuque du coréen. Elles jouaient avec ses cheveux. Tout cela prenait un tournant qui ne lui plaisait pas. Il ne voulait rien dire pourtant. Peut être qu’il se faisait des idées, qu’il s’imaginait trop de choses. Il n’allait rien se passer. Ils pouvaient continuer comme ça. Il se colla plus franchement à lui et ne se sépara de ses lèvres qu’après de longues minutes. Un sourire en coin illuminait son visage. « Je pense qu’il faut que tu me raccompagnes jusqu’à ma chambre, hm ? » Il déposa ses lèvres sur son menton sans le lâcher des yeux. Il brulait d’envie et peut être bien que l’alcool avait un peu réveillé ça.

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Peut être bien qu’y allait avoir un malaise. Surement qu’il aurait dû fermer sa gueule. Ce n’était pas la première fois et sans doute pas la dernière. Il n’aurait pas dû poser toutes ces questions mais le problème c’est que maintenant il était trop tard pour revenir en arrière. Des choses avaient été dites. Grand con. Il se leva le premier pour que Ko An puisse faire de même et passa ses mains sur ses fringues histoire de se débarrasser du sable. « Je n’ai aperçu qu’une nana pour l’instant mais elle est plutôt jolie donc c’est cool. » Il haussa les épaules. Il ne lui avait même pas parlé et ne connaissait pas son prénom. Pour tout dire, il s’en fichait un peu. Ils marchèrent ensemble jusqu’à l’hôtel, silencieusement au début, mais cela dérangeait l’artiste qui n’avait pas tellement l’habitude de sentir cette tension entre eux. Alors il se dressa devant lui, marchant en arrière pour lui faire face, et lui prit la main. « Tu ne veux pas ? » Charlie ne pouvait pas penser plus loin que ça. Il ne voyait pas d’autre explication à l’humeur soudainement un peu morose de son cadet. Il n’était pas en mesure de voir que peut être il l’avait blessé, que peut être il l’avait déçu. Il ne comprenait pas qu’on puisse ressentir quoi que ce soit de plus pour lui. « Si tu ne veux pas c’est pas la peine que tu viennes tu sais. » Même si évidemment il serait le premier déçu et aussi le premier à lui en vouloir. Surtout que maintenant il en avait réellement envie et qu’il se voyait bien passer la nuit avec lui pourquoi pas.

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Il ne s’attendait pas à ce genre de réaction mais alors pas du tout. Cela mit même un certain temps à monter jusqu’à son cerveau. Est-ce qu’il venait vraiment de dire ça ? Il l’avait donc vexé pour de vrai. Il ne comprenait pas pourquoi. Il refusait plutôt de comprendre pourquoi parce qu’il était hors de question pour lui qu’ils compliquent les choses entre eux. N’était-ce pas bien comme ça ? Charlie ne saisissait pas ce que Ko An attendait de lui. Il trouvait que tout se passait bien. Oui, dans sa tête ils n’étaient que deux amis qui couchaient ensemble de temps en temps et ne voyait pas pourquoi ils devraient tout à coup être plus que ça. Il resta sur place un moment. Profondément choqué par la façon dont Ko An avait réagi. D’ailleurs, ça l’énervait un peu. Qu’est-ce qu’il lui faisait comme scène là ? Il le rattrapa rapidement et se dressa de nouveau devant lui pour l’empêcher de continuer d’avancer. Il n’en avait rien à faire qu’on les entende ou qu’on les regarde de travers. « Je peux savoir ce que tu me fais là ? » Bizarrement, Charlie n’avait plus rien d’un gosse à ce moment là. Le visage fermé avec les sourcils froncés, il faisait son âge -ou presque- et apparaissait comme un homme qui voulait reprendre le contrôle de la situation avant que tout lui échappe. « C’est quoi ça ? » Il ne comprenait pas pourquoi maintenant il lui prenait la tête. Il ne pensait pas avoir dit quelque chose qui méritait ce genre de réaction et avait comme l’impression que tout lui filer entre les doigts mais surtout que c’était ce que Ko An était en train de faire.

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Il le laissa l’engueuler comme un gosse, lui parler comme s’il ne comprenait rien à la vie et lui reprocher sa façon de voir les choses. Il encaissait. Il serrait les poings à tel point que ses mains tremblaient et qu’il sentait ses ongles s’enfoncer dans ses paumes. Il ne pouvait pas soutenir son regard. Il n’y arrivait pas alors il baissa les yeux. Il fixait le sol. Il avait pleinement conscience que Ko An ne se trompait pas sur leur situation. Il refusait juste de voir les choses sous cet angle là parce qu’il ne se croyait plus capable de se donner ou de s’ouvrir à quelqu’un. Mais ne l’avait-il pas déjà fait pour le coréen ? Il touchait à une corde sensible en s’en prenant à sa pseudo vie d’artiste. Et alors quoi ? Il releva doucement la tête parce qu’il n’était pas vraiment du genre à fermer sa gueule parce qu’il était de ses gens qui vivent et ressentent tout dans l’excès. Il s’approcha de lui jusqu’à ce que seulement quelques centimètres séparent leurs visages. « Tu t’attendais à quoi ? Tu savais non ? Tu sais que je ne veux pas de ça. Parce que ça me fait chier et que de toute façon j’ai rien à donner. » Parce qu’il ne voulait plus rien donner sinon évidemment qu’il avait le stock d’amour et de tendresse, il n’y touchait plus depuis tellement longtemps. Il ne voulait juste pas se faire avoir, il ne voulait pas tomber dans le panneau une nouvelle fois. Il n’avait pas envie d’aider Ko An à passer le temps jusqu’à ce qu’il trouve sa future femme comme il le disait si bien. Il craignait tellement d’être mis de côté encore une fois. « Et alors quoi ? Tu vas me dire que tu resterais avec moi ? Quand tu te seras lassé de te taper un artiste fou et que tu te trouveras ta petite femme parfaite, c’est qui que tu vas choisir ? Je ne veux pas d’une vie bien rangée mais je mérite pas non plus d’être un passe-temps ! » Pour le comprendre, il faudrait lire entre les lignes ou dans sa tête. Il faudrait qu’il veuille bien dévoiler ses peurs, qu’il accepte de lui montrer qu’il n’était pas idiot et que peut être que lui aussi ressentait plus mais qu’en handicapé de l’amour il n’osait plus prendre de risques.