Ce qui s'était passé ... Je pris un temps pour réfléchir à ce que j'allais dire, jamais ces mots n'étaient sortis de ma bouche. Je me mordis légèrement la lèvre, cherchant par où commencer exactement. Je crois que le plus dur était de lui dire que j'avais été danseuse. Parce que c'était quelque chose que j'avais voulu oublier, et qu'en parler rendait la peine plus réelle encore, mais après quatre ans peut-être était-il temps d'enfin parler ? Sans doute que cela me libèrerait, me ferait du bien. [color]Eh bien ... Père est danseur classique, n'est-ce pas ? Et ... moi aussi.[/color] C'était dit. Je me remémorais ces années passées, et je ne pus m'empêcher de sourire, nostalgique J'ai commencé la danse très jeune, et j'étais à un très haut niveau. Il y a quatre ans, j'ai été repérée par le ballet national, il me restait un ballet à faire dans l'école où j'étais ... Et j'ai eu un accident, mettant un terme à ma carrière. Du coup ma mère en a profité pour me couper les ailes, et je me suis laissée faire, contrairement à père justement. Cette fois-ci je ne me laisserai pas faire non plus. J'étais décidée, pleine de confiance, un sentiment que je n'avais plus éprouvé depuis longtemps. Cela me faisait du bien, peut-être allais-je enfin pouvoir envisager mon avenir sous un oeil différent. J'aimerais tellement... J'écoutai Makoto avec attention, et ce qu'il dit me peine quelque part. Sans doute parce que je ne comprenais pas. Quand je voyais ma mère je me disais que j'aurais tout fait pour avoir un père gentil et doux. [color]Hum, je vois ...[/color] Je ne pus néanmoins réprimer un sourire quand il me parla d'aller le voir. Je hochai la tête, oui je voulais le voir. Je voulais rencontrer cet homme dont je semblais avoir hérité la passion. Je voulais connaître celui qui avait pu un jour aimer ma mère - lui demander comment il a fait tout ça -, et il y avait tant d'autres chose que je voulais savoir ... Aigoo, tout ça est bien compliqué comme histoire, on devrait en faire un drama : on deviendrait riche, à tous les coups. Entre ma carrière brisée, ma déchéance, les mensonges de ma mère, les retrouvailles avec mon frère ... plus tard j'écrirai un livre, qui deviendra très certainement un best-seller mondial. Ça plait aux filles ce genre d'histoires, encore plus vu le physique du frère.

Voilà ce qu'il s'est passé alors? C'est vraiment Seong Hee qui a prit de notre père. Elle-même était danseuse classique. Et donc elle s'est blessée. Énervé, j'ai envie de redescendre et aller coller mon poing contre la figure de ce qui nous sert de génitrice. Comment peut-elle se considérer comme une mère en traitant sa fille, la chair de sa chair, le sang de son sang aussi mal? Seong Hee est une perle qu'on doit juste chouchouter alors pourquoi lui avoir fait subir tout cela? Je souris néanmoins en constatant qu'elle souhaite remédier à tout cela. C'est un comportement que j'aime et que j'admire. « Je te soutiendrai... Si tu souhaites reprendre...» Je laisse un éclat de rire transpercer la barrière de mes lèvres alors que ma soeur propose de faire de notre histoire familiale un drama, quelle idée étrange mais amusante. « Je te laisse faire, c'est pas mon truc l'écriture. » dis-je taquin. « Puis... On est déjà riche, non? 'Fin, le père l'est... » Je lui ébouriffe les cheveux et soupire. Comme un soupire de soulagement à vrai dire, comme si un poids venait de s'enlever de mes épaules. Et pas un petit, c'est tout mon passé qui devient léger, j'ai ma soeur en face de moi, je suis heureux.

Reprendre ... Reprendre n'avait jamais été une option. Les médecins avaient été formels, je ne serai plus jamais capable de danser, ou en tout cas pas comme je le fus autrefois. Cela m'avait été intolérable début, et quelque part ça l'était toujours. Plusieurs personnes m'avaient pourtant dit de m'y remettre, ou au moins d'essayer, mais j'avais toujours refusé. La raison à cela était bien simple : j'avais peur. J'étais tétanisée à l'idée de me rendre compte que les médecins avaient raison. C'était un peu comme garder un espoir au fond d'une boite : sans lui je n'avais plus rien. Je secoue doucement la tête, répondant dans un souffle Je ne pense pas que ce soit possible ... mais merci ! je lui souris, un sourire qui s'élargit d'autant plus lorsque son rire me parvint aux oreilles ; qu'il était bon de se détendre après ce qu'il venait de se passait. Je ne pus m'empêcher de rire légèrement lorsqu'il me répondit Ok ça marche ! j'y penserai un jour oui, 'fin, j'étais pas fondamentalement sûre de mettre sur papier tout ce qui m'était arrivé sur papier, mais quand je serai vieille et inutile, pourquoi pas ? Et moi je suis la fille de la gouvernante, heureusement que j'ai un fiancé qui est riche je lui donne un léger coup de coude, toujours souriante avant de poser ma joue sur son épaule, poussant à mon tour un léger soupir. Je suis assez contente que tu sois mon frère ceci dit ... C'est vrai quoi, j'aurais pu tomber sur un mec totalement dérangé ... mais j'avais beaucoup de chance d'être tombée sur Makoto.

Je hausse un sourcil, perplexe. Je veux bien comprendre que les médecins soient sur leurs réserves mais a-t-elle au moins testé? Qui ne tente rien n'a rien après tout. C'est véridique. « Tu as essayé au moins?» Moi qui ai l'habitude de souvent couper court aux discussions lorsque je m'aperçois qu'une personne à l'air faible et sans ambition - oui je juge mais je n'aime perdre mon temps - je ne désire pas laisser tomber ma soeur et par conséquent, je n'émets aucun jugement. Elle, je l'accepte. Ca parait peut-être injuste pour les autres mais j'en ai rien à foutre. Je viens de retrouver ma soeur, je ne compte pas la perdre de suite, ni jamais. Par la suite, je lui souris. Et sans comprendre d'où cela vient, je prends une nouvelle Seong Hee dans mes bras. Je suis fière d'avoir une telle soeur, belle, douce, forte et intelligente. Ah ça c'est bien une Aoki, une vraie. Je reste ainsi quelques secondes vu que la phrase de la demoiselle me perturbe. « Yah! T'as pas besoin de ton petit-ami, j't'ai dis, papa est riche tsss! » Jalousie fraternelle? Ca a l'air amusant alors pourquoi pas? Je la laisse se caler contre moi et lui caresse tendrement les cheveux. « Tu peux pas rêver mieux!» plaisanté-je. « Je suis aussi content... que tu sois ma soeur.»Avoué-je timidement.

Je secouai doucement la tête lorsqu'il me demanda si j'avais au moins essayé. J'avais l'impression d'être une petite fille qui ne voulait pas manger ses haricots pour le coup, et pourtant la situation était bien plus compliquée. Je n'étais pas sûre qu'elle soit compréhensible pour Makoto, elle ne l'était pas complètement pour moi-même. Je finis par pousser un léger soupir avant d'entreprendre une explication J'ai ... j'ai peur qu'ils aient raison en fait. Je veux pas essayer et me rendre compte que j'ai vraiment tout perdu. C'est peut-être stupide mais ... tant que je ne recommence pas il me reste un espoir, et j'ai peur de le perdre et de devoir affronter la réalité. C'était la première fois que je partageais ce sentiment avec quelqu'un. J'étais heureuse que mon frère soit le premier. Je le laisse me prendre dans ses bras sans discuter, y étant parfaitement à mon aise. Je ne pus m'empêcher de sourire à sa réflexion, c'était ça avoir un grand-frère n'est-ce pas Hé, t'as cru que j'étais vénale ou quoi ? Puis c'est mon fiancé, pas mon petit-ami. Shûji avait par ailleurs sans doute bien mieux à faire que de traîner avec une gamine cinq ans plus jeune que lui. Ils y avaient pensé à ça, nos parents, en nous fiançant ? Je veux dire, ils auraient pu lui foutre autre chose qu'une gamine dans les pattes quant même ... Je suppose que non. J'ai hâte de rencontrer père aussi ... Mère ne m'a jamais vraiment parlé de lui. Et je l'en remerciais intérieurement, car sans doute n'aurait-elle pas eu que des mots gentils.

Seong Hee m'avoue qu'elle n'a jamais essayé et m'explique pourquoi. Je suis déjà plus apte à comprendre, du moins, j'essaye au plus de comprendre. Mais je ne saisis quand même pas en quoi elle trouve un espoir dans son non-essai. Plus tard, sûrement qu'elle regrettera, quand elle aurait quatre-vingt ans et qu'elle aura vue sa vie passer à une vitesse fulgurante et qu'elle n'aurai pas tenté sa chance. « Je vois... Mais, je veux pas te faire de mal hein, t'as pas peur de regretter?» Je continue à faire jouer mes doigts dans ses cheveux tandis qu'elle débat sur son fiancé. « Il a de la chance de t'avoir comme fiancée tout de même et toi de l'avoir lui, vous semblez avoir fait un bon compromis. » Je souris avant de penser à quelle réaction pourrait avoir mon, enfin notre père lorsqu'il reverra Seong Hee après vingt ans sans nouvelles d'elle. Sûrement que ce sera trop émouvant à mon goût et que je les laisserai seul à seul. « Il aime pas qu'on l'appelle Père. Papa c'est bien. Et on y va quand tu veux, j'ai juste à envoyer un sms.»

Je ne pus m'empêcher de faire la moue lorsqu'il me parla d'avoir des regrets. Bien sûr que j'en aurais si je n'essayais pas de danser à nouveau, et j'en avais déjà à vrai dire. Cela faisait deux ans qu'une partie de moi me suppliait d'au moins enfiler mes chaussons, ne serait-ce qu'une dernière fois, mais je n'y arrivais juste pas. Je soufflai légèrement Si, j'ai la trouille à cette idée. C'est le problème... J'ai peur d'essayer, mais j'ai peur de regretter. Tu sais, c'était toute ma vie la danse ... j'avais jamais imaginé que ça puisse s'arrêter un jour. C'est un peu comme si on s'était ramené et qu'on m'avait dit que je ne pouvais plus respirer, ça m'a fait le même effet. je finis par hausser les épaule, et sourire faiblement, nostalgique J'étais douée tu sais ... c'est ce que mes professeurs m'avaient répété, depuis que j'étais toute petite. Ils me voyaient déjà sur les plus grandes scènes du monde, m'imaginaient sur les planches du Mariinski, et je m'étais laissée bercée par leurs rêves. À bien y réfléchir, étais-je réellement prête à laisser tomber tout ça ? Pour la première fois j'en parlais, et pour la première fois je sentais ce passé reprendre vie dans mon cœur. J'aurais aimé pouvoir montrer à Makoto ce qui faisait vivre sa soeur, j'aurais aimé que mon père soit fier de moi en me voyant. Non, pas j'aurais aimé. J'aimerais qu'ils le voient. Hum, on a de la chance oui. Et puis, c'est vraiment quelqu'un de bien. C'était la vérité. J'appréciais énormément Shûji, et mon seul regret était que nous ayons dû nous rencontrer dans de pareilles situations, même si au final on s'en accommodait parfaitement. Papa ... Mère a jamais toléré que je l'appelle maman, elle disait que c'était un truc de pauvre ... Je poussai un léger soupir, cette vieille peau quand même Ok, alors je te dirai quoi et on ira ! j'étais souriante, un peu comme une petite fille à Noël. Sauf que ça, ça valait tous les noëls du monde ...

Je hoche la tête au propos de ma soeur, exprimant ainsi ma compréhension. Elle a peur, ça se comprend mais j'aimerais trouver un moyen de la rassurer. Je la serre un peu plus contre moi avant de sourire d'un air nostalgique, comme si j'étais soudainement pris d'empathie. Comme si je ressentais ce que ressens ma soeur. « Je suis sûr que tu peux le faire. Après tout, t'es ma soeur, t'es faites pour réussir.» Ce n'est pas de l'ironie. Je suis orgueilleux, fier, parfois vaniteux et je l'assume pleinement. Et si je dis que ma soeur en est capable, c'est que j'en suis certain. « J'aimerais bien te voir...» danser. Voir si ça changerait mon opinion par rapport à mon père. Ensuite, nous changeons de sujet afin de parler de Shuji. Je veux bien la croire sur ce qu'elle dit de lui, mais j'aimerais bien le rencontrer, histoire de me faire un avis. maintenant que je peux jouer le rôle du grand frère, pourquoi me priver? Puis je me mets à rire légèrement suite aux propos de Seong Hee quant à ceux de notre génitrice. « Un truc de pauvre? Elle pète de l'or ou quoi? » J'ai envie de l'insulter, mais je me contiens. «Oh attend!» Je me saisis de mon téléphone portable et prends une selca mignonne de ma soeur et moi. Je nous dessine de petites oreilles de chats et un petit nyaaa~et envoie la photo à mon père et écris en légende: je dois te la présenter, mignonne n'est-ce pas? « Tu vas voir il va kyatter.»

Je sens mon esprit à nouveau ampli des images de lorsque je dansais. J'étais heureuse, rien ne pouvait m'atteindre. Invincible, je pouvais affronter le monde entier sans la moindre crainte. Aujourd'hui, j'avais constamment la trouille. Je n'aimais pas qu'on me touche par exemple, il n'y avait que de très rares personnes que je laissais faire. J'avais peur du vide, peur des hauteurs. Je n'arrivais pas à marcher sur du plancher sans avoir une boule dans le ventre, et il était tout simplement hors de question pour moi de poser le pied sur une scène. Mais j'avais des peurs plus existentielles aussi, celle de ne jamais réussir à me relever par exemple, celle de regretter, celle de ne plus jamais sentir battre mon coeur comme il le faisait il y a quatre ans de cela ... Je me savais faible, et ça m'effrayait plus que tout. Un jour peut-être ... j'espère. Oui, j'espérais réellement passé outre toutes mes peurs un jour.

Je ne pus retenir un rire lorsque Makoto demanda si notre mère pétait de l'or. Ce ne serait même pas étonnant à vrai dire puisqu'elle abusait d'un champagne qui contenait des pépites d'or alimentaire. Mère oublie parfois qu'elle est une humaine comme une autre, et qu'une fois morte sa fortune n'aura plus d'importance. Je haussai les épaules en souriant avant de me laisser surprendre par le portable de mon frère. Je me prêtai au jeu avant de voir le message qui accompagnait la photo heeeeeeee, il va s'imaginer des choses arrête ! Les joues légèrement roses je tentai de lui attraper son portable, comme si je faisais le poids...