☥ NOM COMPLET - bah, nahm aloïs. c'est concis comme nom. ☥ SURNOM - lolo, si si, si tu regardes bien mon visage tu peux y deviner une forme de seins. ☥ ÂGE, DATE ET LIEU DE NAISSANCE - 22 ans, du 12.01.1992, de berlin. ☥ SITUATION AMOUREUSE - ça se mange ? ☥ ORIENTATION SEXUELLE - en voilà une question vachement existentielle. j'aime beaucoup les cheveux bruns, ça t'aide ? ☥ ETUDES OU METIER - étudiant en philosophie. ☥ CLASSE SOCIALE - modeste. ☥ ORIGINES : allemandes, là où mon coeur et mon âme demeurent. ☥ MOT REPRÉSENTATIF - boulet monumental. ☥ JE SUIS UN - bluing. ☥ T'ES QUOI ? un personnage inventé.

« Wie geht's in die Schule ? »
Comment ça va à l'école ?
« Ziemlich gut. »
Assez bien.
« Ah, ja ? Und mit den Freunden ? »
Ah oui ? Et avec les amis ?
« Es geht. »
Ça va.
« Verstehst du was der Lehrer erzählt ? Vati hat mir gesagt, dass du nicht so gut koreanische spricht. »
Tu comprends ce que raconte le prof ? Papa m'a dit que tu ne parlais pas si bien le coréen.
« Mach dir keine Sorge. Es geht. »
Te fais pas de soucis. Ça va.

En fait, ça n'allait pas si bien que ça. Aloïs avait quinze ans lorsque ses parents décidèrent de partir vivre en Corée, ce à quoi il ne s'adapta jamais totalement. Né à Berlin d'un père coréen et d'une mère allemande, notre jeune protagoniste baragouinait à peine la langue locale en arrivant à Séoul, ce qui lui valu bien vite les moqueries de ses petits camarades. D'un naturel optimiste, cependant, le gamin ne se découragea pas, mais on en vint bien vite à s'en prendre méchamment à lui à l'école : les autres adolescents de sa classe s'acharnaient férocement à déblatérer des propos injurieux au sujet de sa mère dés qu'ils en avaient l'occasion. Eh oui, c'était une sale étrangère, une blanche aux mœurs débridées qui avait corrompu un honnête coréen, une bonne salope. Ça, malgré sa pâle connaissance de la langue, Aloïs le comprenait. Au début, il prenait ça pour des blagues et faisait mine de rigoler aux propos des autres, mais il n'était pas stupide : d'une manière ou d'une autre, on se foutait bien de sa gueule et on ne voulait pas lui faire de place dans les rangs. Parce que lui et sa mère venaient d'Allemagne et qu'il avait un accent à couper au couteau. Ça ne faisait que deux mois qu'il était en Corée qu'il savait déjà qu'il détesterait ce pays de toutes ses tripes.
Après six mois au lycée à Séoul, on peut dire que c'était la merde. Il ne le montrait pas à ses parents ni aux autres élèves, mais l'attitude de ces jeunes stupides qui, il faut bien le dire, exerçaient une forme de persécution scolaire sur lui, le rendait dingue. À Berlin, Aloïs avait la cote avec les autres étudiants : il avait beaucoup d'amis, et sa sociabilité était connue, appréciée de tous. C'était ce qui l'énervait le plus, à vrai dire : on l'emmerdait non pas parce qu'il était détestable ou crétin – puisqu'au contraire il était tout à fait sympathique et rigolo – mais juste à cause de son métissage. Ce qui devait arriver arriva donc : il suffit d'un « et ta mère elle suce pour 25'000 wons ? » et d'un coup, Aloïs ne se contrôlait plus. S'il avait juste cogné l'imbécile qui avait dit ça, sans doute aurait-ce pu passer, mais Aloïs ne le frappa pas seulement : il le fracassa. On lui rapporta plus tard qu'il avait du sang plein les mains et que l'autre passa deux semaines à l'hôpital. J'vous le dis tout de suite, Aloïs n'est pas quelqu'un de violent par nature. Jamais il ne s'était impliqué dans une bagarre ni n'avait cherché à défoncer autrui, mais ces attaques perpétuelles et tout bonnement injustes à ce qui lui tenait tant à cœur l'avaient finalement rendu fou.
Suite à ce terrible incident, les parents d'Aloïs, qui ne comprenaient pas son comportement – mais c'était sans doute parce qu'il n'avait pas osé leur dire pour quelle raison il s'était emporté pareillement... peut-être que s'ils avaient sus, ils auraient été plus compatissants – décidèrent de déménager. Vivre à Séoul n'était plus possible ni pour eux ni pour leur fils, qui refusait de retourner à l'école. Ils vinrent donc ici, à Suwon, et Aloïs repris les cours, cette fois sans accrochages : il se fit beaucoup d'amis, ce qui renforça encore son amertume par rapport à sa classe de Séoul qui s'en était prise à lui sans chercher à le connaître. On peut même dire qu'il devenait plutôt populaire : musicien dans l'âme, il dégainait sa guitare ou sa basse à la moindre occasion pour ravir l'oreille de ses potes et se plaisait à jouer pendant les pauses, sur les escaliers, entre deux cours mornes. De là naquit l'idée de fonder un groupe, avec quelques amis proches également passionnés de musique. Aloïs y était bassiste et compositeur, et il s'investissait vraiment pour qu'ils puissent se produire sur de petites scènes dans les bars. Cela fait bientôt six ans, et le groupe s'est séparé il y a deux ans : néanmoins, Aloïs nourrit encore la secrète ambition de le reformer au plus vite.
Bref, déménager fit beaucoup de bien à notre cher protagoniste, qui profita de son lycée à fond tout en obtenant des notes, bien que n'ayant rien d'exceptionnel, acceptables. Il fit quelques ravages dans les cœurs de ces demoiselles – et de ces messieurs – et continua ses études à l'université, en philosophie, bien que son ambition suprême était toujours de percer un jour dans la musique. Le groupe, qui s'était séparé suite à un désaccord entre membres auquel Aloïs n'était pas lié, lui manquait terriblement et recoller les morceaux entre ceux qui s'étaient disputés n'était pas aisé : voilà désormais près de deux ans que notre Allemand s'évertue à parler à chacune des parties en espérant les rejoindre, sans succès, et aujourd'hui encore il tient pour obsession la reconstitution de ce groupe.

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