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C’était beau le Brésil. Avec ce soleil qui vous brule la peau et toutes ces nanas aux fesses bien rebondies. Au moins, il avait de quoi se rincer l’œil. Ça l’occupait seulement parce qu’il ne se sentait pas passer à l’attaque. Il avait la flemme et ne ressentait rien ce soir. Il s’ennuyait pourtant. Assis à sa table à faire tourner son verre entre ses doigts. Il appréciait la vue qu’offrait ce petit restaurant sur une des plages de Rio. Mais il était seul, encore et toujours seul. Il savait en montant dans ce foutu avion qu’il allait se retrouver seul. Il ne connaissait pas encore beaucoup de monde en Corée. Il était parti pour se reposer un peu parce que c’était ce que son médecin voulait. Il lui avait dit qu’il en faisait de nouveau trop alors il ralentissait le rythme à nouveau. Le serveur débarrassa son assiette sans remarquer qu’il manquait le couteau. Liang n’allait pas se tailler les veines avec évidemment mais une petite étincelle était passé dans son regard. Il commença à graver à la pointe de son couteau dans le bois de cette pauvre table un paysage. Il ne s’y connaissait pas trop en matière de sculpture. Cela ne l’intéressait pas plus que ça. Pour tout dire rien ne comptait plus que la peinture dans sa vie. Mais ce vandalisme eut le mérite de l’occuper. Il ne vit pas le temps passé ni même que le soleil était en train de se coucher. La seule chose qui le tira de son travail fut le grincement strident d’une chaise. Il grimaça, pesta même un peu et leva la tête vers le coupable. « Ko An. » Oui, c’était bien son nom. Il ignorait jusqu’à maintenant que lui aussi faisait partie du voyage. Il lui adressa un petit sourire en coin sans lâcher son couteau. Pour le coup il avait un peu l’air d’un grand psychopathe. Il n’en était pas loin dans le fond. Grand artiste torturé. « Cela m’étonne de te voir sans une belle brésilienne accrochée à ton bras. » Il baissa les yeux et donna un coup de couteau plus violent dans la table en bois continuant son œuvre d’art qui n’en était pas réellement une.

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La barrière de la langue ? Charlie secoua la tête doucement sans lever les yeux vers lui mimant ainsi son accord avec ce qu’il lui disait. Après tout, il en avait fait les frais de nombreuses fois. D’abord au Japon pendant ses études mais en Corée surtout où malgré le sang coréen qui coulait dans ses veines il peinait encore à tout comprendre. Il lui arrivait même d’hésiter longtemps avant d’aligner les mots et son accent laissait franchement à désirer. Quand il demandait de l’aide à la pharmacie ou quoi on le remballait souvent et ça avait tendance à l’agacer mais il faisait avec. Il savait qu’il finirait par maîtriser le coréen tout comme il avait appris à maîtriser le japonais. « Pourtant tu sais l’utiliser ta langue non ? » Il passa la sienne sur ses lèvres trop absorbé par son travail de menuisier et avait lâché cette remarque d’un air distrait. Non pas que la présence de Ko An le dérangeait. Bien au contraire. Il ne pouvait juste pas poser son couteau avant qu’il ait terminé sa petite sculpture sur bois. Charlie était un personnage étrange et difficile à dompter. Un artiste avec un grain de folie plutôt prononcé quoi. Il haussa les épaules lorsque Ko An lui rappela qu’il n’était pas sensé graver la table d’un restaurant. Il pensa surtout que le propriétaire aurait pu la vendre à un bon prix s’il connaissait son nom. « No risk, no fun. » Il posa enfin son couteau estimant que le massacre avait assez duré. Il posa son coude sur la table de la même façon que Ko An l’imitant et prit son verre qu’il secoua sous les yeux du coréen en levant les sourcils. « Je noie mon chagrin dans l’alcool. » Il plaisantait. Il ne déprimait pas du tout. Il aimait juste faire croire qu’il vivait mal sa solitude. Même si dans le fond il ne la supportait pas bien que cela. Il vida d’ailleurs son verre sous son nez avant de se remettre à le secouer tout en se penchant vers lui. « Tu pourrais m’en payer un autre comme ça non ? » Il afficha enfin un petit sourire. Ce petit sourire provocateur qui lui allait si bien et qui contrastait avec sa bouille de bébé.

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Même si Charlie parlait le langage universel de l’art, il se rendait compte que celui-ci ne lui servait pas à grand-chose puisqu’il refusait la plupart du temps de l’utiliser. Il laissa échapper un petit rire à la remarquer du coréen. « Pourtant, c’est pas le même mot dans toutes les langues ? » Parce que s’il y avait bien une chose qu’il pensait que tout le monde comprenait c’était ça. La preuve, lui et Ko an s’entendaient plutôt bien sur ce point là. Il jeta un dernier coup d’œil à la marque qu’il venait de laisser à cette misérable table. Ce n’était pas trop mal pour quelqu’un qui ne pratiquait pas souvent. Comme quoi il se souvenait de certains de ces cours. Puis pour tout dire, Charlie avait de l’or au bout des doigts. Un talent fou même pour des choses qu’il ne maitrisait pas forcément. Quand il leva le regard vers son compagnon de la soirée celui-ci dévoila ses pensées comme s’il avait lu dans son esprit. Cela fit doucement sourire le jeune américain qui ne s’en cacha pas. Il savait qu’il avait du talent. Beaucoup de talent. Il savait aussi que son nom faisait vendre. « Ils pourraient la revendre s’ils savaient. » Il haussa les épaules avec un air malicieux mais aussi celui d’un enfant qui voudrait feindre l’innocence. Il se dandina sur sa chaise lorsque Ko An lui commanda effectivement un nouveau verre. Charlie était quelqu’un d’excentrique et de très expressif. Il ne cachait pas ses émotions. Il n’en voyait pas l’intérêt. Il plaisait ou déplaisait pour cette raison. Il fallait le supporter. Il tapa dans ses mains en voyant un nouveau verre tout beau décoré de bonbons arriver avant de grimacer en entendant Ko An râler un peu. « Fallait demander. » Qu’il lui répondit le plus normalement du monde avant de mettre la paille de son cocktail entre ses lèvres. Il plissa les yeux tout en le regardant. « Si j’avais su on serait pas allés chez moi ce jour là et tu continuerais à me payer des verres sans râler, tss. » Il leva les yeux au ciel avec un air profondément vexé qui n’était qu’une comédie pour se moquer du coréen. « Mais toi, t’as rien de mieux à faire que trainer avec moi d’ailleurs ? » Il prit un des bonbons entre ses doigts et l’analysa sous toutes ses coutures avant de le faire glisser entre ses lèvres. Il le suçota. Ce n’était pas mauvais.

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Une moue se dessina sur son visage alors qu’il penchait la tête sur le côté. Il n’avait pas envisagé les choses de ce point de vue là. En même temps il s’en fichait. Il ne manquait vraiment pas d’argent comme dit. Alors il haussa les épaules. Toute façon les serveurs ne le remarqueraient que lorsqu’il quittera cette table ce qui n’allait pas arriver avant un bon bout de temps. Déjà parce qu’il n’avait rien de mieux à faire de sa soirée et ensuite parce qu’il venait tout juste de trouver un peu de compagnie en la personne de Ko An. Ils changèrent de sujet une fois que leurs verres arrivèrent devant eux. Le coréen le traita alors de mal poli. Lui ? Mal poli ? Charlie prit un air outré en posant sa main sur son cœur. Ce mec était une pièce de théâtre à lui seul en vérité. « Tu me vexes là. » Il savait bien que le pauvre jeune homme devait travailler pour avoir de l’argent. Lui aussi, évidemment. Il se donnait même corps et âme mais sa profession avait le mérite d’être en plus sa passion. Il ne comptait pas le laisser payer sa future gueule de bois. Puis il posa son coude sur la table, son menton dans sa paume et attrapa la paille entre ses lèvres tout en sirotant son cocktail bleuté. Qu’est-ce qu’il y avait dedans d’ailleurs ? Il plissa les yeux. Il puait le fric pour de vrai ? Il n’en avait pas l’impression. « C’est pour ça en fait que tu baises avec moi hm ? Homme vénal. » Il secoua la tête comme s’il venait d’apprendre la plus triste nouvelle. Tout ceci était dit sur le ton de l’ironie évidemment. D’ailleurs, il n’y avait presque que ça entre eux. A l’exception de ce fameux soir où il n’avait pas mis que son corps à nu. Quand il ne devait pas se montrer sérieux, à savoir pour toute chose en dehors du cadre professionnel, Charlie ne se comportait pas vraiment comme un adulte. Il ne ressemblait pas à un enfant non plus mais disons qu’il ne faisait pas son âge. Et il n’était pas juste question de physique ici. Les gens étaient souvent surpris d’apprendre son parcours et de découvrir qu’il avait passé la vingtaine. « Moi ? Insociable ? » Il produisit un geste de la main des plus gays. « Je suis juste incompris. » Il se mit à bouder comme un enfant et mangea le deuxième bonbon. Ko An avait bien du mérite de le supporter. « D’ailleurs, c’est un peu un truc de meuf que tu m’as commandé là non ? » Il haussa les épaules. « Mais j’aime bien. » Décidemment, enlevez-lui les piles.

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En tant qu’artiste Charlie se devait d’avoir une ouverture d’esprit maximale. Il fallait qu’il accepte de tout voir et qu’il tente de tout comprendre. Cela ne faisait aucun doute que son côté libertin venait de là. Il ne disait jamais non lorsqu’on lui proposait d’essayer de nouvelles choses. C’était sans doute pour ça que ses partenaires ne se plaignaient jamais. Il était plein de surprises. « Tu couches aussi avec tes cousins ? Diable, c’est toi le dingue pas moi. » Il secoua la tête avec les yeux grands ouverts comme si ce qu’il avait entendu l’avait profondément choqué. Evidemment qu’il avait parfaitement compris ce que Ko An venait de lui dire. Il n’était pas idiot après tout, loin de là. Il faisait juste semblant comme d’habitude. Et puis il ne voulait pas lui montrer que dans un sens ce qu’il lui avait dit le touchait un peu. Il se rendait bien compte que certaines personnes ne trainaient avec lui que par intérêt. Ces gens là en général le trouvaient bizarre mais prenaient sur eux parce qu’il a de l’argent et de bons contacts. Ko An n’appartenait pas à cette catégorie là pour son plus grand bonheur. Même si apparemment il avait du mal à le comprendre. Il pointa son visage du doigt et dessina un cercle tout autour. « Si ça c’est pas le visage de l’humain le plus parfait moi j’sais pas. » Cette fois il ne parvint pas à garder son sérieux et éclata de rire face à sa propre bêtise. Pourtant Charlie était bien humain. Tellement humain qu’il avait ses faiblesses. Terriblement humain même avec son cœur malade. Il savourait son cocktail bleu qui avait un petit goût de coco mais se demandait encore ce qui pouvait lui donner cette couleur absolument ravissante de son point de vue. « Tu me parles comme si j’étais un enfant ! J’ai le droit d’aimer les bonbons non ? Je suis pas encore trop vieux pour ça. » Il posa son menton sur la table et fit tourner la paille dans son verre. Il leva les yeux quand Ko An lui expliqua que ça avait coloré ses lèvres. Il se redressa brusquement comme surpris et toucha ses lèvres avec ses doigts. Vraiment ? Il aimerait bien voir. Puis il aperçut la langue bleue du coréen ainsi que ses lèvres légèrement bleutées elles aussi. « Le bleu te va bien au teint. J’aime bien ta bouche comme ça. » D’ailleurs, cela lui donnait des idées. Non, pas des idées malsaines voyons. Cela l’inspirait. Il se mit à gigoter sur sa chaise parce qu’il avait terriblement envie de dégainer son carnet mais il ne voulait pas embêter Ko An.

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Il éclata de rire en voyant que sa remarque plutôt déplacée -faut bien l’avouer- avait failli tuer son ami. Ce dernier n’avait pas tort quand il lui disait qu’il partait vraiment trop loin. Charlie avait son petit univers bien à lui et surtout très éloigné de celui des autres. Il lui arrivait tout de même quelques fois de faire la traversée pour rejoindre le commun des mortels même si les trouvait terriblement ennuyants. Heureusement, ce n’était pas le cas de Ko An avec qui il s’amusait bien que ce soit sous les draps ou autour d’un cocktail étrangement bleu. Il ne leva qu’un seul sourcil pendant qu’il l’écoutait se vanter d’être le seul à avoir un visage parfait. Il ne pouvait pas vraiment le contredire. C’était un bel homme. Viril comme il les aimait. Bien différent de lui donc. « Bon c’est vrai que t’es pas moche. » Admit-il en prenant son menton entre ses longs doigts fins presque féminins. Il fit semblant d’analyser ses traits ce qui lui arrivait de faire quelques fois pour de vrai avant de dessiner quelqu’un. « Mais t’as une grosse tête quand même. » Il le laissa tranquille pour reporter son attention sur son verre qui contenait ce fameux liquide bleu. Il en avait quelques fois marre qu’on le considère sans cesse comme un gosse alors qu’il avait vingt-quatre ans maintenant. Il était au courant que son visage de bébé ne l’aidait pas tout comme son comportement d’ailleurs mais tout de même. « Je suis pas un enfant. » Il croisa ses bras sur sa poitrine. Il protestait pour rien. Il pouvait lire dans le regard du coréen qu’il ne comptait pas le voir autrement. Il leva les yeux au ciel. « Je suis un enfant quand je te suce peut être ? » Il fronça les sourcils avec un faux air énervé. Il n’aimait pas tellement y aller par quatre chemins et la délicatesse ce n’était pas trop son truc. Puis en plus personne ne pouvait les comprendre. Il passa rapidement à une toute autre émotion qu’il avait encore plus de mal à contrôler. Cette envie de dessiner était terrible lorsqu’elle s’invitait de façon aussi inattendue. Il avait bien du mal à rester en place et n’arrêtait pas de jouer avec ses doigts. Il lui demanda d’arrêter de bouger et Charlie se fit violence pour lui obéir mais par chance Ko An venait encore une fois de lire dans ses pensées. Il tapa dans les mains comme un gosse tout excité mais s’arrêta en voyant la pose que prenait le coréen. « T’as juste l’air con comme ça arrête. » Il lui pinça la joue avant de se pencher sur le côté pour attraper son sac duquel il sortit un carnet, un crayon et une trousse de feutres. « Tu peux bouger. C’est pas vraiment toi que j’vais dessiner. » Il haussa les épaules et commença à croquer sur sa grande feuille blanche. Lorsqu’il se concentrait, il avait une allure beaucoup plus masculine. Les traits de son visage étaient tendus. Son coup de crayon vif et précis. On sentait immédiatement qu’il savait ce qu’il faisait.

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Charlie fit la moue. Il ne voulait pas lui dire qu’il le trouvait effectivement très beau. Ce serait beaucoup trop gentil de sa part. Pourtant il le pensait. Ko An lui plaisait beaucoup. Si ça n’avait pas été le cas il n’aurait pas couché avec. Il lui sourit avec un petit air coquin tout en haussant les épaules plusieurs fois de suite. « J’aime bien les sucettes. » Il ne savait pas ce que ça faisait d’être gêné. Il disait tout ce qui lui passait par la tête. Il aimait surtout les choses salaces et cela ne le dérangeait absolument pas de plaisanter là-dessus. Mais visiblement certains se vexaient plus rapidement que lui. Il leva les yeux au ciel. Il pouvait bien lui faire la tête. Il s’en fichait. Pour le moment en tout cas. Il était trop concentré sur son dessin. Il prenait parfois son crayon en bouche pour utiliser un feutre puis inversait les deux ou se retrouvaient avec plusieurs feutres dans les mains. Il leva les yeux vers Ko An au bout de longues minutes de silence et se mordit la lèvre. Il n’était vraiment pas drôle comme ça. Il vida son verre et se pencha vers lui en laissant tomber sa tête contre son épaule. « T’arrêtes de faire ta mauvaise tête. T’es pas beau quand tu boudes. » Il tenta le bisou magique qu’il offrit à la joue du coréen avant de se remettre à dessiner. Il en avait partout sur les mains et la table s’était transformé en plan de travail. Finalement, son petit croquis fut rapidement terminé et il ferma le carnet sans proposer à son compagnon de soirée d’y jeter un œil. Il leva son bras pour faire signe au serveur de leur rapporter deux autres verres et posa son menton sur l’épaule de Ko An. « Pourquoi tu boudes ? Parce que j’ai pas dit que j’te trouvais canon ? » Lui demanda-t-il avec un petit sourire malicieux. « Je te jure que je te trouve canon si c’est ça. » Et il ne mentait pas. C’est-à-dire qu’il ne le disait pas pour lui faire plaisir. Il le trouvait réellement canon.

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Peut être qu’il avait un peu abusé à lui dire que sa tête était grosse puis à le traiter de con. Charlie ne contrôlait pas vraiment ce genre de chose là. Il avait la langue bien pendue comme on dit. Il pensait aussi que les gens ne se vexaient jamais parce que lui ne prenait pas facilement la mouche mais il devait se rendre à l’évidence, ça ne fonctionnait pas ainsi. En plus, il ne voyait pas l’intérêt de répéter ce que Ko An savait déjà. Il se doutait bien qu’il lui plaisait non ? Charlie baissa les yeux parce qu’il se sentait un peu coupable. Il posa sa main sur la joue de Ko An pour l’attirer à lui et l’embrassa trois fois sur la joue. « Pardoooon ! Tu sais que je t’aime bien. » Il le relâcha au moment où le serveur apportait leurs nouveaux verres. Au plus grand bonheur de l’américain, il y avait cette fois dans le verre un dégradé de couleurs qui partait du jaune et qui tirait vers l’orange. Ce n’était évidemment pas la première fois qu’il buvait des cocktails mais les couleurs avaient tendance à le fasciner tout court. Une déformation professionnelle sans doute. Il goûta à ce somptueux message qui ravit ses papilles. Qu’est-ce que c’était bon. Il n’allait pas tarder à être pompette à ce rythme le pauvre petit. Il tendit l’oreille en entendant à nouveau parler Ko An et tourna la tête vers lui. Il racontait n’importe quoi. Charlie fronça les sourcils et cette fois il ne jouait pas tellement la comédie. « T’as pas juste un corps d’apollon arrête. » Il le bouscula un peu parce qu’il ne voulait plus l’entendre dire des bêtises pareilles et surtout parce qu’il savait qu’il y avait un peu plus qu’un imbécile derrière ce corps de rêve. Sinon il ne serait pas là à lui tenir compagnie. Sinon il ne l’aurait pas écouté déballer sa vie la dernière fois. Il lui sourit doucement. « Certes, c'est pas beaucoup mais moi je sais que t’es pas un idiot. » S’il n’était pas mignon ce petit Charlie.

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Il ne se souvenait pas pourquoi ce soir là il lui avait tout déballé. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Il n’en avait strictement aucune idée. Il se rappelait juste qu’on l’avait poussé à bout. Son agent l’avait engueulé, son médecin aussi et il s’était un peu pris la tête avec son petit frère également. Tout ça pour une seule et même raison : sa maladie. La seule chose dont il n’avait pas parlé à Ko An et dont il refusait de parler tout court. Sinon il lui avait tout balancé. Sa haine contre son agent, sa rancœur envers son frère, cette sensation que vraiment personne ne le prenait jamais au sérieux, sa solitude et tout le reste. Alors il hocha naturellement la tête en souriant doucement. « Oui, plus que bien. » Il appréciait sa compagnie. Il lui trouvait quelque chose. Le petit quelque chose qui fait qu’on s’attache ou non à quelqu’un. Pourtant au départ ça n’avait été qu’une histoire de cul. Comme il n’aimait pas vraiment se dévoiler même s’il l’avait déjà fait devant Ko An il détourna le regard et s’occupa de son verre qu’il trouvait bien mignon. Il faisait tourner la paille pour faire tinter les glaçons contre le verre. Un corps d’apollon ? Oh oui qu’il en avait un. Rien que d’y penser lui donnait envie. Il se mordit doucement la lèvre inférieure. « Fais pas comme si tu l’savais pas. T’en profites bien. » Il secoua la tête en riant légèrement et approcha ses lèvres de la paille pour siroter ce cocktail qui en plus d’être joli avait bon goût. Il l’écouta attentivement comparer sa passion pour les fossiles à la sienne pour l’art. Il approuvait totalement et c’est pour ça qu’il bougeait la tête avec la paille toujours en bouche. Il était d’accord avec lui. Il aimait les gens passionnés. Il adorait les gens qui tenaient à quelque chose, qui s’accrochaient à quelque chose. Les gens comme lui. Il regarda Ko An d’un autre angle et pensa lui aussi qu’ils n’étaient pas si différents. Il était juste un peu plus loufoque que lui. « C’est pour ça qu’on s’emboîte bien. » Incapable de garder son sérieux ou plutôt de parler sérieusement, il ne put s’empêcher de la placer. Puis l’alcool ne l’aidait pas vraiment à garder l’esprit clair. Pour se rattraper il tapota sa cuisse. « Mais je suis d’accord avec toi mon petit, totaaaaaaaalement. » C’est que ça commençait à tourner là haut.

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Se poser. Voilà autre chose qui posait problème à Charlie et visiblement à son ami coréen aussi. Il n’en ressentait pas l’envie. Il ne voyait pas non plus qui voudrait bien le supporter. Il se demandait aussi si il ne finirait pas par s’ennuyer en ne restant qu’avec une seule et unique personne. Et s’il se sentait comme pris au piège ? Il se posait beaucoup de questions. Il savait qu’à son âge il était sensé se trouver quelqu’un de bien, quelqu’un pour toute la vie. Il pensa à sa sœur déjà mariée et à son petit frère fiancé à une belle jeune femme. Lui était seul. Toujours tout seul. Il avait l’habitude à force. « Tu veux ça toi ? Te poser avec quelqu’un ? » C’était réellement un concept qui lui paraissait flou et qu’il n’arrivait pas à saisir. « Je veux dire, t’as pas peur ? » Lui, il avait peur. Il craignait de ne pas être à la hauteur, d’être abandonné, ce genre de choses. Il poussa un long soupir. Il n’aimait pas trop cette conversation. Et bizarrement cela le mettait mal à l’aise d’en parler avec Ko An. Alors tout ce qu’il trouva à dire pour changer de sujet fut des bêtises. Il était décidemment très doué pour raconter de la merde. Par chance cela fit aussi rire son ami. « C’est grâce à moi que c’est si bien au lit. » Il lui adressa un petit clin d’œil avant de rire. Il avait dit ça sur le ton de la plaisanterie puisqu’il n’était plus vraiment capable de parler sérieusement ou de dire quelque chose qui aurait réellement du sens. C’est surement pour cette raison que le coréen voulait l’arrêter. Mais Charlie fronça les sourcils et secoua vivement la tête tout en gigotant sur sa chaise. « Mais non ! Mais… je fais ce que je veux. J’suis plus vieux qu’toi j’te rappelle ! » Bon, d’un an seulement mais quand même. Puis en plus il voulait en profiter. Ce n’était pas souvent qu’il avait l’occasion de partir loin de tout comme ça. Il colla sa joue à l’épaule de Ko An en s’y frottant comme un chaton. « Come on ~ J’ai pas été en vacances depuis loooongtemps. » Et c’était la vérité. Lorsqu’il était en Corée il courait partout d’un coin à l’autre du pays même.

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Trouver la bonne personne. Ne pas finir vieux garçon. Est-ce qu’il était en train de devenir un vieux garçon ? Est-ce que parce qu’il préférait s’amuser il allait finir tout seul avec quinze chats ? Quelqu’un allait bien vouloir s’occuper de lui. Quelqu’un d’assez fou pour avoir envie de le supporter. Il plissa les yeux comme s’il réfléchissait. Il pensa que Ko An n’allait pas avoir trop de mal à trouver cette personne là. Il risquait de se sentir bien seul si lui aussi le laissait. « C’est pas grave si je reste seul, non ? » Il disait ce qui était en train de lui passer par la tête. Il se débrouillait très bien pour le moment alors pourquoi il n’y arriverait pas plus tard ? Mais dans sa tête tout s’emmêlait. Il n’y comprenait plus grand-chose et avait bien du mal à y voir clair. Il passa ses doigts sur la joue du coréen tout en penchant sa tête sur le côté. Il l’aimait bien Ko An. Il savait que c’était un mec bien. Assez bien pour vouloir l’écouter parler des heures après une partie de jambes en l’air. « Tu me préviens quand tu trouves cette personne hm ? Que je te laisse tranquille. » Il lui sourit doucement et haussa les épaules. Il ne voulait pas penser à tout ça. Les sujets aussi sérieux que ceux là ne lui plaisaient pas. Il avait l’impression de se faire remonter les bretelles par sa sœur. Cela lui faisait le même effet. Il préférait rire. Il préférait raconter des bêtises. Ko An n’avait pas tort en disant qu’il avait besoin de lui aussi. C’est clair qu’il fallait être deux pour baiser. Alors il ne put qu’approuver en affichant un petit sourire coquin. « J’l’aime bien en plus. » Il parlait de son sexe. Il l’aimait bien oui. Y en avait des beaucoup moches, des beaucoup plus petits. Le sien était pas mal. Rah, il sentait qu’il avait du mal à se tenir et que ça tournait de plus en plus là haut. Comme si ça allait l’aider, il termina son verre, prêt à en commander un autre mais Ko An ne semblait pas de cet avis. Mais lui ne voulait pas aller au lit maintenant. Il n’était pas venu à Rio pour se coucher aussi tôt. « Mais je ne veux pas aller au lit je te dis. Je suis très bien là. Je fais ce que je veux. Et tu fais ce que je veux aussi. » Sur ces mots il avait laissé tomber sa tête contre son épaule. Il sourit apaisé en voyant qu’il parvenait un minimum à le maitriser comme ça. Il se colla à lui sans hésiter et ferma les yeux. « Je vomis des arc-en-ciel moi alors on s’en bat les couilles. » La magie d’un Charlie légèrement pompette. Cette même magie qui le pousse à avoir des comportements complètement différents. Il se redressa brusquement les yeux grands ouverts. « On va sur la plage ? » Mais il n’attendait pas vraiment de réponse. Il fouilla dans son sac pour trouver de l’argent et posa bien plus qu’il n’en fallait sur la table en se disant qu’ainsi ils pourraient s’en payer une autre.

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Si même Ko An s’y mettait. Qu’est-ce qu’il y avait de mal à rester seul ? Est-ce que c’était si grave ? Il ne voyait pas pourquoi. Si ça ne le dérangeait pas après tout, qu’est-ce que ça pouvait bien faire. Enfin, la vérité était que le pauvre Charlie ne survivrait pas tellement à la solitude. Il supportait déjà bien assez mal d’être seul en ce moment. Il grimaça en l’entendant dire qu’il était le seul à pouvoir endosser ce rôle pour le moment. Alors il le poussa légèrement de nouveau mais sans grande conviction. « Arrête, je sais que tu m’aimes quand même. » Il osait y croire en tout cas. Il pensait que s’il était encore assis à cette table avec lui c’était bien que Ko An l’appréciait un minimum. Il dissimula un petit sourire en l’entendant lui dire qu’il n’aurait peut être pas envie qu’il le laisse tranquille. Il songea alors que lui n’allait pas vraiment pouvoir supporter qu’il lui affiche son petit bonheur sous le nez. Il avait du mal à s’imaginer le voir uniquement comme un ami. Comment allait-il faire pour se retenir de lui sauter dessus ? « Et si moi je ne veux pas que tu me nargues avec ton bonheur pendant que je serais seul avec quinze chats et mes pinceaux ? » Il lui tira la langue pour faire mieux passer la pilule. Il ne voulait pas le vexer non plus. Il n’avait pas envie qu’il se remette à bouder surtout. Heureusement ils changèrent de sujet. Et celui-ci lui plaisait beaucoup plus. Pas de prise de tête de possible là-dessus. Enfin pas de prise de tête jusqu’à ce que Ko An décide qu’il était l’heure pour l’artiste de retourner à sa chambre. Charlie ne partageait pas vraiment son avis. « T’es raisonnablement chiant oui. » Il fit sa petite moue boudeuse à laquelle il était sur Ko An ne pouvait pas résister. Quoi ? Ne plus le toucher pendant deux ans ? Il se redressa brusquement. « Deux ans ? Mais c’est long deux ans. Tu peux pas me faire ça, non non. » Il secoua sa tête si rapidement que ça n’arrangea pas vraiment son cas. Cela le rendrait dingue de chez dingue. Puis il pensa que de toute manière il ne lui résisterait pas et qu’en plus il n’avait même pas envie de vomir. Il voulait aller à la plage. La nuit commençait à tomber. L’air se rafraichissait légèrement. Il paya leurs verres et sourit, fier de lui, lorsque Ko An lui prit la main. Il le suivit sagement sans broncher mais quand il tenta de le faire poser ses fesses dans le sable il se dégagea de son emprise. « Mais je sais nager roh ! » Et retira ses chaussures pour se précipiter vers l’eau. Il sourit lorsque les vaguelettes vinrent lui chatouiller les orteils. Douce sensation. Avant de revenir en courant se laissant tomber à genoux devant lui. « Arrête un peu de me couver. Je peux me débrouiller seul t’sais. » Il ébouriffa les cheveux du coréen juste pour l’embêter un peu.

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Il se sentait léger. C’était peut être l’alcool qui faisait ça. C’était surement l’alcool même. Sinon il ne serait pas en train de rire comme un imbécile heureux juste parce que l’eau se faufilait entre ses doigts de pied. Il se pencha pour tremper également ses mains qu’il passa ensuite dans ses cheveux blonds pour se rafraichir. « J’ai pas tellement bu. Je suis sur que je peux encore nager. Tu veux que je te montre ? » Il s’avança un peu jusqu’à avoir de l’eau jusqu’à ses genoux ce qui mouilla un peu son short puis il se retourna pour l’éclabousser tout en lui tirant la langue. « C’est bon détends-toi j’vais pas nager. » Et il retourna près de lui, l’attrapant par le bras pour rejoindre le sable fin. Il posa ses mains sur les siennes et colla son dos à son torse. Il laissa même tomber sa tête légèrement en arrière contre son épaule. Cela lui plaisait bien. Il avait bien fait de sortir. Sinon il n’aurait jamais passé la soirée avec Ko An et en fait il ne se serait probablement pas rendu qu’il faisait lui aussi partie du voyage. « Comment ça se fait que tu es là d’ailleurs ? Tu es venu avec des amis ? » Voilà quelque chose que lui n’aurait pas pu faire. Il y avait bien Yusuke, d’ailleurs il comptait le trainer à une expo, mais sinon il avait bel et bien fait le voyage seul. Son seul but était de se reposer et de ne plus penser au travail. Cela avait un peu fait rager son agent qu’il parte du jour au lendemain comme ça mais Charlie faisait ce qu’il voulait quand il le voulait peu importe l’avis des autres. Il tourna juste un peu la tête pour pouvoir admirer le beau profil de ce fameux apollon. Il se mit même à sourire bêtement. Il pensa qu’il avait de la chance quand même qu’un mec comme Ko An s’intéresse à lui pour autre chose que son argent ou ses petites fesses.