« Putain j'en ai marre mec ! Regarde mes doigts ! Regarde mes doigts putain ! Ça ressemble même plus à des doigts ! » Okay je l'avoue, je n'avais fait que me plaindre, et ce incessamment depuis les trois jours où nous étions ici. Comme un fils à papa, qu'ils disaient les autres. C'était faux, j'avais juste besoin de mon confort en tant qu'être supérieur et davantage évolué. Dire que nous n'en étions même pas à la moitié, ça me rendait fou de rage ! J'étais trop précieux et trop canon pour abîmer mon corps ici moi ! Je faisais déjà suffisamment de sport, pas besoin de m'obliger à faire tant de pompes. Puis ce n'était pas mon comportement qui était imblairable et qui me causerait des problèmes comme le disait le chef, mais le leur. Ils ne devaient avoir aucune vie sociale ! Sans parler de cette bouffe affreuse.. J'avais donc pris une décision, simple et efficace, alors que je nouais mon drap en nœuds comme dans les films. « Je me barre, c'est officiel. J'me fais la malle. Tu viens Hak Cha ? » Ouais je risquais pire que gros là.. mais qu'importe, je resterais pas une seconde de plus à l'armée. Puis, secrètement, j'espérais que mon pote de chambre soit de la partie, ça me faisait mal au cœur de l'abandonner ici.

« Putain  t'es grave l'hamster. Viens taper causette avec la licorne Sodomie et tranquille gros~ » Cette situation aurait pu être tout à fait normal et non inhabituel. Vu comment j'étais défoncé en permanence. Sauf que l'endroit où j'étais changeait tout. Je me trouvais effectivement, au beau milieu d'un bordel militaire. Tout ça parce que mister Tao a voulu faire le beau et montrer sa super-résistance moral.... Ouais sauf qu'au bout de trois jours, il voulait déjà rentrer chez sa mère. Ouin ouin ouin quoi. Et moi dans tout ça? Bah, j'm'adapte... BON D'ACCORD. J'ai réussis à amener de la beuh en douce. Mais si j'me fais choper, j'sais bien que je risque tout. J'peux pas vivre sans cette feuille miracle. Y'a que ça qui compte dans ma vie. ça et m'éclater à fond. Et puis au final... à part faire des pompes, c'est pas l'éclate ici. Je coupais donc court à la discussion avec Sodomie. Elle est bien gentille mais toujours à causer de la même chose : la crise à Weedland. Ouais j'suis le président mais faut pas exagérer non plus ! J'ai bien le droit de laisser les affaires de côté parfois.«The king of Weedland arrive bby ! Go to notre maison ! Enfin j'crois...»

J'pensais être plus résistant, en fait. J'avais imaginé l'armée dure, je ne m'étais jamais voilé la face, mais pas à ce poing.. Ce refus évident d'autorité, ce besoin de garder une peau douce de bébé, c'était juste incompatible avec la situation. J'avais du muscle, de la volonté. Faire des pompes, des tractions, courir, ça n'était pas un problème en soit. Le problème était les conditions, que je jugeais précaires. J'en avais souffert. Si on ignorait les ampoules de mes pieds, de mes paumes, on pouvait voir les égratignures plus ou moins prononcées de mes phalanges, les bleus dans mon dos, sur mon torse. J'étais un p'tit con, comme ils se plaisaient à le rappeler. Et, du fait, le souffre douleur, celui à qui on demandait toujours d'en faire plus. Ouais puis ils sont traître aussi.. Quand on a gueulé qui est ce qui souhaite prendre l'apéro, fallait s'attendre à ce que je beugle que j'voulais.. J'savais pas que c'était le pire truc existant, moi. Et en plus j'étais tombé sur un compagnon de chambre taré. Bon, fort heureusement, il avait d'la beuh, d'la bonne, ça m'détendait, mais j'en pouvais quand même plus, de supporter son blabla incessant et incohérent. J'voulais rentrer chez oam. J'voulais même voir ma go, qui en fait était pas vraiment ma go, pour dire ! La tête glissée par la fenêtre, je surveillais en bas, à droite, et à gauche. « Désolé mec, j'ai pas envie d'parler tu vois. J'veux plutôt m'tailler. Bon, t'es d'la partie ? Parce que je compte pas attendre que tu m'chies du pop-corn. T'as deux secondes pour te décider. Une.. » Je sautais par la fenêtre après avoir lié la "corde" pour m'y accrocher, au premier noeud. « deux ! Bon, alors ? »

Faudrait peut-être déjà se demander ce que je fous à l'armée en passant. Ben écoutez, j'ai aucune réponse rationnelle à vous donner. Ni de réponse concrète d'ailleurs. J'dois juste vous dire que c'est Sodomie, la première ministre de Weedland, qui m'avait soufflé l'idée. Après moi, on me dit quelque chose, je le fais. Puis l'armée.. Bah faudra bien le faire un jour. Donc un petit test ne fait jamais de mal. Mais j'aurais jamais cru que ça serait aussi dur. Non mais. Dès le premier jour, le caporal m'a hurlé dessus comme une merde du genre, pas d'alcool, pas de sexe, pas de drogue ! J'lui ai ris au nez. ça lui a pas plut. J'ai dû nettoyer les chiottes des sergents. Imaginez, chez eux c'était burritos au menu...burritos + alcool. J'ai cru gerber. Donc ouais, l'armée c'était trop la galère. Heureusement vraiment que personne ne sait pour ma Mari. Parce que là j'aurais pas nettoyer que les chiottes et pas avec la brosse à dent. Mon coloc qui voulait se faire la malle, je le voyais sauter par la fenêtre. J'entendais pas ce qu'il disait, mais j'savais que ça voulait dire un truc du genre «tu m'suis ou tu pourris ici?» Et j'avais aucune envie de pourrir ici. Maladroitement je me levais, attrapais mon sac contenant ma douceur et me penchais à la fenêtre. «C'EST BON J'SUIS LA. et donc...je saute ? c'est solide c'truc t'es sûr ?» Oui parce que bon, j'étais pas totalement rassuré non plus.

En fait, je savais même pas si le nœud était solide, quoiqu'il supportait mon poids pour le moment. En fait, je m'en foutais bien, tout au fond de moi. Mes mains étaient déjà meurtries. Ma peau douce de bébé avait été remplacée par de la corne, j'avais le sentiment de les avoir perdues à jamais. Alors, descendre ceci nœuds par nœuds ou glisser et tomber sur les fesses, quelle importance, du moment que j'étais en bas ? Mes pieds étreignaient maladroitement la première boule du drap, mes mains agrippaient encore le rebord de la fenêtre afin de maintenir ma tête par dessus et de l'observer. Je ne savais pas non plus ce qu'il lui avait pris de rester ici, de venir même, mais ça me faisait mal au cœur de l'abandonner. Enfin, d'ici cinq secondes je perdrais sans doute patience et il ne sera alors plus qu'un souvenir. Un souvenir étrange et perturbant même. Un micro-sourire de satisfaction étira mes lèvres quand je le vis saisir son sac et se pencher à la fenêtre. « Honnêtement ? J'ai sais foutrement rien, mais j'm'en bats les couilles. Tant que j'arrive en bas, peut importe la manière, ça me va. » Je ne me fis d'ailleurs pas prier pour descendre, sans encombre toutefois et à mon plus grand étonnement. Je sautais au sol, et étirai mes jambes et mes bras avant de lui faire signe. « Aller dépêche ! »

Les paroles du hamster ne me rassuraient pas. Non vraiment pas DU TOUT. Moi j’voulais pas sauter. Sauter c’était pour les suicidaires. Et j’étais pas un suicidaire. Défoncé ok, mais suicidaire, jamais. Si un jour tu me voyais en train de sauter d’un étage, je te conseillerais de t’inquiéter. Parce que, je radote mais c’est le propre de moi, je suis pas un suicidaire. Juste un pauvre paumé de la vie avec sa Marie douceur. Et puis… J’ai un peu le vertige aussi. Mais surtout, j’ai pas envie de me casser une jambe ! Non mais. Bon enfin, j’avais envie aussi de partir de ce trou pourri et de retourner faire la teuf avec ma Tara, bouhouhou Tara tu me manques.  «  Mais t’es vraiment sûr que ça va tenir ?! Pas que je  sois gros mais…. » Mais voilà. Toujours s’assurer à deux fois avant de sauter. OK C’ETAIT PAS DRÔLE. *rires enregistrés*

Après deux ou trois bonnes minutes de tergiversions, je me lançais enfin. Ou plutôt, je lançais mon sac en premier. Que le hamster se prenait dans la figure. Oups. « Désolé… » Faisais-je en entreprenant une descente…périlleuse. Le corps tout tremblant, je faisais du rappel sur la corde.  Doucement. Lentement. J’avais vraiment la trouille que les nœuds se défassent. Aller Hak Cha, tu y es presque.

J'avais jamais fait ça. C'était ma première escapade et je fus aussi surpris que lui sans doute de mon exploit. J'avais réussi à nouer un drap en nœuds pour fuir et descendre sans un bruit malgré la douleur dans mes jambes et mes mains. Merveilleux, fabuleux. On dirait pas, mais j'étais en joie intérieurement. Tout un troupeau de licornes qui dansaient et.. oh shit, faut croire que « Sodomie » avait eu raison de moi. Je levai la tête vers lui et fis signe du bras. « Mais ouais, t'inquiète. Aller bouge, à ce rythme-là on aura pas fait deux mètres quand le soleil vas se lever ! » Et croyez-moi, j'avais tout sauf envie de me faire chopper en pleine fugue. C'était signer mon arrêt de mort, et être placé dans le rôle de « Honte du pays » pour manquement à « devoir civil ». Pourquoi je prenais autant de risques aujourd'hui alors ? Quelle question ! Parce que j'étais con ; what else ? Pas le temps de réfléchir, un truc lourd me tomba sur la gueule. Ca faisait mal bordel de merde ! Je secouai la tête en massant l'arrête de mon nez endolori, n'ayant de cesse de tapoter mes narines du dos de la main pour m'assurer de ne pas saigner du nez. « Mais fait gaffe bordel ! Tu veux m'assassiner ou quoi ? » Il était lent. Trop lent. Peut-être dans le but de me venger, j'ai attrapé le bout de la corde pour la secouer dans tous les sens du bout du bras, jusqu'à ce qu'il lâche et se casse la figure à son tour. « Oups. Désolé.. » répétais-je sur le même ton qu'il avait employé tantôt. « Tu vois, tu peux toujours compter sur Tao Jun ! Tout est plus rapide avec lui. » J'haussai les épaules, et lui refourguai son sac dans les bras.

Ouais, moi aussi c’était la première fois que je m’engageais dans une escapade. Et je crois que ça sera la dernière. Parce que le hamster, c’était un dingue. Encore pire que moi j’suis sûr.   S’échapper de l’armée, c’était vraiment un truc de dingue. J’espère qu’il savait ce qu’on risquait. Parce que , si on se fait choper, moi j’le balance. BAH QUOI ? c’est lui qui a eu l’idée en premier, pas moi bordel de shit. Bon aller, on va dire que je lui fais confiance. Je m’approchais donc du rebord, et me penchais maladroitement. Ça me semblait vraiment haut. Mais bon. Tout tremblant, je lui jetais mon sac en premier. Qu’il se recevait dans la figure. Petite excuse timide. Il tentait de me faire bouger un peu. « J’ai dis que je m’excusais bordel , n’en fais pas tout un plat tête de rongeur. ! » Bah oui quoi, il avait qu’à  pas me demander de partir avec lui s’il voulait éviter  ça.

Enfin, je m’engageais sur la corde, qui n’était pas solide à mon sens. Lentement, je descendais la corde, pas du tout solide. Mais je voyais bien que mister Tao était impatient. Sauf que je n’avais pas vu qu’il tirait sur la corde. Celle-ci m’échappa des doigts et je tombais. Mes fesses heurtaient le sol, les premières. « OUATE DA FOK ? » ça faisait un mal de chien yah ! Mais bon. Je me relevais bien vite. « Ouais…t’es de confiance ouais. Même Sodomie est d’accord. » Elle lui faisait les yeux doux pire que ça. Aish les licornes j’vous jure. « Bon aller, on se taille maintenant. » Disais-je en prenant de l’avance , mon sac de Marie la douce sur les épaules.